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Antoine Jourdan végète dans un emploi subalterne à la médiathèque de Rouen. Parallèlement, il codirige une revue élitiste de littérature avec son ami Thomas Dabrowski. Un jour, il découvre que dans l'héritage de ses parents figure le tableau d'un petit maître du XVIIe siècle, qui peut valoir un peu d'argent. Une dispute va éclater avec son frère et sa soeur pour savoir qu'en faire. ● Il ne se passe pas grand-chose dans ce roman qui semble surtout écrit pour diffuser les idées de l'auteur. Celles-ci, du propre aveu du narrateur, peuvent être qualifiées de « réactionnaires ». En tout cas, il est certain qu'elles vont à contre-courant des idées « mainstream ». Cela ne me dérangerait pas, mais je trouve ce livre lourdingue et caricatural. L'élitisme exige plus de finesse ! Ici le style flirte avec le kitsch et l'intrigue, réduite à la portion congrue, est loin d'être palpitante. ● On ne retrouve pas vraiment non plus l'humour qu'il y a dans L'homme surnuméraire, La Poursuite de l'idéal, ou même La France de Bernard, le premier roman de Patrice Jean, trois romans que j'ai nettement préférés à celui-ci.
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Le narrateur de ce roman reproche à internet de donner la parole à des gens qui devraient se taire, et qui s'improvisent critiques littéraires. Je suis bien d'accord avec lui, mais je mettrai mon grain de sel quand même.

"Tour d'ivoire" pourrait être un roman anti-moderne de plus, après Houellebecq, Bruno Lafourcade, Patrice Jean lui-même et d'autres auteurs sous le boisseau. Il n'a plus, cependant, le mordant, la "vis comica" de ces derniers, qui ridiculisaient les Edwy Plenel, les sociologues, les bourgeois-e-s de gauche et les intermittent-e-s de la vertu. Il fait moins rire de ces masques et semble mettre la satire et l'outrage au second plan : on ne le lira pas pour se venger, pour aimer ses préjugés, ou pour le délicieux frisson transgressif du lecteur catéchisé à perpétuité par la littérature qui se vend.

Tirant vers l'essai, le récit à la première personne d'un héros velléitaire pourrait donner lieu à des réflexions sérieuses sur la Tour d'Ivoire. Comment survivre dans un monde barbare ? Peut-on se replier sur un nombre d'amis et de livres choisis, et ignorer le reste ? Mais même cette question, qui aurait pu faire du livre un manuel de survie, est tenue à distance, évoquée comme par citation, comme si elle ne concernait plus directement le récit. D'ailleurs, les personnages font le contraire de ce qu'ils disent et leur vie ne s'harmonise qu'un temps avec leur doctrine.

C'est là, je crois, la qualité principale de l'ouvrage : il ne racole pas, il ne prêche pas, il n'enseigne pas, mais raconte une histoire comme doit le faire un bon et honnête roman. Flaubert est partout dans "Tour d'ivoire", pour nous rappeler que les idéaux, les doctrines, les politiques, ne sont pas des objets romanesques, mais seulement des paysages sur lesquels se détachent les destins individuels des personnages.

Pour faire la nique à la bêtise collective, il ne faut pas créer (en littérature) une bêtise opposée. La littérature ne change rien aux choses. Elle se renie quand elle tombe dans le sermon.
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Lecture abandonnée. Je me suis malgré tout accrochée jusqu'au tiers de ce roman que je stoppe sans regret. Les phrases sont alambiquées, il faut vraiment s'accrocher pour la compréhension du texte. Je pense qu'avec un peu plus de simplicité dans le style, j'aurais pu apprécier les grandes lignes de ce récit. Un héros antipathique et des personnages secondaires qui n'ont rien à envier à ce dernier ont eu raison de ma patience. Bref, un trop grand étalage de l'érudition d'un auteur qui donne tout ce qu'il a mais qui sature les esprits du lecteur lambda voulant tout simplement passer un moment détente en plongeant dans un livre.
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Devons-nous nous conformer aux diktats de nos sociétés modernes, consuméristes, perdues dans les chiffres et les normes ?

La littérature peut-elle nous sauver de ce que nous avons nous-mêmes instauré ?

Devons-nous refuser le combat, croyant toute révolte inutile ou illusoire, dans l'affrontement qu'imposent la recherche du profit capitaliste et de l'exploitation des hommes ?

En bref, un homme normal, banal, sans exception, peut-il créer une revue littéraire et vivre sa vie sans s'en voir tourmenté par ses proches et la société ?

C'est à toutes ses questions que nous invite ce roman, d'une grande fluidité à la lecture. Au fond, c'est à votre propre rapport au monde qu'il vous ramène. Intriguant non ?
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De prime abord, on pourrait croire qu'il s'agit d'un simple récit d'un homme qui navigue dans le monde de l'élitisme littéraire et du monde édifiant des beaux-arts. Mais sous cette surface tranquille se cache une éruption de vérités inconfortables et d'idées réactionnaires qui ébranlent nos convictions.

Ici, Patrice Jean nous sert un personnage, Antoine Jourdan, un homme qui semble avoir été jeté dans une fosse aux lions, sans armes ni armure. Il y a quelque chose de profondément ironique à voir un homme qui porte si haut l'étendard de l'élitisme se retrouver écrasé par le poids de son propre isolement et de ses frustrations. C'est le tarif à payer quand on se tient debout face à l'époque qui danse sauvagement autour de soi, en ignorant délibérément la chorégraphie collective.

Et pourtant, malgré toutes ses défaillances, "La Tour d'Ivoire" reste un récit saisissant. Pas parce qu'il est particulièrement novateur ou même agréable, mais parce qu'il n'a pas peur de se démarquer. Il y a quelque chose de presque admirable dans la façon dont Patrice Jean s'efforce de creuser sous la peau de la société contemporaine, d'exposer ses nerfs à vif et de les disséquer sans ménagement. Il est rare de trouver un auteur capable de s'éloigner autant des sentiers battus sans tomber dans la facilité.

Mais on ne peut ignorer que le style de Jean, qui flirte parfois avec le kitsch, nuit parfois à l'impact du récit. Les idées réactionnaires du personnage principal sont, à mon sens, bien trop lourdes pour être véritablement subversives, et l'intrigue du roman semble être réduite à un simple prétexte pour faire avancer le discours de l'auteur. Voici ici une oeuvre qui, bien que parfois maladroite, dépeint une image sincère et désabusée de notre époque.
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Sur le fond, les passions humaines ont toujours été les mêmes. Sur leurs formes, Patrice Jean nous en fournit une illustration contemporaine édifiante dans Tour d'ivoire. Dans la France du XXIème siècle, les grenouilles de bénitier ont cédé la place aux pimprenelles ânonnant leurs slogans progressistes. Les notables, jadis aux premiers rangs dans les églises pour écouter la parabole des premiers qui seront derniers, ont cédé la place aux bobos promoteurs du vivre-ensemble qui se maintiennent à bonne distance de la France des relégués. Dans le domaine du divertissement auquel la littérature est assignée, celle-ci ne fait pas le poids face au reste de l'offre. Sa promotion passe désormais par sa disneylandisation puisque l'époque en a décidé ainsi.

Antoine Jourdan paie le prix fort pour son refus d'entrer dans le grand bal des nouveaux dégueulasses. Relégation sociale, misère relationnelle, sentimentale… et sexuelle, bien sûr. Lorsqu'il se lance enfin dans la danse, il se trouve vite nu. C'est que l'encanaillement ne s'improvise pas, Monsieur Jourdan. L'encanaillement est une profession de foi, un plan au long cours où chacun est récompensé à hauteur de son aptitude à la compromission et à la combinaison. Vous avez perdu, Monsieur Jourdan. Vous boirez la coupe jusqu'à la lie pour vous être détourné de la comédie humaine, quand bien même vous l'auriez jugée grotesque. Quant à vos livres et vos arts réputés beaux, vos amitiés rares, ayez l'amabilité d'emporter tout ce fatras avec vous !

Patrice Jean ne devrait pas avoir besoin de grande promotion pour figurer parmi les meilleurs auteurs de cette décennie. On le comparerait volontiers à d'autres, mais j'ai vu dans l'une de ses interviews qu'il rechigne à l'exercice. Alors je me contenterai de dire que nous avons affaire ici à un grand roman.


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Un homme entre deux ages, s'ennuie dans un emploi subalterne dans une médiathèque. Un frere, à qui tout réussit, mais dans une sensation de vide. Une soeur, dont le mari rêve de réussir. Son ex-femme, qui se demande pourquoi elle l'a aimé. Sa fille, intelligente et complice avec son père. Des amis, bercés de littérature.
Chaque roman de Fabrice Jean se découvre comme un documentaire, qui raconte les misères de l'homme (au sens masculin du terme), quelques fois dépassées grâce à la littérature. L'Homme Surnuméraire, La Poursuite de l'idéal et Tour d'ivoire: tous ont les mêmes ingrédients.
Si les ingrédients vous plaisent, vous aimerez ce livre.
C'est mon cas.


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Le roman est bien ancré dans la réalité et nous emmène sur les pas d'Antoine. Antoine aime la littérature et les livres jusqu'à l'obsession, mais pas n'importe quelle littérature, celle qui est rare et pointue, celle qui n'est pas forcément appréciée de tous. Avec son meilleur ami, ils ont fondé "Tour d'Ivoire", une revue littéraire exigeante, voire intransigeante, qui, bien sûr, ne fonctionne pas du tout. Antoine vit avec sa fille dans un HLM d'une banlieue délabrée. Son ex-femme l'a quitté et le déteste. Il n'a pas d'argent, mais cela n'a pas d'importance pour Antoine ! Il a deux amis, sa fille et les livres. Cependant, tout va bientôt s'arrêter...
Ce roman social et misanthrope nous entraîne dans plusieurs univers, de la banlieue aux soirées chic de la capitale. À l'image d'un Houellebecq, Patrice Jean nous emmène totalement avec son héros. On tourne les pages avec plaisir pour découvrir la suite des aventures presque philosophiques d'Antoine.

Dommage que Patrice Jean ait choisi de rendre ses personnages si antipathiques. Ils n'aiment personne, ce qui rend parfois difficile pour les lecteurs de les apprécier et de ressentir de la sympathie pour eux et leurs histoires. C'est d'autant plus dommage que le livre est parfois très drôle ! A lire pour découvrir ce personnage de pied nickelé et son environnement un peu dingue.
Cette première rencontre avec les livres de Patrice Jean m'a définitivement donné envie d'aller découvrir ses autres oeuvres.
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Antoine est un amoureux littérature, de la vraie littérature attention celle des grands auteurs ! Autant vous dire qu'entre ses voisins de palier de sa tour HLM et son travail à la médiathèque son quotidien n'est pas toujours facile socialement parlant. Idéaliste avec problèmes bien réels, depuis son divorce sa vie n'est plus aussi facile qu'avant et des choix doivent être fait, parfois à l'encontre de ses valeurs et de ses amitiés…

Patrice Jean avec son style percutant donne du rythme à ce personnage qui devient de plus en plus attachant au fil de ses rencontres et de ses déboires. Tour d'ivoire est un roman qui se dévore et qui nous peint une vision de la société vécue par celle est ceux qui ne s'y reconnaissent plus.

Tour d'ivoire m'a été offert par l'éditeur.
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superbe lecture qui s'eloigne définitivement du politiquement correct et de la grise pensée occidentale. de belles rêveries pleines d'ironie !
Très bien écrit, fluide malgré quelques longueurs, mais rattrapées par la modernité et des traces d'humour fines !
Je recommande !
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