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EAN : 9782350877532
464 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (11/03/2021)
4.19/5   18 notes
Résumé :
"Un simple grain de sable suffit à construire une grande histoire."

En 2011, alors qu'il regarde les derniers chars syriens quitter le Liban, Amin est rattrapé par son passé. Il avait à peine quelques mois lorsqu'il a lui aussi quitté le pays avec sa grand-mère, après la mort brutale de ses parents. De retour à Beyrouth en 1994, le garçon de treize ans tente de découvrir ses origines dans une ville aussi fascinante que déroutante. Mais il se heurte à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Amin a treize ans lorsqu'il se réinstalle au Liban avec sa grand-mère. Dans les décombres de Beyrouth-Est, il découvre ce pays meurtri auquel il doit s'acclimater, bien loin de l'ordre et de la discipline allemande à laquelle il est habitué. C'est d'abord grâce à Jafar, son camarade de classe à l'oeil de verre, qu'il s'approprie la ville à force d'explorations nocturnes, d'arnaques au marché aux puces et de tours de grande roue au Luna Park. C'est ensuite Zahra qui lui dévoile les charmes de ce pays encore méconnu mais d'une beauté rare. Enfin, c'est à travers la reconstitution de l'histoire de sa propre famille qu'Amin trouvera des réponses aux questions qu'il n'a jamais posé. Un roman sensible et profond où les questionnements identitaires se mêlent à l'histoire de la guerre civile libanaise, et à celles de tous les disparus, dont le sort n'a jamais été éclairci.

Après Tant qu'il y aura des cèdres, Pierre Jarawan revient avec un roman d'une puissance romanesque rare – presque même plus forte que celle de son premier livre, à mon avis. Ici, ce sont d'abord des moments épars dont la réminiscence nous entraîne dans l'atmosphère particulière de ce pays en reconstruction, de cette ville encore fracturée, et de cette famille pleine de secrets et de non-dits. Pendant presque la moitié du récit, je n'ai pas vraiment su où l'auteur voulait m'emmener, je me contentais de me laisser porter par l'évocation de ces moments perdus, en m'attachant petit à petit aux personnages croisés au fil des pages.

Usant d'ellipses constantes, l'auteur donne à son récit une forme de suspense doux et agréable, entretenant notre envie d'en savoir plus tout en parvenant à nous donner envie de profiter de chaque mot, de chaque phrase, en prenant notre temps. C'est l'indolence libanaise qui s'invite entre les pages, jusqu'au moment où on en vient au coeur du sujet : les disparus de la guerre civile. Emigrés en catastrophe, disparus sans laisser de traces, cachés pour échapper aux persécutions, nombreux sont ceux qui manquaient à l'appel quand la guerre civile a pris fin. A travers l'histoire d'Amin, Pierre Jarawan explore ces destins brisés, ces enfances perdues, ces familles détruites par cette guerre intestine, jouant sur la pluralité des intrigues pour nous faire entrevoir la complexité d'un conflit aux nombreuses ramifications. Impossible à lâcher une fois entamé, ce récit m'a complètement aspirée, transportée, retournée – au point d'y penser encore souvent.
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Dans le Liban des années 1970 et 80, "perdre quelqu'un" n'avait pas la même signification pour tout le monde. L'auteur, fils d'un Libanais émigré et d'une Allemande, évoque ces "disparus" de manière très poétique, tout en faisant découvrir au lecteur un Liban que seuls ceux qui y ont vécu ou ont connu à travers ceux qui y ont vécu, peuvent vraiment décrire.
Pierre Jarawan, après "Tant qu'il y aura des cèdres", continue d'une belle écriture, poétique, à faire découvrir l'histoire de son pays d'origine, à la manière d'un conteur oriental.
Un régal.
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"Il y a le récit et il y a le silence. Entre les deux, le questionnement. (...) Peut-être en est-il comme de la mer et de la falaise : il faut attendre le matin suivant la tempête pour remarquer ce qui a bougé."
Le 2ème roman de Pierre Jarawan nous plonge, comme son précédent, au coeur du Liban. Mais il est beaucoup plus mélancolique et mystérieux.
Lorsque en 2006, Amin apprend le décès de sa Teta (grand mère), l'insondable Yara Elmaalouf, il remonte le fil de ses souvenirs.
Encore bébé, les parents d'Amin disparaissent dans un accident en 1981. Sa Teta et lui quittent le Liban pour l'Allemagne. Ils y passeront 12 ans et reviendront à Beyrouth.
En classe, il fait la connaissance de Jafar, garçon à l'oeil de verre et à la personnalité particulière. Mais Amin était en Allemagne quand la guerre battait son plein, quand il y revient le pays est détruit et ses habitants vivent avec leurs fantômes, chacun porte en lui un silence, parfois un secret, une personne disparue. Amin et Jafar explorent, tels des aventuriers, les bâtiments, les appartements éventrés, recréent de leurs leurs imaginations fertiles, les vies de ces gens qui soient ont quitté précipitamment leurs demeures soient sont morts. Et au fil des pages, on se demande qui est au juste Jafar, qui est Yara, qui es Abbas cet ami de toujours de la famille ?
P. Jarawan est un vrai Hakawati (conteur) qui perpétue l'adage "Il suffit d'un grain de sable pour faire un grand récit !"
Son roman est foisonnant et même si j'aurais aimé une construction plus chronologique des faits, il n'en reste pas moins que l'auteur confirme son talent, celui de raconter une grande histoire !
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On dit souvent qu'un livre est un voyage, et c'est en voyage à sa suite que Pierre Jarawan m'a ramenée au Liban. Un Liban exsangue au sortir de la guerre civile que découvre Amin à 13 ans lorsqu'il y revient avec sa grand mère qui jusqu'a lors l'enlevait seule en Allemagne. Un pays déroutant pour ce jeune garçon, nostalgique du pays paisible et prospère qu'il a quitté à regret. Un pays où tout le monde semble avoir « perdu quelqu'un », cette expression qui trouble Amin pour qui il est inconcevable de perdre quelqu'un «  comme on perd ses clefs ou son porte monnaie ». Un pays délabré et meurtri qui peu à peu livrera de lourds secrets au jeune garçon.
🇱🇧
L'an passé j'étais charmée par « tant qu'il y aura des cèdres », lauréat du Prix des lecteurs du @livredepoche et qui avait eu mon vote, et c'est encore un bien beau roman que nous livre l'auteur sur l'amitié, la famille et la perte. Un roman plus nostalgique mais il déploie une fois encore ses talents de conteur.
Un roman très dense qui bouscule la chronologie comme est bousculée la mémoire d'Amin, où chaque partie, intitulée ici strophe, déroule un chant à la mémoire des milliers de disparus de ce terrible conflit. Une ode à l'amitié aussi, personnifiée dans le lien très fort qui unit Amin à Jaguar, celui qui lui fera découvrir son pays, qui le lui fera aimer. Un roman comme un chant enfin grâce à son écriture mélodieuse, dont les phrases à la traduction réussie résonnent longtemps et délivrent une douce émotion.
Un livre foisonnant, parfois trop et c'est ma seule réserve, un hommage vibrant et nostalgique à un pays meurtri, malmené par l'histoire.
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Ça commence comme un conte persan, il était une fois, il n'était pas une fois, avec la musicalité des mots qui rend le texte poétique malgré les thèmes abordés.

Au cours du récit, secret de famille, histoire d'un pays, premiers émois, première déception, tout y passe et certaines choses feraient mieux de ne pas être dévoilées. Amin évoque ses souvenirs olfactifs. Si Proust a sa Madeline, Amin, lui, a le chlore de la piscine en Allemagne.

Dans ce roman, les histoires se font écho, s'entremêlent, se répondent dans une sorte de nostalgie. Une sorte d'introspection, qui fait remonter les événements à la surface, parfois agréables, parfois non. Mais pour s'en libérer, il faut parfois les affronter.

Ce livre est un Kaléidoscope d'histoires, ou chaque récit, tel des petits morceaux de verre forment un tout.

Les scènes sont visuelles, les mots sont précis et forment des séquences de vie où l'on se souvient d'un temps passé et révolu.

Le traducteur Nicolas Véron a fait un travail remarquable. On peut le remercier pour le choix des mots et pour avoir su faire ressortir le côté poétique du récit.
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critiques presse (1)
LeMonde
11 juin 2021
L’écrivain germano-libanais signe un roman limpide sur l’amitié, la famille et la perte dans un Liban au sortir de la guerre civile.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Les « hakawati ».
(…) « Hikaya », histoire, conte.
« Wati », maître des arts de la rue.
« Hakawati », conteur de rue.
« La tradition des hakawatis est très ancienne, me confia-t-il comme un secret une fois la porte de la bibliothèque refermée derrière nous. Il y a longtemps, très longtemps, le hakawati était le personnage le plus important après le roi ou le président. De Beyrouth à Damas, du Caire à Ispahan, les gens se rassemblaient dans les cafés, sur les places et dans les lieux publics pour écouter les aventures que contait le hakawati. Il arrivait même, en des âges reculés, qu’on s’adresse à lui pour résoudre une difficulté. Il convoquait alors une histoire qui était une sorte de parabole. (…)
« Le hakawati est maître dans l’art de tromper son auditoire. Il interprète tous les rôles, joue sur les accents et les dialectes, incarne ses personnages. Et au moment où la tension est à son comble, il s’arrête et rentre chez lui.
- Comme ça, sans prévenir ?
- Comme ça, sans prévenir. C’est un vieux truc. Pour attiser le désir de connaître la suite.
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Pour moi, les livres , les récits, les romans ont été et sont encore des refuges. Jai toujours vécu avec eux et par eux. Je me souviens du bonheur qui était le mien quand les héros étaient récompensés de leurs efforts, quand les amoureux finissaient par se retrouver et les pauvres par échapper à leur misère, quand les épreuves étaient surmontées, les énigmes résolues, les disparus retrouvés et les criminels châtiés.
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Avec les années, la réalité nous paraît tout autre. Nous considérons avec nostalgie notre jeunesse, ce grand chaos dans lequel le malheur comme l’espoir semblent toujours sans limites et ne sont éprouvés qu’avec démesure. Pourtant, nous faisons tout ce que nous pouvons pour la fuir, car à la sortie nous attend, nous en sommes persuadés, un autre monde à découvrir, et c’est seulement lorsqu’elle est définitivement révolue que nous nous retournons et prenons acte, un peu sonnés, de cette vérité banale : jamais nous ne retrouverons le chemin de cette période enchantée. Bien des événements ne déploient toute leur force que rétrospectivement. Il en va ainsi de la jeunesse : nous nous blessons et nous nous enrichissons les uns les autres, sans même en avoir conscience.
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De toutes éternité, les plus belles, les plus vieilles histoires du monde entier commencèrent ainsi : « Il était une fois. » Les Persans disent quand à eux :  Yeki boud. Yeki naboud. « Il était et n’était pas une fois. » Une phrase persane sortie d’une malle aux trésors remplie de phrases persanes, mais qui est la genèse de tout. Le ressort de tout écrit. Le commencement de tout conte.

Quelqu’un était et n’était pas là.
Il était et n’était pas une fois.
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Nous avons tous au fond de nous un lieu secret où ni la lumière ni le langage ne pénètrent. (…) j’en vins à l’idée que j’avais été moins fasciné par les sculptures en elles-mêmes que par le mystère qu’elles m’opposaient. Ne rien savoir d’elles préservait leur force d’attraction. Il y avait un passage étroit par lequel l’incontestable, c’est à dire leur existence, rencontrait l’inconnaissable, qui échappait à toute expertise, à toute analyse scientifique.
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COFFRET LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE POCHE • Étés anglais: La saga des Cazalet I de Elizabeth Jane Howard et Anouk Neuhoff aux éditions Folio Tant qu'il y aura des cèdres de Pierre Jarawan aux éditions Livre de Poche Les Fabuleuses Aventures de Nellie Bly de Nellie Bly et Helene Cohen aux éditions Points La fiancée américaine de Éric Dupont aux éditions J'ai Lu https://www.lagriffenoire.com/132721-coffrets-coffret-etranger-poche.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionsfolio #editionslivredepoche #editionspoints #editionsjailu
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