Venez complainte entendre
Venez complainte entendre, laboureur des champs,
Écrite fut naguère par un vieux paysan,
Car sans repos, de nuit, de jour, il travaille
De Dieu il espère ainsi gagner son paradis.
Qu'il pleuve, grêle ou tonne, qu'il neige ou grêle l'hiver,
Pour la moisson, il peine encore au plein été.
Avec ses boeufs s'en va aux champs qu'il laboure
Grand matin jusqu'au soir, quand la nuit tombe.
Il est vêtu de bure, trempé de sueur ou d'eau,
Sa maison est l'étable où couchent bêtes et gens,
Ne mange à table pain blanc, gâteau ni viande.
Bouillie, eau claire et pain bis, partage au pauvre.
Il faut qu'au roi il paye, quatre fois l'an l'impôt
Ferme et loyer au maître, que soit bon an, mal an.
Si l'argent fait défaut, on l'emprisonne
Et on le vend corps et bien, n'a ni toit ni terre.
On taille, on gruge, on pille le laboureur des champs
Mais sait bien qu'il fait vivre soldat, prince et marchand
Il donne froment et seigle qu'il moissonne,
De Dieu il espère ainsi gagner son Paradis...
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