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EAN : 9782259180221
649 pages
Plon (12/09/1999)
4.35/5   36 notes
Résumé :

Des bancs de l'école marseillaise au fauteuil du quai de Conti, les souvenirs de Jean-François Revel, grand témoin de ce dernï-siècle, s'offrent pour la première fois à notre curiosité et à notre délectation. Quelle vitalité et quelle intelligence ! La rue d'Ulm, la bohème de Saint-Germain-des-Prés, la passion de l'art, de la littérature et des voyages, la comédie parisienne, la re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Lorsque j'ai lu le livre de Philippe Labro « J'irai nager dans plus de rivières », l'auteur a mentionné le titre de Jean-François Revel « le voleur dans la maison vide » comme étant des mémoires passionnantes, une démonstration de lucidité et une verve intelligente.
Il est vrai que je me suis laissé également embarqué par le titre.
Vous l'aurez compris cette bibliographie est bien personnelle.

Il est donc difficile, à travers 650 pages, (livre commencé en 2020) et de vous parler des souvenirs d'une vie riche d'une personne.

« A partir de quel moment un événement devient-il un souvenir ? Dès l'instant même où il a lieu, répondrait Bergson. Lorsqu'il est tiré d'un oubli préalable, protesterait Proust. le philosophe parle de la formation du souvenir, de la trace mnémonique » pour employer le jargon de la tribu. le romancier pense, de son côté, à l'effet d'éloignement qui transforme le souvenir en objet littéraire. »

Cet homme a été philosophe, écrivain et journaliste français et a côtoyé de près des hommes politiques dont il dit :

« On peut classer les hommes politiques en deux catégories : ceux qui sont faits pour le gouvernement et ceux qui sont faits pour l'opposition. Il est rare que les mêmes excellent dans les deux emplois. le plus grand nombre, il est vrai, échoue dans les deux à la fois. »

De sa mémoire philosophique il nous communique :
« Il ne dépend pas de nous de choisir le rôle que nous attribue le Destin. La seule chose qui dépende de nous, c'est de le jouer bien ou mal. »

De son emploi de journaliste en ressort :

« Qu'il s'agisse d'investigation ou de réflexion, de découvrir des faits nouveaux ou de raisonner juste à leur sujet, n'allons pas croire que la tâche la plus rude, dans le travail du journaliste comme de l'historien, soit de décrire la vérité avec exactitude et de la commenter avec talent. Elle est de surmonter la résistance qu'opposent à sa divulgation les préjugés, les intérêts, les lâchetés et la bêtise. »

Pour son titre, il en dit ceci :

« le titre vient d'une comparaison, empruntée au bouddhisme, entre la vie humaine éparpillée dans le monde de l'illusion, avant l'«éveil » ou, du moins, sans la recherche de la sagesse menant à l'Eveil, et la convoitise stérile d'un voleur qui s'introduit plein d'espoir dans une maison d'apparence cossue, en comptant y trouver un copieux butin pour s'apercevoir, une fois entré et l'ayant visitée, qu'elle est entièrement vide et qu'il a été dupe d'une enveloppe trompeuse. » Ce titre lui est venu ou lui a été soufflé dans le vent de son fils Matthieu, moine bouddhiste.
Je rejoins Philippe Labro, même si certains passages sont plus lourds par méconnaissance de sa vie ou de monde dont il témoigne, bien sûr !
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C'est l'un des plus beaux livres de mémoires qu'il m'ait été donné de lire. L'écriture est à la hauteur du personnage, et le récit de son passage à Normal Sup est passionnant.
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Jean François Revel a été certainement un des journalistes les plus lucides. de part sa formation (Normalien) et ses nombreuses fonctions journalistiques (Directeur de l'Express) il a côtoyé de grandes figures littéraires et politiques. Il a pu déceler plus tôt que beaucoup d'autres , prisonniers peut être d'une pensée marxisante dominante, les tentatives de totalitarismes. Car il était indépendant de caractère et courageux.
Une très belle plume, parfois acide, mais toujours au service de la vérité.
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J'ai lu la majorité del'oeuvre de JF Revel et suis un admirateur absolu.
Pour moi, il faut partie des rares grands penseurs de terrain de la démocratie et de la liberté.
En suivant son itinéraire, on vit ce qu'il appelait 'l'aventure du vrai", à travers ses échecs, rencontres et réussites, décrites dans la langue la plus riche et servies dans l'humour doux et pointu des derniers grandes plumes journalistiques.
L'arrogance, la tromperie et la déloyauté constituent la trame de fond des sociétés où il a pourtant cultivé de grandes amitiés. Chaque histoire est savoureuse et vibrante de vérité.
Meilleur observateur politique de son temps, dénonciateur précoce des crimes et illusions, connaisseur de multiples domaines, éditeur novateur, vrai progressiste, il n'ennuie jamais. Ayant vécu 10 vies, Il a rencontré de nombreux personnages célèbres dans tous les domaines. Il nous en livre une vision lucide et amusante.
Je lui dois l'acuité de mon regard.
Ses chroniques politiques et littéraires, partiellement réunies dans "Fin du siècle des ombres" me manquent aussi cruellement.
Revenir toujours y puiser l'élan de la liberté et de la vérité dans ce monde qui s'en éloigne si dangereusement.
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Découverte positive. Je pensais ne pas m'ennuyer. Et , là, surprise, je suis conquise ! Cela se lit comme un roman...C'est une mémoire précieuse qui fait revivre des personnages d'un passé pas si lointain. En lisant, le magazine le "1" de cette période, (sur la pensée de Marx), j'en retrouve certains et des choses prennent alors un autre sens. C'est un éclairage remarquable qui m'a été donné.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
P606 : Les historiens mesurent trop peu, à mon sens, à quel point, par son idéologie et son programme, le Parti socialiste français, rénové en 1971, différait plus des autres partis socialistes européens, du sud comme du nord, que du Parti communiste. Cette « exception française » faisait l’objet de mes analyses depuis dix ans. Elle se traduisait, sur le plan doctrinal, dans le PS français par un abandon du socialisme réformateur au profit d’un socialisme de « rupture avec le capitalisme ». Ainsi, Branko Lazitch, juste avant son entrée à L’Express, cite dans un article du Figaro (20 mai 1977), parmi les preuves de cet alignement, une brochure intitulée Petite bibliographie socialiste, éditée par le Parti socialiste. Destinée aux nouveaux adhérents, elle est présentée par Lionel Jospin, secrétaire national et futur premier secrétaire. Ce manuel initiatique présentait la liste des « classiques du socialisme », établie comme suit : 1) Karl Marx et Friedrich Engels ; 2) Lénine ; 3) Jean Jaurès ; 4) Léon Blum ; 5) Rosa Luxembourg ; 6) Antonio Gramsci ; 7) Mao Tse Toung ; 8) Fidel Castro.
A part Jaurès et Blum, qu’il eût été tout de même en France scabreux d’éliminer, et qui sont les seuls socialistes démocrates jugés dignes d’être lus, tous les autres « classiques » retenus appartiennent au courant totalitaire. Aucun des théoriciens du marxisme réformiste et démocratique, tous condamnés par Lénine il est vrai – tels Karl Kautsky, Otto Bauer, Edouard Bernstein –, n’est jugé assez orthodoxe pour figurer dans la liste. En sont tout de même exclus les œuvres des auteurs assassinés par Staline, un Trotsky ou un Boukharine. En revanche, le PS conserve Mao, dont les crimes et l’échec étaient, en 1977, amplement connus, et intronise parmi les « classiques » du socialisme » Fidel Castro, que même les Soviétiques n’avaient jamais élevé au grade de penseur.
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P645 : [Le totalitarisme] ne se borne pas à contrôler l’expression et la diffusion matérielles des idées jugées dangereuses pour l’autorité en place. Le totalitarisme veut atteindre la racine même de la pensée et de la sensibilité, tuer la source de l’indépendance intellectuelle et morale en chaque individu. La preuve en est qu’il y est parvenu chez de nombreux intellectuels, même parmi nous, et continue à les stériliser, même après s’être éteint. Il veut se substituer à nous en chacun de nous, régner en maître à l’intérieur des consciences. Le ramas d’ineptie du Petit livre rouge de Mao tint lieu de cerveau à presque tous les Chinois et à nombre d’Occidentaux pendant la Révolution culturelle. (…) « Totalitarisme » n’est pas une étiquette fabriquée après coup par les historiens, c’est un programme et un concept consciemment forgé par un politicien – Benito Mussolini en 1922 – et, ensuite, « perfectionnés », si j’ose dire, par les nazis. Quant aux communistes, ils avaient, dès l’époque de Lénine et de Trotski, devancé tous les autres totalitarismes et préfiguré avec talent les apocalypses futures.
Les dissidents de l’Est furent d’autant plus héroïques que, non contents d’être en butte aux procédés d’extermination morale de leurs régimes, ils essuyèrent aussi les calomnies, le mépris et les mesquineries de la gauche occidentale (…). « Traîtres » dans leurs pays, ils devinrent parias dans les nôtres. Que des hommes et des femmes élevés, enfermés dans ces systèmes aient pu néanmoins préserver leur intelligence et la retourner contre la machine qui devait l’anéantir, tout en étant abandonnés, répudiés par les intellectuels des sociétés qui auraient dû les secourir, tant d’énergie et de lucidité, en eux et grâce à eux, rachète nos aveuglements et nos lâchetés et prouve que l’espèce humaine mérite, bien pesé, peut-être de survivre.
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P16 : J’ai haï et fui dès l’âge de raison les manuels d’histoire littéraire dont les auteurs ont l’art de rendre plat tout ce qu’ils touchent et transforment les fleurs les plus éclatantes en grisâtres serpillères. Ce sont de très sûres machines à détourner la jeunesse de tout amour des lettres, à force de réduire les œuvres à des clichés, fussent-ils d’avant-garde. Les fabricants de manuels communiquent aux classiques l’ennui que distille leur propre médiocrité. Quant aux lettres modernes et contemporaines, domaine où la tradition n’a pas encore eu le temps de solidifier un classement sommaire des valeurs, et où il faudrait donc se livrer à une petite exploration originale, c’est là qu’éclatent le mauvais goût et le conformisme à l’égard de la mode la plus bête de ces assassins de la beauté et de la gaieté littéraires que sont les barbouilleurs de manuels. Le manuel tue l’envie de lire.
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P420 : A la fin des années quatre-vingt, aux Etats-Unis, sévit dans les écoles et les Universités un nouveau genre de terrorisme moral et intellectuel, le (…) « politiquement correct » ; en abrégé le « PC ». Un sigle qui, décidément, n’a pas eu de chance au vingtième siècle. En 1988, le cours d’initiation à Stanford élimine donc Platon, Aristote, Cicéron, Dante, Montaigne, Cervantès, Kant, Dickens ou Tolstoï, pour les remplacer par une culture « plus afrocentrique et plus féminine ». Les inquisiteurs relèguent par exemple dans les poubelles de la littérature un chef-d’œuvre du roman américain, le Moby Dick d’Herman Melville, au motif qu’on n’y trouve pas une seule femme. Les équipages de baleiniers comptaient en effet assez peu d’emplois féminins, au temps de la marine à voile… Autres chefs d’accusation : Melville est coupable d’inciter à la cruauté envers les animaux, critique à laquelle donne indéniablement prise la pêche à la baleine. Et les personnages afro-américains tombent à la mer et se noient pour la plupart dès le chapitre 29. A la porte, Melville ! (…) L’histoire des programmes d’éducation dirigistes (…) se fondent tous sur la mise à l’index de grands auteurs, auxquels les censeurs substituent des auteurs bien-pensants, selon leur point de vue : des serviteurs de la servitude.
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P416 : Mais l’effort intellectuel n’est plus considéré comme indispensable pour devenir un bon étudiant. Déplorer cette omission est devenue « réactionnaire ». La « société » porterait seule la responsabilité du résultat des études. D’ailleurs, on ne dit plus qu’un élève est paresseux, on dit qu’il est « en échec scolaire », fléau anonyme qui s’abat sur le malheureux comme la pluie ou la rougeole. Le bon vieux flemmard a disparu. (…) J’ai toujours goûté, dans les "Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps" de François Guizot (chapitre XX), une Circulaire de la commission de l’Instruction publique aux professeurs des collèges, datant de 1820, qui adressait [aux enseignants] de l’époque de la Restauration cette précieuse et concise exhortation : « Ce n’est point ici un cours de faculté. Le professeur ne peut espérer d’être utile à ses élèves qu’en se mettant toujours à leur portée ; c’est pour eux, et non pour lui, qu’il doit faire sa classe. »
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