Citations sur Cuba libre, tome 2 : Siempre Cuba (34)
C’est la nana que tous les mecs rêvent d’avoir à leur bras, je vois bien comment les gars de l’équipe la reluquent. Des cheveux longs d’un blond éclatant, une silhouette mince, toujours élégante quelles que soient les circonstances, un sourire qui inspire confiance, une peau de lait, des yeux gris, elle attire tous les regards. Enfin presque. Mes potes ont d’ailleurs fait la gueule quand je leur ai dit que j’allais la revoir après cette fête de juin pour célébrer la fin des cours. J’avais un peu trop bu, l’une des seules fois où ça m’est arrivé après mon retour de Cuba, et je l’ai embrassée.
Addi poursuit la tradition familiale, elle étudie le droit pour devenir avocate. Elle espère se spécialiser dans le pénal, le droit des affaires ne l’intéresse pas, mais si son paternel décide qu’elle doit suivre ses pas, elle le fera. Elle est un peu comme moi et ploie sous la peur de décevoir.Sauf qu’elle est trop parfaite pour décevoir qui que ce soit. Belle, intelligente, gentille, douce, jamais un mot plus haut que l’autre… Elle a tout pour elle. C’est d’ailleurs pour ça que je sors avec elle. Elle ne m’a pas jugé malgré mes conneries, et m’a même soutenu dans mes décisions, sans jamais me remettre en question.
Est-ce que Cris et moi sommes réellement amis ? Après tout, elle m’a lâché. Mon cœur bat un peu plus fort et le nœud se détend. Je souris contre ma tasse. Un sourire que j’étouffe, car il n’a rien à voir avec celui que j’ai servi à ma mère. Il est vrai.J’ignore si pour le moment nous sommes amis, mais nous allons le devenir.
Devant elle.Je fourre les mains dans mes poches pour ne pas faire une connerie comme la prendre dans mes bras. Comme l’embrasser. Comme lui hurler dessus parce qu’elle ne m’a rien dit.Discrètement, j’inspire à la recherche de la meilleure des cames. Elle est là, légère parce qu’elle est encore trop loin de moi, mais bel et bien présente. Comme Cris. La vanille.Elle abat toutes les barrières, je peux de nouveau respirer, le poids qui comprime ma poitrine s’envole.Je. N’ai. Plus. Mal.
Le sourire d’Yeux d’Ange illumine tout son visage, et je réfrène l’envie de la prendre dans mes bras. Et encore plus quand je vois la lueur de son regard. L’hésitation. Elle aussi en a envie, si elle le fait, je ne résisterai pas. Je plongerai le nez dans son cou et prendrai mon shoot de vanille. Il n’y a rien de mal à ça, non ?Elle fait un pas vers moi, mon cœur bat encore plus fort dans ma poitrine. J’oblige mes bras à rester le long de mon corps, j’attends que ça vienne d’elle. Elle fait un nouveau pas, un petit, mais qui est énorme, et se met sur la pointe des pieds.Comme ce jour où, pour la première fois, elle m’a embrassé.Comme ce jour où, pour la première fois, elle a pris l’initiative. Mais je préfère ne pas y penser et ne garder que le moment où elle a choisi de m’embrasser.Je déglutis avec peine pour essayer de contrôler mon cœur qui menace de remonter par ma trachée et jaillir par ma bouche.Quand ses lèvres vont enfin se poser sur ma joue, la voix de Steve nous interrompt.
Cris est comme ça, libre comme l’air, elle prend ses décisions, et même si ça me démolit d’y penser, elle a pris sa décision.
En me répondant, Cris ne m’a pas regardé. Même pas une nanoseconde. Et j’aurais voulu qu’elle me regarde. Espoir insidieux qui vibre en moi. Je hais ce sentiment parce que ça fait de moi quelqu’un que je n’aime pas. Et que je n’arrive pas à le réfréner.
J’ai du mal à faire des phrases complètes. Sujet, verbe, complément. Ce n’est pourtant pas compliqué. Mais c’est comme si mon corps sortait d’un sommeil profond et voulait récupérer le temps perdu en quelques minutes.
Elle a beau être trempée de sueur, échevelée par sa course, sans maquillage, elle est toujours superbe. Et cette odeur de vanille… Elle va me rendre fou.Je me racle la gorge, il faut que je dise quelque chose, sinon je vais lui prendre la main ou poser la mienne sur sa cuisse, et nous n’avons pas ce genre de relation. Nous ne l’avons plus, même si nous ne l’avons eue que fugacement.
J’ai envie de l’engueuler, là, tout de suite. De lui aboyer qu’elle est complètement inconsciente de se promener comme ça dans ce quartier ! Ses cheveux sont retenus dans une queue de cheval, mais l’effort a été vain : quelques mèches s’en sont échappées. Elle est canon. Et les mecs ne sont pas aveugles.