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EAN : 9782221197851
264 pages
Robert Laffont (18/01/2018)
3.8/5   40 notes
Résumé :
Incarnée par Emmanuel Macron et Édouard Philippe, une nouvelle noblesse d'État dirige la France. Une « caste » de hauts fonctionnaires plus que jamais minée par l'entre-soi et les conflits d'intérêts. Ils exploitent leurs carnets d'adresses pour faire fortune comme banquiers d'affaires, consultants ou lobbyistes. Ils bénéficient du démembrement de l'État qu'ils ont eux-mêmes organisé. Ils se répartissent des postes très lucratifs en multipliant les établissements pu... >Voir plus
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Il y a des livres dont on entend beaucoup grâce aux médias, soit c'est parce que son auteur a d'importants relais médiatiques (quand Michel Drucker sort une biographie, on se doute que ce n'est pas forcément son style littéraire qui est vanté), soit c'est parce l'auteur dévoile quelque chose qui fera le buzz au moins un temps. Ici nous sommes davantage sur le deuxième aspect : avec Les Intouchables d'État, Vincent Jauvert, déjà auteur de la Face cachée du Quai d'Orsay, récidive sur les dessous pas très nets des arcanes de la République Française.

Journaliste à L'Obs depuis 1995, Vincent Jauvert n'en est pas à son coup d'essai concernant les arcanes politiques. Il a déjà révélé (au véritable sens d' « enquêté puis dévoilé des éléments inconnus du public ») plusieurs affaires d'espionnage concernant notamment les services américains, russes et français. Il fait aussi partie de ces journalistes politiques qui ont leurs entrées auprès de certains administrateurs de l'État, auprès d'hommes et femmes politiques très bien placés. Bref, il est de ces journalistes qui peuvent sortir de temps à autre des rapports ou des dossiers brûlants voire « top secret » afin de vraiment informer le citoyen lambda. Entre été 2016 et automne 2017, Vincent Jauvert semble avoir épluché quantité de rapports et s'être entretenu avec de nombreux hauts fonctionnaires ou personnalités politiques haut placées, afin d'étudier un groupe social particulier : les énarques. Oui, ces femmes et ces hommes qui sortent de la prestigieuse et diablement efficace ENA (École Nationale d'Administration), créée en 1945 pour fournir en nombre des administrateurs au sortir de la Deuxième Guerre mondiale. Il faut dire que le objectif premier est rempli : des hauts fonctionnaires venant de l'ENA, il y en a en masse, et surtout ils sont tellement polyvalents qu'ils semblent spécialistes de tous les sujets politiques.
Le procédé suivi par Vincent Jauvert est assez méthodique afin de démontrer chaque travers, chaque type d'abus avéré. Cela passe notamment par un fort aspect prosopographique. En effet, l'auteur passe en revue de nombreux énarques qui peuplent les grandes administrations de l'État mais qui pullulent aussi désormais dans les grandes entreprises privées cherchant à profiter de leur expérience acquise et financée par l'État. Dans cette perspective, le « petit » problème posé par les énarques est le cumul d'avantages indus, le fonctionnement d'entre-soi et les origines sociales très restreintes de ce groupe bien particulier. Ainsi, l'auteur liste nombre de conflits d'intérêts entre les activités privées de ces énarques et certaines missions qu'ils remplissent pour le service public. de même, il démontre à nouveau (car il y a besoin de le redire clairement) la construction de certaines carrières politiciennes adossées au service public et sans aucun risque pris par les concernés (et on ne parle pas là des indemnités liées à un mandat, comme c'est bien normal). On parle également de l'enrichissement privé de certains d'entre eux grâce à des sociétés de conseil ne faisant que doubler les missions de service public qui sont en fait le travail qui leur est demandé. On parcourt « La République des avocats d'affaires » où certains se permettent de rentabiliser leur réseau de relations obtenu au sein du service public pour en faire un carnet d'adresses les rémunérant à très haut niveau. Toutes ces accointances justifient largement les logiques de démantèlement de l'État et de privatisation actuelles.
Certes, le livre en lui-même est perfectible. La multiplication des citations prises sous le coup de l'anonymat sont sans doute vraies mais, plus que leur teneur lourde, montrent surtout qu'il y a des pressions certaines dans ce milieu si particulier. Il manquerait aussi par exemple une petite conclusion ou une ouverture sur l'actualité, car le lecteur ne peut qu'avoir envie d'en savoir davantage sur ce système d'entre-soi qui perdure en ce moment même. Toutefois, cet essai est franchement utile dans l'atmosphère politique de 2018 afin de ne pas dénoncer les abus dans le vide ou par pur démagogie : il y a du fond à soulever et il y a des améliorations à proposer !

Histoire de donner le ton de la mise en place de toutes nos politiques, il conviendrait de lire et relire certains passages de cet ouvrage pour bien comprendre la rapidité ou la lenteur de certaines « réformes ». Voilà une enquête très intéressante en tout cas.
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Cet essai dévoile le fonctionnement d'une des oligarchies qui nous gouverne. Pas celle des politiques, mais celle de ces anciens élèves de l'ENA, sortis dans les mieux classés de leur sessions (« la botte ») et ayant intégré le Conseil d'État, la Cour des Comptes ou l'Inspection des finances. Autant d'institutions prestigieuses, assurant un bon salaire et une progression constante, sans que la nature exacte du travail fourni soit toujours très claire. François Hollande se moquait de l'implication de certains membres de la Cour des Comptes, dont pourtant il était lui-même issu.
En plus d'être des cocons douillets, à une époque où tous les Français craignent le chômage, ces organismes permettent à leurs agents d'être à parfaite jonction du pouvoir et des affaires. Ce sont eux qui fournissent les bataillons de conseillers aux ministères, qui président les autorités administratives « indépendantes », largement rémunérées, et qui dirigent les grandes entreprises publiques. Et qui finissent aussi par aller vendre leur carnet d'adresses et leur connaissance des règles administratives dans le privé.

Ce schéma n'est pas nouveau. D'autres livres l'ont dénoncé. Vincent Jauvert constate cependant que les aller-retour public – privé se sont accrus ces dernières années. Il semble normal à ces hauts fonctionnaires d'aller monnayer leurs connaissances dans le privé. Parfois même contre l'État, qui les a formé et les a nourri pendant des années. Ainsi, ces spécialistes de la Direction des Finances Publiques, qui deviennent avocats d'affaires ou font du consulting pour mieux favoriser l'évasion fiscale, voire du lobbying pour les GAFA, ces Google et autres, dont la contribution au budget nationale est réduite à la portion congrue par tous les montages fiscaux savamment élaborés pour envoyer les bénéfices dans des pays non taxés.

Les remarques de l'auteur sont fondées et il décrit fort bien comment toute tentative de reprise en main de ces errements, qui vident de sens les termes « service public », finissent par être torpillés par des manœuvres souterraines. Impossible de légiférer sur le sujet sans que les coteries issues de ces grands corps n'interviennent et ne mettent des bâtons des roues des députés trop virulents. Le changement oui, mais pour les autres.

Toutefois le propos de l'auteur est trop délayé. Il multiplie les exemples, à coup de chiffres, de salaires et d'avantages. Une liste sans fin. Ce qui pourrait constituer un long article, documenté et charpenté, devient un petit essai à redites. Les mêmes personnages reviennent d'ailleurs parfois dans plusieurs chapitres : une fois au titre d'une entreprise publique qu'ils ont dirigé et qui les a grassement rémunéré, une autre fois pour leur passage dans le privé exactement dans le secteur qu'ils géraient dans l'administration, sans que la commission de déontologie n'y voit grand-chose à redire.

Les arguments font mouche, mais la forme finit par nuire au propos. Les exemples sont trop nombreux et perdent du coup en acuité.
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Que faisiez-vous le 4 août 1789 ? Vous et moi, rien mais nos ancêtres, la plupart j'imagine, se sont réjouis lorsque fut votée par l'Assemblée constituante l'abolition des privilèges féodaux. Deux cents ans plus tard, la Révolution et la République sont devenus les totems du pays, l'anecdotique prise de la Bastille est toujours la fête nationale et l'Egalité a pris le pas sur la Liberté et la Fraternité. La France (notez que ce nom a tendance à tomber un peu en désuétude au profit de la République) est sans doute le pays où on parle le plus d'égalité mais où on oublie curieusement de célébrer avec la pompe qu'on sait mettre en branle pour des dates moins marquantes, cette nuit du 4 août. Nos ancêtres auraient-ils été victimes d'une escroquerie, des privilèges se seraient-ils substitués aux vieux privilèges ? Ce livre en est une illustration des plus choquantes, les privilèges de caste sont toujours là, et bien là. Oui, la France est un pays de castes ou chacune cultive soigneusement ses privilèges ou, comme on dit en novlangue, ses avantages acquis. Avouons que certains y réussissent mieux que d'autres.
Ce petit ouvrage explore les us et abus de la nomenklatura parisienne, caste intouchable de hauts fonctionnaires issus majoritairement de l'ENA, qui, ayant passé un jour un examen de sortie, se voit dotée de toutes les vertus et de tous les privilèges, échappe à tous les aléas d'une carrière professionnelle et s'enrichit sans efforts ni mérites particuliers. Les cheminots, électriciens, enseignants ou journalistes peuvent aller se rhabiller : ils ne font pas le poids avec ces ténors.
Avec un goût certain pour la mythologie du quotidien et cette mâle assurance qui ne recule jamais devant le ridicule, ils aiment à se faire appeler « serviteurs de l'Etat » ou, mieux encore, « grands commis de l'Etat ». On connait la blague russe de la file d'attente de trois cents mètres sur la place rouge devant un magasin d'état aux rayons désespérément vides. Un touriste s'inquiète, « que se passe-t-il ? », « oh, rien, c'est le peuple souverain qui attend un arrivage de chaussures en carton » tandis qu'une dizaine de limousines Zil déversent leurs occupants dans le Goum où ils pénètrent aussitôt : « Et ça ? », « ça, ce sont quelques serviteurs du Peuple qui viennent compléter leurs achats de Noël. » Lorsque les serviteurs ne servent qu'eux-mêmes, les convives sont à la diète mais règlent quand-même l'addition.
Il y a dans cet ouvrage bien documenté matière à un formidable roman car on sent bien, de ci-de-là, qu'il ya des personnages qui mériteraient de passer à la postérité au chapitre de leurs appétits et de leurs connivences. Zola a déjà écrit La Curée. Son ombre doit intimider plus d'un écrivain, dommage, le sujet est toujours d'actualité.
Vous y retrouverez les exemples qui ont fait la une de l'actualité pendant quelques jours (les taxis d'Agnès Saal ou ceux de Mathieu Gallet). Clemenceau avait « les taxis de la Marne », Hollande aura eu « les taxis de Mme Saal », vertigineuse comparaison, n'est-ce pas ?
Vous y apprendrez comment se règlent (entre amis) ce genre de dysfonctionnement une fois que la sphère médiatique est passée à autre chose, vous y admirerez le nombre de fonctionnaires qui touchent un salaire supérieur à celui du Président de la république, vous comprendrez pourquoi il y a tellement, chez nous, de « hautes autorités », de« hauts conseils », de « conseils supérieurs » ou « d'offices centraux » sans parler des « agences de ». Vous saurez pourquoi et comment, depuis cinquante ans, on fait de la politique sans prendre aucun risque et comment on fait de l'argent en vendant aux entreprises privées des talents de lobbyiste qui ne se limitent qu'à un carnet d'adresse, rempli de noms d'amis ou de copains (à vous de voir) installés aux endroits stratégiques. Vous comprendrez pourquoi, quel que soit l'heureux élu, c'est toujours la même politique économique et sociale qui est conduite même si les slogans sont aux antipodes les uns des autres ; pourquoi les programmes (fussent-ils de mille pages comme l'était celui de l'actuel Ministre des Finances) rejoignent bien vite les innombrables rapports calant des bureaux branlants ou alimentant les bacs ad hoc de recyclage « citoyen » (tout aujourd'hui est« citoyen ») qu'on appelait jadis corbeille à papier. Vous ne saurez pas vraiment ce que font ces gens, quelle utilité peut être mise au regard de leur coût mais François Hollande, lui-même, vous en donnera une petite idée (page 185) à sa manière si attachante : « Je connais bien cette institution (la Cour des comptes). Je l'ai choisie après l'ENA pour pouvoir faire parallèlement de la politique. D'ailleurs, les membres sont deux par bureau, pour que chaque personne puisse vérifier que l'autre n'est pas en train de dormir. »
Vous comprendrez en revanche pourquoi on va très vite vous expliquer que le Référendum d'initiative citoyenne s'il venait à voir le jour sous la pression, non pas des pneumatiques mais des gilets jaunes, doit être « encadré ». Je redoute qu'il ne soit « encadré » à la manière du défunt Ravaillac, c'est-à-dire écartelé entre quatre chevaux.
Tout cela est parfaitement écoeurant. Prenez un Alka-Seltzer, mais lisez ce petit livre, informez-vous. Il vous reste ce droit et celui de réclamer que, dans l'effort nécessaire de réduction de la dépense publique, on commence par cette caste, car comme disent les Chinois : « le poisson pourrit toujours par la tête ».
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Voilà un livre salutaire. Excellement documenté, l'auteur permet aux "simples citoyens" que nous sommes d'avoir une vision très nette des privilèges des hauts fonctionnaires.

Cette lecture édifiante cause un profond malaise, ou plutôt la nausée.

Les hauts fonctionnaires qui entrent en politique et demandent à la population d'accepter de devoir faire des efforts, d'accepter des mesures qui n'ont rien de social...alors qu'ils s'occupent bien de leur place, de leurs privilèges….certains (comme Wauquiez), se permettent de fustiger "l'assistanat", alors que les contribuables que nous sommes lui permettent de pantoufler.

Les hauts fonctionnaires de Bercy quittent leurs fonctions pour rejoindre les grandes entreprises du privé...afin de leur permettre de contourner la fiscalité...et qui reviennent ensuite pantoufler à Bercy.

Ces hauts fonctionnaires peuvent se tromper, dilapider des sommes colossales d'argent public dans des projets qui n'aboutissent pas car mal gérés, alors qu'à longueur d'année des salariés du privé sont licenciés pour une picadille ou pour les actionnaires…

Les salaires de cette "aristocratie républicaine" sont sans commune mesure avec ceux de la "vraie vie", celle vécue par des millions de Français.

C'est nauséeux...Et ces gens-là lorsqu'ils s'expriment en public ont sempiternellement à la bouche les mots "république", "démocratie" et "justice sociale".

Tous ces énarques qui se plaignent à longueur de temps des mouvements de grève, eux ils ne manquent pas de défendre leurs acquis sociaux...il faut les voir courir, faire jouer les relations, aller caresser dans le sens du poil un tel ou un tel, pour conserver, bien au chaud, leurs privilèges lorsqu'ils vont professionnellement "excursionner" dans le privé…

Donc, après avoir lu ce livre, vous les regardez d'une manière tout à fait différente ces "premiers de la classe" qui pourrissent la vie des citoyens...en s'en organisant une bien douillette pour eux-mêmes.

Vincent Javert aborde non seulement le sujet en ce qui concerne Macron et son entourage, mais également Sarkozy, Hollande et leurs entourages respectifs.

Nominations de copains et copines...passe droit.

Le ver est dans le fruit depuis longtemps et concerne toutes les majorités.

Même si je me doutais et connaissais certains points peu ragoutants de la vie politique française, cet ouvrage est une source d'information majeure sur la bonne "gamelle" de l'aristocratie républicaine.

Il y a des moments "savoureux", comme le cas de la directrice de l'INA, Agnès Saal, cette énarque à laquelle les contribuables français ont offert des dizaines de milliers d'euros de promenades en taxi...alors qu'elle disposait d'un véhicule de fonction avec chauffeur...et qui se plaint d'avoir été pincée ! (Cette personne a d'ailleurs eu une promotion il y a plusieurs mois, c'est un amie de l'actuel couple présidentiel). Cerise sur le gateau : son fils faisait également ses déplacement en taxi. Pour lui aussi c'était open bar.

Dans cet univers, il n'y a pas, comme dans la réglementation du travail pour les salariés "lambda", un barême de sanctions en cas de faute : faute grave, faute lourde...Pour eux c'est l'impunité totale.

Donc voilà un livre majeur dont il faut se souvenir au moment de payer ses impôts...ou d'aller aux urnes.
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Bien sûr, nous ferons d'abord semblant de nous offenser des salaires incroyables que s'offrent quelques gouvernants de ce pays alors que ce n'est une surprise pour personne.


Mais rapidement, après quelques dizaines de pages consacrées à l'énumération de montants qui ne veulent plus rien dire, associés à des noms que nous avons déjà oublié d'associer à des êtres vivants, nous devrons nous rendre à l'évidence : ce délire est le leur, et si nous parvenons à vivre avec beaucoup moins, ils doivent bien arriver à vivre avec beaucoup plus, malgré les souffrances qu'ils en retirent et que nous ne connaîtrons heureusement jamais.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
À part l’ancien ministre de l’Intérieur de François Mitterrand, Pierre Joxe, devenu avocat pour mineurs, il ne s’agit pas, pour ces énarques, de défendre la veuve et l’orphelin. Mais d’entrer dans le monde des affaires. En monnayant leur connaissance intime de l’État.
Pourtant, certains rechignent à franchir le pas. À la même époque que ses amis Hollande et Royal, Michel Sapin, lui aussi « voltairien », se pose des questions sur son avenir. « En 1993, j’avais 41 ans, j’étais ministre de l’Économie de François Mitterrand, raconte-t-il. Quand la droite a gagné les élections, je me suis dit : pourquoi pas le privé ? Comme je suis magistrat, je pourrais devenir avocat. »
L’ancien patron de Bercy prend contact avec un grand cabinet français. Les associés l’invitent dans un restaurant ultrachic. « À la fin du repas, se souvient Michel Sapin, je leur demande naïvement : ‘‘Que ferais-je chez vous ?’’ »
La suite du dialogue est savoureuse. Et ô combien révélatrice :
« Vous venez de faire adopter une loi sur la prévention de la corruption. Vous pourriez aider nos clients à ce sujet.
— Comment ? En leur montrant les failles de cette loi que j’ai imaginée ?
— Ben oui.
— Non, ça je ne peux pas. Ce ne serait pas déontologique.
— Mais alors, à quoi d’autre pourriez-vous bien nous servir ? »

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Ah, un conseil d'administration ! Pour un haut fonctionnaire c'est fromage, dessert et pousse-café. Prenez Jean-Claude Trichet, ancien gouverneur de la Banque de France et de la BCE (banque centrale européenne). Cet inspecteur des Finances de 75 ans (qui) début 2013 a été désigné administrateur d'Airbus, comme représentant de l'Etat qui détient 11% du capital. En 2016, le conseil d'administration s'est réuni six fois. A chaque reprise il était présent. Il a donc encaissé le maximum de jetons de présence: 160 000 euros. Depuis 4 ans, 585 000 euros, de quoi arrondir sa pension. Mais au fait, pourquoi se retrouve-t-il là, lui qui a fait sa carrière dans la banque, pas dans l'aéronautique ? "Détrompez-vous, lance-t-il en fronçant ses épais sourcils, j'ai été conseillé aéronautique d'un président français." Lequel ? "Giscard." C'était en 1974, il y a plus de quarante ans. Oui, immuable France.
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Dorothée Pineau est une femme du centre, donc de droite, diront certains. Dans sa jeunesse, elle a milité pour Raymond Barre. En 2007, elle a dirigé la campagne de François Bayrou. « Mais je l’ai quitté quand il a reusé de soutenir Nicolas Sarkozy », raconte-t-elle. Après la défaite de son poulain, elle retourne au Conseil d’État le temps de souffler. Puis elle prend la direction des chambres de commerce.
En 2013, des chefs d’entreprise lui proposent de s’occuper d’un autre poulain : l’industriel Pierre Gattaz, qui brigue la succession de Laurence Parisot à la présidence du patronat. Avec lui, « cela a été le coup de foudre », lance-t-elle, toute chose. Enthousiasmée par son programme ultralibéral, elle accepte. Mais elle aimerait bien mêler l’aventure du privé et le confort de l’État. « J’ai demandé au vice-président du Conseil d’État de me mettre en détachement au Medef, et non en disponibilité, afin que mon ancienneté et mes droits à la retraite continuent à s’accumuler, dit-elle en toute franchise. C’est ce que l’on fait quand on va dans un établissement public. » Elle ajoute, le plus sérieusement du monde : « Je lui ai expliqué que c’était un peu pareil, qu’au Medef j’allais travailler pour l’intérêt général » ! Un peu comme à la Fondation de France, quoi. Elle ne comprend toujours pas bien pourquoi cela lui a été refusé.
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Emmanuel Macron déteste les privilèges des grands commis de la République. Leur entre-soi mortifère aussi. C’est ce qu’il dit, en tout cas. Dans son livre de campagne, Révolution, il fulmine contre « les hauts fonctionnaires [qui] se sont constitués en caste ». « Il n’est plus acceptable, ajoute-t-il, qu’ils continuent à jouir de protections hors du temps. » Fort bien.
Seulement voilà : son univers – la Macronie – est peuplé de ces intouchables d’État.

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C'est un ambassadeur réputé, brillant et affable. Seulement voilà : sa femme est un tyran domestique. Elle harcèle le petit personnel. Dans les pays où il est nommé, la presse locale en parle. Début 2016, un employé de leur résidence décide de porter plainte pour harcèlement contre cette maîtresse de maison insupportable. Mais l'ambassadeur est une importante personnalité. Le ministère des Affaires étrangères ne veut pas qu'il soit contraint de quitter son poste, à cause de cette affaire. Alors, le Quai décide de passer un accord confidentiel avec le plaignant qui sera signé le 1er avril 2016. En échange de son silence sur les méfaits de la dame, l'Etat français lui verse près de 40 000 euros. Avec l'argent du contribuable, évidemment.
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