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Critique de Dionysos89


Le grand défaut des recueils de nouvelles est évidemment de n'aborder que des petites histoires (bien souvent sans grand intérêt en-dehors d'elles-mêmes), mais quand Jean-Philippe Jaworski prend ce genre à son compte, cela se laisse tout de suite apprécier d'une toute autre manière : le résultat se passerait presque de commentaires.

Faisons un compte-rendu rapide de chacune des nouvelles présentes dans ce recueil. D'abord, avec la nouvelle éponyme, Janua Vera, l'auteur dresse un portrait épique, magnifiant, du Roi-Dieu Léodegar qui sent sa condition de souverain divin tiraillée entre guerre, politique et religion. Puis, nous sautons d'aventures en aventures tels les joyeux compagnons du Vieux-Royaume que nous sommes quand nous accompagnons ainsi Jean-Philippe Jaworski : d'un complot politique retors (avec des guerres en arrière-plan et un assassin au premier plan) aux inconvénients liés à l'attitude chevaleresque, les déboires des personnages successifs sont légion.
L'enchaînement de ces nouvelles est très intéressant, car l'auteur réussit à dévoiler une large chronologie de l'univers de fantasy qu'il a créé, tout en se focalisant sur des bribes de personnages qu'il réutilise ça et là à bon escient. le rythme d'ensemble lui permet même de glisser ensuite une aventure d'un onirisme trouble, façon pour lui de varier les plaisirs, les genres et les thèmes, preuve qu'il semble savoir tout faire, le bougre !
À mi-chemin de ce recueil, je découvre avec grand-plaisir la nouvelle qui m'a le plus bouleversé (avec la première et la dernière… et oui, je ne mets Mauvaise donne, qui inspira ensuite Gagner la guerre, qu'en quatrième place, honte à moi sûrement !) : le conte de Suzelle. Nous trouvons là légèreté et pesanteur dans la même nouvelle, ni plus ni moins. Légèreté par le caractère même de l'héroïne et pesanteur par le ton résolument fataliste adopté par l'auteur.
La dernière ligne droite ne nous lâche pas pour autant : après un copiste poursuivi par une malchance maléfique qui se voit confronté à un tueur en série pas comme les autres, puis une fable des plus troublantes qui me laisse encore songeur (Un amour dévorant est, il faut l'avouer, assez bizarre, mais pas pour autant inintéressant au contraire), nous terminons notre voyage par une nouvelle particulière où se mêlent mystère, introspection et jeu narratif avec le lecteur, tout un programme dont Jaworski semble vouloir en user au maximum, ce qui me passionne plutôt. Les derniers mots du Confident résonnent encore dans ma tête…

Jean-Philippe Jaworski insère donc parfaitement du liant dans ses nouvelles pour créer un univers cohérent : le Vieux-Royaume. Impossible d'énumérer véritablement l'ensemble des thèmes qu'il aborde, et dans des situations totalement variables. On sent à chaque page toute la culture de l'auteur qui transpire dans ses idées les plus farfelues ou même dans les plus simples mais traitées de manière originale et inattendue.
Un recueil inoubliable donc, pour moi, qui me mènera évidemment à lire bientôt Gagner la guerre, à n'en pas douter… (ça a du bon de l'avoir tout de suite à disposition dans la bibliothèque de ma chère et tendre !)

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