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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Géniteurs d'apprenants,
ou parents d'élèves pour les ploucs non-initiés, le continuum éducatif et nos humbles ingénieurs en science de l'éducation (hors vacances scolaires et grèves), vous déconseillent la lecture de la dernière masse langagière de Patrice Jean, ce Juda réactionnaire qui vient adultérer ici sur la Cène, pardon dans la salle des profs, leur génie progressiste.
Afin de ne pas assommer les quelques Babéliotes curieux de mes humeurs, je vais abandonner le jargon boursoufflé de nos pédagogues pour oser dire quelques mots du roman de Patrice Jean, lui-même professeur à ses heures perdues pour la littérature.
Je trouve hélas que cet auteur dont j'adore le style et la verve satiriste perd ici en qualité ce qu'il gagne en quantité avec ce troisième roman en un an. La société le chafouine, il ne manque pas de sujets qui bouillonnent ses globules, mais si je devais noter la copie, mon appréciation serait la suivante : élève brillant mais travail un peu bâclé. Peut mieux faire.
Pourtant le sujet, l'idéologie éducative, était porteur. On ne parle plus ici de transmissions de connaissances (trop ringard) mais de sensibilisation à des idéaux sociaux. L'élève, auparavant novice est devenu un apprenti, le prof descend de son estrade pour jouer le rôle d'un compagnon qui propose des outils dans le dialogue et dans la co-construction pour identifier les problèmes de la société et la changer en vue d'une plus grande justice égalitaire, verte… et des pas mures.
Comme à son habitude, Patrice Jean confie les clés de son récit à un personnage absurde, caricature du jeune prof de lettres qui trouve les devoirs ringards, les leçons dépassées, l'apprentissage des classiques ennuyeux. L'idéaliste veut immuniser la progéniture contre la tentation du capitalisme désastreux, réécrire l'histoire, déboulonner certaines grandes figures et chasser les derniers vieux dinosaures réfractaires aux techniques modernes d'enseignement.
Candide du pédagogisme pédant, Bruno Gigoire effectue donc sa première rentrée au lycée Malraux. Il est persuadé qu'il va éveiller les consciences des jeunes. Au diable l'instruction des fondamentaux.
La présence d'une statue Khmère dans le bureau du directeur, pillée au Cambodge par Malraux et son épouse pour effacer quelques dettes dans les années 20 et offerte au lycée, va provoquer une guerre civile au sein de l'établissement entre ce que des esprits éclairés par des lumières tamisées autour d'un zinc pourraient qualifier au quinzième jaune, les « Perchés » contre les « Réacs ».
Ce que je reproche à l'ouvrage, c'est la faiblesse de l'argument romanesque. Cette histoire de statuette est assez insignifiante. Elle aurait pu constituer une sympathique péripétie dans une trame plus élaborée. L'auteur aurait pu aiguiser ses mots autour des sujets inflammables qui ne manquent pas dans les collèges et lycées : le port de l'uniforme obligatoire stylé par Brigitte M (Crop top et décolletés du grand plongeoir versus combinaison intégrale du pensionnat de Chavagnes), les menus spécifiques à la cantoche (si une religion avait proscrit la macédoine ou le céleri rémoulade à mon époque, j'aurai adhéré de suite !), les toilettes non genrées pour LGBT constipés, l'évaluation des compétences avec le barème de l'Ecole des fans ou l'agressivité des parents persuadés d'avoir pondu des surdoués incompris à la chaîne (HPI – Haute Probabilité d'Idiots).
Une déception sauvée par le mauvais esprit qui souffle sur les pages de ce roman. Je proposerai bien le redoublement s'il existait encore.



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Ce petit roman satirique étonnera et fera rire un lecteur étranger à l'Education Nationale : la galerie de personnages extravagants fera croire que l'auteur exagère et cède à la tentation de la caricature, mais quand on a connu le monde éducatif, on se rend compte que la réalité va bien au-delà de la fiction. Ce petit univers d'un grand lycée de province est bien croqué, de même que les professeurs gauchistes, les élèves désabusés et le monde réel, exilé bien loin au dehors des limites de l'établissement. On sait que l'intrigue repose sur une statuette khmère qu'il s'agit de vendre pour consacrer l'argent à un atelier pédagogique citoyen, à savoir de rééducation et d'embrigadement politiques. Patrice Jean campe un héros proche de Candide, naïf et croyant aux vertus de la Pédagogie, du Bien et du Progrès, aussi simplifié et dénué de profondeur que ses collègues engagés. Vers la fin, quelques belles phrases dégagent la morale du récit, et accentuent sa ressemblance avec un conte De Voltaire.
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Nous découvrons ici une nouvelle province du Wokisme, et sans doute l'une des plus peuplées puisqu'il s'agit de l'éducation nationale, en proie au pédagogisme qui d'ailleurs n'a pas attendu la nouvelle peste intellectuelle pour sévir car c'est aux années 70 au moins qu'il remonte. En ces temps lointains cependant, il conservait des allures civilisées, car la politique y jouait un rôle central. Les débats demeuraient policés entre gens cultivés et respectant une culture que personne n'avait l'idée d'associer aux mâles blancs cisgenres hétéro, éventuellement morts.
Mais nous avons changé tout cela, car, plus que jamais, le progrès fait rage.
Le personnage central ( il ne convient pas de parler de héros) est comme le Romain Bisset du Parti d'Edgar Winger un parfait imbécile, qui ne comprend rien d'un bout à l'autre du roman, et essaie de tordre la réalité pour la faire entrer dans ses grilles de lecture aberrantes.
Plus concrètement, Bruno Giboire profite d'une procédure exceptionnelle qui lui permet de devenir professeur de lettres au lycée André Malraux de Nantes, auquel André Malraux alors ministre de la culture, avait offert une des statuettes khmères qu'il avait dérobées à Angkor.
Certains enseignants souhaitent vendre cette statue pour financer la création d'un atelier pédagogique et citoyen, entendez par là une machine à décérébrer Et je vous laisse découvrir ce qu'il en advint.
Ce livre n'est certainement pas le meilleur de l'auteur, dont le chef d'oeuvre est pour moi La poursuite de l'idéal.
On parlera de caricature, d'outrances. C'est exact, mais je crois qu'il faut y voir un portrait charge, et que c'est plus une fable qu'on pourrait rapprocher des fabliaux du Moyen Âge
Mais, même à supposer que ce soit un choix conscient de l'auteur, est-ce bien la meilleure façon de nos jours de faire passer un message qui méritait mieux.
Et il y a des invraisemblances matérielles, notamment juridiques
. Ainsi il est juridiquement impossible à un établissement de vendre une oeuvre d'art (ou quoi que ce soit d'autre d'ailleurs des biens mis à sa disposition) et de même la révocation d'un enseignant titulaire est pratiquement impossible. Cela, l'auteur, enseignant lui même, ne peut l'ignorer
C'est d'autant plus dommage qu'en ce qui concerne le pédagogisme, il n'y a hélas aucune exagération, on est même parfois en dessous de la réalité.
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Patrice Jean nous propose une satire délirante et hilarante sur l'Education Nationale. Son héros Bruno Giboire, reconverti professeur de français, grand idéaliste et pédagogue investi, va vivre une année scolaire mouvementée et perdre ses grandes illusions sur son métier et l'institution. C'est avec beaucoup d'humour que l'auteur passe en revue tous les excès de cette grande maison dont le pédagogisme à outrance, allant jusqu'au ridicule. On ressort de cette lecture un peu déboussolé, l'impression d'avoir lu une grande farce avec des personnages caricaturés à souhait. Cependant de nombreux thèmes sont abordés, la bien-pensance, les excès du féminisme, la culture, pronant un retour à la lecture pour les élèves des grands auteurs classiques afin de développer leur propension à penser et à réfléchir par eux-mêmes.
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« La vie est une farce à mener par tous », c'est sur cette phrase de Rimbaud que se termine le dernier ouvrage de Patrice Jean. Cet auteur explore des thèmes qui lui sont chers : la morale dominante, la bêtise et l'idéalisme. Bravo pour l'ambition !
Les aventures d'un jeune professeur de lycée forment la trame de ce roman léger.
Sur le fond, la forme, voire le style, rien de particulier ne distingue ce texte. Il est assez agréable à parcourir.
Ce qui déconcerte est son regard satirique, aux limites du sarcasme, qui illumine, sans beaucoup de bienveillance, le quasi-ensemble du manuscrit.
Le corpus du texte, qui ne s'étend que sur 140 pages, m'a paru interminable. L'entrée en matière promet, puis la fin nous délivre d'un voyage au sein d'un lycée Nantais, qui nous rappelle que pour le corps professoral, l'apprenant n'est vraiment pas au centre du projet éducatif.
De quoi ‘Rééducation nationale' est-il le nom ? Serait-ce un voyage dans la torpeur des temps ?
Deux réflexions me viennent tout de suite à l'esprit. D'abord, j'ai l'impression d'un pâle Houellebecq, auteur que je n'affectionne guère, mais dont le style cruel et incisif force le respect sinon la sympathie. Patrice Jean a choisi un sujet, (prof benoît, lycée foldingue), qui m'a attiré et devrait fonder son succès. Pourquoi ça ne marche pas ?
Copie à revoir sûrement, peut faire mieux.
Ma deuxième réflexion est plus insolite et, peut-être, injuste. Il se trouvait qu'au moment où j'ai abordé Rééducation Nationale, j'étais en train d'étudier un court texte : ‘Le Tendre Narrateur' d'Olga Tokarczuk.
https://www.babelio.com/livres/Tokarczuk-Le-tendre-narrateur/1263107le scénario…
Au coeur de ce discours au Nobel, profession de foi d'un très grand écrivain, réside l'idée d'empathie et le désir de sublimer ses personnages et de parvenir au coeur de leur être. Tokarczuk est comme un peintre impressionniste au sommet de son art. Elle est Monet et le monde est son jardin. Houellebecq serait, pour moi, une sorte de Gustave Caillebotte, excellent sur la ville et les intérieurs, mais plus technicien froid qu'artiste chaleureux.
Dans cette vision de mes auteurs de référence, ici Patrice Jean serait un aquarelliste de talent. Mais les gens, ses personnages, ne sont que des figurines. La belle ville De Nantes, les professeurs dans tous leurs états, le Lycée Malraux, tous méritent un peu de tendresse!
La vie n'est vraiment pas qu'une farce.
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