Les couvertures en coton ne protègent pas toujours du doute.
Ni du soupçon.
Ni de la peur.
C’est drôle que quelqu’un puisse penser que ces hommes sont des Dieux.
- Dis, tu as appris l’espagnol, et tu es devenue quelqu’un d’important… C’est pas mal pour une indienne !
- « Indienne »? C’est quoi ?
Esclave, esclave...
Le seul mot que je comprenne de cette langue immonde.
Esclave ?
Non. Esclave, jamais.
-Bonjour respectable vieille dame...je voudrais ce récipient tlaloc,
-ah...toi aussi aussi ça t'inquiète la pluie
-je vous propose ce bracelet en échange
-mais...ce bracelet est beaucoup trop jeune femme...
Tu as raison sur une chose, le capitaine est celui qui commande mais toi tu es celle qui parle.
- Marina : Et après, tu as fait quoi ?
- Maria : Je n'étais qu'une gamine... J'ai fait la seule chose que je pouvais faire. J'ai trahi mon dieu. J'ai changé mon prénom en un prénom chrétien. Je me suis cachée. Mais l'Inquisition a fini par me trouver... Et m'emporter. L'inquisiteur m'a enfermée dans une cellule nauséabonde. Il venait chaque soir. Plus tard, je me suis débrouillée pour obtenir un couteau. C'était la seule façon, je n'avais pas le choix...
On est cachés. Rien de nouveau. On le fait souvent. A chaque fois que les Mexicas viennent à Oluta. Car ils capturent de plus en plus de gens pour leurs sacrifices. Sous les yeux de nos caciques silencieux. Et j'ai mal au ventre à chaque fois que je pense qu'un jour ce sera moi qui devrai me présenter devant eux, et parler au nom de notre peuple. Et ce jour approche de plus en plus.
J'appris plus tard que cette langue était le nahualt. Une langue que tout le monde parle dans l'empire des Mexicas, une langue pour attaquer, pour défendre, pour vendre et acheter, pour négocier, pour conquérir. Une langue à apprendre.
Mais quand je ne serai plus là, je le serai quand-même.
Pour que tu n’oublies jamais qui tu es.
Et quand tu te sentiras perdue…
… Je serai avec toi.
Je serai l’eau.
Je serai la pluie, je serai la mer.
Le ruisseau,
les nuages, les larmes...