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EAN : 9782917237984
140 pages
Des Ronds dans l'O (12/04/2017)
4/5   2 notes
Résumé :
Ghetto de Varsovie, mai 1942. Près du mur Sud où se trouve aujourd'hui le théâtre de marionnettes "Lai ka", se dressait autrefois un bâtiment gris de quatre étages : le dernier siège de l'orphelinat juif "Dom Sierot" (La Maison des Orphelins). Il fut un établissement pilote historique dans l'éducation des enfants, dans la bienveillance et la démocratie, ouvert à la fin de l'année 1912 et dirigé par Ie docteur Koraak. Genia, une petite fille de douze ans, tient son j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Haut bâtiment blanchâtre de quatre étages, morne et fatigué aux fenêtres démesurées, le Dom Sierot, un des orphelinats du Ghetto de Varsovie préserve en son sein près de deux cent enfants. Un foyer de substitution pour des garçons et des filles à qui la guerre a arraché père et mère, tenu avec bonté et bienveillance par le docteur Korczak. Nous sommes en Mai 1942. Dans trois mois, tous seront déportés au camp de Treblinka et y seront gazés… le docteur les accompagnera dans leur dernier voyage. Bien plus qu'un pédiatre, Korczak était profondément humaniste, très à l'écoute des enfants et infiniment respectueux. Il a laissé de nombreux écrits sur les droits de l'enfant.

Nous sommes, nous lecteurs, à leurs côtés aussi durant ces dernières semaines. Nous parcourons un bout de leur chemin, écoutons avec attention et empathie la voix du docteur et celle de Genia une fillette de douze ans. Des voix – où plutôt des mots – qui s'enchevêtrent, serrant notre gorge… chacun écrit un journal dans lequel sont déposés les angoisses, les tristesses, les observations, les espoirs, les souvenirs, les lueurs de petites joies éphémères. Notre regard s'attarde longuement sur chaque illustration, des crayonnés, des collages, des gris, des beiges, des coupures de journaux, des reproductions de photographies, de lettres, puis ici et là des orangés – la chaleur ou la douceur d'un moment doux – qui embrasent la page, énergie de vie.

Mademoiselle Esther, un jour, apporte des pots de fleurs à l'orphelinat, les enfants sont émerveillés, les yeux brillent et les sourires s'esquissent. Qu'il est précieux, cet enthousiasme. « Mademoiselle Esther. Elle a dit un jour qu'elle voulait une belle vie, ni amusante, ni légère. Aider, être utile, être là pour les autres. C'est comme si avec son sourire elle voulait dire : ce qui est bien c'est d'aller au-delà de ses forces. » Elle a alors une idée pour ôter, un temps, le voile de chagrin sur ces visages enfantins… monter une pièce de théâtre avec eux, partir en Inde sur les mots du poète et dramaturge Rabindrahnath Tagore, raconter l'histoire d'Amal, ce petit garçon malade enfermé dans sa chambre rêvant des » monts Pantschmura, (de) la rivière Schamli, (de) l'île des perroquets…

Une page de l'Histoire tristement vraie, celle d'enfants aux destins funestes qui, grâce à la bienveillance du docteur Korczak, à l'ardeur de Mademoiselle Esther, et au pouvoir de la littérature s'envoleront le temps d'une histoire dans un pays merveilleux, oubliant la peur, la faim… Un album poignant.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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« GHETTO DE VARSOVIE. Près du mur sud où se trouve aujourd'hui le théâtre de marionnettes » Lalka « , se dressait autrefois un bâtiment gris de quatre étages : le dernier siège de l'orphelinat juif » Dom Sierot « , dirigé par le Docteur Korczak, et qui dans cette période sombre, fut un refuge pour deux cent enfants. Ce qui se passa alors dans les rues et à l'intérieur de la maison, ce que ces enfants y virent, entendirent et pensèrent vous est conté ici par deux de ses occupants : Genia, une petite fille de douze ans, et le Docteur lui-même » (présentation de l'éditeur en page de garde).



Je ne connaissais pas l'existence du docteur Janusz Korczak jusqu'à ce que je lise cet album. La démarche d'écrire ce qui se passe dans le ghetto de Varsovie, ce dont il est témoin, se rapproche de celle d'Emanuel Ringelblum qui avait invité les habitants du ghetto à témoigner par écrit de la vie dans le ghetto (un album récent lui est consacré : voir ma chronique sur « Varsovie Varsovie »). Dans le présent album, il n'est pas fait référence à l'initiative de Ringelblum.

C'est le 13 mai 1942 que s'ouvre son journal. Très vite, les pages du journal de la jeune fille viennent lui donner la réplique. Autre regard. Autre sensibilité. Autres inquiétudes. le même quotidien vu d'un autre angle. J'ai de suite été frappée par les dessins de Gabriela Cichowska.

Parfois, les planches sont très dépouillées et proposent un dessin sobre réalisé. Crayon de papier, crayons de couleur. Instants suspendus où l'on observe un personnage (souvent un enfant) perdu dans ses pensées ou totalement absorbé par ce qu'il est en train de faire. On lit la tristesse dans ses yeux, on voit l'ennui dans sa posture corporelle. On voit que la guerre a eu tôt fait de lui voler son enfance, qu'elle a englouti son innocence. L'attente et la peur marquent les expressions des visages de cernes, elles gomment les sourires malgré les efforts répétés des adultes à formuler des phrases réconfortantes, des mots d'espoir. On les sent si fragiles !

A d'autres moments, les planches affichent timidement des couleurs. C'est le jour, la vie grouille dans les rues du ghetto et dans les couloirs de l'orphelinat mais l'illustratrice ne fait appel qu'à une palette réduite de couleurs. Marron, gris, noir, beige, quelques rares bleus métalliques délavés par-ci, un vert timide par-là. Gabriela Cichowska colle, coupe, brûle, froisse, déchire et assemble différentes formes de différentes textures dans les illustrations. Elle fait appel à des vieilles photos, des coupures de journaux, des cartes postales, des plans, des lettres manuscrites, des feuillets détachés de blocs d'éphéméride, des silhouettes découpées dans des revues d'époque, des tickets, des morceaux de cuir, de tissus, de papier gaufré, de carton… Objets, symboles, motifs… Les étoiles de David sur les vêtements, les miches de pain gigantesques et insolentes dans la vitrine d'une boulangerie, les carreaux d'une mosaïque, un livre, un pendentif…Les illustrations s'animent grâce à ce contenu éclectique. L'auteure joue avec différentes textures, avec différents papiers, avec différents outils de dessin. Cela crée une ambiance intemporelle dans laquelle la lumière est diffuse, comme tamisée. On attrape toutes les sensations au vol, qu'elles soient neutres, ternes ou vives : la curiosité, l'attente, la tension, l'inquiétude, la tristesse… la complicité, la tendresse, la fierté, l'envie, la jalousie… la colère… l'impuissance… L'impuissance que ressent le Docteur est grande. Il a du mal à se résoudre à ne pas pouvoir venir en aide aux enfants des rues, livrés à eux-mêmes. Mais l'orphelinat n'a plus de place.
...
Lire l'article complet sur le site : https://chezmo.wordpress.com/2017/04/17/la-derniere-representation-de-mademoiselle-esther-jaromir-cichowska/
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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critiques presse (1)
BDZoom
12 mai 2017
Un livre émouvant, à la fois désespéré et porteur d’une grande foi dans l’humanité, qui a été remarqué et primé dans plusieurs pays européens.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
« Enfants des rues. Jour après jour, mois après mois, la guerre crache par milliers. Telle une mer en furie larguant sans relâche de tout petits coquillages sur ses rives. Les orphelinats – il y en a trois douzaines ici, dans le ghetto – craquent de partout. Le nôtre aussi, après que le dernier mois nous a apporté trente nouvelles entrées… Et cependant : quand je marche dans les rues et que je vois les enfants mendier sur le trottoir, je ressens une profonde impuissance. Je me sens responsable de chaque injustice qui leur est faite. Et je ne peux rien faire de plus que leur caresser brièvement la tête. Moi, le grand Docteur. »
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« Je dois jouer Sudha. Une jeune fleuriste. C’est un petit rôle, mais mademoiselle Esther a dit que Sudha ne doit pas porter pour rien ses petites clochettes aux pieds. Elle va m’apprendre une danse. (…) Madame Blimka a promis de me faire une robe. Mademoiselle Esther a juste décousu sa robe d’été. Sa plus belle robe, dont elle disait toujours qu’elle la porterait le jour où la guerre serait finie. »
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Un garçon m’a dit en adieu : « Sans ce foyer, je ne saurais pas qu’il y a des gens honnêtes dans le monde et que l’on peut dire la vérité. Je ne saurais pas qu’il y a des lois justes dans le mondes ». Combien d’épaules courbées cette maison aurait pu redresser s’il n’était pas arrivé. Ce mois de septembre 1939. Et avec lui… barbelés, tessons de verre, menaces et fusils.
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Enfants des rues. Jour après jour, mois après mois, la guerre les crache par milliers. Telle une mer en furie larguant sans relâche de tout petits coquillages sur ses rives. Les orphelinats – il y en a trois douzaines ici, dans le ghetto – craquent de partout.
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« Mademoiselle Esther. Elle a dit un jour qu’elle voulait une belle vie, ni amusante, ni légère. Aider, être utile, être là pour les autres. C’est comme si avec son sourire elle voulait dire : ce qui est bien c’est d’aller au-delà de ses forces. »
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