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EAN : 9782226439451
464 pages
Albin Michel (30/01/2019)
3.42/5   6 notes
Résumé :
Pourquoi la France, qui se voulait la nation de l’art de vivre, de la mesure et de la démocratie, a-t-elle été le pays développé qui a le plus mal logé ses habitants, et s’est-elle enfoncée dans une perpétuelle crise du logement, cause d’un malaise urbain dont elle peine encore à s’extraire ? Avec Les abandonnés, on pénètre dans les appartements de Sarcelles ou de la périphérie lyonnaise, on partage la vie des locataires, on revit de l’intérieur les années 1950 et 1... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
“Chaque fois que l'on refuse 1 milliard pour le logement, c'est 10 milliards que l'on prépare pour les tribunaux, les prisons, les asiles de fous.” écrivait l'abbé Pierre.

Au sortir de la deuxième guerre mondiale, le pays est en ruine. Plus d'un tiers de la population française se retrouve sans logement, survivant dans des bidonvilles et autres taudis. Une crise du logement s'installe, touchant surtout les couches populaires mais se généralisant très rapidement à tous.

Cependant, nous apprend Xavier de Jarcy, cette crise larvait déjà dès la fin des années 30, et le problème fut longuement réfléchi par le régime de Vichy. D'une manière surprenante et plutôt inattendue, beaucoup d'anciens hauts-fonctionnaires de cette époque furent reconduits dans leur réflexion et leurs tâches en la matière, ce qui explique une certaine continuité dans les idées et intentions. En effet, le logement restera encore quelques années dans les esprits des décideurs considéré comme le moyen d'« éduquer » les gens du peuple, en les privant de bistrots, de cafés par exemple pour les remplacer par des bibliothèques ou autres lieux de culture, bref : « l'hygiénisme social ».

Les décisions sont donc prises en haut lieu, depuis Paris, sans jamais consulter les citoyens, rarement les régions ou les maires des grandes villes. La conséquence directe de cette politique résidera dans les faibles moyens attribués à cet énorme chantier, l'État privilégiant dans les années 50 ses dépenses militaires pour les guerres de Corée et d'Indochine… Pourtant, et paradoxalement encore, ce même État mène un politique nataliste forte, avec succès, et les enfants naissent et grandissent, mais dans des conditions déplorables.

Les industries s'installent, le secteur du bâtiment encore très artisanal au sortir de la guerre se modernise à son tour, au plus grand bonheur des architectes. Il faut faire évoluer le logement en fonction de nouvelles technologies ou normes, apporter l'eau, le courant, concourir à l'hygiène, mais aussi penser au parc automobile, aux infrastructures de transport, scolaires ou de garde pour les jeunes enfants… Par manque de moyens, les ambitions seront très vite revues à la baisse, les surfaces habitables diminuées, les constructions annexes abandonnées.

On finit par construire en nombre mais mal. Les premiers à en pâtir sont les enfants, qui tentent d'échapper à l'exiguïté de leur logement pour se retrouver perdus dans ces grands espaces sans âme. On a besoin de main d'oeuvre pour les usines, mais on ne se soucie guère des conditions de vie des ouvriers… L'histoire des « Cités de banlieue » est dramatique, l'issue apparaît fatale quasiment dès son amorce, et pourtant, elle a pu se dérouler jusqu'au paroxysme atteint dans les années 70.

C'est un ouvrage dense et documenté que nous livre là Xavier de Jarcy, effrayant sur certains points mais nécessaire pour comprendre notre société actuelle. Rien n'arrive jamais par hasard...
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C'est avec une minutie d'orfèvre que Xavier de Jarcy nous dresse le tableau complexe et changeant de l'Histoire des banlieues françaises. Levant le voile sur de nombreuses idées reçues, l'auteur nous plonge dès le début de son livre dans une époque compliquée pendant laquelle la question de l'habitation collective commence sérieusement à être abordée. En 1932, la toute première « cité » est érigée de terre, révolutionnant le monde de l'architecture pratico-pratique : la Cité de la Muette.

Hélas, l'auteur nous apprend aussi que le chemin vers l'habitat digne et sécuritaire est loin d'être tranquille, loin de toutes manipulations politiques et économiques et de corruptions historiques...

Grâce à une grande précision historique, j'ai pu me replonger dans les époques pourtant étudiées en cours d'Histoire mais dont les noirs secrets m'étaient encore inconnus. Vichy... l'Après-Guerre... Les 30 Glorieuses... l'auteur nous livre un panorama haute-définition de l'évolution de la question des HBM (Habitations Bon Marché, devenu par la suite HLM : Habitations à Loyer Modéré), presque au jour le jour.

En personnages principaux, des grands noms de l'architecture française tel que le très controversé Le Corbusier, architecte et dessinateur d'origine Suisse.
Petit à petit, l'idéalisme laisse place à la réalité : la France, malgré de nombreux projets et des années de débat, est un pays dans lequel il est encore difficile de se loger convenablement.

Loin d'être une question purement économique, le sujet de l'habitat a été traversé par de nombreux questionnements d'ordre éthique et social. Par exemple, la pensée de l'hygiénisme m'a particulièrement interrogé. Dans l'optique d'optimiser la conditions de vie des gens, l'architecture française a véhiculé l'idée que la construction d'un foyer doit être intimement liée aux règles d'hygiène, dans le cadre de la Santé Publique. Ainsi, le bien-être des habitants est enfin abordé, laissant penser que l'épanouissement de chacun ne dépend que du taux d'ensoleillement de son appartement...
De plus, ce courant de pensée a suscité de nombreuses dérives idéologiques, me laissant une saveur particulière après lecture, comme un goût d'aseptisé.

Plus les pages défilent, plus l'image des cités se précise : des espaces périphériques éloignés du reste de la ville, des populations jeunes sans aucun autre moyen de rejoindre le divertissement et la culture que de faire 20 minutes (et encore, mon compteur affiche pas moins de 40 minutes) de trajet en bus, ce qui découle sur de nombreux problèmes sociaux tels que l'isolement et la précarité de l'emploi.

Derrière l'allure très technique de cet ouvrage, Xavier de Jarcy redonne la voix aux « abandonnés » des choix politiques et économiques et nous laisse tout le loisir de méditer sur un drame qui ne date donc pas d'hier : le mal-logement et l'exclusion des habitants de banlieues.


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Un livre qui nous retrace l'histoire des cités en se basant sur une documentation très fournie. de nombreux idées reçues y sont démolies nous offrant ainsi un éclairage utile sur la situation actuelle de ces quartiers due aux choix économiques, politiques et surtout idéologiques de l'après guerre.
J'ai aimé découvrir ce pan de notre histoire malgré la quantité de détails qui a fini par me lasser à la longue. le choix de la présentation chronologique m'a gênée et j'aurais préféré une analyse thématique comme me le laissait espérer l'introduction qui était vraiment alléchante.
En bref, un bon livre sur une partie de l'histoire trop souvent laissée dans l'ombre.
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Quelle déception !! Ce livre ne présente aucun intérêt. On est perdu dans une foule de détails administratifs. On passe du coq à l'âne.

L'auteur peine à esquisser les grands enjeux et se contentent d'extraits de discours/écrits de différents intervenants. On est totalement noyé. Et à la fin, on ne retient rien.

Et enfin, presque aucune mention de l'immigration ! Aberrant.
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Vidéo de Xavier de Jarcy
- "Les abandonnés, histoire des cités de banlieue", Xavier de Jarcy, Albin Michel. https://www.librest.com/livres/les-abandonnes--histoire-des-cites-de-banlieue-xavier-de-jarcy_0-5498588_9782226439451.html
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