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Critique de AmIvankovDiaz


J'ai trouvé dans la rue "La Guerre à neuf ans", livre de poche de 1972 (et non pas de 1976 comme annoncé suite au titre).
Sur la couverture de ce livre de souvenirs d'enfance de l'écrivain Pascal Jardin il est écrit "offert par votre station Elf". Par un effet de ricochet les souvenirs d'enfance de l'auteur me renvoient à ma propre enfance. Non, je n'ai pas vécu la Seconde Guerre mondiale (Dieu merci), mais, au tournant des années 60-70, quand ce livre fut écrit puis imprimé, j'avais à peine plus de neuf ans. Je me souviens (à la façon de Georges Perec, le talent en moins) des stations d'essence Elf, qui ont disparu corps et biens, des pompistes servant encore l'essence, qui portaient un blouson et un pantalon bleu butane et -ce que je leur enviais par dessus tout- une casquette. Par contre je ne me souvenais pas du tout que les stations d'essence, alors, offraient des livres à leur clientèle, et -cerise sur le gâteau- de la bonne littérature. Autre temps... La mémoire est parcellaire et réinterprète comme elle veut.
Voilà le fil conducteur avec "La Guerre à neuf ans", récit à la fois autobiographique de l'enfance de Pascal Jardin, et transformation romanesque des souvenirs, par celui qui, en plus d'être écrivain, fut aussi un des meilleurs dialoguistes des années 60-70. On lui doit (entre autres) "Le Chat", avec Gabin et Simone Signoret, "La Veuve Couderc", avec Delon et Signoret. Mais il dialogua aussi les "Angélique", série star des rediffusions télé et de la sympathique culture populaire des années 60.
Superbe carte de visite pour un homme qui vécut vite, intensément et mourut jeune. Il fut le père d'Alexandre, qui se prend pour un romancier, et dont, par respect pour la mémoire de Pascal Jardin, je ne dirai rien.

A travers les yeux de Pascal Jardin enfant je vois la guerre tel un jeu. Un jeu de rôles cruel, incompréhensible et fascinant. Les enfants jouent aux cow-boys et aux indiens, aux gendarmes et aux voleurs. Les adultes jouent à être maréchal d'un pays en déroute et en sursis, président du Conseil honni par tous, hauts gradés allemands bottés (l'auteur semble faire une fixation sur les bottes), intellectuels en fuite, etc.

Avec style, élégance, ironie et humour ce petit bonhomme de neuf ans voit tout et, une vingtaine d'années plus tard, réinterprète tout. Tout est vrai, tout est faux-semblants. La vie est un songe, comme l'explique si bien Calderon de la Barca depuis l'an de grâce mil six cent trente six...
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