La Djouille de
Jean Pérol est un roman : l'histoire est là, les souvenirs du Vieux Prof qui se remémore sa vie dans l'Afghanistan « d'avant », sa rencontre avec un jeune cévenol, Fabien, dont l'amour improbable pour une jeune fille riche le conduira dans l'Afghanistan « de maintenant ».
La Djouille de
Jean Pérol est aussi et surtout une prose, une magnifiquement rude poésie des mots, des phrases, des sens qui s'entrechoquent, provoquent et choquent, une peinture de la vie faite d'images substantivées sans âge, ressuscitées, survivantes, immortelles.
Tout est confrontation dans cette longue prose intense et dense. Confrontation de la campagne cévenole et de la ville parisienne, confrontation de la société afghane et de la société française, confrontation de la jeunesse et de la vieillesse, de l'amour et de la haine, de la vie et de la mort ou plutôt de la mort et de la vie. Confrontation des espoirs et des désillusions de la jeunesse, de la vieillesse. Confrontation de l'Espoir et de la Désillusion sur la condition humaine, au passé, au présent … dans le futur ? Non, pas dans le futur ! Car malgré toute sa fureur à vouloir nous désenchanter,
Jean Pérol, dans cette djouille dans laquelle il tente de nous enliser avec son Vieux Prof et son jeune Fabien, nous forge mot après mot – des mots âpres et durs qui se transforment en rocs – mot après mot, roc après roc,
Jean Pérol nous forge donc des marches, cet escalier qui nous – vous – donne la rage de vivre et d'y croire encore, toujours, à jamais. Surgissent alors de son écriture l'éternité qui sourd de la mouise d'un passé révolu et d'un présent las et stérile et l'être humain désillusionné qui s'illusionne et ambitionne à son corps défendant un « joyeux triomphe de l'échec ».