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Citations sur Anthologie de poésie chinoise: Modernité 1917-1939 & 1987.. (36)

Glisser comme des papillons

Londres se prélasse dans la beauté des teintes de l’automne.
Sous un ciel bleu clair les feuilles dorées glissent ici et là
Comme des papillons sur les collines du Tibet.
Et entre une averse ou deux me donnent le mal du pays.

Les mouettes chantent le changement de saison ici, et il me manque la mélodie des coucous en juin où
le printemps se met à naviguer sur la mer de l’été.

Le soir descend après une journée affairée
et les gens aspirent à l’arome familier d’un Irish coffee
et se détendent dans les cafés.

Alors qu’ils s’apaisent avec leur tasse favorite ils évoquent les souvenirs de l’été dernier
Et les possibilités et les attentes du prochain hiver.
La vie, c‘est ou l’été ou l’hiver et le reste, des voyages.

Je suis trop loin pour chanter les chants de la terre qui me manque et les gens que j’aime,
pourtant je peux jouer les notes de leurs souvenirs sur les cordes de mes nerfs.
La mémoire n’est pas ce que l’on n’oublie pas, mais ce que l’on chérit.
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Bhaiya

Pour moi il est Bhaiya, notre coq de village.

Je ne connais ni son âge ni son nom, mais cinq gosses font la différence entre nous.

Il est un père qui a versé son enfance à la pauvreté et aux préjugés.

Pourtant il n’a cessé de rêver d’un avenir clément pour ses enfants même quand son plafond crevassé laisse filtrer des cauchemars et que son sol nu est envahi par des rats et des fourmis.

Parfois l’eau de pluie a pris le mauvais tournant pour le jeter dans les flots.
Bhaiya ne pleure pas parce qu’il sait qu’il n’y pas suffisamment de sel dans ses larmes.

Il ne hait ni ne craint les voleurs et les cambrioleurs tant qu’ils ne viennent pas avec les bulldozers des mafias du développement.

Leur idée de progrès est une mine ensevelie sous les os et le sang d’hommes et de femmes humbles et ces mines sont pleines d’arcs en ciels psychédéliques : démocratie, développement et modernisation.

Deux générations d’honnête labeur ne lui ont rien rapporté ; pas même un abri décent et le pain quotidien.

Il travaille sur une tour après l’autre
et leurs portes, le travail achevé, claquent l’une après l’autre sur son dos.

Et il se fond dans les brumes de l’oubli
soulevant de la poussière mais pas un sourcil.

* Bhaiya signifie frère en hindi.
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Losar*, oui, malgré tout

Nous sommes des Tibétains
et nous n’oublions pas notre Losar
mais nous renonçons à ses couleurs
en laissant l’obscurité définir notre existence.

Rien de favorable pour ce Losar.
Car il y a des flammes de la liberté
mais contrariées par des feux.
Entre les deux, la tragédie de la vie.

Les massacres sont déchainés chez nous
et le sang coule à travers nos villages.
Les balles balaient les belles vies.
Quand les coupables commandent la loi.

Jeune Tenzin,
jeune Dolma,
Pas de Losar joyeux pour vous.
Même notre beurre a un goût amer.

Pas de festivité mais solidarité.
Pas de plaisir mais des pleurs.
Pas de recul mais avancée.
Tout pour la voix de nos martyrs ;

Comme notre Losar annonce un nouvel horizon.
Soyons unis pour une seule cause,
Par la pensée et par l’action.
Dans le haut esprit de Rangzen.

Rangzen nous est due de naissance.
Elle doit être nôtre dans la vie.
Battons nous pour elle.
A la vie et à la mort.
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Palden sonam
Héritage

Il n’est nul besoin que notre proche voisin nous dise qui est notre mère ; elle parle dans le silence de nos gênes et nous la comprenons dans la rougeur de nos joues et la chaleur de notre cœur ; amour et compassion.

A nos amis notre identité unique ne sera jamais chauve souris au lieu d’oiseau.

Nos ancêtres ont encodé notre identité dans le langage des souvenirs que de temps immémorial détient notre pays bien-aimé
Un savant ne saura jamais lire nos manifestations génétiques sans d’abord étudier notre Tsampa [5]. Notre texture se tient dans nos goûts.

Chaque grain de sable
chaque gouttelette d’eau
et chaque brin d’herbe
nous a maternés et nourris en esprit et en bonté.

Nous sommes les fils et les filles des nuages blancs qui glissent de Machu [6]
dans l’Amdo vers Drichu [7]
dans le Kham pour finalement verser leurs orages sur Kyichu [8] dans l’U-stang.

Leur amour et leur ardeur nous portent et le vent qui souffle en rafales des glaciers du Tibet est notre accoucheuse.

Nous sommes doux comme le murmure de l’aimée à minuit et forts comme les ailes d’un aigle au combat.

Nous sommes la création artistique de notre pays ; notre fierté est haute comme les collines de l’Himalaya, notre cœur grand comme les vallées du Tibet et notre sang court au rythme de nos fleuves bleus. Sans fin à notre héritage et lignage.

Nous sommes nés pour aimer les très bas et guider les égarés.

La libération est un langage intrinsèque à notre idée de l’existence *dont nous nous départons alors que le chemin du nirvana brille à l’horizon oriental.

Nous sommes les Bodhisattvas qui aimons notre thé au lait.

*NdP : Ici je m’efforce d’exprimer l’idée que les Tibétains se font de la vie et de sa finalité : dans l’idéal nous croyons que les êtres humains peuvent se libérer du cycle des existences ou samsara ; de même que la terre brille plus fort quand le soleil brille à l’est, nous nous libérons de l’obscurité de l’ignorance cause de toutes les souffrances en atteignant l’éveil. Quand la lumière du nirvana ou éveil brille comme le soleil l’obscurité de l’ignorance disparait.
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Un Lotus

Il fait un froid d’enfer
et je frissonnais comme une herbe sur un rocher
les os douloureux sous la peau
la peau emmitouflée sous un pull et une veste

Comme je me forçais d’aller à mes cours
un gamin des rues jouait sur le bord de la route
sans la moindre chemise correcte sur son dos maigre
mais avec un sourire parfait sur ses lèvres gercées

Il était là, un lotus
au milieu du froid, de la faim et de la soif.
Il y a de la beauté à défier la réalité
comme un lotus épanoui au milieu de la boue.
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Palden Sonam est ce qu’on aurait nommé en d’autres circonstances, elles aussi dramatiques, un « pupille » non de la nation mais ici d’une association humanitaire française, APACT (Association Paloise Pour l’Aide à la Culture Tibétaine) qui à l’instar d’autres associations semblables d’autres pays vient depuis plusieurs décennies en aide, moralement et financièrement à des réfugiés tibétains, en Inde ou au Népal : vieillards, moines et moniales ; principalement à des enfants et des adolescents qui poursuivent des études d’abord dans des TCV (Tibetan Children’s Villages) puis dans des universités indiennes, afin de retrouver un semblant de vie normale et une activité sociale. Certains de ces jeunes gens s’installent en Inde, d’autres émigrent en Europe ou aux Amériques (le Canada offre chaque année d’accueillir plusieurs centaines de jeunes Tibétain(e)s sous réserve qu’ils s’y installent définitivement). D’autres, un tout petit nombre, décident de revenir au Tibet sans connaître le chinois qui est devenu la langue officielle de leur pays.


Nation montagne

Nous appartenons aux montagnes.

Notre mère était une roche ogresse qui était tombée amoureuse du singe de la compassion. Nous sommes une belle famille.

Nos montagnes sont coiffées de neige. Nous nous appelons le peuple à la tête noire et aux joues rouges.

Quand les bottes chinoises ont marché sur note terre avec leurs drapeaux rouges et leurs bannières rouges, nous n’avons pas apprécié.

Vite notre sang a lavé leurs drapeaux et leurs mains. Rouge, chaud, toujours vivant. Notre peuple n’est pas mort, mais il est assassiné. Il y a une grande différence entre le travail de la nature et le mal.

Après des décennies de poussière folle et de feux étrangers, nos montagnes sont devenues chauves.

Nos cheveux noirs ne peuvent l’empêcher. Nous aussi nous ressemblons à quelque chose d’autre.

Les gens des montagnes vivent au-dessus des nuages mais nous savons où s’étend le sol. La sagesse de nos ancêtres veut que nous devions respecter même la dignité d’un seul brin d’herbe.

Quand j’étais enfant, ma mère me disait que tout nuage a une histoire à porter.
Où ? lui demandais-je ? Les enfants ne doivent pas poser de questions, répondait-elle.

Elle me disait aussi que Milarepa méditait dans une grotte de montagne et survécut grâce à des feuilles de bétel.

Je ne lui demandai pas comment.

J’appris aussi de ma mère qu’il y a une petite fille sur la lune et que chaque fois que la lune est pleine elle va chercher de l’eau. Contemplant la pleine lune qui navigue dans le ciel bleu clair du Tibet je la vois toujours. Je ne sais s’il s’agit d’un fait ou d’un acte de foi.

Quand j’ai étudié les sciences à l’école, la première fois que j’ai vu une cartographie de la lune je me suis demandé si quelqu’un d’autre voyait la petite fille sur la lune. Elle doit être grande maintenant.
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Palden sonam



Un Lotus

Il fait un froid d’enfer
et je frissonnais comme une herbe sur un rocher
les os douloureux sous la peau
la peau emmitouflée sous un pull et une veste

Comme je me forçais d’aller à mes cours
un gamin des rues jouait sur le bord de la route
sans la moindre chemise correcte sur son dos maigre
mais avec un sourire parfait sur ses lèvres gercées

Il était là, un lotus
au milieu du froid, de la faim et de la soif.
Il y a de la beauté à défier la réalité
comme un lotus épanoui au milieu de la boue.
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Palden sonam

Nation montagne

Nous appartenons aux montagnes.

Notre mère était une roche ogresse qui était tombée amoureuse du singe de la compassion. Nous sommes une belle famille.

Nos montagnes sont coiffées de neige. Nous nous appelons le peuple à la tête noire et aux joues rouges.

Quand les bottes chinoises ont marché sur note terre avec leurs drapeaux rouges et leurs bannières rouges, nous n’avons pas apprécié.

Vite notre sang a lavé leurs drapeaux et leurs mains. Rouge, chaud, toujours vivant. Notre peuple n’est pas mort, mais il est assassiné. Il y a une grande différence entre le travail de la nature et le mal.

Après des décennies de poussière folle et de feux étrangers, nos montagnes sont devenues chauves.

Nos cheveux noirs ne peuvent l’empêcher. Nous aussi nous ressemblons à quelque chose d’autre.

Les gens des montagnes vivent au-dessus des nuages mais nous savons où s’étend le sol. La sagesse de nos ancêtres veut que nous devions respecter même la dignité d’un seul brin d’herbe.

Quand j’étais enfant, ma mère me disait que tout nuage a une histoire à porter.
Où ? lui demandais-je ? Les enfants ne doivent pas poser de questions, répondait-elle.

Elle me disait aussi que Milarepa méditait dans une grotte de montagne et survécut grâce à des feuilles de bétel.

Je ne lui demandai pas comment.

J’appris aussi de ma mère qu’il y a une petite fille sur la lune et que chaque fois que la lune est pleine elle va chercher de l’eau. Contemplant la pleine lune qui navigue dans le ciel bleu clair du Tibet je la vois toujours. Je ne sais s’il s’agit d’un fait ou d’un acte de foi.

Quand j’ai étudié les sciences à l’école, la première fois que j’ai vu une cartographie de la lune je me suis demandé si quelqu’un d’autre voyait la petite fille sur la lune. Elle doit être grande maintenant.
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Palden sonam

Sens de la perte

Nous avons perdu notre liberté
et fui notre patrie.
Plus nombreux sont les réfugiés
mais non les combattants de la liberté.

Nous avons crié notre douleur, notre destin
Mais oublié de faire rugir la lutte.
Jamais les larmes ne laveront le sang versé
ni vague espoir nous mener vers les collines de la liberté.

Criez pour elle si votre langue n’est pas coupée,
Levez vos mains pour elle si elles ne sont pas tranchées
Gardez-la en mémoire si votre cerveau n’est pas vidé de ses cellules
Et vivez-là s’il vous reste un soupçon de dignité.
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Palden sonam

Sous la lune

Le vent gémit
Et les arbres tremblent
Feuilles basses sur le sol
Tombant à ma sensation de nu
Pleurer les perdus
Et guérir les blessures
Qui hantent mon cœur brisé
Souffrir en silence
Derrière son absence
Ma patrie bien-aimée

Ce soir sous la lune
je compte les jours de mon exil
Luttes et études
Dans un étrange pays étranger La
maison est suspendue à mon espoir
Trop proche pour y penser
Mais trop loin pour aller

Maintenant mon cœur est lourd
Et l'esprit est agité
Mon corps est au bord de l'explosion
Frustration et fatigue remplie
J'avais été trop patient avec le passé
Maintenant je ne peux pas supporter le présent
Un enfer avec un masque céleste
Comment je dois voir le futur ?
Trop sombre et lointain
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