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Critique de Sachenka


Alexandre Jardin est un auteur que j'adore et que je déteste, selon mon humeur, les moments de l'année, le fil de l'actualité, etc. Ceci dit, je suis toujours curieux de lire ses ouvrages et j'ai finalement mis fin (redondance volontaire) à un manquement dans sa bibliographie : la lecture de Bille en tête, son premier roman. Dès les premières pages, j'ai été conquis. Ce jeune homme, Virgile (j'adore ce prénom), un jeune homme de seize ans, plein de verve, d'énergie, d'illusions et même temps pédant, sûr de lui malgré une inexpérience de la vie dans laquelle il veut mordre à pleine dent. C'est un morveux adorable !

C'est ce que j'adore de cette jeunesse, quelle soit parisienne, de province, ou même de l'étranger. Tout sauf ces êtres blasés à vingt. Bref, Virgile ose. Et, rien que pour ça, il mérite certains égards. Il quitte sa pension à Évreux « une ville pour les sans-destin » contre la volonté de son père et rejoint la capitale française. Exit le monde de l'enfance ! Mais attention, il ne cherche pas un petit boulot, une amourette avec une écolière à défleurir, non ! Il jette son dévolu sur Clara, une femme de vingt ans son aînée. Et Clara cède.

Est-ce Virgile qui est persuasif et plein de charmes ou bien est-ce Clara qui est une cougar à la recherche d'un jeune homme fougeux qui saura répondre à ses besoins ? Besoins que, visiblement, son riche mari ne peut satisfaire. Allez, pourquoi tant de questions, je me laisse emporter par ce tourbillon de folie. Et l'écriture d'Alexandre Jardin m'aide beaucoup. Elle est nerveuse, agitée, à la parfaite image du protagoniste.

Malheureusement, plus l'histoire avance, plus mon désenchantement se fait sentir. Elle devient de plus en plus improbable. J'ai de la difficulté à croire qu'une femme de la haute société comme Clara prenne le risque de tout foutre en l'air pour une amourette. Elle invite Virgile à dormir chez elle alors que son mari s'y trouve ! Et ce dernier réagit à peine ! Quant au père du jeune homme, fâché, il pourrait la dénoncer à la police pour abus de mineur ! Je ne peux en conclure que Clara est réellement amoureuse. Surtout qu'elle suit son amant à Rome, ce que j'ai trouvé absurde. Au moins, le dénouement inévitable est plus crédible mais, rendu là, il est trop tard pour racheter toutes les invraisemblances passées.

Et que dire de Virgile lui-même ? Son ignorance me laisse pantois. Il semblait vif d'esprit mais peut-on vraiment ne pas connaître Shakespeare (qu'il prononce Chaquèspeuare) et copier ses poèmes sans croire un moment que son enseignant ne s'en drendra pas compte ? Et que dire de cette référence au « regrettable incident du Golgotha ». Un athée et même quelqu'un d'une confession autre que chrétienne ne peut réduire à une vulgaire note de bas de page un événement aussi crucial que la crucifixion pour la suite de l'histoire de l'humanité !

Évidemment, Alexandre Jardin est coupable d'avoir écrit un premier roman et, comme tous les jeunes auteurs, il a voulu trop en mettre. C'est rempli de mièvreries (quoique ça colle assez bien au personnage arrogant du jeune premier), de clichés, de jolis jeux de mots mis pour épater la galerie. Un peu comme certains font de la peinture à numéro. « Je découvrais l'Italie du bout de ma fourchette et ce pays me parut al dente. » Vraiment ?

Au moins, j'ai beaucoup ri et souri. Parfois, malgré l'auteur, d'autres fois avec sa connivence. Après Virgile, le personnage de la grand-mère, l'Arquebuse, était très bien réussi. J'y ai reconnu ma propre aïeule, pleine de cette énergie inébranlable, de cette confiance aveugle et de cette volonté de fer auxquelles rien ni personne ne peuvent quoi que ce soit. Au final, je me souviendrai de Bille en tête essentiellement pour ses personnages attachants et haut en couleur.
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