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EAN : 9782930538105
128 pages
Quadrature (19/09/2010)
4/5   8 notes
Résumé :
Ça arrive de croiser des gens.
N’importe où : dans la ville, une rue, à la sortie d’un immeuble, derrière la porte d’une salle d’attente… Et comme on ne sait rien d’eux, on peut tout imaginer.
Ici, dans ce supermarché, ils sont dix-huit qui font leurs courses, clientes et clients réguliers du lundi matin. Ce sont des personnes ordinaires qui ressemblent à tout le monde.
Ou à personne.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
le concept du livre est original : se poster dans un supermarché de quartier non pas pour y remplir son chariot mais pour observer les clients, habitués ou non, et à partir de leur comportement, leur posture ou les produits déposés dans le caddie, imaginer leurs vies. Après être passé à la caisse (où l'on n'est pas toujours bien reçu), on suit ces hommes, ces femmes au travail ou chez eux pour partager un moment de leur intimité, un moment de leur vie.
L'auteure croise les gens que nous aussi nous rencontrons dans les allées des supermarchés, les pressés, les énervés, les bavards, les triturés, les timides, elle ne se contente pas de les observer remplir les caddies, elle les suit dans leur quotidien et recueille leurs pensées.
Ce sont des gens de rien, des gens qui ne font pas de bruit, avancent à petits pas, saluent parfois les voisins et repartent ranger leurs produits frais dans le frigo.
Avec humour, tendresse et simplicité, Christine Jeanney décline, en autant de petites nouvelles, dix-huit portraits de gens ordinaires.

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Christine Jeanney est une vagabonde éclairée. Une personne qui aime aller et venir dans le monde. le sien et celui des autres. Celui qu'elle voit, qu'elle respire ou qu'elle invente. Celui qu'elle raconte en quelques mots. Elle n'en fait pas tout un roman. Pas le temps ou pas la tête à ça, c'est égal. Dans ses voyages, elle rencontre des gens qui sentent l'épicerie, la quincaillerie ou l'arrière-boutique. Ils sont beaux ou pas, capables de faire valser des coeurs ou se perdre dans la contemplation d'un grand poème sans titre et sans coupure.
Cela commence par un rien. Une grande surface. Des gens font leurs courses. Elle les surprend au commencement, quand ils n'en sont qu'à regarder le contour des choses. Elle les suit et poursuit une étrange intention, quelque chose qui ressemble à une rêverie, à une conjonction des sens. Elle éprouve avec eux l'inconstance et la frivolité, flaire les petits bonheurs et pressent les mauvaises humeurs. Elle combine toutes sortes d'alambics pour mettre en lumière ces choses-là. A force, elle en connaît un rayon. Elle circule, elle croise, elle écoute, elle s'approche, se frotte les yeux, elle sourit, sourcille ou tressaille, des idées lui viennent, on a l'impression qu'elle prospère, qu'elle fleurit, qu'elle s'emplie de soupirs, de gouttelettes d'amour. Elle se fait un peu peur aussi, à l'occasion. Parfois elle se sent étrangère, elle ralentit son pas et hésite avant d'emboîter celui d'un inconnu, comme si ses jambes étaient trop frêles ou comme si elle avait le sentiment de faire des choses qui ne ressemblent à rien. Cela ne dure pas. Elle se remet en course, se laisse transporter dans des zones de non-parole, attrape un signe en passant, finit toujours par surprendre celui qu'elle ne cherche pas, par saluer celle qu'elle ne connaît ni d'Eve ni d'Adam.
Lieu d'aventures improbables où le souffle de la vie se déploie dans le manque, le supermarché devient avec Christine Jeanney un véritable poumon de créativité. Elle est publiée chez Quadrature, un éditeur ambitieux et clairvoyant.
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Christine Jeanney, en «une heure dans un supermarché», observe des silhouettes, leur donne un nom, leur donne une vie, et chacun s'en va avec ce nom dans sa vie. Décrit par ses gestes, par de petites notes sur les pensées qui le traversent, en petites touches, avec telle acuité que brièvement nous sommes près d'eux, presque eux.
Et ils se rencontrent, se connaissant ou non, et leurs vies interfèrent. Et ils ont leurs blessures, leurs souffrances. Et ils n'ont rien de vraiment extraordinaire. Même ceux qui sont à côté de l'habituel de la vie, le sont avec discrétion. Et leurs peines ou leurs plaisirs, le souci qu'ils ont de leurs enfants, ou parents, ou aimés, sont profonds et tus. Et jamais, il n'y a de violence affichée.
Une petite société qui prend vie, s'efface, que l'on reconnaît de loin au détour d'une autre nouvelle.
Chacun est introduit par une brève description qui sert de titre, d'introduction :
«au rayon Bricolage, un jeune homme grand et maigre, en veste» (et c'est un employé de banque, qui ne peut plus dormir, qui attend son ami, certain que celui-ci n'aura pas avoué à ses parents leur couple, qui est si nerveux qu'il est à deux doigts de renverser ce vieil homme, André Huot, le sculpteur que nous venons de quitter, le laissant à ses souvenirs, et puis les dernières lignes de ses quelques pages au jeune homme «Au fait tu sais, pour nous deux, je leur ai dit hier») -
Il y a une jeune veuve (mais après ce soir, habituel, avec sa tendresse, sa tristesse et sa fille, «elle met la table et se traverse de peine», Christine lui offre une rencontre, plus tard) - de vieux couples aux liens plus ou moins usés, les petites incompréhensions et puis le souci de l'autre, la tendresse - le père d'un petit garçon autiste, avec son amour et sa crainte d'être maladroit (et il est le facteur que tous connaissent de vue et parce qu'il est serviable) - une jeune fille qui aime un homme qui n'arrête pas d'être marié - un jeune ménage bigarré joyeux et généreux qui attend un bébé - une adolescente aux parents si présents - un chat qui circule entre appartements - un homme qui finit par rompre sa solitude et appeler son ex-femme pour dire cette maladie qui l'a investi, etc...(ils sont dix-neuf, et plus à cause des leurs, mais le chat n'en fait pas partie, il n'est que circulation) et Christine qui les voit, les fait vivre, leur donne ses mots, souplement, au plus près, et des sourires.
Et je suis désolée, je n'ai pas su.
Juste ça : elle est une fée qui peut les charger de soucis, de peines grandes, mais qui leur offre toujours une issue.
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Neuf heures 30, un lundi matin, dans un supermarché de quartier… Des gens font leurs courses. Dans les rayons, une personne n'est pas là pour faire des achats, mais pour observer et tenter de deviner qui sont tous ces gens qui se croisent chaque semaine sans se connaître.



Au fil d'une promenade dans les rayons, dix-huit portraits de femmes ou d'hommes sont brossés. On passe d'un client à l'autre aisément, guettant les petits clins d'oeil aux personnes déjà évoquées ou susceptibles d'être rencontrés par les autres personnages. Tous les portraits sont vivants et humains. En quelques pages consacrées à chaque personne, Christine Jeannet démontre que chaque vie est unique et digne d'intérêt. Peut-être regarderai-je les gens différemment désormais en faisant mes courses, à moins qu'il ne me prenne l'envie, moi aussi de flâner une heure sans rien acheter, juste pour observer et faire travailler mon imagination.



Ce recueil de nouvelles prouve, une fois encore, que l'éditeur Quadrature, spécialisé dans « la nouvelle », choisit avec soin les ouvrages qu'il publie.

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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le titre n'est pas erroné, puisqu'il s'agit bien de repérer des clients dans un petit supermarché, de 9h 30 à 10h 30, un lundi matin, mais tout de suite on sort du supermarché pour découvrir la vie imaginée de ces dix-huit clients et clientes.



Des gens ordinaires, qui nous ressemblent, pas des super héros, à qui il n'arrive rien que du banal? Oui, peut être... Mais se débarrasser d'un amant méprisable, affronter une maladie mortelle ou la vieillesse, se raccrocher à un mot de son gamin autiste, parler à ses parents de ses préférences sexuelles, survivre à un deuil, ou, tiens, mettre un enfant au monde, voilà qui fait de nous, vous, tous, de vrais héros de la vie quotidienne, non?



"Il est environ dix heures trente et je sors du supermarché". Fin du livre. Gloups! J'ai encore lu ces nouvelles quasiment d'une traite, avec gourmandise et gloutonnerie... J'ai aimé le style sobre, qui sait rendre certains passages poignants, les paroles de chansons qui trottent dans les têtes, les plongées dans l'avenir des personnages, le sens de l'observation, l'art de donner vie en peu de pages, les détails qui relient les nouvelles et les prolongent...
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Lundi matin, neuf heures trente.
Je traverse le quadrillage blanc du parking jusqu’aux sigles bleus des places pour handicapés. Je passe entre deux poubelles remplies de sable. Le sports vitrées coulissent sur de l’air chaud et de la musique. Passé le tourniquet, on peut tourner à gauche vers les produits d’entretien, ou à droite et ainsi longer les caisses, ou encore continuer en face vers les promotions du jour.
Mais je n’achèterai rien. Aujourd’hui, je regarde.
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Faire à manger le dimanche, quand l'un ou l'autre vient, blanquette, lapin chasseur, lasagnes, poulet rôti, palette à la diable, manger. En semaine mitonner pour papa, c'est comme ça qu'elle l'appelle, même si à table - Papa tu veux encore des rillettes ? - il n'est plus le papa de personne. Anthony mange toujours ailleurs, loin, dans sa chambre ou encore plus loin, avec des copains.
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Qu'est-ce qu'elle sera, pense Lila. Brune, frisée, les yeux noirs et de longs cils, je voudrais qu'elle fasse des études, qu'elle commande aux hommes et décide, qu'elle soit élégante et gracieuse mis implacable, une Athéna, qu'elle se sente l'égale de tous, jamais inférieure ni quémandeuse, forte et entière.
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Arrêté au feu rouge, il regarde, entre caniveau et trottoir, la fleur de pissenlit qui lui ressemble, jaune dehors, pâle dedans, là, malgré les services de voirie et l'épandage de désherbant liquide, née de pollen inconnu, issue d'une logique accidentelle, rescapée comme lui.
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Elle a retrouvé ce qu'elle attendait, le moment, le moment exact où l'on s'arrête, les deux pieds sur la marche, avant de continuer à monter l'escalier, sans presque plus avoir peur, presque plus, et même avec une sorte de curiosité nonchalante.
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