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EAN : 9782749809502
70 pages
L'Avant-scène (04/04/2005)
4.13/5   19 notes
Résumé :
Jacques et Martine, couple apparemment sans histoire, accueillent de vieux amis qu'ils n'ont pas revus depuis dix ans. Ils ont organisé un dîner en l'honneur du mari de Charlotte, devenu présentateur-vedette à la télévision, en compagnie de Georges, un autre ami, et de Fred, l'envahissant frère de Martine. Au cours de la soirée, la tension
monte, la présence de celui qui a réussi déchaîne admiration, envie, jalousie et agressivité. Tout cela est vu de la cuis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Parce qu'à l'annonce d'une triste nouvelle, on repense à son passé, à son histoire, à ses souvenirs. Et de fait, j'ai eu l'envie, le besoin même, de replonger dans ma cuisine, sans dépendances. Ouvrir une bouteille de vin, un Chinon aux fruits rouges type prune, je crois qu'il aurait bien aimé un verre de Chinon, je ne sais pas pourquoi, c'est l'image qu'il me renvoie, ça ne se discute pas, ça se ressent, simplement, intérieurement, silencieusement, c'est comme le désir, la passion, l'Amour. Et le type, un passionné, je le crois, de théâtre déjà, de cinéma et d'amitié. Pas un bougon, ce n'est qu'un personnage, mais un être tendre qui boirait un verre de vin avec moi. Agnès, tu peux te joindre à nous.

Bref, du coup, j'ai sorti mon DVD de « Cuisine et Dépendances », et j'ai souri, beaucoup, énormément, pendant quatre-vingt dix minutes. Et puis, je me suis rendu compte que j'avais un beau coffret avec le texte intégral de la pièce. Je crois que je ne l'avais jamais lu auparavant. L'occasion, je me jette dessus, comme quand on est sur un quai de gare, face à un train, et qu'on décide de monter dedans, juste pour voir un sourire. Parce que des sourires il y en a beaucoup qui fusent à l'ombre de la lune d'un soir. Et je prolonge donc ce plaisir de lire la pièce. Les dialogues font toujours mouche, j'ai les images qui restent gravées en moi, comme certains sourires.

J'ai encore passé un grand moment, un plaisir, un régal, aussi bon qu'un flan pâtissier ou qu'une panna cotta avec son petit coulis de mangue, aussi délicieux qu'un Chinon dans une cuisine sans dépendance ou qu'un Beaujolais aux abords d'un étang. C'est ça l'effet Bacri pour moi. du coup, je n'ai pas besoin de vous raconter l'histoire, tout le monde la connait, tout le monde l'a vécu. J'adore ce cynisme, cette mauvaise foi, ces comédiens, cette écriture… Tout simplement. J'adore les rapports humains, ses questionnements sur le couple, sur l'amitié, sur la société. Et c'est avec cette même simplicité que je me ressers un verre, dans les coulisses d'une cuisine. J'ouvre même un énorme paquet de pistaches.
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Cuisine et dépendances, c'est un peu la pièce jumelle d'Un air de famille, composée cinq ans plus tard. Mêmes auteurs, Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui, mêmes types de personnages, et ça tape là où ça fait mal. S'il y est question en partie de famille, pour le coup, ce sont surtout les relations amicales qui sont au coeur de la pièce. Des relations qui vont révéler leurs failles et se déliter bien comme il faut en une seule soirée.


Jacques, Georges, Charlotte et son mari (dont le prénom ne sera jamais prononcé et qu'on ne verra jamais) ont été de grands amis de jeunesse. Enfin, tout dépend du point de vue... Dix ans qu'ils ne se sont plus vus, jusqu'à ce qu'une rencontre inopinée pousse Marie, la femme de Jacques, à inviter le "grand homme" (journaliste, écrivain, et je ne sais plus quoi d'autre ; bref, c'est une sorte de célébrité) et son épouse Charlotte à dîner. Et les voilà tout excités de recevoir un pareil hôte chez eux, et de mettre les petits plats dans les grands, et de se comporter non pas comme des amis mais comme des groupies. Là encore, on ne verra aucun échange entre "le grand homme" et ses anciens amis. Car tout se déroule dans la cuisine, avec des allers-retours incessants, et des dialogues qui vont peu à peu dévoiler tout ce qui fermentait dans ce petit groupe.


Georges, qui vit temporairement chez Jacques et Marie, est considéré comme le chieur de service (bon, vous avez deviné, c'est Bacri qui tenait le rôle au théâtre dès la création). Fred (joué par Daroussin), le frère de Marie, joueur de poker légèrement imprudent, légèrement tapeur, se traîne une image de gamin insouciant et irréfléchi, pas tout à fait fausse, mais dans laquelle l'ont limité son beau-frère et sa soeur. Marilyn, la copine de Fred (qu'on ne verra jamais non plus), n'est qu'un beau cul aux yeux de Jacques. On voit déjà que, tout comme dans les relations familiales, les relations d'amitié sont faussées par des clichés, et que Marie comme Jacques ne cherchent pas tellement à aller plus loin que ça. Ils sont bien trop occupés à essayer de paraître sous leur meilleur jour devant le mari de Charlotte (qui se fout complètement d'eux) - Charlotte, à laquelle ils s'intéressent vaguement en début de soirée, mais seulement parce qu'elle amène une célébrité dans leur salon.


Derrière ces allers et venues, ces échanges à la va-vite constamment interrompus, les tensions sont palpables et font peu à peu surface, uniquement par le jeu des dialogues et de cette mise en scène composée de coupures. Déjà, Bacri et Jaoui avaient l'oeil pour déceler dans la vie ordinaire tout ce qui fait mal et qui ne se dit pas... sauf quand on atteint un niveau de non-dits qui n'est plus supportable, et que l'amitié n'est plus qu'une convenance qui n'a plus de sens (ainsi que, accessoirement, les relations frère et soeur). On reconnaît facilement des situations qu'on a soi-même vécu et on peut être facilement touché par les émotions étouffées qui émergent, y compris chez les personnages les moins sympathiques. C'est drôle et amer à la fois. C'est très drôle. Et au final, c'est très amer... comme parfois l'est la vie.

Lien : https://musardises-en-depit-..
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En septembre 1991, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri sont, en compagnie de Zabou Breitman, de Sam Karmann et de Jean-Pierre Daroussin sur la scène du théâtre la Bruyère.
Ils sont les auteurs de "Cuisines et dépendances", magnifique pièce qui va rafler 4 Molières en 1992 dont celui du meilleur théâtre privé, du meilleur spectacle comique, du meilleur auteur et du meilleur metteur en scène.
L'Avant-Scène Théâtre la publie, dans son 895ème numéro, dès le mois d'octobre 1991.
Une adaptation est réalisée, réunissant les mêmes interprètes, pour le cinéma.
Le film tiendra l'affiche de longs mois durant. le succès est total.
Jacques (Sam Karmann) et Martine (Zabou Breitman) ont organisé un repas pour un couple d'amis qu'ils n'ont pas vu depuis une dizaine d'années.
Parmi les invités figurent aussi Fred (Jean-Pierre Daroussin), l'insouciant frère de Martine, sa copine Marilyn que l'on ne verra à aucun moment de la pièce et Georges (Jean-Pierre Bacri), un ami logé temporairement.
Du couple invité, l'on ne verra que Charlotte (Agnès Jaoui), l'épouse frustrée du journaliste vedette de télévision qui a, depuis des années, mis toute son énergie dans la gestion de la carrière de son mari.
La scène représente la cuisine où les personnages viennent se livrer....
Jean-Pierre Bacri, avant d'être un homme de cinéma, est un brillant dramaturge.
Outre cette pièce, on lui doit de nombreuses pièces talentueuses dont une autre écrite en collaboration avec Agnès Jaoui : "Un air de famille" (l'Avant-Scène Théâtre n°956 d'octobre 1994).
Reprise par de nombreuses troupes, amateures ou non, "Cuisines et dépendances" fait, aujourd'hui, partie des incontournables pièces du répertoire moderne et contemporain.
Sa lecture dans ce numéro de "l'Avant-Scène Théâtre", réalisant un gros plan sur des dialogues brillants, réserve beaucoup de plaisir.

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On ne présente plus la pièce, depuis que le cinéma lui a fait les honneurs que l'on sait!

C'est pourtant au théâtre que je l'ai découverte d'abord. Quel régal!
Voilà une comédie qui joue sur le côté off, sur la notion, si théâtrale, de coulisses! En effet, dans la pièce, on ne voit jamais certains personnages, voués à n'être présents que par ce que disent d'eux ceux qui sont admis dans l'envers du décor, la cuisine, soit parce qu'ils en sont les animateurs ordinaires, soit parce qu'ils s'y cantonnent par mortification…

Le spectateur ne voit donc que les préparatifs d'un dîner , et n'entend que le commentaire de ce qui a lieu sur la « scène principale » - le living - qui devient ici, du fait de l'inversion des valeurs et de celle du point de vue, les « dépendances » de la cuisine. Il y a aussi un troisième point de vue qui souvent remet les deux autres en perspective, avec une certaine cruauté, c'est le téléphone..mais là aussi, théâtre oblige, la voix qui appelle n'est décodée que par les réactions qu'elle suscite sur scène..

Présence et absence, cuisine et dépendances

La comédie peut aussi se voir comme une moderne variation sur l'espace scénique, une mise en abyme amusée du théâtre lui-même où les machinistes s'agiteraient dans les coulisses d'un spectacle partant en vrille, sous l'oeil goguenard d'un régisseur dépassé par les événements…

Mais c'est aussi bien sûr une critique de moeurs féroce : celle de la petite bourgeoisie, ridiculement entichée des gloires médiatiques faciles, que tente de ramener à la réalité un contempteur de cette agitation dérisoire- impayable Bacri !- un « père-la-morale-pique-assiette » ….qui n'est pas dépourvu de jalousie ni de contradictions, lui non plus !!

Une comédie brillante et drôle !
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Les pièces d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri sont des références pour moi en matière de comédies car leur humour s'accompagne de portraits caustiques témoignant d'une époque.
En 1991, ils écrivent la pièce "Cuisine et dépendances" qui sera montée au théâtre l'année d'après puis adapté au cinéma.
J'ai revu le film récemment et cela m'a donné envie de lire la pièce. Il y a peu de différence car il n'y a pas grand-chose à supprimer dans les dialogues. La pièce est uniquement en huis clos (le film contient deux scènes extérieures en ouverture et à la fin) et j'aime beaucoup cette unité de lieu pour les trois actes de ce dîner de retrouvailles ou les langues vont se délier au rythme du passage des convives dans la cuisine.

Martine et Jacques ont invité à dîner d'anciens amis qu'ils n'ont pas vus depuis dix ans, Charlotte qui a réussi dans la presse et son mari devenu présentateur vedette de télévision et romancier. Georges, hébergé provisoirement chez Martine et Jacques, est également présent. Cet ami qui faisait partie de la même bande était très amoureux de Charlotte avec qui il a eu une aventure dans le passé. Arrive Fred, l'envahissant frère de Martine, joueur de poker qui a des soucis d'argent et sa petite amie du moment pulpeuse et aguicheuse.

Si on ne voit rien côté salon, côté cuisine, c'est l'effervescence. Tout le monde s'y croise au rythme d'un dîner interminable et c'est ici que tous vont se dévoiler. La présence du mari de Charlotte, qu'on ne verra jamais puisqu'il reste au salon, fait monter la tension au cours de la soirée car sa notoriété déchaîne des sentiments contradictoires entre soumission admirative et agressivité.
Même si je préfère "Un air de famille" on reconnait bien ici la plume aiguisée et jubilatoire du couple Bacri-Jaoui que j'apprécie.


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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
CHARLOTTE : Tu veux que je te donne un coup de main ?
MARTINE : Ecoute, pour dire la vérité, je veux bien, en général ce n’est pas mon genre, j’ai horreur de ça, mais là… Je suis tellement débordée, tout d’un coup, on ne savait plus, on se faisait du souci, on finissait par se demander si vous alliez venir… Alors, évidemment on a grignoté pour tuer le temps, tu sais, j’avais apporté un énorme sac de pistaches, je suis folle des pistaches, je pourrais en manger des kilos… Jacques, qui nous faisait une guerre terrible, « Arrêtez, vous allez vous couper l’appétit »… Georges, que ça n’amusait pas du tout, mais tu le connais, Georges, il n’y a pas grand-chose qui l’amuse… Georges, c’est Georges… Je ne sais pas si tu t’en souviens, mais c’est quand même un vrai Scorpion… C’est le Scorpion tout craché, Georges…
CHARLOTTE : Un vrai Scorpion… C’est-à-dire ?...
MARTINE : Houuu, mais c’est le pire des signes, je viens encore de lire un énorme chapitre, là-dessus, c’est un signe épouvantable !!!... Moi je sais, par exemple, que je ne m’entends pas du tout avec les Scorpions… Tu es quoi toi déjà ?...
CHARLOTTE : Malheureusement, je suis Scorpion…
MARTINE : Oh là là, oui, c’est vrai… Mais attention !! Attention, quel ascendant ?
CHARLOTTE : Euh, Scorpion, je crois…
MARTINE : Ah !! Voilà, tu m’as fait peur, ça s’annule !! Le même signe, comme ascendant, ça s’annule… Par exemple, Gémeaux-Gémeaux, ça ne fait pas quatre personnalités, tu comprends ?... Enfin, je ne sais pas exactement, de toute façon, je n’y connais pas grand-chose, mais, euh… J’y crois beaucoup…
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FRED : ... Dis donc, t'es pas gai, toi, ce soir, hein ?
JACQUES : Tu le connais, Georges... C'est le contraire d'un gai...
GEORGES : Mais qu'est-ce que vous avez avec ça ?... Pourquoi voulez-vous à tout prix que je sois "gai" ? ... Je me demande pourquoi vous attachez tant d'importance à ces choses-là... Il est toujours question d'être "gai", ou souriant, ou "en pleine forme", c'est une obsession ?... Je n'ai pas appris de bonne nouvelle, je n'ai pas gagné au Loto, je n'ai rien à vendre à personne, je n'ai aucune raison d'être particulièrement "gai"... Je suis un être humain, pas un animateur !!... Il n'y a qu'à la télévision qu'on voit des gens éclater de rire à longueur de temps, comme des crétins...
JACQUES : Est-ce que quelqu'un te demande d'éclater de rire comme un crétin ? On te demande de ne pas glacer l'atmosphère, c'est quand même moins contraignant !...
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Georges-.
- Mais qu'est-ce que vous avez avec ça ?...Pourquoi voulez-vous à tout prix que je sois "gai" ?...Je me demande pourquoi vous attachez tant d'importance à ces choses là...Il est toujours question d'être "gai", ou souriant, ou "en pleine forme", c'est une obsession !
Je n'ai pas appris de bonne nouvelle, je n'ai pas gagné au loto, je n'ai rien à vendre à personne, je n'ai aucune raison d'être particulièrement "gai"...Je suis un être humain, pas un animateur !
Il n'y a qu'à la télévision qu'on voit les gens éclater de rire à longueur de temps, comme des crétins...
Jacques.-
- Est-ce que quelqu'un te demande d'éclater de rire comme un crétin ? On te demande de ne pas glacer l'atmosphère, c'est quand même moins contraignant...
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Georges. Ah, quel mépris ! Deux heures de retard ! Et pour finir, un prétexte débile trouvé à la va-vite ! Même pas foutus d'inventer quelque chose de plausible. Y'a que du mépris là-dedans !
Jacques. Mais ils se sont excusés, Georges. Ca arrive d'être coincé en voiture.
Georges. Qu'est-ce que ça peut me foutre cette excuse sur les embouteillages ? Ils découvrent les embouteillages ? Ca fait fait quarante ans qu'ils habitent ici. Ils devraient être prévenus, maintenant !
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Georges: Mais qu'est-ce que vous avez avec ça ?... Pourquoi voulez-vous à tout prix que je sois "gai" ? ... Je me demande pourquoi vous attachez tant d'importance à ces choses-là... il est toujours question d'être "gai", ou souriant, ou "en pleine forme", c'est une obsession !!... Je n'ai pas appris de bonne nouvelle, je n'ai pas gagné au Loto, je n'ai rien à vendre à personne, je n'ai aucune raison d'être particulièrement "gai"... Je suis un être humain, pas un animateur !!... Il n'y a qu'à la télévision qu'on voit des gens éclater de rire à longueur de temps, comme des crétins...
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