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sur 233 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Préférer l'hiver est un livre dont j'ai lu la première page parce qu'une sollicitation extérieure m'y a incitée, et la centaine d'autres, parce qu'une nécessité intérieure m'y a obligée. C'est un roman absolument sans concession, qui explore la douleur jusqu'en ses moindres replis, ne recule devant aucun sentiment indicible, ne craint pas d'affirmer qu'il écrit l'ineffable – car c'est entièrement vrai, il le fait.

Le sujet fait absolument horreur : la perte d'un enfant. Vous pensez que rien ne saurait moins inciter à lire un livre que de savoir que c'est cette idée qu'il va vous obliger à affronter ? J'ose l'écrire : vous auriez tort. le livre est trop court, on en redemande, on voudrait accompagner ces femmes plus loin encore dans l'hiver – ou alors, atteindre le printemps avec elles.

Pourquoi ? Je crois que c'est à cause de l'écriture d'Aurélie Jeannin, des mots qu'elle trouve, des expressions qui explorent des zones d'ombre que nous croyions bien cachées, qui les font surgir et les nomment, et que nous reconnaissons comme étant aussi les nôtres. C'est aussi parce que son écriture n'est pas uniquement celle des tourments invisibles, elle est aussi celle du corps : elle est très incarnée, très physique. Elle hurle, elle frappe, elle va tout au bout du besoin et des désirs de violence, de meurtre et de destruction, elle ose tout et on va au bout de tout avec elle.

C'est en quelque sorte le mariage réussi de Donald Ray Pollock et de Stefan Zweig, ce qui est un tour de force dont je n'aurais jamais osé imaginer la possibilité : Le diable, tout le temps, mais aussi La lettre d'une inconnue. La confrontation avec l'horreur des pires expériences humaines, mais dans une quête intime et lente, qui englobe l'exploration du sentiment amoureux. Alors évidemment, vous pouvez ne pas le lire, pour échapper à la violence du drame d'une inconnue. Mais si vous évitez cette expérience, ce n'est pas au drame d'une autre que vous échapperez : c'est à la possibilité que ce livre offre de donner un nom aux drames qui vous hantent, vous.

Je n'ai rien contre l'idée que le feel-good existe, mais quand on lit un livre comme celui-là, on se rappelle qu'on est vraiment en droit d'exiger énormément plus de la littérature, d'exiger une expérience extrême qui n'a rien à voir avec les bons sentiments. Dans un moment d'apaisement, Aurélie Jeannin écrit « Maman distingue les écrivains et les romanciers. Elle dit que les romanciers savent raconter des histoires. Que ce qui importe aux écrivains, ce sont les mots, leur enchaînement et leur rythme. Ceux qui excellent dans les deux, elle les appelle les auteurs. » Aurélie Jeannin est sans conteste un auteur.
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Je remercie chaleureusement les éditions HarperCollins ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance.
Aurélie Jeannin signe avec « Préférer l'hiver« , un premier roman ensorcelant, mélancolique, d'une écriture profonde, sensible et grave qui convoque les émotions les plus intimes de deux femmes au coeur de cette histoire : une mère et sa fille. Paru dans la nouvelle collection « HarperCollinsTraversée« , « Préférer l'hiver » est un roman qui s'apprivoise, une plongée dans la psyché de ces deux femmes, qui ont pour point commun d'avoir perdu chacune un fils. Elles veulent surmonter leurs deuils à l'une et à l'autre car « survivre n'est tenable qu'ici ». Voilà trois ans qu'elles sont là, éloigné du village, du monde, dans leur cabane en pleine forêt. Pour les gens du village, notamment ceux du bar, elles sont les perdus du coin. La fille est la narratrice. Son frère est mort tout comme son fils. C'est elle qui dresse le portrait psychologique de sa mère avec une rare finesse, mais également celui de son frère, d'elle-même enfin qui s'est perdue afin de combler le vide, l'abîme indescriptible qui l'habitait. C'est un roman sur le deuil, la meurtrissure, la blessure qui fait suite au décès d'un être cher, mais également sur le cheminement intérieur qui accompagne toute tentative de reconstruction après un traumatisme. « Mon coeur a connu la paix du froid » nous confie t'elle. C'est dans un abandon total au présent qu'elles évoluent : « Il faut être dans le présent, de façon absolue, profonde, totale, pour à défaut de continuer à vivre, au moins ne pas mourir ». Mère et fille cohabitent dans cette cabane, au milieu de la forêt. le climat est angoissant, la lutte pour la survie est un fardeau moins lourd à porter que le poids du deuil. C'est un combat âpre que celui de vivre intensément et uniquement le présent pour ne : »pas ruminer le passé, ne pas se projeter dans le futur, vivre ici et maintenant ». La nature a repris ses droits, sa liberté en envahissant l'espace de la propriété. Une nature qui est un personnage à part entière de cette histoire. Leur vie n'est plus qu'ascèse et renoncement, travail et solitude. le coup de fil annonçant la mort du frère de la narratrice a tout changé. Sa mère s'est tue pendant dix sept jours. Une mère cérébrale qui a « toujours pensé avant d'être » mais qui leur a également enseigné, à son frère et elle, de voir au delà des apparences. Un passage, au début de « préférer l'hiver » incarne au plus près ce que vivent ces deux femmes, il s'agit de cette image de l'étang de la propriété qui se vide peu à peu, de ces poissons asphyxiés par les algues qui transforment ce lieu en « une grande masse verte ». J'y vois là, la métaphore de l'impuissance des êtres à modifier leur destinée, le poids de cette dernière avec au bout du chemin l'inéluctable mort et l'oubli. Les poissons étouffent comme cette mère et sa fille perdues au coeur de cette forêt. Un roman puissant, magnétique, servi par une écriture d'une rare finesse psychologique. C'est sombre, douloureux et incontestablement « Préférer l'hiver » est une expérience de lecture fascinante et entêtante.
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Ce que j'ai ressenti:

Tu es tout ce qu'il me reste, l'Hiver. En ville, c'est insupportable, alors je préfère… M'éloigner, me recentrer…Je me suis donc perchée sur la plus haute branche de l'arbre et j'ai contemplé la beauté d'une oeuvre: Préférer L'Hiver.

Je ne savais pas qu'on pouvait mettre tout son être au bord de son coeur…Aurélie Jeannin m'y a invitée et aussi fou que cela puisse paraître, je dédie à son livre, cette déclaration d'amour…Je veux tellement être excessive, pour une fois. J'ai succombé à l'Hiver, juste pour éprouver la connexion, pour appréhender les émotions en dormance. Je me suis jetée contre les parois de mon âme pour deviner la force de mon Intérieur. En explorant les bienfaits de l'immobilité, j'ai touché un peu du froid, libéré les silences… Je me suis offerte à l'hibernation sans aucune retenue, j'ai connu la paix dans les marges, j'ai trouvé un trésor dans ces pages…

De toute façon, je n'aurais rien voulu de moins que tout ça. J'ai aimé démesurément les creux et les bosses, le blanc et le silence, les cicatrices et la toile interconnectée, le froid et les lectures du soir, les arbres et les racines, l'évidence et la résilience. J'ai même Préférer l'hiver, à toute autre saison. J'aurai voulu un petit coin dans leur cabane, et même le ragondin je l'aurais adopter… Je n'aurais rien voulu de moins que tous les mots splendides de Aurélie Jeannin, tout le sublime des émotions qu'elle nous communique. J'ai embrassé la forêt, embraser mes émois dans ceux de ces femmes. Je n'ai pas reculé devant la rage, ni le chagrin, je les ai accueilli à bras ouverts. de toute façon, je n'aurai rien voulu de moins que de me perdre dans leurs labyrinthes, faire coller le mien aux leurs, parce que le temps de cette lecture, l'hiver te saisit bien trop intensément, et il ne peut en être autrement. Je n'aurai rien voulu de moins que le coup de coeur que j'ai ressenti…

Je me suis épuisée au coeur de mon être à trop vouloir comprendre. Comprendre moi et puis Elles. Si semblables et si différentes. Si entières et si mystérieuses. Autant volcaniques, étonnamment hypersensibles. Mère et fille, femme et vivante, et quelque part dans tout ça, moi… Elles et moi, si profondément mères et femmes, écorchées dans nos écorces. J'ai attrapé des vérités de moi en elles, donné mes parts d'amour pour soigner leurs plaies, essayé de nous atténuer la douleur du deuil. Ensemble, souffrir en communion du manque. Force est de constater qu'il n'y avait rien à comprendre, juste à ressentir. J'étais là avec elles, et ce temps cristallisé devient précieux. C'est toute la puissance de ce livre, comme elle vient te percuter sans que tu puisses l'intellectualiser. C'est à prendre et à n'en rien laisser parce que des lectures envoûtantes comme ça, il y en a si peu…

Je me suis assise auprès de mon coeur, tout à côté du précipice et j'ai fait une traversée éprouvante mais je confirme que j'ai toujours Préférer l'Hiver.


Ma note Plaisir de Lecture 10/10
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J'aurais voulu trouver les mots justes, emprunter si possible ceux d'Aurélie Jeannin, m'approprier le temps d'une brève chronique sa finesse et son sens de la poésie.
J'aurais voulu marcher dans ses pas, savoir comme elle raconter l'hiver, dire le silence et le froid. Dire aussi la douleur du deuil, le lent travail de reconstruction, le dépouillement de soi, la résilience...
J'aurais voulu mais je ne sais pas faire.

Alors je me contenterai de saluer maladroitement la qualité stylistique de ce "premier roman aussi singulier qu'impressionnant" (cf. le bandeau de l'éditeur), et d'inviter les lecteurs patients, les contemplatifs, les amateurs d'introspection, les admirateurs de Thoreau ou de Jean Heagland (dont je suis !) et tous les amoureux de la nature à plonger dans cette histoire sombre et un peu décousue, où la beauté de l'écriture prime très largement sur l'intensité de l'intrigue.
Car autant vous l'avouer tout de suite : là où la narratrice et sa mère se sont exilées, dans ces bois reculés et cernés par l'hiver, il ne se passe pas grand chose. Pratiquement rien, pour ainsi dire. Parfois un héron survole la clairière, une branche rompt sous le poids de la neige, un ragondin creuse les berges d'un étang gelé...
Le reste du temps, les deux femmes sans nom le passent à vivre, à survivre, à attendre, à s'extraire du monde et à calquer leur rythme sur celui de la nature environnante. Inspirer, expirer, lire beaucoup, parler très peu, rester simplement debout, ancrées dans le présent. Il faut dire qu'elles ont connu leur lot de drames (toutes deux ont perdu un fils et toutes deux se retrouvent aujourd'hui sans mari sans que l'on sache vraiment pourquoi...) et qu'il n'est plus question pour elles de regarder derrière, encore moins de se projeter devant.
Juste rester là, chercher l'osmose parfaite, démonter patiemment la mécanique complexe de gestion des émotions.

On pourrait déplorer le manque d'action et de péripéties, ou se laisser gagner par la léthargie des deux ermites, ou encore se lasser de leurs états d'âme disséqués, analysés, étalés au grand jour.
On pourrait aussi s'ennuyer un peu, à la longue, dans ce cadre uniformément blanc et ouaté, ou regretter que le personnage de la mère - pourtant si important aux yeux de la narratrice - ne soit en définitive qu'à peine effleuré. On pourrait même, peut-être, finir par se demander ce que l'auteur cherche vraiment à nous dire dans tout ça...
On pourrait préférer l'été, mais nous n'en ferons rien.

Parce que l'écriture est belle (qu'il fut difficile de ne pas interrompre la lecture à chaque page pour noter telle ou telle citation !), parce que les deux femmes nous touchent par leur abnégation, leur lucidité et les efforts qu'elles déploient pour préserver leur fragile équilibre, et parce que l'atmosphère qui émane de cet étrange roman et de ce lieu hors du monde a quelque chose de magique.
Ici, "le silence est un compagnon, on le respecte, on fait attention à lui, on ne le brusque pas par des activités trop bruyantes", ici "la nature pétrifiée possède une sobriété d'une impeccable justesse".
On aurait presque envie, à notre tour, de commencer à économiser les gestes, les calories, les mots, afin d'entrer doucement en hibernation et de se recentrer sur l'essentiel.
J'ignorais que le froid pût être si beau.
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J'ai adoré ce livre, et au moment de vous dire pourquoi, je cherche mes mots... Il fait partie de ces romans où l'atmosphère l'emporte sur l'histoire, où il se passe très peu de choses (au sens de l'action) mais où ce qui est dit est toujours essentiel et fait écho à ce que chacun porte en soi. J'ai souligné des tas de passages, des réflexions auxquelles j'adhérais totalement, des sentiments qui avaient été les miens à un moment de ma vie, des questions que je me pose aussi... L'écriture est précise et souvent poétique, et pourtant terre à terre aussi, car elle colle souvent à la simple réalité, celle de la nature, celle du quotidien. Préférer l'hiver raconte au fond une sorte de quête immobile, une pause glacée après des drames que l'on évoque à peine, et la voix de sa narratrice résonne longtemps après que le livre soit fermé. Je ne m'étonne pas du tout qu'il ait obtenu le Prix des Etoiles de Librinova car à mon sens il se démarque nettement d'autres bons romans de la liste des sélectionnés que j'ai pu lire. Nous entendrons sûrement parler à nouveau de son auteure Aurélie Jeannin. Un grand bravo et merci à elle pour l'émotion qu'elle m'a donnée.
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J'ai accompagné cette mère et sa fille dans le froid glacial de leurs deuils respectifs, de leur solitude, leur isolement..
Un livre ovni d'une beauté rare..
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Préférer l'hiver, c'est l'histoire d'une rencontre avec une mère et sa fille, mais c'est surtout la connexion immédiate et viscérale avec une plume, un style, une puissance et une poésie dans les mots qui vous happe, vous touche, vous broie et vous noie sous un faisceau de sensations. Les mots coulent de source dans une valse lente, rigoureuse et implacable au rythme de l'hiver, du temps qui passe, de la rudesse de la vie avec son lot de souvenirs, certains heureux, d'autres plus tristes et emplis d'une mélancolie de tous les instants.

Comment supporter le deuil d'un enfant ? Comment accepter que dans un instinct contre-nature, la vie vous arrache une part de vous et renverse l'ordre établi… Un enfant enterre ses parents et non l'inverse… Ce deuil des morts, accompagné de celui des vivants, est puissant et douloureux, mais l'autrice l'évoque toujours avec une retenue salvatrice qui permet aux lecteurs de ne pas sombrer dans la tristesse.

Préférer l'hiver, c'est aussi un huis clos entre une mère et sa fille réunies par le destin, à moins que ce ne soit par le chaos inébranlable de la vie. Ces deux femmes partagent cette même douleur et ce même vide intérieur qui les poussent à trouver un peu de paix dans la quiétude d'une vie coupée de tous. La relation entre la mère et la fille est forte et distante à la fois, les silences ayant autant de poids que les mots. Deux vies qui, malgré quelques frictions, se juxtaposent sans jamais entrer en collision !

Si c'est l'autrice qui nous fait entrer dans l'intimité feutrée de ces deux femmes, c'est bien grâce à la fille que nous apprenons à les connaître. À travers son regard non dénué d'un certain recul, la mère nous apparaît comme une femme hors du temps qui vit à son propre rythme, un rythme effréné que seul un esprit aguerri peut suivre. Intelligente, voire brillante, cette femme semble difficile à cerner dans toute sa complexité ! Elle offre néanmoins une sorte de présence dans l'absence venant autant renforcer le sentiment de solitude de sa fille que le combler…

Quant à la narratrice, sans que l'on s'attache vraiment à elle, elle se dévoile à nous sans fard ni faux-semblant. Mêlant bribes de présent et de passé, elle nous narre ainsi son histoire comme elle le ferait dans un journal intime. Au fil des pages, s'égrènent ses pensées, ses réflexions, ses observations, ses manques, ses blessures physiques et morales, et sa vie dans cette forêt, loin de tout, dans laquelle elle prélève ce dont elle a besoin avec parcimonie et une conscience aigüe de ce qui l'entoure.

La nature prend d'ailleurs une certaine place dans cette histoire lui conférant un aspect nature writing qui, contre toute attente, m'a beaucoup plu. Cela tient probablement au style poétique et immersif de l'autrice. J'ai ainsi parfois eu le sentiment d'entrer dans cette cabane au milieu des bois, et de partager les silences et les douleurs de cette mère et de sa fille dont la relation transcende les liens du sang pour atteindre quelque chose de bien plus fort et puissant…

Deux femmes, une forêt, une cabane, la nature, la végétation, la vie animale… le masculin est presque exclu de cette vie et quand il apparaît, il nous semble plus nuisible que bienfaiteur. Pour autant, le mâle n'est pas rejeté, mais simplement effacé : plus de mari, plus de fils, plus de futur… juste la vie et l'importance du moment présent.

Il ne se passe rien dans ce récit et tellement de choses à la fois pour celui qui sait écouter. Même le silence de la cabane et de la forêt est comblé par tous ces petits bruits qui permettent de se raccrocher à la vie et de s'ancrer dans une terre pas toujours très tendre, mais dépourvue de cette cruauté bien humaine prompte à frapper et à acculer les plus faibles, plus par avidité et méchanceté que par nécessité. Mais faibles, ces femmes ne le sont pas. Elles affrontent ensemble, comme elles le peuvent, les coups durs de la vie, et ont fini par se créer une vie bien à elles, hors des considérations mercantiles de nos sociétés, loin du brouhaha de la ville et de sa vacuité.

Frappée par l'écriture de ce roman et la poésie qui l'entoure, j'aurais envie de le conseiller à tous, mais je pense néanmoins que sa narration particulière et son rythme ne conviendront pas à tous les lecteurs. N'hésitez donc pas à en lire un extrait avant de vous lancer et de partir à la rencontre de ces deux femmes qui devraient s'imprimer durablement dans votre esprit.

En conclusion, Aurélie Jeannin nous propose un magnifique texte aussi fort et fascinant que la nature qui entoure deux femmes blessées, mais non brisées, dont on suit la vie avec une respectueuse attention. Un rythme calme et intense à la fois pour un huis clos mère/fille, une réflexion sur la nature, le temps qui passe, la solitude, la famille, le deuil, la résilience et la nécessité de vivre l'instant présent sans pour autant se couper de son passé, aussi difficile soit-il. N'est-ce d'ailleurs pas la condition sine qua non pour choisir, en pleine conscience, de préférer l'hiver sans se perdre dans ses frimas ?

Magnifique dans sa singularité, voici un premier roman foudroyant et d'une poésie à la portée quasi philosophique !
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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J'ai craqué sur ce titre, et ce que promettait la quatrième de couverture de ce livre, sans me douter où je mettais les pieds… Et voici que je suis tombée sous le charme de ce premier roman très réussi, un gros coup de coeur de lecture ! Dans ce récit, deux femmes ont décidé de vivre dans une cabane en forêt, une mère et sa fille adulte. le lieu était l'ancienne dépendance de leur ancien logement, un endroit réservé aux invités de passage. Elles en ont fait un refuge, où toutes les deux pansent leurs plaies et tentent de taire leurs drames passés. le quotidien est fait de petites choses, jardinage, entretien de la maison, cuisine, lectures… Seules des phrases échappées de leurs lectures sont de temps en temps échangées entre elles, et tout ce qui est nécessaire à la bonne marche de la maison. Lorsque l'hiver est là, la vie s'en trouve encore plus rétrécie. Les deux femmes sortent peu, seule la plus jeune part de temps en temps faire quelques courses dans ce supermarché où elle travaillait autrefois. Et c'est sans doute l'aspect confiné de leur vie qui a fait écho en moi en ces temps troublés, tout ce qu'elles doivent compter dans leurs réserves, leur manière prudente de s'organiser, leurs sorties réduites au minimum. Mais également la relation qu'elles entretiennent avec la nature, avec leur environnement, loin de l'agitation et de la promiscuité des villes, dans une solitude choisie. Bien entendu, l'extérieur ne peut être continuellement tenu à distance. le téléphone sonnera, avant d'être débranché. Il y aura de la visite. Et les pensées seront continuellement peuplées des autres, et du passé, impossibles à étouffer. Laissez vous tenter, dès que vous le pourrez, par ce premier roman, par cette écriture aussi poétique que juste, par le souffle qu'insuffle Aurélie Jeannin dans ce livre, surtout si vous aimez la lenteur et l'introspection.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Je remercie Babelio et Harper Collins pour m'avoir adressé cet ouvrage dans le cadre de la rencontre avec l'autrice le 6 février 2020.

Deux femmes, la mère et la fille, essayent de survivre aux souffrances qui les accablent en vivant loin du monde, dans une cabane perdue dans la forêt.
Deux taiseuses dont les silences recèlent douleurs et passions, et tant de colères rentrées.
Elles sont liées, plus que par le sang. Les livres qu'elles lisent et relisent leur apportent une intelligence de l'existence et une vision élargie de ce que pourrait être leur vie.
Et la nature qui les entoure, vaste étendue froide et rébarbative pour le tout-venant, est pour la narratrice, la fille, source de réflexions et d'apaisement.

Nul nom, nul lieu.

Le lecteur ne peut que pénétrer sur la pointe des pieds dans cet entre-soi d'où l'intrus est banni. Mais lorsqu'il y jette un oeil, il lui est impossible d'échapper à la magie des mots, puissants et terribles, qui fondent un récit lent et prenant, telle une lancinante « souffrance absolument sans fin ».

Et c'est cette écriture qui m'a attrapée, ce vocabulaire qui m'a charmée, tant lorsqu'il décrit l'indicible douleur de cette femme que lorsqu'il évoque le paysage environnant, hostile et cependant si protecteur. La scène de la « décomposition » m'a bouleversée...

Un très beau premier roman. Et un nouveau coup de coeur !

lirelanuitoupas.wordpress.com pour le compte-rendu de la rencontre.
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Au coeur de la forêt, éloignées de tous, deux femmes une mère, une fille, chacune partageant la même douleur. La perte d'un fils. ⠀
Une douleur "viscérale, primitive, bestiale" ⠀
S'exiler du monde des hommes pour celui silencieux de la nature pour exorciser les peines, crier la douleur. Une nature pour panser les plaies, les colères, les âmes tourmentées, vider l'esprit de toutes formes de penser. Être en osmose avec la terre, se taire, humer l'odeur, écouter les bruits, les sens éveillés, ne faire qu'un.⠀
Une nature rude sans concession, la solitude de l'hiver, le givre froid aseptisé, la blancheur de la neige et sa pureté.⠀
Un fil, un lien invisible mais tendre d'une mère à la fille, d'une fille à la mère, leur fragilité, leur souffrance et leur force, pas de mots leurs gestes, leurs regards pour se comprendre.⠀
L'immensité, le froid, le silence si dense pour apaiser le corps et l'esprit.⠀

Un roman d'introspection écrit avec un style poétique, lyrique. On "entend" le cri de la douleur"à travers les mots qui percutent. Les sentiments exacerbés, le vide de l'absence, le deuil, la féminité.⠀
Un hurlement de Résilience dans l'écriture qui nous crève le coeur et ouvre des douleurs. Une atmosphère paisible, et mélancolique, une vie en suspend. le poids des mots, la fluidité, qui transportent... ⠀

"Il faut être dans le présent, de façon absolue, profonde,totale , pour, à défaut de continuer de vivre, au moins ne pas mourir" ⠀

Lisez ce livre il est d'une beauté... Rare
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