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Un groupe en tenues rayées avance: parmi eux Franz Muntz , décharné ,émacié, silencieux ,maigre, figurine creuse, dépiautée par l'humiliation !
Il rejoint "Lugendorf", sa petite ville natale, après une errance dans son propre pays, fuyant les uniformes, dormant et mangeant où il pouvait...
Nous sommes en Allemagne en 1945.
Franz porte encore le triangle rouge des déportés politiques, infamie , "souillure" indicible de ses cinq années de survivance au camp de Dachau,en tant que journaliste emprisonné pour la tenue des ses articles d'opposition .
Il traîne son passé de captif: l'arrestation- la baraque- les morts- la puanteur des agonisants - dans les plaies béantes d'un pays vaincu, dévasté, anéanti, déchiré, épuisé , lourd de mensonges et de silences....
Combien d'articles Franz a t-il écrit sur "Mein Kampf"?
Dés 1927, il l'a démembré , comme on dépiaute un crabe, en a sorti les fondements racialistes, la" haine" conductrice, la violence, la circularité hypnotique des idées, qui dérivait pour mieux asséner , une répétition comme un envoûtement maléfique .....
Désormais il désire à tout prix retrouver son fils Kasper, dont il est sans nouvelles depuis son entrée aux jeunesses hitlériennes.

Quelque soit le prix de sa quête , il se rend à l'hôpital d'Hadamar
qui semble silencieux et .....vide.Pourtant son cimetière a été agrandi à plusieurs reprises !

Il y rencontre un officier américain germanophone Wilson qui a décidé d'enquêter sur ses activités...

Les habitants , eux, sont fuyants, énigmatiques , personne ne veut parler.Chacun élude les questions .
Las ! Hadamar est l'un des six centres désignés pour éliminer les personnes déficientes : handicapés mentaux , malades psychiatriques ....un programme nommé Aktion t4: " Faire souffrir les souffrants- jusqu'à la mort-et renforcer le pouvoir des dominants - jusqu'à la mort"-Hadamar c'est la réponse Nazie à l'aléatoire couperet de l'existence : La Mort Pour Tous-" une mathématique de la terreur où les faibles n'ont plus leur place!

Une totale déshumanisation , une élimination systématique -je n'entrerai pas dans les Détails ...
À travers les découvertes de Franz , nous revivons les heures les plus sombres du nazisme et l'indicible horreur qui y est associée!
L'auteur nous remémore un fait historique occulté ou oublié!
Les mots sont justes, les situations réalistes nous entraînent au plus profond de l'ignominie , l'infamie de ces meurtres perpétrés ,de ces crimes programmés , la stratégie de l'extermination à son paroxysme .

"Ces gens qui ne sont pas faits pour le combat ne peuvent être
qu'un poids pour la communauté nationale ". "les faibles n'ont pas leur place, c'est la loi de Dieu".
Un roman historique puissant , fort, magnifiquement écrit , sans concession ni fioritures, ni misérabilisme , l'auteur nous emmène sur le terrain de l'indicible pour comprendre sans" Jamais oublier".
Un ouvrage qu'il faut lire si l'on en a le courage !

Mais ce n'est que mon avis , bien sûr !Merci à ma libraire Marie de "La taverne du livre à Nancy".





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Hadamar. Étymologiquement Hades mare la "ville de l'enfer".

Hadamar a été le théâtre de l'opération T4 (ou mort miséricordieuse), dans un asile regroupant des déficients mentaux, des malades psychiatriques, mais aussi des "moitiés-juifs" (de père), des autistes, etc.

"(...) il y a dans cette étymologie une vision, un cri poussé du Moyen Age à la vue prophétique de ce qui aurait lieu ici au XXe siècle. Hades mare. Une des portes de l'enfer a été dressée en plein coeur de l'Allemagne, entre champs et collines."

Si l'histoire de ce livre emprunte la fiction, tous les crimes qui y ont été commis font bien partie de l'Histoire.

Franz, un Allemand libéré du camp de Dachau où il était enfermé comme prisonnier politique, s'en va retrouver son fils Kasper. En partant à sa recherche, il croise un soldat américain, Wilson, qui depuis trois mois fait des recherches sur ce qui s'est passé à Hadamar, dans cet asile où tout semble s'être évaporé. A mesure de ses investigations, il découvre l'horreur de ces lieux et en est particulièrement touché car sa soeur, Emma, est elle-même atteinte d'une maladie psychiatrique.

Il révèlera à Franz où se trouve son fils, si seulement celui-ci, ancien journaliste, consent à rédiger un article sur les crimes commis à Hadamar...

J'ai été littéralement captivée par ce roman historique à l'écriture sobre et fluide. L'émotion s'immisce subtilement, et malgré l'horreur du sujet, n'est pas plombante grâce à des faits plus suggérés qu'étalés crument.

Un très beau livre.
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Un homme, rescapé de Dachau arrive à Hadamar. Il a survécu à cinq ans d'enfer, et a été séparé de son fils. Il espère qu'il aura survécu dans cette région isolée de l'Allemagne. Lorsqu'il arrive au village, les gens sont silencieux, nul ne dévoile ce qu'il s'est passé dans l'hôpital proche d'Hadamar… le silence sera seulement brisé par Wilson, officier américain, qui cherche à comprendre, trouver et faire condamner les coupables.
A Hadamar entre janvier et aout 1941, des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants, ont trouvé la mort. C'est l'un des centres du programme Aktion 4. En 1947, le procès a punis une partie des coupables, mais l'Histoire oublie parfois. Oriane Jeancourt Galignani nous remémore la stratégie d'extermination des malades psychiatriques et handicapés mentaux des nazis qui refusaient que la société prenne en charge les faibles. Dans les pas de Franz, le lecteur est à la recherche de la vérité, pour comprendre sans jamais oublier. Les mots sont justes, les situations réalistes nous emportent au plus profond de l'horreur. Voilà indiscutablement un livre à lire, à poser, à méditer.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Je viens de lire ce roman dans le cadre du Prix des Lecteurs du Var. Je dois avouer que de moi-même, je n'aurais pas été attirée par ce livre.

Cet ouvrage se base sur des faits historiques. Hadamar est une petite ville d'Allemagne dont l'hôpital psychiatrique a servi de lieu d'extermination par les nazis.

Franz était journaliste. Il a tenté de dénoncer dans ses articles les agissements des nazis. Ce qui lui a valu d'être déporté à Dachau. A la libération du camp, il se rend à Hadamar, petite ville proche de celle où il demeurait auparavant avec son jeune fils Kasper. Franz espère le retrouver vivant après sa longue absence.

L'ambiance qui règne dans la ville est particulière : les américains y ont installé une base, la plupart des habitants semblent se cacher. Franz, après sa rencontre avec le commandant Wilson, va découvrir quelles horreurs ont été perpétrées entre les murs de l'hôpital.

En échange de renseignements sur l'endroit où se trouve Kasper, Franz va accepter d'aider le commandant Wilson à retrouver l'ancien directeur de l'établissement et des membres du personnel afin qu'un procès puisse avoir lieu.

Ce qui sera mis à jour pendant ce procès fait froid dans le dos : entre janvier et août 1941 10.072 personnes sont mortes dans la chambre à gaz de l'hôpital : malades et handicapés physiques ou mentaux (les « Inutiles ») et les juifs.

Ce qui est terrifiant, c'est la méthode, la rigueur voire le zèle avec lesquels le personnel a obéi aux ordres et effectué ce « sinistre travail ».

» Cette obstination chez l'Allemand le fait frémir ce soir. Ils ne lâchent rien. Ils sont ainsi dans ce pays. Un peuple d'obstinés. Ils n'ont rien lâché à Hadamar. Pour atteindre les objectifs, ils se sont dépassés, ils se sont battus à mort. Et puis ils ont bu. Pour fêter ça. En bas, parmi les corps. »

Le directeur de l'hôpital avait même envoyé un courrier stipulant que : « pour identifier les malades, nous vous demandons d'écrire le nom et le prénom de chacun d'entre eux entre les omoplates à l'encre bleue à même la peau avant qu'elle ne soit brûlée. Et pour les patients aux noms communs, par exemple Schmidt, Meyer, Müller, d'ajouter la date de naissance sur la peau. »

Si Franz est heureux d'avoir retrouvé son fils, une question le taraude : dans la mesure où Kasper a été hébergé par l'hôpital, celui-ci a t-il participé à ces horreurs et si oui à quel titre ?

J'ai mentionné au début de cette chronique que je n'aurais pas lu ce roman de moi-même mais je suis contente de l'avoir fait car au-delà de l'horreur des faits, l'auteure traite d'une façon remarquable ce qui s'est passé en Allemagne après la guerre, comment ses habitants ont dû « laver leur linge sale » avant de pouvoir à nouveau cohabiter et réapprendre à vivre ensemble.

Ce roman est triste mais puissant.

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Grâce au prix Orange du livre 2017, j'ai eu la chance d'être sélectionnée pour découvrir un roman de la rentrée 2017. Merci de m'avoir fait découvrir Hadamar, un roman à la fois beau et terrible.

En 1945, Franz est libéré du camp de Dachau dans lequel il a été déporté pour opposition politique. A l'époque journaliste, son ton dénonciateur et ses attaques contre le régime nazi l'ont condamné. Il aurait pu s'enfuir mais il a toujours gardé espoir que le peuple allemand prenne conscience de la folie nazie. Revenu d'entre les morts, il retourne dans sa ville où il a laissé son fils Kasper. Qu'est-il devenu ce fils bien trop maigre et malade pour s'enrôler dans les troupes allemandes? Dans un pays dévasté par la guerre, où les Américains veillent à la reconstruction, Franz mène l'enquête pour retrouver son fils disparu.

Au détour d'une rencontre, il fait la connaissance de Wilson, haut gradé de l'armée US. Celui-ci l'oriente vers l'hôpital psychiatrique d'Hadamar. Un hôpital isolé dans lequel en 1941 de drôles de choses se seraient déroulées. Les patients, schizophrènes, sourds, muets, handicapés physiques et mentaux mais aussi enfants « à moitié juif » y ont été envoyés pendant cette période. Toutes ces personnes devenues un poids pour la société nazie ont transité par cet hôpital. Que sont-ils devenus? Franz enquête avec Wilson et découvre une horreur sans nom.

Hadamar est un lieu qui a réellement existé. Si l'auteur romance les faits, elle a aussi enquêté sur ce lieu terrible. L'asile d'Hadamar a été la première pierre portée à l'édifice nazie de la déshumanisation et de la négation de l'Autre. Oriane Jeancourt Galignani narre ici une réalité terrible, au-delà de l'horreur. Elle fait vivre au lecteur un processus qui donne la nausée.

Mais au-delà de cette intrigue, elle pose la question de la soumission, de l'action. Tout le monde savait à Hadamar ce qu'il se passait. Les bus parvenaient aux portes de l'asile pleins à craquer et repartaient toujours vide. La rumeur enflait. Qu'ont fait tous ces gens qui voyaient, qui entendaient, qui sentaient? Pourquoi ont-ils fermé les yeux? Qui sont les coupables? Les nazis ou la population?

L'auteur réussit le pari de nous amener sur le terrain de l'indicible, de l'innommable sans jamais tomber dans le voyeurisme, sans jamais porter de jugement sur ceux qui n'ont rien fait car qu'aurions-nous fait à leur place? Son personnage Franz est touchant, à la recherche de ce fils perdu, prodigue. Wilson, hanté par sa soeur malade Emma, tente de venger tous ces malheureux pour que personne n'oublie qu'un jour, ils ont été. C'est beau, puissant, terrible et hélas, vrai!

Avec Hadamar, Oriane Jeancourt Galignani nous plonge dans un roman d'une puissance inouïe. Cette histoire m'a bouleversée du début à la fin. Sans concession, elle nous ouvre les yeux sur une période noire qu'on aimerait enfouir dans les mémoires et penser que rien de cela ne s'est jamais produit. Bienheureusement, l'auteur est là pour nous faire voir jusqu'où l'horreur a pu aller, pour ne jamais oublier.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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Hadamar, le titre du Roman, est une ville qui existe en Allemagne. C'est là qu'en 1941, la 1ère chambre à gaz a fonctionné pour éliminer des handicapés mentaux, éléments nuisibles à la puissance nazie. Cette opération d'épuration de la race est connue sous le nom d'opération T 4, car décidée dans des bureaux situés au 4 de la Tiergartenstrasse à Berlin. 6 hôpitaux, dont celui d'Hadamar, vont être transformés en centres eugénistes et causer la mort de 70 000 victimes. Les résultats sont si facilement obtenus que la procédure sera reproduite dans les centres de mise à mort quelques mois après.
Même si le livre s'appuie sur des faits réels, il ne s'agit pas d'un livre d'histoire. C'est une vraie fiction qui se déroule, en seconde partie à Hadamar. Un journaliste, Franz, opposant au nazisme et rescapé du camp de Dachau revient chez lui en 1945 et se met à la recherche de son fils Kasper âgé d'une vingtaine d'années. L'enquête l'amène jusqu'à l'hôpital d' Hadamar où son fils a travaillé. Les Américains, qui ont libéré les lieux, enquêtent sur les faits qui s'y sont déroulés et Wilson, l'Américain qui a en charge cette enquête et la préparation d'un procès, demande à Franz de rédiger un reportage. le livre met en confrontation ces 2 hommes.
J'ai aimé ce livre. Il nous remet en mémoire un pan peu connu de la politique nazie. Je l'avais déjà entrevu dans « l'insomnie des étoiles « de Marc Dugain ou « le siècle » de Ken Follet. Ici, c'est le sujet principal du livre mais l'horreur nous est dévoilée, progressivement, pudiquement, au rythme de l'avancée du reportage de Franz. L'accent est mis sur la complicité de la population locale qui a laissé faire, n'ignorant rien de ce qui s'y passait réellement. En revanche, les protestations de l'Eglise qui ont ralenti l'organisation sont passées sous silence dans le roman.
On pourrait s'étonner qu'un tel sujet devienne objet de roman. Quand le thème de la Shoah a inspiré des romanciers (ex : les bienveillantes), certains ont crié au scandale. Pourtant, le sujet n'en ressort pas banalisé. Il en devient même plus concret ; on le perçoit de manière plus sensible…
A recommander aux amateurs d'Histoire.
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Ce roman nous fait revivre les heures les plus sombres du nazisme et l'horreur qui y est associée . Il nous remémore un fait historique qui a été plus ou moins occulté ou oublié .
Franz , opposant politique et journaliste , a passé plus de quatre ans à Dachau . Il n'a qu'une idée en tête , retrouver son fils Kasper , sa seule famille . Quand il rentre chez lui , l'oiseau s'est envolé .
Sa recherche lui permet de rencontrer un officier américain , Wilson , germanophone et juif d'origine , qui a décidé d'enquêter sur les activités de l'hôpital d'Hadamar . Dans ce centre , ils découvrent rapidement que les handicapés physiques et mentaux , ainsi que les Mischlinge (enfants de père ou de mère juifs) étaient gazés et réduits en cendres (niedergebrannt) dans un four crématoire .
Naturellement , les habitants d'Hadamar restent silencieux et préfèrent le mensonge en face du revenant et de l'officier . Mais il reste suffisamment de témoins , de responsables et de documents pour attester de ce crime contre l'humanité perpétré par une poignée de criminels sans scrupules .
En fait , Hadamar est l'un des six centres qui ont été désignés pour éliminer les personnes déficientes . Ce programme , nommé Aktion T4 (le bureau central de l'opération était situé dans une villa au numéro 4 de la Tiergartenstrasse à Berlin ) , visait à éliminer les personnes handicapées . Ce sont les principes de l'eugénisme :
"Les faibles n'ont pas leur place , c'est la loi de Dieu . Toutes les créatures vivantes doivent se plier à cette loi , (...) ces gens qui ne sont pas faits pour le combat ne peuvent être qu'un poids pour la communauté nationale" .
Forts de ces principes , les nazis , avec la complicité de médecins et d'infirmières plus ou moins consentantes , ont fait disparaître près de 10072 personnes dans ce centre , tout cela pour la pureté de la race aryenne .
Sous la pression des familles à qui on avait enlevé de force leurs enfants , et devant les protestations , le four crématoire a été démonté fin 1941 , on a essayé de faire disparaître , sans réel succès , les traces de ce massacre . Mais on a continué à assassiner , on a simplement agrandi le cimetière de l'hôpital à plusieurs reprises .
Ce qui est finalement scandaleux , c'est le silence et la passivité de masse (les habitants d'Hadamar voyaient la fumée du crématoire s'élever dans le ciel et savaient ce qui advenait des personnes transportées en bus) des Allemands face aux assassinats de tous ces innocents .
Même si les coupables ont payé pour ces actes (ils ont été pendus) , cette histoire m'a bouleversé . On voit cette période relativement récente avec encore plus de tristesse , en se disant : pourvu que ces idées nauséabondes ne reviennent pas ...
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Voilà une bonne approche du problème de l'après guerre. Comment peut on juger la population qui vivait sous le joug d'une dictature. le fait de confronter un père et son fils est original. Malgré quelques maladresses, un beau roman qui apporte un témoignage important pour ceux qui en ignorait encore les faits.
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