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Critique de kielosa




Je tiens tout d'abord à remercier Denis Guastella des Éditions Noir sur Blanc, ainsi que Babelio, pour l'aimable envoi de cet ouvrage.

Le titre en Français de l'original polonais est une traduction fidèle : "mała" petite et "zagłada" extermination. Un titre qui fait froncer les sourcils, car une extermination ne constitue jamais une "petite" affaire ! Tout est relatif bien sûr. Avant d'entamer proprement la lecture, j'ai tout de même jeté un coup d'oeil sur la bibliographie en fin de volume et j'ai été rassuré, d'y découvrir, à côté d'auteurs polonais inconnus chez nous, des noms familiers comme Svetlana Alexievitch, Timothy Snyder, Daniel Jonah Goldhagen et Christopher Hale.

À l'aube du 1er juin 1943, les troupes allemandes envahissent le paisible petit village de Sochy en Pologne de l'Est, à 80 km au sud de Lublin et 230 km au sud-est de Varsovie. Un village rural, qui en 2017, ne compte même pas 400 habitants.

La mère de l'auteure, Teresa, surnommée Renia, a 9 ans et flanquée de son petit frère, Jaś, 5 ans, voit la peste brune tuer sa mère Józia et son père Wladek Ferenc, l'épicier du bled. La bambine Kropka de 3 ans, que sa mère portait dans ses bras, a la vie sauvée parce qu'un Boche, un peu moins cruel que les autres, a détourné le fusil de son compagnon, qui s'apprêtait à achever la môme. Suit une scène épouvantable où l'on voit la pauvre Renia tenant à chaque main frère et soeur quitter le hameau en passant devant le corps inerte de leur père, 33 ans.

Aujourd'hui on peut visiter le cimetière de Sochy où les quelque 200 victimes de ce jour fatidique ont été enterrées.
Anna Janko donne une description précise de ce qui est arrivé aux voisins des Ferenc, parmi lesquels beaucoup de leur famille, presque maison par maison des 88 qu'en comptait Sochy à l'époque.

Maintenant, je comprends un peu mieux le titre de l'ouvrage "Une si petite extermination". Les troupes nazies se sont, en fait, "contentées" d'une simple opération militaire : évacuer le village pour faire de la place aux futurs émigrés Chleuhs. Sans qu'il y ait eu des viols ou tortures et en un temps-record, après quoi ils ont mis le feu aux petites maisons au toit de chaume, trop minables pour "das Herrenvolk" ou la race supérieure !

L'auteure, Anna Janko, ensemble avec sa mère Renia et des témoignages recueillis lors d'une visite à cet endroit d'horreur en 1998, reconstruit quasiment comme dans un scénario de film ces abominables événements, qui remontent à trois quarts de siècle. Son récit est très émouvant, écrit dans un style sans fioritures, ce qui produit un effet d'effroi sur le lecteur. J'ai mis la couverture de l'édition originale sur Babelio, qui nous montre une photo de Renia et Jaś, prise à peine 3 mois après la "pacification" de Sochy et qui illustre avec d'autres photos cet ouvrage.
En post-scriptum, l'auteure fait un inventaire du massacre.

Anna Janko est née en Silésie en 1957 et est l'auteure de nombreuses oeuvres, parmi lesquelles il convient de citer "La fille aux allumettes" et "La passion selon sainte Hanka", romans parus chez les Éditions Noir sur Blanc.
Elle a écrit également beaucoup de poèmes et de critiques littéraires. Elle est, en outre, active sur la radio polonaise.

La montre que l'on voit sur la couverture de la version française de l'ouvrage, traduit par Agnès Wisniewski, constitue le seul objet qui leur reste de leurs aïeux. "Symbole du temps qui leur a été ravi...." (page 209).

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