AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,28

sur 156 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'homme surnuméraire, c'est Serge le Chenadec. A l'occasion d'un séjour en famille à La Baule, il réalise une bien triste vérité : il insupporte sa femme Claire, et ses deux enfants adolescents lui opposent au mieux une indifférence agacée, au pire un cinglant mépris.

Ce désintérêt, ce désamour de ses proches, ont pour effet de le plonger dans une remise en question de l'utilité même de son existence. Serge le Chenadec se sent de trop, ne voit plus de sens à sa vie... Il a pourtant peu de besoins : patron associé d'une agence immobilière, il se contente de la routine dépassionnée dans laquelle son couple s'est installé, vivre auprès de son épouse et de leurs enfants suffisant à son bonheur...

Homme de l'immobilité, de la simplicité, c'est comme s'il était resté en arrière, ou en retrait, d'un monde où il est de bon ton de briller, de courir après la jouissance et l'épanouissement personnel, un monde où il faut s'activer, s'engager. En ce sens, Serge est ce que d'aucuns appelleraient un perdant. Même son malheur est étriqué : il n'envisage le bonheur comme possible que dans la continuité de ce qu'il a vécu jusqu'à présent, il n'a ni passion ni idéal auxquels se raccrocher...

Sa femme Claire, à l'inverse, avide de changement et de liberté, désireuse de s'éloigner de ce conjoint insignifiant, médiocre, se jette à corps perdu dans l'activisme politique et les sorties culturelles, prend un amant, Serge opposant à ce bouillonnement, dont il reste à distance, une passivité auto flagellante.

L'auteur lui-même l'abandonne brutalement pour nous mettre aux côtés d'un autre couple...

Clément et Lise sont jeunes, cultivés, un peu bohèmes, ils s'aiment, et sont de plus unis par une solide complicité morale et intellectuelle. Elle est professeur de lettres, lui est chômeur, par choix, ayant érigé l'oisiveté comme principe et art de vivre, prétendant vaguement écrire un roman... un perdant lui aussi, en somme, si on le considère à l'aune de nos critères sociétaux de productivité et de reconnaissance sociale. Cette situation, qui le contente pourtant pleinement, ne peut pas durer. le hasard des rencontres -avec des universitaires forts d'une pseudo supériorité morale qui l'exaspère- et l'insistance de Lise le renvoient dans la vie active, où pour le compte d'une maison d'édition qui lance une collection "humaniste", il est chargé de résumer les passages de grands classiques amputés de leurs contenus jugés contraires aux valeurs d'optimisme et de bienveillance que souhaite défendre l'éditeur par l'intermédiaire de ce nouveau catalogue...

Vous vous demandez sans doute quel est le lien entre Serge et Clément ? Je vous laisse le découvrir au fil de ce récit très habilement mené, qui au-delà d'une construction narrative originale, interroge avec intelligence et humour sur le sens et la nature de la littérature.

Fustigeant le nombrilisme et les velléités élitistes des universitaires, des médias, et autres "pères la morale", Patrice Jean rappelle, à l'encontre de toute cette bien-pensance qui décide que la littérature est dans la grandeur et dans l'héroïsme, qu'elle est surtout le reflet de l'homme et donc de toutes ses facettes, les bonnes comme les mauvaises, et qu'elle est un moyen de décrypter le banal autant que l'extraordinaire. Il revendique, surtout, la subjectivité de l'oeuvre littéraire, territoire de l'émotion, du ressenti, comme étant son essence même.

Et les directeurs de conscience ne sévissant pas que dans la sphère littéraire, il nous offre par ailleurs une critique savoureuse de tous ces gourous -que l'on nomme aujourd'hui des "coachs"- , de plus en plus nombreux, qui nous expliquent comment penser, comment aimer, comment voter, comment lire, comment s'épanouir sexuellement, bref comment vivre et comment être heureux, comme si le bonheur pouvait faire l'objet d'un mode d'emploi s'appliquant indistinctement à tous les individus.

"L'homme surnuméraire" est un roman à la fois drôle -l'auteur manie notamment l'euphémisme et l'ironie avec talent- et conviant à la réflexion, aux méandres parfois complexes. J'ai moins aimé la dernière partie, qui comporte quelques longueurs et redondances, mais ce fut malgré tout une chouette découverte !

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          40
J'ai découvert L'Homme surnuméraire sur Babelio avec une note supérieure à 4 (sur 5), c'est en général de bon augure ! Je me suis alors empressée de le lire ! J'accroche complètement, c'est drôle, un peu acide, on est dans la vie d'un homme "moyen", un récit sur la vraie vie. Mais voilà, ça avait bien commencé puis ... patatra ! Longueurs, longueurs, on n'en voit plus la fin...

Peut-être que ce n'était pas le bon moment pour moi ? Je ne sais pas mais j'ai complètement lâché, je ne comprenais plus le but de l'auteur, mon intérêt s'en était allé, remplacé par l'ennui. Pourtant, j'avais vraiment adoré le début !
Pour résumer, nous avons dans ce livre deux histoires en une.
Dans la première, notre héros est Serge le Chenadec, la quarantaine, agent immobilier, vit avec sa femme Claire et ses deux enfants une morne existence sur le déclin. Sa femme ne l'aime plus, ses deux adolescents le méprisent et il n'a plus de jus. Quel est le sens de la vie, de sa vie ? Sa famille porte un regard extrêmement dur sur lui et lui, pauvre Serge ne fait rien, n'agit pas, se laisse couler. Tout ça sous une plume d'ironie.

En parallèle, une seconde histoire, là ça devient intéressant. Dans cette autre histoire, un couple Clément et Lise discutent de ce nouveau roman "L'homme surnuméraire" celui-là même que nous lisons mais écrit pas un certain Patrice Horlaville ! Drôlement bien joué de la part de l'auteur !

***

Il faut louer la créativité de l'auteur qui nous décrit un scénario bien actuel aujourd'hui !!
Alors que nous voyons des oeuvres ré-éditées, ré-écrites, renommées, retraduites : les "Dix Petits Nègres" qui change de titre pour devenir "Ils étaient dix", des modifications de Charlie et la Chocolaterie (Roald Dahl) et j'en passe (article de Actualitté), Patrice Jean avait très justement traité de ce sujet, de manière ironique (je pense, je l'espère !) dans ce roman, publié en 2017 ! Il a eu le nez Patrice Jean, se doutait-il que son histoire allait réellement se produire ? Preuve que le roman dépasse souvent la fiction, malheureusement.
Je n'ai aucun doute sur le talent de l'écrivain Patrice Jean, je ne remets rien en doute ! le livre je pense qu'on adore ou qu'on déteste. Pour conclure, je reste un peu sur ma faim.
Lien : https://labibliothequedechar..
Commenter  J’apprécie          10
Chapitre 1 : l'histoire commence avec Serge le Chenadec, agent immobilier, qui évoque sa vie misérable avec lucidité et sans aucune complaisance envers lui-même : sa femme Claire le méprise et il est transparent voire minable aux yeux de ses enfants. Serge est triste, il se sent si seul qu'il songe à se suicider.
Chapitre 2 : Plus de Serge mais l'histoire de Clément chômeur qui vit chez son amie Lise, brillante intellectuelle. Clément gravite malgré lui auprès d'auteurs, d'universitaires prestigieux et pompeux. La satire des intellectuels commence et elle est délicieuse sous le regard de Clément. Clément qui rejoint sous une forme plus atténuée la pathétique existence de Serge.
Comment les deux histoires se rejoignent -elles ?
Une petite mise en abyme et l'on comprend que l'histoire de Serge est un roman écrit par Horlaville. Ce roman a été lu et apprécié par Lise mais pas par ses amis lettrés.
Oui mais c'est tout ? Non car Clément va se voir bien malgré lui encore accepter un travail dans une maison d'éditions. Il s'agira d'épurer les grandes oeuvres pour les rendre plus accessibles et surtout plus morales. Et encore l'occasion d'une satire du milieu de l'édition et de ses critiques littéraires. Clément va donc devoir contacter l'auteur de Serge, Horlaville pour épurer son oeuvre.
De l'originalité, une plume très acerbe mais jubilatoire. J'ai adoré le début et plus encore mais peu à peu je me suis lassée quelque peu du verbiage de ces intello. La fin est trop loufoque, je n'ai pas aimé le tour qu'a pris l'histoire. Pourtant ce livre reste une belle découverte : jusqu'au titre du roman.
Commenter  J’apprécie          10
« L'homme surnuméraire » de Patrice Jean est paru en 2017 aux éditions rue fromentin… ‘Surnuméraire' : individu excédentaire, homme dont la présence ou l'absence ne ferait pas vraiment de différence. Et pourtant, cette absence d'utilité effective en fait un témoin lucide de notre époque; ces hommes (et femmes) surnuméraires ne seraient-ils pas au contraire les indispensables poils à gratter d'une société trop conformiste ?
Serge le Chenadec est l'homme surnuméraire. Méprisé par sa femme, ignoré par ses enfants, il sombre peu à peu dans la dépression et part finalement se reposer chez ses parents. Il y retrouve une ancienne camarade de classe devenue femme de ménage, Chantal Beuchet.
En parallèle on suit les errements du narrateur, Clément, qui après avoir longuement vécu dans une oisiveté bienheureuse, se décide finalement à collaborer avec une maison d'édition qui s'enorgueillit de sortir une collection d'ouvrages ‘pasteurisés', c'est-à-dire expurgés de tout passage déviant un tantinet de la morale ambiante.
Il va sans dire que Serge et Clément, frères d'infortune, finiront bien par se rencontrer – mais dans une autre dimension.
Les anti-héros ont souvent un fort potentiel comique, tant ils semblent démunis face aux vicissitudes de l'existence, et Serge, comme Clément, m'ont émue et m'ont fait rire ; mais l'humour ici est le masque aimablement placé sur une critique acide de notre société contemporaine, égoïste et ultra-pragmatique, vue au travers du prisme du milieu de l'édition. Aucun personnage n'échappe finalement aux petites doses de vitriol savamment dispensées par l'auteur, qui en cours de route égare son lecteur avec une mise en abyme inattendue, avant de l'entraîner dans un final fellinien. Une farce cruelle, mais immensément drôle. Pour la suite, cliquez sur le lien
Lien : http://bit.ly/2Fb26Hf
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (357) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20174 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}