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Critique de Enroute


Ciril est un jeune Slovène exilé à Vienne. Bien qu'il soit diplômé d'ethnologie, il ne cherche pas à employer ses connaissances universitaires et préfère gagner sa vie en jouant des airs traditionnels sur son violon. Il n'a pas de projet de vie et ne comprend pas quand on lui fait remarquer qu'il serait temps qu'il prenne sa vie en main. Bref, il erre. Se présente un riche donateur qui le ramène à Ljubljana où il retrouve des souvenirs et des amis d'enfance.

Ciril a donc un caractère très effacé. D'autres auteurs ont composé des romans denses sur l'atonie d'un caractère ou la très grande réserve d'un personnage à s'investir dans un monde qu'il ne comprend pas ou qu'il refuse : par un personnage attendrissant (Gros Câlin), par une dérive vers la dépression (Les souffrances du Jeune Werther), par une réflexion sur le sens de la vie (Les mandarins), voire de l'existence (La nausée), par un choix qui oriente la vie du personnage, quitte à ce qu'il regrette ensuite ce choix (Le désert des Tartares), en entraînant le personnage dans une aventure, heureuse (La promesse de l'aube) ou tragique (La mort est mon métier), par une description de la psychologie du personnage de différents points de vue (Lol V Stein), par beaucoup d'autres moyens sans doute, mais dont on peut supposer que tous cadrent l'errance du personnage et lui donne une utilité à révéler un sens de l'existence (la valeur des émotions, le sens de l'engagement, l'esprit critique, le temps qui passe, etc.). Il m'a semblé qu'avec Ciril, le roman erre lui aussi. Pourtant, pour un lecteur français, beaucoup d'éléments s'annonçaient comme des promesses : Vienne appelle la Mitteleuropa et le cosmopolitisme de l'Autriche-Hongrie, Ljubljana, une ville à découvrir, la rencontre incongrue avec Stefan dès le premier chapitre appelait des aventures stimulantes. Mais aucun détail des raison de l'exil du personnage à Vienne, de ses émotions à retrouver Ljubljana, de description de cette ville, de symbolisme de la Slovénie, de décision ou de choix du personnage ou de son entourage qui donnerait un sens ou réduirait le conflit de Ciril avec le monde extérieur, sa vie et l'avenir. Peut-être le roman contient-il une réflexion sous-jacente sur la manière dont un jeune homme slovène du début du XXIème siècle peut se représenter le monde (puisque l'auteur évoque Vienne, la Bosnie et l'Empire ottoman), de l'existence (puisqu'il erre). Pourtant, je doute qu'il s'agisse d'éléments essentiels : la transparence des noms propres et les nombreuses citations d'auteurs slovènes semblent plutôt aller dans le sens d'une certaine facilité de lisibilité du sens. Peut-être n'est-ce tout simplement, indépendamment du cadre du déroulement du roman, qu'une évocation de la nostalgie que provoquent les souvenirs. Mais les évènements de la vie de Ciril m'ont paru être une succession infinie de non-aventures sans reliefs notables. Reste une facilité d'écriture, une certaine légèreté qui glisse et une histoire qui se déroule sans heurts, comme un cours d'eau régulier.
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