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Croisade - Cycle 1 tome 3 sur 5
EAN : 9782803637720
56 pages
Le Lombard (11/02/2013)
3.42/5   31 notes
Résumé :
Dans les profondeurs, Gauthier de Flandres s'apprête à affronter le Âa, terrifiante créature de l'ombre et chair de sa chair ! À Hiérus Halem, le maître des machines tente de résister au feu qui le consume, la lumière de Syria si pure qu'elle a même résisté à l'épreuve du miroir des Âmes. Chacun poursuit sa quête de son côté du miroir. Mais, l'ombre et la lumière s'attirent, invariablement Batailles homériques, duels de géants, alliances inattendues : l'intrigue de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Il est dit qu'en cet instant, Dieu détourna sa face du monde.
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Ce tome fait suite à Croisade - Cycle 1, tome 2 : le Qua'dj (2008) qu'il faut avoir lu avant. La première édition date de 2009. Il a été réalisé par Jean Dufaux pour le scénario, et par Philippe Xavier pour les dessins. Les couleurs ont été réalisées par Jean-Jacques Chagnaud. Il compte cinquante-deux planches de bande dessinée. Il s'ouvre avec un texte du scénariste intitulé : Croisade, histoire et mythe, deux pages écrites par le scénariste en 2009.

Dans les cavernes sous Samarande, Gauthier de Flandres continue de progresser, accompagné par Osarias. Ils recherchent le Aa, un monstre de la nuit, de leurs peurs, et du sang de Gauthier. Ce dernier emporte avec lui, son épée, et le portrait de l'oubliée. Il avait donc une chance de vaincre Aa. Il fallait cependant se rendre à l'évidence : le monstre n'était pas seul. Devant eux se tient un squelette debout, avec des lambeaux de vêtements et une lance dans sa main : une des victimes de Aa. Il ne les tue pas toutes. Il tue, ou contamine. Certaines de victimes doivent lui ressembler à présent. Elles n'ont certes pas sa force, mais elles demeurent néanmoins redoutables. À la lueur de leur torche, les deux guerriers se rendent compte qu'ils sont encerclés par une armée de plusieurs dizaines de morts vivants qui se rapprochent lentement d'eux. Dos à dos, ils se lancent dans le combat : Gauthier en effectuant de grands moulinets avec son épée, Osarias avec sa torche. La légende dit que le combat mené par Gauthier et Osarias dura des heures. Dit-elle vrai ? le narrateur ne saurait le dire. Ce qui fut certain, c'est que la défaite se trouvait au bout tant l'ennemi était nombreux. Gauthier se tient bientôt au sommet d'un tas de squelettes sans vie, et Osarias finit par être blessé par les ongles de l'un d'eux.

Alors que les deux combattants vont succomber dans les minutes qui suivent, une voix retentit intimant aux agresseurs de s'arrêter car Gauthier est à lui. Nakash, déjà fortement infecté, se tient l'épée à la main, et continue : ils doivent s'en aller, il s'occupe de Gauthier. À l'attention de Gauthier, il explique que le Aa l'a reçu parmi les siens. C'est un honneur : toute une vie prend alors une autre dimension, et la mort n'est plus à craindre. Il demande : Gauthier craint-il la mort ? La réponse s'avère cinglante : Gauthier préfère la mort à ce que son ami est devenu. Il jette alors ses dernières forces dans cette rencontre qui l'oppose à une ombre, l'ombre d'un homme qui fut son ami. Sans prévenir, Nakash lui demande de le tuer. Pendant quelques secondes, Nakash baisse sa garde. le coup donné par Gauthier fut rude : il transperce Gauthier de son épée. En plein coeur. Nakash tombe à genou et remercie son ami avec son dernier souffle. Aa fait son apparition au sommet d'un rocher. Il invective Gauthier qui vient de tuer son seul ami. Personne ne prend Aa en pitié. Gauthier lui rétorque que Aa n'a pas eu pitié de tous ces corps au sol. Aa explique : ce n'est pas sa faute, car il a toujours faim, personne ne parle à Aa, personne ne connaît son nom.

La plongée dans cette croisade imaginaire continue. le lecteur prend plaisir à découvrir l'introduction du scénariste qui rappelle le principe de sa série et explique ses intentions, ou plutôt la vision globale qu'il en a, y compris les éléments qui ne sont pas explicites. En particulier il aborde la composante des contes, des enchantements et des malédictions, fidèle en cela aux nuits racontées par Shéhérazade, et quelques notions d'histoire. Une de ses sources d'inspiration fut la troisième croisade (cinq années de guerres ininterrompues) : une préparation longue et difficile, des problèmes de trésorerie, de logistique aussi entre les différentes armées, des méfiances, des coups bas entre futurs alliés, autant d'éléments très éloignés de la Foi. En face, Saladin règne en maître sur le Croissant et le Sable, et il refuse de détruire l'église du Saint Sépulcre. Côté européen : Philippe Auguste, Richard Coeur de Lion, puis Barberousse. Ces faits ne sont pas racontés dans la série, mais il est possible d'en sentir leur influence sur l'état d'esprit qu'ils génèrent : la Croix et le Croissant restent toujours d'admirables alibis. En outre, le scénariste a construit une trame narrative facile d'accès tout en se développant sur la base de quatre fils différents dans ce tome : Gauthier avec ses deux compagnons dans les souterrains de Samarande pour se confronter au Aa, Ab'dul Razim et Syria d'Arcos à Hierus Halem, Robert de Tarente et l'armée chrétienne dans son château, et enfin Ottar Benk dans son palais. le lecteur identifie chaque personnage au premier coup d'oeil et se rappelle instantanément sa situation, son histoire personnelle, ses motivations et sa place sur l'échiquier.

Cette fois-ci, les auteurs ont décidé de mettre la séquence en quadruple page vers la fin du tome. le lecteur procède alors au dépliage des deux pages en vis-à-vis, lui permettant d'admirer cette scène en quatre pages côte à côte : une crucifixion avec une case de la hauteur de la page en début de la première et en fin de la quatrième, et entre, quatre cases en largeur l'une au-dessus de l'autre. Effet choc garanti. Toutefois, son horizon d'attente ne se limite pas à ce moment spectaculaire, et ces pages dépliées. Comme précédemment, il fait le constat du travail de Jean-Jacques Chagnaud qui vient compléter par les couleurs des cases qui auraient sinon paru un peu vide. Il marie avec toujours autant de pertinence les teintes chaudes du soleil et du désert, ou d'une torche et de sa lumière, avec celles plus grises et froides des cavernes et de l'ombre. Il parvient à rendre sinistre la lumière irradiant d'Elysande (la Lumière des Martyrs), ou celle qui apparaît lors du duel entre Aa et Gauthier. de la même manière, il parvient à rendre particulièrement sinistre la lumière orangée du coucher de soleil, ou très douce celle brunâtre de ces gigantesques cavernes souterraines de Samarande. le lecteur voit également que le coloriste se montre très précis et méticuleux lorsqu'il s'agit d'une surface très effilée ou minuscule comme les décorations brodées d'un vêtement ou les ferrures décorative d'une porte. Il sait conserver le juste équilibre entre l'apport d'informations visuelles supplémentaires dans les dessins, et les cases qui doivent restées dépouillées pour faire effet : un savant dosage exécuté avec habileté.

Le lecteur sait également qu'il va retrouver une narration visuelle avec une apparence de surface évoquant une réalisation rapide : des cases sans décors, certains décors comme réalisés en vitesse, des gros plans sur les visages qui occupent de fait toute la surface de la case, certaines cases qui reposent beaucoup sur les effets spéciaux de la mise en couleur, des formes de détails simplifiées ou génériques. Dans le même temps, il constate qu'il ralentit sa lecture très régulièrement pour savourer une case plus dense en informations visuelles ou une séquence impressionnante : les statues géantes des huit chevaliers, l'apparition de la Lumières des Martyrs, la vue en légère surélévation du palais d'Ab'dul Razim avec la ville derrière, la vue en plongée sur la pièce qui lui sert de bureau avec les tapis, les étagères, les décorations calligraphiées, la croix finement ouvragée au sommet du bâton du moine Jurand de Poméranie, le prédicateur aux sept plaies, la décoration intérieure de la chambre de Syria d'Arcos dans le palais, l'aménagement du jardin du même palais, le tombeau sur lequel reposent les ossements d'Ada de Flandres, le trône d'Ottar Benk et ses décorations, l'armure finement ouvragée du maître des Machines. À l'évidence, l'artiste dose la densité d'informations visuelles en fonction de l'effet qu'il souhaite obtenir sur le lecteur : modulation de la vitesse de sa lecture, établissement d'un lieu ou d'un personnage dans le menu détail, focalisation sur la tension entre individus, etc.

De la même manière, le scénariste dose savamment ses effets : entre scènes d'actions et révélations, entre avancée de l'intrigue et explications. Comme dans les tomes précédent, libre au lecteur de choisir sa façon d'appréhender le récit : au premier degré comme une aventure, des chevaliers affrontant avec plus ou moins de succès les ennemis, les tentations, les exigences du pouvoir, celles de la morale et de l'honneur, ou bien comme un miroir déformant des croisades avec leurs enjeux guerriers qui finissent par faire oublier la motivation religieuse, des tourments mystiques, des manifestations incarnées de croyances culturelles. Dans le premier cas, il constate que la guerre génère des conflits qui dressent les hommes les uns contre les autres, quelle que soit la force de leur volonté. Dans la deuxième optique, il glisse entre une restitution métaphorique des croisades, des incohérences historiques qui empêchent de raccorder la fiction à la réalité historique, des phénomènes de résonnance troublants, en fonction de leur bien-fondé ou de l'interprétation imposée par le scénariste. Pour autant, les auteurs savent conférer une dimension mystique et mythique à leur vision des croisades.

Chaque personnage s'enfonce encore plus dans son destin qu'il ne maîtrise pas, étant le jeu des forces des conflits, des croyances, des chocs culturels, et de son histoire personnelle. Sous des dehors qui peuvent sembler parfois un peu désinvoltes, l'artiste et le coloriste réalisent une narration visuelle pesée et envoûtante, emmenant le lecteur dans un monde oscillant subtilement entre réalité et conte, en cohérence totale avec le scénario. Une fois encore, le scénariste semble avoir conçu le fonctionnement de son récit en fonction de l'artiste, tout en développant des thèmes personnels. À la simple lecture de la bande dessinée, le lecteur peut s'interroger sur les notions d'Histoire de Dufaux. Avec l'introduction, il découvre son intérêt et son investissement dans l'histoire des croisades, et il perçoit tout le travail de conception qui ne fait qu'affleurer de ci de là dans le récit. Une plongée très troublante dans une croisade en forme de conte, qui en respecte l'esprit.
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Dans ce tome 3 intitulé "Le Maître des machines", on s'accroche aux branches en attendant les réponses apportées par Jean Dufaux aux questions posées par Jean Dufaux...
* Niveau Syria d'Arcos, la belle blonde aux cheveux courts a tapé dans l'oeil du sultan qui lui fait la cour et l'héroïne chrétienne n'est pas insensible aux charmes du souverain musulman...
* Niveau Elénore d'Arcos, on est dans Game of Thrones ! le Primat de Venise mort de ses propres mains est remplacé par Jurand de Poméranie le prédicateur aux sept plaies, qui accuse Robert de Tarente de faire commerce avec le Diable... Ce dernier invoque le jugement de Dieu, et le Maître des machines se fait un plaisir de l'affronter pour récupérer la direction de la croisade maudite (tandis que ses envoyés qui devaient soudoyer Ottar Benk le sorcier sont victimes de ses sortilèges), et le Diable propose son aide à Robert de Tarente en échange du miroir de vérité... Putain il ne pouvait le lui demander quand ce dernier était encore sain d'esprit et sous sa coupe ?
* Niveau Gauthier de Flandre, on continue dans le survival à la George Romero plein de de zombies virologiques et on fait un parallèle entre un chevalier qui a perdu sa mère étant enfant et un monstre qui lui n'a jamais connu sa mère.
Sinon on apprend qu'Osarias est qualifié de traître parce qu'il est juif et que tous les Juifs sont traîtres envers le Christ (avant d'être recruté par la Lumière des Martyr pour servir de pion dans la lutte entre le Bien et le Mal) : bravo le vieux cliché pourtant battu en brèche auparavant dans le tome 1 à travers les paroles de Gauthier de Flandre... Et je me suis aussi demandé pourquoi Gauthier avait amené son ami Nakash dans cet enfer alors qu'il savait où il allait et que donc il allait crever salement et inutilement : marre des trucs censément épiques et/ou tragiques qui sont mal amenés et mal exploités !
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Avertissement :
Si vous n'avez pas lu les deux tomes précédents, vous allez complètement vous perdre dans cette histoire…

Gauthier de Flandres s'égare dans les sous-sols où se trouve le monstre invincible, le AA. Mais à quoi ressemble-t-il ? D'où tire-t-il sa force ? le AA a capturé le fidèle ami de Gauthier, Nakash. Notre croisé n'a plus avec lui que le juif Osarias… Légèrement insuffisant pour affronter une armée de morts-vivants…

Soudain, Nakash apparaît devant Gauthier… Va-t-il pouvoir sauver son ami ?

Critique :

Si vous aimez le « gore », ce tome devrait vous réjouir… Moi, je n'aime pas le gore ! Je déteste le gore ! JE HAIS LE GORE !

Heureusement, il arrive qu'il y ait quelques moments pour des respirations empreintes de douceur (dans un monde peuplé de brutes), notamment dans le palais d'Ab'dul Razim où se repose Syria, fille du défunt Grégoire d'Arcos, femme à la beauté éblouissante à laquelle Ab'dul Razim ne saurait résister.

Pendant ce temps, Robert de Tarente poursuit sa déchéance mentale, que le fait de coucher avec l'ambitieuse Eléonor d'Arcos ne peut empêcher, le miroir ne lui renvoyant qu'un reflet diabolique. Il se prétend le seul et unique commandant des croisés, mais sa décision est contestée par Jurand de Poméranie, le prédicateur aux 7 plaies (ne me demandez pas lesquelles, elles sont bien dissimulées). Il va devoir se soumettre au jugement de Dieu… Un petit duel, quoi ! Et qui va l'affronter après un suspense insoutenable ? Qui ? … Son nouvel allié, le Maître des Machines (qui ressemble davantage à un demi-orc qu'à un honnête chrétien) !

Vous l'aurez compris, Dufaux laisse libre cours à des délires de plus en plus nombreux et qui obligent le lecteur à se replonger dans les albums précédents pour essayer de trouver un fil conducteur.

Quant à Philippe Xavier, il donne vie à l'histoire par son trait de plus en plus vigoureux et précis. Jean-Jacques Chagnaud à la couleur apporte se touche qui rend l'histoire bien plus agréable à regarder qu'à lire.
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Dans ce troisième tome, Syria d'Arcos apprend qu'elle se trouve à Hiérus Halen dans le palais du Sultan mais qu'elle n'y est nullement sa prisonnière. de son côté, Gauthier de Flandres, l'homme qu'elle a jadis aime et qu'elle aime toujours s'engage dans une vataille redoutable contre le Aa, un être immonde issu du plus profond des ténèbres aux côtés de son ami Osarias. Bataille qui s'annonce longue et difficile et où il découvrira qu'Nakash, son fidèle compagnon, a déjà été contaminé par ce dernier.

Pour ce qui est de Robert de Tareste, à présent nouveau maître des Croisés, son pouvoir est remis en question et il doit donc affronté Akhabah, plus connu sous le nom du Maître des machines pour savoir si oui ou non il a été envahi par une puissance démoniaque. Qui sera le vainqueur de ce duel et aura le droit légitime d'être à la tête des troupes ?

Un troisième tome très noir, beaucoup basé sur les forces obscures, plus que sur les faits historiques. Cette fois-ci, l'auteur nous emmène dans un monde qui dépasse très largement la réalité, ce qui n'est pas pour me déplaire. Un graphisme toujours aussi soigné et travaillé. La suite s'annonce prometteuse. A découvrir !
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Troisième tome de la tétralogie initiale autour de cette croisade fantasmée mise en place par Dufaux. On démarre par un bref récapitulatif historique. Les événements se situent dans l'ombre de la troisième croisade qui vient d'échouer.

Les protagonistes sont dans trois lieux différents. Gauthier de Flandres va affronter le Aa dans les profondeurs. Il découvre qu'il est lié à cet être maléfique, car Ada, sa mère, à frayé avec un Djinn. Elénore passe un pacte avec le Maître des Machines (taillé comme un Orc Uruk Haï), qui va combattre le Duc de Tarentes en duel, c'est le jugement de dieu. Syria qui n'a plus le miroir des âmes est à Hierus Halem. Elle y tombe peu à peu amoureuse du Sultan qui refuse de la voir comme une prisonnière.

Un nouveau personnage entre en scène: La Lumière des Martyrs qui naît sur les champs de bataille, sous les traits d'une beauté diaphane, liée au miroir des âmes.

Dufaux se contente de dérouler les fils tissés dans les deux tomes précédents. Peu (pas?) de surprises, donc. le dessin de Xavier est somptueux. On notera cette double page, en pages 52-55, montrant la déchéance du Duc de Tarentes. C'est beau et fort.

Mais au final, le parti pris des auteurs de découper chaque planches en peu de cases aboutit à ce que l'action progresse peu. le lecteur n'est pas beaucoup plus avancé en fin de tome. Peu de bouleversements, donc, sauf pour ce qui est de la montée en puissance du Maître des Machines, mais tout était devinable en fin de tome 2.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Alors que ce tome 3 déploie des contes, des enchantements et des malédictions, fidèle en cela aux nuits racontées par Shéhérazade, revenons à quelques notions d’histoire, cet autre plateau de notre balancier. Comme il fut dit précédemment, une de nos sources d’inspiration fut la 3e croisade (cinq années de guerres ininterrompues !) prêchées par les papes Grégoire VIII et Clément III. Rappelons-en quelques faits essentiels. La préparation de cette croisade fut longue et difficile. Problèmes de trésorerie (chaque croisade coûte cher, il faut lever des impôts, souvent impopulaires), de logistique aussi entre les différentes armées qui se préparent à rejoindre la Terre Sainte. Sans parler des méfiances, des coups bas que se portent les futurs alliés, qu’ils viennent de France, d’Angleterre, de Flandre, de Sicile ou de Souabe. Songeons, par exemple, à Conrad de Montferrat et Guy de Lustigan qui ne tardèrent pas à s’affronter, entrainant dans leur sillage désordres et gaspillages. Cela fait beaucoup. Et dans une telle cacophonie, il arrive souvent que la voix de Dieu s’éloigne ou se parasite. En face, Saladin a conquis les dernières places fortes franques à l’intérieur de la Palestine. Il refuse de détruire l’église du Saint Sépulcre, à Jérusalem, car c’est un lieu vénéré par les pèlerins. Une telle grandeur d’esprit est à souligner. En outre, il purifie les mosquées, rétablit l’ordre dans les différentes composantes de son armée, bref, il règne en maître sur le Croissant et le Sable. En juillet 1190, Philippe Auguste s’embarque à Gênes et Richard Cœur de Lion à Marseille. Ils passent en Sicile tandis que Frédéric Barberousse traverse la Hongrie pour prendre la route de Constantinople. Barberousse, c’est l’ennemi que craint Saladin. Et de fait, la terreur s’empare des musulmans. Mais le 10 juin 1190, Barberousse se noie dans le fleuve Calycadnus en Seleucie (Turquie). Pour Saladin, Dieu est intervenu en sa faveur. D’ailleurs, certains princes chrétiens, découragés par cette mort inattendue, décident déjà de rebrousser chemin. Ce temps de grâce ne durera pas. Le premier grand affrontement entre les deux armées se fera autour d’Acre. Il faudra quatre années de siège pour que la ville tombe aux mains des chrétiens. Philippe Auguste, épuisé par les combats, décide de retourner en France (où, fait essentiel pour l’unité de son pays, il gagnera en 1214 la bataille de Bouvines contre les Anglais). Il laisse en Palestine, sous les ordres du duc de Bourgogne, une armée de 10.000 chevaliers francs. Le principal adversaire, alors, à se dresser contre Saladin est le roi d’Angleterre, Richard Cœur de Lion. Qui ne correspond pas vraiment à la belle image légendaire que dressent de lui Walter Scott ou Cecil B. de Mille ! Richard est courageux, certes, mais violent, emporté, n’hésitant pas à massacrer des milliers de captifs musulmans après la prise d’Acre. Quoi qu’il en soit, par deux fois, il marchera sur Jérusalem sans jamais parvenir à s’en emparer. L’épuisement finira par avoir raison des deux adversaires et une trêve, fragile, serra signée et permettra aux pèlerins de la Croix et du Croissant d’accéder en toute liberté aux lieux saints. Le 9 octobre 1192, Richard repart pour l’Angleterre, une autre épopée s’ouvre alors : il lui faudra reconquérir son trône tombé aux mains de son frère, Jean sans Terre. Un an plus tard, Saladin meurt à l’âge de 55 ans. Il sera enterré à Damas non loin de la mosquée des Omeyyades. De tout cela, de ce mouvement général, est née une autre croisade, oubliée de Dieu, voulue par le diable. Une croisade qui se lit dans le miroir tendu par la Lumière des Martyrs, une croisade entraînée par ce moteur inépuisable qu’est l’ambition des hommes. L’ambition menant à la folie ou au profit. Certains, de nos jours, n’ont pas oublié la leçon. La Croix et le Croissant resteront toujours d’admirables alibis. C’est cela aussi que nous raconte l’histoire. – Jean Dufaux, mars 2009
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Les armes sont toute ma vie. Toute ma vie, j’ai tenté de réunir les frères ennemis. Les Chiites et les Sunnites d’abord. Ce qui m’a permis de rassembler les terres morcelées de l’Islam en un seul état. Sans cette base, je ne pouvais rien. Puis, je me suis rendu maître de l’Arabie méridionale. J’ai pris Damas, Alep. J’ai soumis les princes seldjoukides de Mésopotamie et de l’Asie Mineure. J’ai vaincu Kharsag, le magicien perse qui régnait sur la ville noire d’Askabar. Là, j’ai entrevu mon destin qui ne m’accordait pas une vieillesse heureuse. Et je me suis retrouvé devant la croix. Près de Tibériade, j’ai infligé une défaite sévère aux tiens. Ainsi, j’ai pu m’emparer d’Acre, de Sidon, de Nazareth, avant d’entrer dans Hiérus Halem. Vous avez tenté de me la reprendre depuis, mais les vents du Simoun Dja ont eu raison de votre orgueil.
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La lumière et l'ombre sont inévitablement appelés à se revoir. Car la lumière attire l'ombre et l'ombre retient la lumière.
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La légende nous apprend que le combat mené par Gauthier et Osarias dura des heures. Dit-elle vrai ? Je ne sais. Ce qui est certain, c’est que la défaite se trouvait au bout, tant l‘ennemi était nombreux.
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Quant à Robert, il subira le châtiment de Dieu. Il portera la croix des déchus. Traversant la vieille ville jusqu’à la colline de Gest’al Meth. Là, il sera exposé, face à l’ombre. Et il attendra que vienne à lui, la légion des anges damnés ! Les anges que Dieu rejeta car ils s’étaient révoltés contre sa puissance. Les anges condamnés à une faim perpétuelle. Et de Robert, duc de Tarente, il ne resta que le chant des os. Vint la nuit. Et ainsi s’écrivit une nouvelle légende : celle du maître des Machines. Il est dit qu’en cet instant, Dieu détourna sa face du monde.
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