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sur 94 notes
Au matin de sa mort, le viking de Coisset partage l'eau de son bain avec les fantômes de ses personnages. A défaut de canard jaune, Régis Jauffret se glisse dans l'eau tiède de la baignoire pour en prélever l'écume des maux de Flaubert.
Bouvard et Pécuchet, inquiets de voir l'écrivain procrastiner la fin de leur aventure - qu'il n'aura pas le temps d'achever- et surtout Emma, très chafouine au sujet des choix de l'écrivain à son sujet, viennent hanter ses dernières heures. Si souvent femme varie,la Bovary aussi.
Regis Jauffret possède l'art de la ventriloquie. Tous les personnages de ses Microfictions peuvent l'attester. C'est le Tatayet des mots. Mais ici, la première partie du récit, intitulée sobrement « Je », ne relève pas du même exercice. Jauffret n'essaye pas d'écrire comme Flaubert, ce n'est pas un perroquet (celui de Julian Barnes) et le narcissisme a ses limites, son « je » est presque un « tu », celui d'un grand familier de l'oeuvre qui connait si bien les romans de Gustave l'ermite, qu'il s'autorise une invasion de ses pensées des dernières minutes. Il s'agit selon moi d'un travail de reconstitution, pas d'usurpation.
Outre ses revenants de papiers, les hommes et les femmes qui ont traversé la vie de Flaubert, jalonnent les souvenirs de l'auteur dans un désordre chronologique qui fait tanguer l'eau de son bain davantage du côté du conte onirique que de la biographie certifiée conforme.
La seconde partie passe au « Il ». On change de pronom, mais le récit reste très autocentré. J'ai trouvé les échanges avec les personnages de ses romans plus réussis que les souvenirs rembobinés, trop sages et distanciés, de ses relations avec ses proches.
La dernière partie, intitulée « Chutier », regroupe des passages non retenus et rabotés par l'auteur. J'ai trouvé l'idée savoureuse et très originale mais la police d'écriture, taille « notes de bas de page » est une torture de lecture. Sortez les cluques et prenez un Doliprane. Cela gâche mon appréciation générale plutôt favorable. L'éditeur se rattrape un peu avec le joli bandeau de la couverture.
Ne m'étant pas encore glissé dans les célèbres correspondances de Flaubert, je ne lis jamais les courriers des autres, surtout quand ils ne le souhaitent pas (ce qui était le cas de Flaubert), et n'ayant pas encore lu salammbô, je n'ai pas l'oeil assez aiguisé pour développer une analyse plus critique de ce travail de reconstitution.
Ce que je sais, c'est que j'aime l'écriture de Jauffret, son inventivité et ses phrases impitoyables. J'apprécie moins le sujet de certains de ses romans, notamment quand il s'attaque à des faits divers scabreux.
Je ne suis pas davantage étonné que Régis Jauffret soit inspiré par Flaubert. Ils appartiennent à la confrérie des obsédés du style, aux allergiques de la répétition, aux pointilleux de la ponctuation.
Après le bain, j'attends une douche avec Emma Bovary et un pédiluve avec Maupassant.
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J'avais entendu parler de cet auteur sans pour autant le lire. Voilà qui est fait et très honnêtement, je ne regrette pas d'avoir commencé par ce livre. Disons-le sans attendre : j'ai adoré ce bouquin ! L'auteur retrace de manière fictive les dernières pensées de Flaubert lors de son ultime bain. Il sera foudroyé quelques heures plus tard. Lors de ce moment de repos, ses personnages lui apparaissent.

Même si l'histoire est romancée, on l'a bien compris, il n'en reste pas moins que l'auteur s'est amplement documenté sur la vie de Flaubert. J'ai appris de façon très plaisante énormément de choses sur ce romancier que j'aime beaucoup. Il n'y a qu'une petite chose qui m'a déstabilisée et qui est, visiblement, une habitude chez Jauffret : l'emploi des tirets. Pour moi, il signifie qu'une personne parle mais là, ce n'est pas forcément le cas. le plus souvent, il est là pour marquer une rupture dans les idées.

Quoi qu'il en soit, j'ai vraiment apprécié ce livre que l'on a du mal à quitter.

Un grand merci à Babelio et aux Editions du Seuil pour cette pépite !
Lien : https://promenadesculturelle..
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L'exercice audacieux de Régis Jauffret : le « bio-roman » de Flaubert.
Gustave Flaubert aura deux-cents ans le 12 décembre 2021, il se raconte sous la plume de Régis Jauffret
Flaubert prend un bain. Au sortir il allume sa pipe et s'assoit à son bureau dans le cabinet de travail de sa maison de Croisset d'où sont sorties toutes ses oeuvres et où il a passé des heures à les peaufiner, toujours à la recherche de la perfection, d'un idéal. La nef, comme il le nomme, est son tonneau de Diogène. Il ne le sait pas encore mais il vit sa dernière heure, heure pendant laquelle ses souvenirs vont remonter à la surface, ses fantômes vont se manifester. Est-il en train de faire une énième crise d'épilepsie ? Seul le crapaud-encrier posé sur son bureau pourrait le dire si sa salive noire n'avait pas séchée depuis belle lurette…
La première partie, « Je », est la confrontation de Flaubert avec sa vie, son enfance, ses rencontres, une personnalité qui s'élabore, ses correspondances.
La seconde partie, « Il », est la confrontation de Flaubert avec ses personnages, la schizophrénie de l'écrivain qui lui offre l'opportunité de dialoguer avec une Emma Bovary hystérique et revancharde, colérique pour la façon dont il l'a traitée dans son roman éponyme. Ses héros s'animent et le harcèlent, lui qui est au seuil de sa mort. Ils reprennent leur liberté.
La troisième partie, « le chutier », dont la petitesse des caractères est un défi pour des yeux fatigués… Une grande frustration. Quelle absurde idée ?!?...
« le dernier bain de Gustave Flaubert » est une biographie romancée, un « bio-roman », écrit avec le style de son auteur, Régis Jauffret, et dans l'esprit de son sujet, Gustave Flaubert. C'est un grand plaisir à lire pour qui a l'amour des mots et des phrases à la sonorité mélodieuse. Régis Jauffret a la plume libre. Il emporte le lecteur dans un récit dont la documentation est impressionnante et, sur la base de faits réels, l'amène dans son monde fantastique ou le héros parle à ses créatures imaginaires.
Même s'il vaut mieux se régaler de l'oeuvre du maitre plutôt que d'entrer dans son intimité, n'hésitez pas une seconde à plonger dans « le dernier bain de Gustave Flaubert » de Régis Jauffret.
Editions du Seuil, 324 pages
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Commençons par remercier Babelio-Masse Critique et les éditions du Seuil qui m'ont permis de retrouver un Régis Jauffret dans un exercice littéraire extrêmement périlleux.
Car je connaissais cet auteur à travers, entre autres, des oeuvres comme - Claustria - ou - Sévère -, lesquelles exploitaient, à la manière d'un Emmanuel Carrère dans - L'adversaire -, un fait divers ayant marqué l'opinion publique.
- Claustria -, c'est l'affaire Josef Fritzl, qui séquestra sa fille pendant vingt-quatre ans dans le sous-sol de sa maison, la viola, la tortura, lui fit sept enfants... en toute impunité jusqu'à ce que... Une affaire qui fit grand bruit, fut connue du monde entier... et un livre qui scandalisa les autorités autrichiennes mises en cause dans le bouquin.
Dans cet exercice, j'ai apprécié le travail de documentation et le "produit fini".
Cette fois, R. Jauffret, pour fêter le bicentenaire de la naissance de l'auteur de - Madame Bovary - se réincarne en Flaubert qui, dit-il " campe dans sa tête ", et se lance à travers trois approches, le "je", le "il", et un "chutier", dans un récit biographique, historique échevelé, galopant, débridé, halluciné, délirant où le temps se moque de la chronologie, où les époques se croisent et se recroisent, où vérité et fiction se font des clins d'oeil malicieux.
Tout commence par la fin ; rien que de très logique. le 8 mai 1820, dans sa propriété du hameau De Croisset, Flaubert prend un bain bouillant, et meurt peu après dans son cabinet de travail, foudroyé par une hémorragie cérébrale.
Retour en arrière le 12 décembre 1821, jour où Anne Justine Caroline Fleuriot, épouse du chirurgien-chef Achille Cléophas Flaubert donne naissance à Gustave.
À partir de là, R. Jauffret est Flaubert, et nous donne sa vision de la vie familiale, amicale, sentimentale du grand homme.
Ses rapports avec son père, homme très occupé mais ayant autorité sur son fils, l'amour indéfectible pour sa mère, la relation très forte avec sa soeur Caroline, ses liens avec les domestiques Suzanne et Julie.
Son éducation, son entrée au collège, ses études de droit à Paris.
Sa passion pour la lecture, et celle exclusive pour la littérature qui, combinée avec ses crises d'épilepsie très impressionnantes, aura raison de la volonté de Cléophas de faire de son fils un notaire ou un magistrat.
Sa vie amoureuse où les garçons ont très souvent plus de place que les femmes.
Son oeuvre... et l'immixtion de ses personnages dans ce surprenant récit.
Son dernier bain avec Emma Bovary est un trip hallucinatoire qui vaut lecture.
Son crépuscule enfin, marqué par sa ruine causée par l'époux de sa nièce Caroline, sa légataire universelle... qui s'emploiera, pour des raisons vénales, à ne pas respecter certaines des volontés posthumes de son oncle.
On est immergé ( c'est le cas de le dire ) dans un XIXème siècle très réaliste, bien documenté où l'on croise des Louise Colet, des Elisa Schlesinger ( la scène de ses noces révélée par Jauffret-Flaubert, et les conséquences qu'elle aura sur la suite et la fin de sa vie sont bouleversantes), des Maxime du Camp, des Ernest Chevalier, des Alfred le Poittevin, des Juliet Herbert, des Louis Bouilhet...mais aussi des "people" comme George Sand, Théophile Gautier, Daudet, Balzac, Hugo, Zola etc etc mais surtout Maupassant, son fils spirituel.
Ce livre m'a permis de compléter mes connaissances sur le maître des maîtres de l'écriture.
Ainsi ignorais-je que son père était mort d'une septicémie contractée à la suite d'une autopsie pratiquée devant ses étudiants dans la salle d'amphithéâtre de l'Hôtel-Dieu de Rouen. Un coup de lancette qu'il se porta à la jambe fut le talon d'Achille de cet homme de constitution plus que robuste. " La lancette de mon père avait incisé vingt-cinq mille veines sans avoir été stérilisée depuis sa première utilisation en 1740...).
J'ai appris également que deux neurologues, grâce à la description laissée par un de ses amis d'une de ses crises d'épilepsie, avaient pu déterminer avec certitude que le foyer pathogène était situé dans le lobe occipito-temporal gauche du cerveau de Flaubert.
Que sa syphilis lui fut offerte par "la putain Kuchiuk-Hanem" qu'il rencontra lors de son périple en Orient.
Que durant ces dix-huit mois exotiques, il fréquenta les bordels et eut ce qu'on qualifie aujourd'hui des rapports pédocriminels.
La plaidoirie de maître Jauffret-Flaubert vaut là aussi d'être lue... je me demande ce qu'en penseront Vanessa Springora, Camille Kouchner, Matzneff et Duhamel...
On a beaucoup supputé sur les raisons pouvant expliquer l'AVC massif qui emporta l'écrivain.
Son travail acharné et maniaque pour venir à bout de l'énorme entreprise - Bouvard et Pécuchet - ( il a lu pour préparer le premier tome pas loin de 1500 volumes ), a souvent été mis en avant... associé à ses terribles crises d'épilepsie... le cocktail était déjà détonnant.
Ce qu'on oublie de dire, c'est que Flaubert mesurait 1,84m (très haute stature pour l'époque )... pour plus de 100 kg !!!
Il fumait dès son réveil... à jeun... et aimait la bonne chère ; le tableau idéal de l'apoplectique.
J'en viens à présent au pari ( un mot d'actualité ) de Jauffret de se mettre dans les bottes de Flaubert.
Là, l'élève ne pouvait rivaliser avec le maître du style qu'au risque de ne rester qu'un élève.
À vouloir penser et s'exprimer comme Flaubert, Jauffret ne m'a pas convaincu, au contraire il m'a même souvent agacé.
Une avalanche de participes présents, des phrases commençant par "de" suivi d'un infinitif, une sophistication maniérée, des répétitions à l'épate en veux-tu-en voilà : baguenauder, cadeauter, vitement, valetaille, ad libitum, cataracte, défalquer, renâcler... Bref, une prose à faire pâlir d'effroi de vrais stylistes comme Franck Bouysse ou Marie-Hélène Lafon...
À vouloir s'élancer pour franchir comme les vagues de la mer un rocher trop élevé pour son retour... R. Jauffret ne sera sauvé que s'il bénéficie d'un épisode de grande marée sur l'achat de son livre, certes pas banal, mais qui pour moi est de l'ordre du "mitigé", voire du surfait.
Un coup d'essai à saluer même s'il n'est pas un coup de maître.
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Je ou il
Flaubert personnage d'un roman.

Une enfance où il fait bon lire et observer. Gustave a le temps de s'émerveiller, de jouer avec sa soeur Caroline, de partir en vacances, de flâner dans la bibliothèque, d'écouter les histoires au coin du feu, de goûter les bons petits plats préparés par Julie. Il ne fait pas partie de ses enfants d'ouvriers qui usent déjà leur santé dans les usines, de ceux qu'il aperçoit, promenés en brouette comme des petits vieux dans l'hôpital de son père, par des bonnes soeurs en cornettes. Bien qu'il soit épileptique, il est chanceux.

Il peut même, à l'adolescence, jouer la comédie du désespoir. Peut-être fallait-il cela pour devenir un écrivain illustre. Regarder la réalité à travers la lunette des mots. La décortiquer, l'habiller de personnages, s'y prélasser, s'y fondre.
Il peut choisir son avenir. le droit ou l'écriture. le droit l'ennuie. Il préfère créer en toutes lettres une réalité de papier.

Mais que reste-t-il au moment de son dernier bain, de cette vie de voyage, toujours à la recherche de belles phrases, d'aventures amoureuses ? Parfois il perd le fil, son histoire se découd, la couverture gondole, les mots l'insultent. Les personnages lui demandent des comptes, ils se libèrent de leurs liens, de leurs boucles trop serrées, de leur boue d'encre noire, de leurs habits qui sentent le moisi entre les pages. Emma Bovary revient le plus souvent sur la scène de sa vie. Elle lui fait boire la tasse et bien plus encore. Emma c'est un peu lui, au fond. Elle veut vivre encore, à sa guise, quitte à n'être que pauvre, analphabète, vêtue de nippes, éleveuse de bovins.


Biographie romancée où Flaubert est ce personnage talentueux, frileux, boiteux, malmené. de sa baignoire sabot, il voit s'échapper sa vie.
Un regard en arrière :
« La vie au fur et à mesure effacée. Elle laisse une trace plus labile encore qu'une barque sur l'eau. »

Il se console à peine en pensant à ses romans qui continueront à le faire vivre à chaque fois qu'un lecteur en commencera l'histoire. C'est une part de lui. Un jour ou l'autre l'encre disparaîtra aussi. Les pages seront grignotées par le temps. Et puis les hommes n'auront plus le même langage. La morale le condamnera, (lui ce pédophile pour qui les petits garçons d'Orient comptaient pour rien), la mode le trouvera ennuyeux, se perdra au bout de ses phrases, de ses images jaunies.
« Non content de nous effacer le temps nous tourne en ridicule. »

Ce qui m'a plu dans ce roman, ce sont les voix de Flaubert et de Jauffret emmêlées, l'ironie à fleur de page. (Les lettres de leurs noms sont presque semblables). Régis Jauffret imagine les pensées de Flaubert, cet éternel jouisseur désespéré. Une vie de plume d'oie qui trempe dans la grenouille encrier, gratte le papier, oublie la réalité. le lecteur voit se dessiner un Flaubert un peu agaçant tout de même, un peu barbant (avec ses longues phrases, parfois délirantes), égocentrique. Un homme illustre quoi, d'un autre temps.


Ce roman jette un regard incisif sur la vie et la mort, qui ne font qu'une dans un même cri de solitude.
« On passe l'infime ration d'années qui nous est consentie à pousser devant nous la cage où nous sommes enfermés. »

C'est aussi une réflexion sur la création littéraire, le talent, l'obsession du mot, de la perle.
« La réalité attend d'être écrite pour être. »
Mais au fond la réalité n'attend rien de nous, elle est, un point c'est tout. En l'écrivant on l'imite, en la lisant on tente d'en comprendre sa couleur. Elle fuira toujours quoique les mots en disent. Les hommes passent, illustres ou non.

Je remercie Les Éditions du Seuil et Babelio pour ce roman d'une forme originale. Il me reste à lire le "chutier", écrit un peu petit je prendrai mon temps.

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Pour commencer, merci à Babelio et son opération Masse critique, et merci aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre.

Gustave Flaubert prend un bain et ce bain qui sera le dernier lui donne l'occasion de nous livrer quelques souvenirs.
Au seuil de la mort, il a les idées plutôt confuses et raconte un peu en désordre.
Il ne s'agit pas d'une biographie à proprement parler, même si l'auteur s'est appuyé sur une vaste bibliographie.

Tout est fait pour me plaire : j'admire Gustave Flaubert dont une relecture récente de Madame Bovary m'a enchantée, et je suis ravie à l'idée de le retrouver dans ce livre qui s'annonce original et humoristique.
Je me glisse donc confiante dans l'eau.
Hélas, loin de me procurer la détente et le plaisir escomptés, ce bain m'a ennuyée, agacée, et a failli avoir raison de moi.

Sur le fond, j'ai trouvé que l'on tournait en rond et qu'il y avait beaucoup de redites. Ma curiosité initiale est donc assez vite retombée.
Sur la forme, j'ai peu aimé le style de l'auteur, en particulier la multiplication des tirets utilisés à contre-emploi et que la surabondance rend pénibles.

Vient maintenant mon plus grand reproche.
Le Gustave Flaubert de Régis Jauffret est obsédé par le sexe. Il bande à tout bout de champ, baise à tout-va hommes et femmes sans distinction, et ne pense qu'à ça.
Était-il réellement ainsi ? À ce point ? Je n'en sais rien, et à vrai dire, cela ne m'intéresse pas vraiment.
S'il l'était, oui il est légitime d'en parler, mais de là à truffer le texte d'éléments graveleux...
S'il ne l'était pas, le parti pris de l'auteur est encore plus incompréhensible.
Ces passages orduriers sont censés être drôles, je les ai juste trouvés vulgaires.
Leur accumulation entraîne l'indigestion.
Trop, c'est trop !

Pour son bicentenaire, Flaubert aurait mérité un meilleur cadeau d'anniversaire.
Il aurait mérité mieux que d'être présenté en vieux lubrique, et moi, lectrice, j'aurais mérité mieux que cette profusion de phrases salaces et de très mauvais goût.
Mieux que ce bain dans lequel j'ai failli me noyer.

C'est avec un immense soulagement que j'ai terminé ce livre que je n'aurais jamais achevé si je ne l'avais pas reçu par Masse critique : moralement, lorsque l'on reçoit un ouvrage dans cette opération, je trouve que l'on se doit de le lire jusqu'au bout.
Voilà, c'est fait ! Exception faite de la trentaine de pages du "chutier" rajouté à la fin du roman. Celui-ci est écrit dans une police d'écriture tellement ridiculement petite qu'il est illisible.
Soit ce chutier contient des choses intéressantes, et dans ce cas, pourquoi ce choix ?
Soit il n'en contient pas, mais alors, pourquoi le publier ?
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Je me suis fait violence pour le terminer car c'est un livre que j'ai gagné lors d'une Masse Critique et dans ce cas j'estime normal de faire des efforts de lecture pour arriver au bout !

J'étais emballée à l'idée de le lire car comment pourrait-il en être autrement d'une autobiographie posthume ? La 4ème de couverture commençait de manière amusante et je pensais que ce ton allait être le même pour la totalité du livre ; ce qui n'a pas été le cas ! C'est à peu près le seul moment humoristique !!

La première partie s'intitule “je” et c'est Flaubert qui parle mais je devrais dire qui geint tant et plus, sur ce qu'il a fait, écrit, pas fait, pas baisé ou pas aimé, à moins que ce “je” soit l'auteur... allez savoir ! Quand ce n'est pas après les personnages et plus particulièrement après Emma Bovary qu'il(s) n'épargne(ent) pas !

Pour couronner le tout, les virgules sont quasi inexistantes et il me fallait parfois relire les phrases pour en comprendre le sens. le début de chaque paragraphe se présente comme un dialogue avec un tiret en préambule mais non ce n'est pas un dialogue ! Plus j'avançais dans le livre moins ça me plaisait et ça ne faisait même plus sens, j'ai fini par ne plus y trouver d'intérêt.

La deuxième partie s'appelle “il” et pour dire la vérité, je l'ai lu en diagonale en m'arrêtant quand une phrase m'accrochait, je pensais qu'un autre point de vue me serait moins hermétique ! Il y a fort probablement des subtilités que je n'ai pas saisies, des messages qui me sont restés obscurs et pour ça je mets quand même 3 étoiles.

Quant au “chutier”, c'est illisible sauf à utiliser une loupe, à moins que ça ne soit là pour montrer que l'auteur a écrit beaucoup plus !

Rendez-vous manqué mais c'est plutôt avec l'auteur, dont c'est ma première lecture, qu'avec Flaubert ! Merci aux éditions du Seuil et à l'équipe Babelio grâce à qui je découvre des livres que je n'aurais pas imaginé lire, même si ça ne fonctionne pas toujours.

Challenge MULTI-DEFIS 2021
Masse Critique février 2021
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Un grand merci à Babelio ainsi qu'aux éditions de Seuil pour m'avoir permis de lire la plume de Jauffret à travers le dernier bain de Flaubert et de redécouvrir la biographie de ce dernier.

Alors qu'il prend un bain, Gustave Flaubert meurt. C'est à partir de là que tout le déroulé de sa vie va nous apparaître à travers le récit du narrateur qui n'est autre que le fameux écrivain lui-même, s'exprimant à la première personne en s'adressant directement au lecteur dans un premier temps, le récit est à la troisième personne dans la deuxième partie du livre.

Jauffret à travers Flaubert nous fait le récit de la période de l'enfance précoce et de la jeunesse de Flaubert en Normandie et son lot de souvenirs familiaux, scolaires, l'omniprésence de la lecture puis de l'écriture qui ont occupé la vie du héros, une vie vouée à ces deux passions, c'est d'une part l'intérêt et l'enthousiasme de l'enfant et de l'adolescent lecteur pour tous les genres de livres, l'identification forte aux personnages et à leurs actions, puis les anecdotes sur les maladresses de l'écrivain distrait, trop absorbé par ses lectures ainsi que le nombre incalculables de livres que Flaubert a ingurgité pour l'écriture de Bouvard et Pécuchet. L'auteur nous raconte tout ceci avec humour.

L'auteur nous livre également des passages plus ou moins connus de la vie de Flaubert avec son lot d'amours pour les deux sexes, la débauche durant sa jeunesse, les considérations sur la vision du sexe de ce siècle mais aussi l'amour véritable qui a foudroyé Flaubert, cet amour disparu trop tôt, la maladie invalidante pour un écrivain, la peur qu'elle engendre.

Dans le livre il est aussi question de la mort, des deuils précoces qui ont touché Flaubert.

C'est un roman dans lesquels les personnages de Flaubert prennent en charge la critique de ses oeuvres, se mettent à la place du lecteur, de l'auteur, du narrateur permettant de brouiller les codes traditionnels de la narration, le fantôme d'Emma Bovary hante le récit. Il en est de même pour le style, si cher à Flaubert, Jauffret mêlant l'écriture classique à un style plus actuel et qui lui est personnel, le récit est parsemé de remarques humoristiques et satiriques comme les aimait Flaubert. Jauffret reconstruit aussi des scènes de la vie du grand écrivain, devenant ainsi l'écrivain- relais nous transmettant de manière romancée avec son art de conter la biographie, le personnage et la construction de l'oeuvre de Flaubert.

Jauffret reprend également les expressions de Flaubert et de son époque pour donner un rendu réaliste à son personnage fort autour duquel tourne le récit. Flaubert est caractérisé par l'humour, l'ironie, la satire, le cynisme mais aussi par une grande sensibilité, une certaine solitude contrebalancée par le goût des bonnes choses de la vie.

Des allers-retours, des télescopages entre les deux époques ont lieu, la nôtre, celle de Jauffret / Flaubert nous interpellant de son 19e siècle. On sent ainsi le mélange des époques dans le style, les tonalités, la prise en charge de la parole par les personnages mimant le travail et les recherches de Flaubert sur l'écriture et le genre du roman pour le renouveler.

Dans son roman, Jauffret rend un vibrant hommage à Gustave Flaubert à la mesure de ce que ce dernier a apporté à la littérature française.
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Je souhaite tout d'abord remercier les éditions du Seuil et l'opération Masse Critique pour cette lecture du Dernier bain de Gustave Flaubert de Régis Jauffret.

Le roman de Régis Jauffret se divise en deux parties avant de se conclure sur un « chutier ». Cela commence à la première personne : Flaubert raconte Gustave. C'est le moment du « Je », de l'homme derrière l'écrivain, de l'être de chair qui a vécu, souffert de crises d'épilepsie, d'abcès dentaires et de syphilis. Ce sera l'occasion pour nous de découvrir l'enfance auprès d'un père médecin et d'une mère aimante, la bourgeoisie rouennaise, les premiers émois, et l'appétit de vivre de l'écrivain.
Il faut ensuite distinguer l'homme (Gustave) de l'auteur (devenu à la fois légende, marque, et même investissement financier pour la famille Flaubert). Et c'est dans une deuxième partie intitulée « Il » que Régi Jauffret, en bon scribe, se fait plaisir à faire se manifester les personnages de l'oeuvre : Madame Bovary et quelques autres antihéros viennent accabler leur créateur de reproches. Je ne suis pas un grand connaisseur de Flaubert. Je n'ai certainement pas apprécié à sa juste valeur.
Enfin, le roman s'achève sur un chutier vraiment écrit trop petit pour être lisible. C'est une note finale décevante pour ma part et un coup de poker de la part de l'éditeur.
Jauffret nous offre un imaginaire vivant, une vie rêvée plus vraie que nature, peut-être un peu trop hermétique au néophyte que je suis.
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Avant de me plonger "Dans le dernier bain de Gustave Flaubert" (et en compagnie du père d'Emma Bovary, excusez du peu!), je ne connaissais Régis Jauffret que de nom et je dois cette découverte à une masse critique Babelio et aux éditions Seuil que je remercie d'autant plus vivement que j'ai adoré ce livre, prenant un plaisir immense à le déguster à petites bouchées.

L'ouvrage se présente comme l'autobiographie romancée de Gustave Flaubert. Nous sommes le 8 mai 1880 et l'auteur est dans son bain. Ce sera le dernier: une hémorragie cérébrale s'apprête à le foudroyer. Ce que furent ses dernières pensées, nous l'ignorons mais Régis Jauffret s'est plu à les imaginer, à les écrire et à nous en faire suivre les méandres. Sous sa plume, Flaubert revit son enfance -monotone et grisâtre, éclairée ça et là par l'amour inconditionnel de sa mère et de sa jeune soeur, morte trop jeune-, sa jeunesse, ses premières crises d'épilepsie qu'il cacha si bien et si longtemps, ses amours qui ne lui donnèrent que rarement la félicité, les affres de la création et de l'écriture, celle du "gueuloir", de l'ambition et du désir. Pas vraiment de chronologie dans le texte, ou si peu. Gustave Flaubert va où ses pensées le mènent, et nous avec... Au crépuscule de sa vie aussi, ses fantômes et ses personnages viennent le visiter et demander des comptes à défaut de le trop tourmenter.
Au détour d'une page, d'une manière aussi soudaine que feutrée, la mort s'invite et l'auteur nous parle d'outre-tombe et n'hésite pas à jeter un regard critique, clairvoyant et emprunt d'ironie sur son époque et la nôtre.

La deuxième partie de l'ouvrage passe de la première personne à la troisième, on quitte la psyché de celui qui par la grâce de la littérature est devenu personnage pour un "il" qui m'a moins convaincu et qui a fêlé légèrement mon enthousiasme, mais cela ne m'empêche pas d'avoir adoré cette lecture et ce pour plusieurs raisons: mon amour pour les textes -romans et nouvelles- de Flaubert en est une. Je suis de celles qui ont adoré Madame Bovary et quand je pense à Salammbo, je frémis. Ma fascination pour Gustave Flaubert à la fois bavard et mystérieux en est une autre et j'ai aimé le voir nous conter sa vie, sans fard. le portrait qui ressort de ce roman est à cet égard remarquable: incisif, profond, sans concessions. Par l'entremise de Régis Jauffret, Flaubert se révèle tel qu'il pouvait être: , égoïste, pusillanime, lâche parfois, mais aussi anxieux, sensible... humain. Sa vie et sa mort se déploient avec ce qu'elles eurent de grandiose, avec leur petitesse. C'est d'une profondeur incroyable! Au delà de cet aspect biographique certes romancé (le travail de documentation et de recherches fourni par l'auteur est tout bonnement incroyable), l'ouvrage est aussi une réflexion absolument magnifique sur l'art et la création littéraire et leurs difficultés; sur le langage, les mots, la langue et l'obsession du mot juste, la recherche de la phrase parfaite, ciselée, épurée des scories inutiles, pure comme un diamant: le Graal de Flaubert. Une réflexion aussi sur le néant, le rien, le pire que la mort, l'oubli et la mémoire. Vertigineux et presque angoissant.
Enfin, je tiens à saluer l'écriture de Régis Jauffret que j'ai savouré. Sans être à la hauteur de celle du maître ainsi ressuscité, elle est riche, ample et les propositions subordonnées qui notamment l'émaillent et qui encrent les pages ne sont jamais de trop. Pas une boursouflure, pas un défaut, mais une cadence lumineuse, une limpidité parfaite. Et quel panache dans le maniement de l'ironie! Gustave Flaubert lui-même aurait validé cette plume-là, après lui avoir fait passé l'épreuve du feu, tout de même. le fameux gueuloir devenu presque aussi légendaire que l'arsenic d'Emma ou que les lettres à Louise Colet.








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