Deuxième tome du premier des quatre diptyques d'Airborne 44, "Demain sera sans nous" est aussi bon que le premier, ce qui n'est pas peu dire.
Alors que Gabrielle, croyant son mari mort, s'est "rapprochée" du G'i Luther, voilà que ledit mari, Egon Kellerman, revient, réalisant qu'il a failli s'entretuer avec son concurrent quelques jours plus tôt. Et il n'arrive pas seul, puisqu'il a déserté avec toute une bande de SS aux trousses qui entendent faire disparaître les pellicules clandestines qu'il a réussi à faire sortir de la "shoah" par balles dont il a été le témoin malheureux et le complice forcé.
On ne peut pas ne pas penser à l'histoire des 4 rouleaux de pellicule sortis clandestinement d'Auschwitz par quelques héroïques déportés anonymes, grâce à un appareil photo caché dans une gamelle à double fond et à des films planqués dans un tube de dentifrice, et c'est super bien vu de la part de Jarbinet, qui nous monte un magnifique drama romance entre l'Alsacien épousé par pitié avant de partir enrôlé de force pour le front russe, et le séduisant Américain. Les deux hommes réussiront à mettre leur inimitié de côté pour une quête commune qui dépasse leur guérilla privée : sauver les preuves de l'horreur.
Les nazis, eux, sont parfaitement détestables comme il se doit, mais je dois dire un peu couillons quand même, et c'est le seul reproche que je ferai à ce volume.
Lors de l'explosion des charges de TNT, les gamins juifs se relèvent aussitôt pour prendre la fuite avec leurs sauveurs, mais par contre les SS aguerris restent au sol pendant une minute et ne se relèvent que quand leurs proies sont loin. Quant au piège à grenade dans la boîte à pellicules, on se dit que le standartenführer n'a quand même pas inventé l'eau chaude.
Hormis ceci, du grand Jarbinet comme d'habitude, et je vois de plus en plus d'analogie entre lui et un autre très grand monsieur de la BD francophone,
Jean-Pierre Gibrat.