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EAN : 9782253033400
544 pages
Le Livre de Poche (01/10/1983)
3.77/5   76 notes
Résumé :
La gloire plaît aux femmes et les fascine comme le pouvoir. Chateaubriand - sans doute le plus grand écrivain français - lia plus que personne sa vie sentimentale à sa vie politique et littéraire. L'indifférence et la passion qui flottaient autour de lui faisaient se lever sur ses pas des bataillons de jeunes femmes, armées et casquées pour les combats de l'amour. A chacune il fut tenté de murmurer Mon dernier rêve sera pour vous. A une seule, avant sa mort, il dira... >Voir plus
Que lire après Mon dernier rêve sera pour vous : Une biographie sentimentale de ChateaubriandVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Mon dernier rêve sera pour vous/Jean d'Ormesson
Amours multiples et tumultueuses…
Chateaubriand se souvient…Vieilli, il flâne dans les rues du Paris de sa jeunesse et les souvenirs l'assaillent… « Ce qu'il y a de merveilleux dans le passé, c'est qu'on en sait déjà l'avenir. »
La rencontre en Angleterre avec Charlotte Ives permet à François René de Chateaubriand, jeune aristocrate né en 1768, disciple de J.J. Rousseau, précurseur du romantisme, émigré suite à la révolution française, (« en France un homme est toujours suspect »), de revivre les heures du château de Combourg, réminiscences de Lucile sa soeur bien aimée, tandis que le père erre nuitamment dans les couloirs du château jusqu'au coucher. Son réel talent de conteur charme la belle et solitaire Charlotte.
Jean d'Ormesson reprend là les beaux passages des Mémoires d'Outre-Tombe concernant cette adolescence brimée sévèrement par ce père étrange et hautain. A la suite et tout au long de ce livre, une grande revue historique allant de la Révolution à l'orée de la seconde république se mêle aux amours tumultueuses de René.
Il faut rappeler que les Mémoires d'Outre Tombe de F.R. de Chateaubriand représente un somptueux monument édifié à la mémoire de sa soeur Lucile, son aînée, sa camarade d'enfance, sa compagne d'adolescence à qui il vouait une passion sans limite et réciproquement. le style de Jean d'Ormesson fait merveille dans l'évocation de cet amour « interdit ».
Cette aventure anglaise restera pour René un des plus grands malentendus de sa vie.
Revenu en France, la rencontre avec Pauline de Beaumont à l'heure du Consulat est toute autre : « Une petite société se constituait autour des amants : la gloire, l'amour, l'esprit, en étaient les ciments. »
Mais le destin met Delphine de Custine sur la route de René qui va devenir la rivale de Pauline.
Jean d'Ormesson est sans concession vis à vis de René et le portrait psychologique qu'il en dresse durant l'épisode « Pauline » n'est guère reluisant. Egoïste, orgueilleux, vaniteux, indifférent, versatile, René veut être aimé, admiré, et choyé. Sous la plume de J. D'O. il ne nous paraît pas très sympathique quoique ni mesquin ni paresseux, mais cependant menteur et souvent odieux. Il sait allier le charme, le génie et la générosité à « un égoïsme farouche et une duplicité indéfiniment renouvelée. »
La duchesse de Duras va entrer dans la vie de René avec patience et obstination, angélisme et résignation : René ne l'aime pas, mais veut bien en faire son ordinaire. Dans le même temps Natalie de Noailles use de son charme irrésistible envers René et honore sa réputation de mangeuse d'hommes : « Je suis bien malheureuse. Aussitôt que j'en aime un, il s'en trouve un autre qui me plaît davantage. »
On l'aura compris : l'emploi du temps de René est chargé : « Dès le retour de Rome et l'établissement de l'Empire, quatre femmes presque à la fois se mettent à l'occuper tout entier : l'une était sa soeur entrain de mourir, les deux autres ses maîtresses, la dernière sa propre épouse, Céleste, qu'il s'agissait de fuir,… Céleste qui avait surtout le tort d'aimer avec passion son insupportable et irrésistible mari. »
Deux femmes vont entrer de façons très différentes dans la vie de René l'Enchanteur : Madame de Staël, fille de Necker, courtisée de toutes parts, et son amie Juliette Récamier et ses bacchanales, fille naturelle de son propre mari ( !), femme à la beauté éblouissante et brillante en société. Dès lors « la douceur de René n'allait plus guère s'exercer qu'à l'égard de Juliette. Et c'est vers le septième ciel de la passion coupable qu'il allait s'envoler. »
Il est étrange de noter combien les moeurs de l'époque étaient plus libres que de nos jours. Après la Terreur va s'ouvrir une période un peu folle sous le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Restauration. Toutes ces belles femmes voyaient dans les grands de ce monde, princes, politiques et artistes de toutes les nations des amants interchangeables, Bernadotte, Metternich, Wellington, Mathieu de Montmorency, Benjamin Constant, Canova, Auguste de Prusse, David, Talma, etc… et bien sûr François René de Chateaubriand. Comme dit D Ormesson, c'était un « carrousel des coeurs » .
Juliette Récamier, entremetteuse et confidente, avec une habileté diabolique va tisser les intrigues politiques et amoureuses et se trouver au centre de toutes les combines gouvernementales et des idylles. Egérie du légitimisme et en héritière de Madame de Staël protectrice des libéraux, elle reçoit beaucoup et l'on peut croiser dans ses salons outre les politiques toute la société intellectuelle de Paris : Hugo, Lamartine, Mérimée…etc. D'Ormesson écrit : « Autour de Madame Récamier, tous les coeurs battaient. »
Promu Ministre des Affaires Étrangères de Louis XVIII, Chateaubriand va vivre une passion dévorante pour l'ardente, sensuelle et belle Cordelia de Castellane, fille de banquier, passion qui va éclipser du même coup Juliette, Céleste et Claire de Duras.
Dans le même temps, une certaine Fortunée Hamelin fréquente assidument le bureau du ministre.
Et puis après une aventure avec la belle Hortense Allard alors qu'il est ambassadeur à Rome, ce seront les retrouvailles passionnées entre Juliette et René. Ils vont aller de fêtes en fêtes dans cette ville tant aimée. René écrit amoureusement à Juliette mais reçoit toujours Hortense. Viennent alors s'intercaler la marquise de Vichet et surtout la jeune Léontine de Villeneuve avec qui il échange une correspondance enflammée, « furieusement romantique et pleine d'exaltation. » L'Occitanienne sera cette « fleur charmante qu'il ne voulut point cueillir » mais qui lui inspirera des lignes d'un romantisme échevelé dans la Confession Délirante .
Le beau style de Jean d'O. se met au service des aventures multiples de René : « Sa rêverie , ce jour là, était nourrie par le spectacle d'une foule de jeunes femmes ravissantes. Leur beauté l'enivrait. Maudissant son automne et son monceau d'années, il regardait rouler sous ses yeux au son de la musique répandue par les orchestres, ces flots de fleurs, de plumes, de diamants et de grâce. »
L'âge venant, René retrouva Juliette : « Ainsi Juliette finit-elle par occuper tout l'immense espace sentimental qui s'étend, chez René, entre la vie et les songes…Il ne lui avait donné ni son nom, ni sa vie, ni un enfant, mais un amour pour l'éternité. »
Un récit magnifique et émouvant. 560 pages de rêve.

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L'ouvrage débute timidement. On craint de n'avoir affaire qu'à une réécriture élégante mais un peu vaine des Mémoires d'outre-tombe. Et puis, la mélodie propre de l'ouvrage se détache, trouve son rythme. Le style est superbe de classicisme un peu désuet, avec ce goût pour les paradoxes assénés en quatre mots bien pesés. Ce style colle merveilleusement au sujet. L'auteur, qui a travaillé son thème, parvient à nous passionner pour l'époque, ses salons, ses intrigues dans la grande et les petites histoires - sans éviter, c'est vrai, quelques répétitions ici ou là. L'académicien national entretient avec son grand écrivain une relation complice mais non dénuée d'un regard critique sur ses nombreux travers : il ne les cache pas, les juge parfois avec sévérité, mais cette humanité semble renforcer encore l'attachement de Jean d'Ormesson à Chateaubriand. On le suit volontiers dans cet exercice d'admiration profond et brillant.
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Roman d'amourS...qui conduit mine de rien à lire Chateaubriand...
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un des rares livres que j'ai abandonné en cours de lecture...
long tellement long, et pourtant jene me décourage pas facilement, je suis plut^to tenace, tout plutôt que lâcher un livre mais là vraiment j'ai pas pu...
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Je ne suis pas un grand fan de l'homme D Ormesson. Mais là, je rends les armes. Et ce, grâce à Chateaubriand, que j'admire en tant qu'écrivain, tout en n'étant pas, là aussi, un grand fan de l'homme. J'oublie l'homme, je ne veux voir que l'oeuvre.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
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Une ère nouvelle commençait : elle serait dominée par deux rivaux associés : Napoléon Bonaparte et son ennemi le plus intime, le vicomte de Chateaubriand.
Dès le début, les futurs adversaires, le septique d'hier et le despote de demain, sont unis par un même soucis : la restauration de la religion. Ils s'y attachent pour des motifs différents et, en vérité opposés : l'un parce qu'il s'est mis à croire et qu'il tire son inspiration de la splendeur de l’œuvre de Dieu ; l'autre parce qu'il veut gouverner et que l'appareil catholique légué par l'ancien régime est un fantastique instrument de domination des esprits et des cœurs.
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Ceux qui lui dictaient sa conduite n'étaient pas tous prêts eux-mêmes à imiter cet exemple ; et ceux-là mêmes qui se retirèrent avaient souvent une fortune qui rendait le sacrifice moins pénible. Ce n'était pas le cas de Chateaubriand : il n'avait que des dettes et aucun de ces revenus qui permettaient aux autres de parler haut et de donner des leçons qui ne leur coûtaient guère.
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Bonaparte se préparait à les barioler de rubans, à les salir de titres, selon la formule de Chateaubriand, à les forcer de trahir leurs opinions et de déshonorer leurs crimes. De jour en jour s’accomplissait la métamorphose des républicains en impérialistes et de la tyrannie de tous dans le despotisme d'un seul.
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Malesherbes appartenait à la race maudite et bénie qui est le sel de la terre et qui attire le feu de l'histoire avec autant de sureté que les paratonnerres de M. de Franklin attiraient celui du ciel : il était libéral. Il ne défendait pas les doctrines révolutionnaires qui tenaient alors le haut du pavé. Il était attaché aux principes réformateurs. Directeur de la librairie, adversaire du chancelier de Maupeou qui réclamait la mort pour les écrivains séditieux, le président de Malesherbes, au lieu d'asservir la pensée, avait tâché plutôt de développer la tolérance et d'adoucir autant que possible les rigueurs de la censure : elle dépendait de lui. L'Encyclopédie était parue sous son administration.
"M. de Malesherbes, écrivait un orfèvre, bon juge en la matière, n'avait pas laissé de rendre service à l'esprit humain en donnant à la presse plus de liberté qu'elle n'en a jamais eu : nous étions déjà presque à moitié chemin des Anglais." L'auteur de ces lignes était Voltaire.
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[Extrait d'une lettre de Chateaubriand à Juliette Récamier] :
Vous êtes partie : je ne sais plus que faire ; Paris est le désert, moins sa beauté. Où vous manquez, tout manque. Je rentre en moi, mon écriture diminue, mes idées s'effacent ; il ne m'en reste plus qu'une : c'est vous.
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Vidéo de Jean d' Ormesson
"Une petite merveille ! le seul conte écrit par Jean d'Ormesson et qui ressemble tellement à ses yeux bleus et pétillants ! de 8 à 120 ans !" - Gérard Collard.
Il était une fois, quelque part dans une vallée entourée de montagnes, un petit garçon comme tous les autres...
À retrouver à La Griffe Noire et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/l-enfant-qui-attendait-un-train.html
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