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La Malinche est une figure assez controversée de l'histoire du Mexique car elle a collaboré avec l'ennemi conquistador contre son peuple. Voici une oeuvre qui nous livre une autre version un peu plus poussée sur les raisons qui l'ont motivé à faire ces choix parfois lourd de conséquences. A noter qu'elle assuma parfaitement son rôle.

En effet, Doña Marina, est une Indienne qui a aidé le conquistador espagnol Hernán Cortès à défaire l'Empire aztèque en conquérant le Mexique et sa capitale Tenochtitlan. Elle lui a servi de traductrice, mais également de conseillère en diplomatie locale. D'autres disent qu'elle a également servi de maîtresse à Cortès qui fut séduit par son charme et par son caractère. Elle lui a fait un fils.

On se rend compte que les indiens étaient très divisés et souvent assez sanguinaires avec d'énormes sacrifices pour satisfaire leurs dieux. On est loin de l'image pieuse qu'on peut se faire des indiens. La civilisation aztèque n'a pas fait dans la dentelle. Cependant, cela n'excuse en rien la colonisation espagnole. le rôle de la Malinche aurait donc été primordial dans le succès de la conquête du Mexique. On y croise une mosaïque de peuples en conflit et un conquistador qui a mis à profit ces différents pour conquérir cet empire au nom de la couronne espagnole.

J'ai bien aimé cette démarche de l'auteure qui nous offre un autre éclairage tout à fait pertinent par rapport à ce personnage controversé qui fut accusé de traîtrise. J'avoue que je l'ai bien aimé cette belle et intelligente Malinche qui a su dire non et s'imposer dans un monde très dur. Il faut savoir qu'elle était qu'une esclave qui fut offerte aux espagnols par le peuple Maya à leur arrivée. En dépit d'être une esclave, elle a été traitée mieux que les autres filles esclaves en raison de sa beauté et de son intellect supérieur à la moyenne.

La Malinche s'est vite révélée très utile à Cortés, car elle a pu l'aider à interpréter le nahuatl, la langue du puissant Empire aztèque. Cette oeuvre est justement basée sur les mécanismes du langage. Il y a manifestement un fort accent que l'auteure a mis sur cet aspect assez intéressant. Cela m'a fait penser au film « Premier contact » de Denis Villeneuve où il s'agit de contacter une linguiste recrutée par l'armée pour établir le contact et connaître leurs objectifs.

J'avais lu par le passé son histoire un peu romancée dans la série de Jean-Yves Mitton à savoir « Quetzalcóatl ». A travers le destin exceptionnel de cette jeune Aztèque, c'est toute la période de la colonisation du Mexique qui est dépeinte. Elle a également été source de respect et d'admiration, et des mouvements féministes des années 1960 au Mexique se sont inspirés de cette figure historique.

Un mot sur le dessin pour dire qu'il est excellent ! C'est un dessin avec de magnifiques couleurs, de belles planches chaudes et pleines de vie et personnalité, où le soin est apporté tant à l'expressivité des personnages qu'au soucis du détail et des décors. Rien que pour son aspect visuel, cette BD est un coup de coeur et donne véritablement envie de se plonger dedans.

J'ai aimé la densité de ce récit où il se passe beaucoup de choses. L'histoire est d'ailleurs racontée avec une grande maîtrise. J'ai grandement apprécié également l'originalité de la démarche de l'auteure. Cette BD est une manière motivante de découvrir le parcours d'une femme exceptionnelle. C'est réellement un très bel ouvrage biographique qui rend un superbe hommage à cette figure de l'histoire du Nouveau Monde.

Enfin, je voudrais remercier les éditions Bamboo et sa collection « grand angle » ainsi que « Babélio » de m'avoir adressé cet ouvrage dans le cadre d'une opération masse critique. C'est un beau cadeau qu'ils m'ont faient là.
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Cette histoire plutôt rocambolesque, est inspirée d'un personnage réel, celui de « La Malinche » cette jeune indigène mexicaine devenue interprète et amante du conquistador Cortez. D'elle, on ne sait pas grand-chose, même pas son nom d'origine. Longtemps, les mexicains l'ont considérée comme traitre car elle aurait trahi les siens. Mais sans doute, si elle a aidé les espagnols à se battre contre les mexicas, c'est probablement que ces derniers avaient conquis son village et son peuple, les guerres fratricides étant monnaie courante à l'époque.
Alicia Jaraba s'est emparée avec finesse de ce personnage controversé pour en faire une femme pleine de sagesse et d'humanité, mais aussi en proie aux doutes. Elle prend le parti des femmes en faisant de son héroïne une féministe avant l'heure, à une époque où elles étaient soumises aux hommes, subissaient les contraintes de la maternité et n'avaient aucune voix au chapitre.
Grâce à sa connaissance des langues – elle parle nahuatl, popoluca, maya et espagnol - la Malinche qu'on surnomme « celle qui parle » va jouer un rôle important le jour où les navires de guerriers blancs accostent sur les rives du Mexique. le barrage de la langue freine les pourparlers et c'est là que la jeune fille prendra toute son importance par le truchement de la langue. Elle sera non seulement la traductrice, mais aussi la conseillère et l'amante du conquistador Cortez.
Au-delà de la conquête du Mexique par les conquistadors espagnols, au-delà des rivalités de tribus, on découvre le quotidien de ces femmes vendues comme esclaves, l'entraide, et le savoir qu'elles se transmettent. le rôle de la grand-mère de la Malinche illustre bien la transmission de la connaissance avec l'enseignement des plantes médicinales et les rites religieux. Bien sûr, on ignore comment les femmes indiennes de cette époque vivaient, elles comptaient moins que les hommes et leur témoignage n'est pas arrivé jusqu'à nous. Alicia Jaraba a su recréer cet univers avec un certain réalisme teinté d'humanisme et d'humour aussi dans la confrontation des cultures.
Les dessins, très colorés avec des nuances de bruns et de sépia, accompagnent magnifiquement l'histoire et j'ai lu avec un réel plaisir ces 200 pages d'un récit qui mêle avec brio faits historiques et fiction.
Je remercie les éditions Grand Angle et Babelio pour la découverte de ce passionnant roman graphique.
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Fille du chef déchu d'une tribu indienne d'Amérique centrale, Malinalli est devenue une esclave. Un jour des vaisseaux espagnols envahissent la baie près du village où elle vit.
Douée pour les langues, aidées par de rares ami(e)s, la jeune femme devient l'interprète du chef conquistador, Hernan Cortez.

Cette bande dessinée est inspirée par l'histoire controversées de la Malinche : une jeune indienne qui aida les conquistadors espagnols et devint, selon la légende, la mère du peuple mexicain actuel. le hasard a voulu que je lise cette BD en même temps que Les grandes oubliées : pourquoi l'histoire a effacé les femmes de Titio Lecoq. Je trouve qu'il y a là une belle illustration de ce que sont capables de faire les femmes.
Le dessin est beau, avec du caractère. Les couleurs peuvent paraître sombres, mais sont à l'unisson de l'époque et de ce que vécurent les tribus indiennes.
Le scénario ne cherche pas à édulcorer ce que fut la vie des jeunes esclaves (au féminin), sans tomber dans le voyeurisme.
Les textes sont courts et plus suggestifs que narratifs. Tout juste regretterais-je la taille des caractères, pas toujours compatible avec ma presbytie...
J'attends avec impatience la suite !

Je remercie Babelio et les éditions Grand Angle de m'avoir fait découvrir cette bande dessinée et sa scénariste-illustratrice.
Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Comment ne pas être à l'écoute de Celle qui parle ? Être attentif à son histoire, à sa quête, à sa résilience, à sa parole qui rebondit avec des mots multiples... Ces mots appris d'une langue qu'elle ne connaissait pas, de plusieurs langues au gré des mots apprivoisés qui l'ont fait tenir debout malgré la violence, malgré les guerres et les invasions, malgré les visages différents qui vont chercher à l'étreindre de gré ou de force et qu'elle devra affronter...
En 1519, le territoire mexicain est un ensemble de villes et de villages habités par une mosaïque de peuples, de langues et de cultures différentes. Ce territoire est en proie à des luttes intestines entre ces différents peuples... Deux cultures ancestrales cohabitent et dominent les autres ethnies, elles s'affrontent violemment : les Mexicas plus connus sous le nom d'Aztèques, en pleine expansion avec une volonté de domination et les Mayas dont la culture est millénaire.
Ces ethnies pratiquent des langues ou des dialectes différents, qui renforcent leur division...
Elle s'appelle Malinalli. Elle est la fille d'un cacique déchu, originaire d'une ethnie nahua du golfe du Mexique et devenue esclave d'un cacique maya.
Elle deviendra plus tard l'une des plus grandes figures féminines de l'Histoire qui a façonné sa terre natale et qui deviendra le Mexique que l'on connaît aujourd'hui.
Elle s'appelle Malinalli, mais elle est plus connue sous le nom de la Malinche. C'est en quelque sorte son histoire que nous conte ici Alicia Jaraba dans cet ample roman graphique de plus de deux cents pages, où l'autrice apporte à la fois le récit, le dessin et les mots, justement la force des mots qui vont façonner le destin exceptionnel de son personnage.
Dès les premières pages, nous découvrons Malinalli, toute jeune enfant et son histoire est déjà un récit douloureux, mêlé aux luttes tribales qui vont traverser les premières pages du récit.
Ce roman dit les humiliations que peut connaître une jeune fille esclave en 1519 en terre mexicaine et à travers ses blessures celles des peuples opprimés, envahis, où malheureusement la tragique et sanglante Histoire universelle nous montre que les femmes paient un lourd tribut, aujourd'hui encore...
La peur, la traque, la menace des sacrifices humains, les sévices sexuels qu'elle va connaître dès son plus jeune âge, sont dits ici, dessinés, avec suffisamment de force mais aussi avec la pudeur nécessaire, pour dire, juste dire, convaincre.
Malinalli va se relever fragile, blessée et tenir debout, continuer son chemin en tant qu'esclave, chercher à s'affranchir. Déjà par les mots...
Apprendre la langue de la domination, de l'invasion et de la conquête des autres sur sa terre natale.
Chaque fois qu'elle est enlevée, Malinalli apprend la langue de l'envahisseur... À la fin du récit, elle est encore une toute jeune femme qui sait parler quatre langues, dont l'espagnol, c'est dire son parcours rocambolesque.
Oui elle parle désormais l'espagnol, la langue d'un certain Hernán Cortès, qui va profiter de la division des différentes ethnies en place pour servir le dessein de la couronne espagnole. Et Malinalli va lui servir de traductrice...
Il y a aussi une poésie onirique que nous enseignent les personnages attachants de ce récit et qui mêle ce que nous sommes avec ce que nous pouvons devenir un jour : l'eau, la pluie, la mer, un ruisseau, des nuages, des larmes...
Il y a aussi des situations croquignolesques où les conquistadors sont représentés comme des êtres grotesques, ridicules, nauséabonds, qui se grattent à cause de leurs puces ou de leurs poux, qui vont apporter des maladies...
Ce qui a poussé Alicia Jaraba à aller vers ce personnage, c'est sa dimension controversée. Pendant des siècles, La Malinche fut perçue comme une traîtresse qui tourne le dos aux siens pour collaborer avec les conquistadors étrangers. Pourquoi a-t-elle agi de cette façon ? A-t-elle seulement eu le choix ? Alicia Jaraba nous rappelle simplement ici que Malinalli devint esclave dès l'enfance et que son destin de femme en fut irrémédiablement forgé.
Je n'aime pas les personnages lisses, j'adore les personnages controversés.
J'ai aimé cette manière de traiter ce personnage, non pas de le construire car il existait déjà, mais à partir de son histoire dans laquelle sans doute il y avait des vides à combler, elle façonne la matière d'un récit touchant, donnant vie, humanité à ce magnifique personnage féminin dont le destin, rappelons-le, s'est forgé malgré elle en subissant en tant qu'esclave des outrages barbares innommables.
Apprendre la langue de l'autre, celui qui n'est pas un ami, celui qui vous veut du mal, cherche à vous dominer, vous posséder, qui cherche à anéantir votre liberté, votre dignité.
Il y a une intelligence qui se glisse avec délice dans les pages de ce livre, disant qu'apprendre, c'est aussi une forme d'émancipation, un pouvoir quelque part à prendre...
Le dessin d'Alicia Jaraba sert à merveille le propos du récit. Les couleurs sous le ciel du Mexique de 1519 sont flamboyantes. J'ai senti dans ce magnifique dessin le poids du soleil, l'attente de la pluie, l'attente parfois terrifiée de Malinalli sur une paillasse sous une tente partagée avec les gestes et l'odeur qu'elle n'aime pas...
Malinalli a brusquement incarné à mes yeux ces femmes martyrisées par les guerres anciennes et celles d'aujourd'hui, la brutalité animale de ces soldats qui éventrent des portes, entrent sur des territoires intimes, et puis les violent, parfois devant leurs enfants muets, mutiques... J'ai mal pour cela...
Celle qui parle m'a touché avec ses mots et sa manière si belle aussi qu'elle a de se taire lorsqu'elle aime enfin.
Le livre est à lui seul un très bel objet.
Je remercie Babelio et les éditions Grand Angle de m'avoir fait découvrir ce roman graphique dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée.

SOS amor
SOS amor
SOS amor
Tu m'as conquis j't'adore
Tu m'as conquis j't'adore
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Village d'Oluta, 1511. Malinalli, la fille de l'ancien cacique d'Oluta, ainsi que sa grand-mère et d'autres femmes se cachent, une fois encore, dans les arbres pour échapper aux mexicas de l'empereur Moctezuma qui, cette fois encore, viennent capturer des hommes et des femmes pour leurs sacrifices. Une fois partis, la jeune femme ne peut s'empêcher de montrer sa colère face à l'inaction du vieux Mixtle, le nouveau cacique, certaine que son père n'aurait pas permis de faire autant de prisonniers et se serait sûrement battu. Avant qu'il ne meure, il a appris à sa fille la langue de ces hommes, le náhuatl, afin qu'elle soit capable, plus tard, de défendre son peuple. Heureusement, elle peut compter aujourd'hui sur la bienveillance et l'amour de sa grand-mère qui lui a appris la médecine des plantes. Mais lorsque celle-ci décède et que, peu après, Malinalli est kidnappée à son tour et vendue par de simples marchands d'esclaves oeuvrant pour les Mayas, elle n'a malheureusement d'autre choix que de travailler au champ parmi d'autres femmes, malgré son statut de fille du cacique. le pire est qu'elle apprend qu'elle a été vendue par sa propre famille...

Celle qui parle n'est autre que le personnage de la Malinche dont Alicia Jaraba s'est inspirée pour nous dépeindre, sur plus de 210 pages, sa vie passionnante mais ô combien controversée de l'histoire du Mexique. Fille du cacique, puis esclave, elle deviendra l'interprète de Hernan Cortès (dont elle aurait eu un fils illégitime) et sera considérée comme une traîtresse, parfois reniée par les siens. Tout cela n'est à prendre qu'au conditionnel tant moult incertitudes planent autour de cette héroïne si mystérieuse. Aussi, ce roman graphique se veut à la fois historique et fictionnel mais n'en demeure pas moins passionnant. L'auteure a su également dépeindre une femme au destin singulier qui, dans un monde essentiellement peuplé d'hommes, aura su trouver sa place et faire entendre sa voix. D'ailleurs, la voix, la parole est l'un des thèmes centraux de cet album, avec aussi la condition de la femme, la cohabitation ou encore la religion. Graphiquement, le trait est doux, la palette de couleurs judicieusement variée pour transmette les émotions.
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Madame je jalouse
Ce vent qui vous caresse
Prestement la joue…
Native des contrées
Où Cortés est venu,
Trouver haine et fortune…
Ivres de gloire ont-ils pensé que ton coeur
Serait conquis percé de flèches et de rancoeur
Comme tes côtes mexicaines. *


Tu es celle qui parle, celle qui traduit, tu es Malinalli, Malintzin, La Malinche…
Ton histoire est rocambolesque, racontée et dessinée par Alicia Jaraba avec les couleurs chaudes du temps qui passe où mes souvenirs de la touffeur du Yucatan ressurgissent par bouffées rougeoyantes dans les ombres de Palenque, site Maya majeur.

Mexique 1519,
Cortés et son armée, avec la complicité de certaines tribus Aztèque engluées dans des guerres intestines cherchent à s'emparer d'infinies quantités d'or qu'ils convoitent.
Malinalli, candide jeune femme deviendra par son talent à apprendre aisément les nombreux dialectes son seul moyen à se faire comprendre dans ces contrées peuplées d'innombrables ethnies.

Les péripéties seront nombreuses et la détermination de cette fille de cacique feront d'elle un personnage attachant aux grands yeux attendrissants.

La taille, c'est je crois ce qui différencie le roman graphique de la bande dessinée ?
Avec ses plus de 200 pages magnifiquement colorés qui constituent une histoire complète, j'ai apprécié cet ouvrage bien que je déplore souvent que les intrigues soient trop légères dans ce genre de parution.
Je ne situe pas à quelle tranche d'âge ce roman graphique s'adresse mais je trouve dommage que quelques pages soient pollués par des « han,han » déchirants d'ânes braillés par des hommes fichés dans le corps des femmes ce qui peut priver les plus jeunes de la découverte des troupes de conquistadors massacrant les indigènes ou les transformant en esclaves. (Hihihi)

Alicia Jaraba a su rendre à mes yeux son héroïne crédible et attrayante.
L'époque et la situation géographique emporte également mon enthousiasme.
J'ai vécu un agréable moment de dépaysement dans une bulle d'éducation et de récréation.

* Extrait d'une chanson « La Malinche » de « Feu ! Chatterton »


Merci infiniment aux éditions « Grand Angle » pour l'envoi de cet album classieux et soyeux et bien entendu à Babelio pour l'attribution de cette lecture.
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Merci aux éditions Grand Angle et à Babelio pour ce magnifique roman graphique.
« Celle qui parle » est une fiction historique . Alicia Jaraba Abellan ayant été séduite par le récit controversé de la Malinche.
L'Amérique Centrale au XVIème siècle connait une histoire très complexe : esclavage, guerre de clans, sacrifices humains, conquistadors, conversion. Une période riche en bouleversements .
Malinalli, fille de chef, verra son avenir suivre une autre voie quand elle deviendra esclave.
Sa plus grande chance est d'avoir reçu une éducation qui lui a permis d'apprendre le Nahuatl qui lui a offert une ouverture d'esprit ainsi qu'une capacité à comprendre et demander
Si elle est dépassée par sa condition, son intelligence l'aidera à a devenir une esclave privilégiée, plus de travaux des champs. Elle va participer à la conquête de l'Amérique aux côtés de Cortez.
Si par sa crainte de certains clans et la peur qu'ils lui inspirent, elle va aider les Conquistadors, elle n'a jamais imaginé leur manque de parole et leur cruauté.
Était-elle une traîtresse ou voulait-elle survivre ?
Ce que j'ai énormément apprécié est ce rapport particulier entre les différentes langues : celle de l'enfance, celle des chefs mais aussi celle de l'esclavage et celle de la conquête. A chaque fois, un nouveau champ lexical. Pour en venir au silence quand les mots ne servent à rien ou quand le coeur parle.
Pour mon premier roman graphique je suis très enthousiasmée autant par la vision que nous offre l'auteure de cette jeune fille que par les graphismes.
J'émets juste une réserve vis-à-vis de l'esclavage sexuel que les femmes subissaient, j'ai du mal à imaginer une attitude aussi complaisante mais ce n'est que mon avis.
La Malinche est une légende à découvrir .
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Celle qui parle, ou plutôt celle qui traduit... Je ne connaissais pas l'histoire de la Malinche, dont le vrai prénom était Malintzin.

Nous voici au début du 16ème siècle, au Mexique, où de nombreux peuples aux langages différents coexistent. Et comme toujours, certains veulent exercer leur domination sur d'autres. La toute jeune fille d'un chef déchu qu'est Malintzin aurait été donnée aux Mayas comme esclave. J'utilise le conditionnel car l'auteure avoue avoir brodé à partir de quelques faits plus ou moins établis. La dimension historique s'accompagne donc d'une grande part de romanesque. Ce que l'on sait, c'est qu'elle a été livrée ensuite aux espagnols, lors de la venue d'Hernan Cortès. Et qu'elle parlait de nombreuses langues, d'oû son utilisation comme traductrice. Ce qui l'a rendue traitresse aux yeux de certains.

Si l'histoire racontée m'a intéressée, notamment le destin particulier et le côté féministe du personnage ( cependant, est-ce l'auteure qui l'interprète ainsi?) je n'ai pas été séduite par les planches de cette BD. Les personnages sont représentés de façon assez caricaturale, les traits exarcerbés. Que Marintzin soit surprise, émue ou en colère, elle a toujours les mêmes yeux exorbités. Et tous ces tons sombres, à dominante marron , ne sont pas attractifs.

Mon avis est donc mitigé, concernant ce livre. Mais il a au moins le mérite de mettre en valeur une femme singulière dans un contexte historique passionnant. Merci beaucoup à Babelio et aux éditions Grand Angle de m'avoir proposé cette oeuvre.

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J'avais déjà entendu parler de la Malinche et je trouvais cette figure historique intéressante. Quand Babelio m'a proposée, dans le cadre d'une opération masse critique privilégiée, de recevoir une B.D consacrée à la Malinche j'ai donc été interpellée. Cette lecture s'est avérée plaisante.

La B.D d'Alicia Jaraba est plutôt réussie et offre un moment de lecture agréable. Vous aurez remarqué que je ne suis pas dithyrambique. C'est vrai, si j'ai passé un bon moment, je ne suis pas non plus totalement emballée. Ce qui m'a le plus gênée c'est le manque de positionnement de la B.D quant au public visé. Arrivée à la fin de ma lecture, je suis incapable de dire à quel lectorat s'adresse « Celle qui parle ». le traitement très didactique laisse penser que les jeunes adolescents sont le coeur de cible du titre mais les scènes des viols subis par l'héroïne démentent cette impression. du coup, on a un récit qui n'apprendra pas grand-chose aux lecteurs adultes mais qui ne conviendra pas à un lectorat plus jeune, en tout cas je n'en proposerai pas la lecture à mon fils de 14 ans. C'est dommage, le propos est intéressant et la B.D a aussi de jolies qualités. J'ai apprécié que l'auteure évite le simplisme. Il n'y a pas d'un côté les gentils indiens et de l'autre les méchants espagnols, mais plutôt l'esquisse d'une époque où la violence était la norme. le dessin est agréable à l'oeil. La simplicité du trait s'allie à un joli sens du détail et une belle colorisation concourent à un visuel efficace et plein de charme.

« Celle qui parle » est une jolie B.D qui, à mon sens, aurait gagné à clairement choisir à qui elle s'adressait. Je remercie Babelio et les éditions Bamboo de m'avoir permis de passer un agréable moment en compagnie de la Malinche.
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Ce livre m'a été gracieusement offert par les éditions grand-angle et babélio. Je les en remercie car c'est un très bel objet. Comment faire une critique honnête d'un si beau livre sponsorisé?
Peut-être en commençant par le graphisme. Les dessins sont beaux, jeunes, dynamiques en adoptant des teintes très douces, presque pastels, accompagnant étonnamment bien l'histoire qui est racontée dans cette bande dessinée.
L'objet-livre lui-même est également de très belle facture, très agréable à tenir, à feuilleter.
Voilà. Après ces louanges méritées, reste l'histoire. Car le problème c'est la liberté prise avec cette dernière, avec la narration historiquement agréée. Nous suivons donc une interprète, Malinalli puis Malintzin (en nahuatl), finalement Doña Marina (en version conquistador espagnol), femme amérindienne, originaire d'une ethnie nahua du golfe du Mexique et devenue esclave d'un cacique maya avant de servir d'interprète aux colons espagnols.
Ne connaissant pas cette figure pourtant importante au Mexique de la «Malinche», je cherche et trouve sur l'encyclopédie en ligne : « elle est à la fois le symbole de la trahison, la victime consentante ».
De ce point de vue, c'est réussi, ces deux rôles sont bien rendus.
Même les scènes de viol sont suffisamment sobrement dessinées pour rendre l'ensemble lisible par tous sans choquer quiconque ce qui de mon point de vue est une qualité lorsqu'on souhaite diffuser largement.
L'auteure ne se cache pas d'avoir inventé toute une partie de l'histoire dans les espaces manquants de la mémoire officielle. On lui doit un deuxième personnage féminin persécuté qui va se lier à cette dernière de manière improbable, sororité oblige. Si j'osais, je dirais que je l'ai ressenti comme un gentil avatar du wokisme qui s'exprimait dans cette narration sur fond historique. L'introduction du féminisme dans une histoire qui certainement, à cette époque, n'existait pas sous cette forme, m'est apparu un peu ennuyeuse.
De même que l'angle de l'apport du langage. Depuis quand le fait de parler la même langue que quelqu'un est-il le gage d'éviter les conflits ?
C'est le parti pris, le fond de cette bande dessinée. de ce point de vue, je l'ai trouvée d'une certaine naïveté, sans doute due à la jeunesse de l'auteure. On ne peut pas lui reprocher de ressentir les choses avec une sensibilité contemporaine, c'est un gage de modernité.
Mais dans ce cas précis, on pourrait avancer avec autant d'assurance que les massacres ont eu lieu grâce à la traduction si la collaboration de cette figure duale est telle que suggérée par la fameuse encyclopédie.
Mais comme il faut être honnête, il y a tout un tas de trouvailles visuelles, d'anecdotes autour de la traduction, très réussies. le jeu des langues diverses, qui traduit bien la mosaïque des tribus, des alliances, des inimitiés, des rapports d'esclavage est assez parlant :)
Voilà donc c'est un peu dommage mais c'est un livre qui, à cause de quelques aspects très modernes, concourt à ce que j'ai ressenti comme une revisite de l'histoire. J'avoue m'y être habitué depuis quelques décennies sur d'autres aspects mais cela me fait toujours le même effet. Donc à condition de bien saisir que c'est une fiction, c'est une bande dessinée à conseiller pour saisir la pluralité des peuples et des langues avant le grand remplacement ayant eu lieu là-bas jadis.
Et parce que c'est un bel objet graphique.
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