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EAN : 9791097084240
176 pages
Raisons d'Agir éditions (18/03/2022)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Le développement du numérique réalise une forme de privatisation qui ne dit pas son nom.
Les entreprises les plus puissantes s’emparent d’activités jusqu’ici dévolues au secteur public, dans les transports, les services urbains, l’utilisation de l’espace public, la sécurité, l’éducation ou la santé.
Il s’agit en fait d’une transformation des relations entre l’État et les usagers : substitution d’algorithmes aux agents publics, généralisation des ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce petit bouquin passionnant se veut un décryptage du partage du marché numérique entre entreprises privées et publiques, en soulignant à quel point les standards évoluent de manière permanente face aux nouvelles offres sur le marché.

Cet essai se décompose autour de deux grandes tendances : la privatisation de certains secteurs du numérique, et son inverse, une réappropriation par le public d'autres secteurs. Les auteurs nous permettent, à grand renfort d'exemples parlant et bien détaillés, d'avoir une vision plus claire du combat qui fait rage autour du numérique, et dans lequel les belligérants ne jouent pas forcément à armes égales...

On découvre sans grande surprise que les deux principaux secteurs sujets à la privatisation sont les transports et la santé ; ou comment Citymapper pompe sans vergogne les données mises à disposition gratuitement par la RATP, probablement dans un but futur de monétisation...L'exemple du freefloating et de la recomposition de la mobilité douce grâce à une nouvelle offre venue du privé est également longuement évoqué, revenant sur le lobbying incessant réalisé par Uber ou Lyft pour peser sur les décisions publiques malgré les conditions de travail que l'on connaît pour leurs désormais salariés.

Côté santé, c'est évidemment Doctolib qui se taille la part du lion, et dont le monopole aura été renforcé par la crise du covid. Une application certes bien utile, mais dont l'utilisation systématique par le gouvernement aurait pu être remise en cause, puisque les agences publiques de santé disposaient elles-aussi de bases de données régionales qui auraient pu faciliter la diffusion des doses de vaccin, sans nécessairement passer par la super startup à la mode.

Un des exemples les plus parlants, et qui illustre bien cette lutte que mène l'Etat français face à des géants du numérique bien peu coopératifs, concerne l'application StopCovid, dont la technologie devait reposer sur le bluetooth, et malheureusement extrêmement limitée du fait d'Apple et de Google, qui désactivent cette fonctionnalité, même en arrière plan, lorsque l'application n'est pas active...En ayant le culot de proposer une application qui leur soit propre, et dont les données récupérées aurait été stockées non sur des serveurs gouvernementaux, mais sur des serveurs centralisés et bien évidemment accessibles pour leur propre compte.

Un essai réellement passionnant donc, sur un sujet qui fait relativement peu de bruit en comparaison par exemple de la présence des cabinets de conseil dans toutes les strates du service public ; et pourtant, cela relève à mon avis d'un même problème, à savoir que certains secteurs de l'économie et du service public et leurs technologies afférentes se doivent à tout prix d'être maîtrisés par l'Etat, a minima pour fournir une alternative à des géants de la technologie au monopole déjà bien suffisamment effrayant. La dernière partie de l'ouvrage cite quelques exemples où, miracle ! le service public ou les logiciels open source font mieux que le secteur privé, et garantissent une indépendance bienvenue de leurs acteurs.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Des secteurs économiques traditionnellement régulés par les pouvoirs publics comme les taxis ou le logement ont été recomposés par Uber et Airbnb. Facebook a investi des piliers du régalien: l'identification des individus avec Facebook Connect, la sécurité en cas de crise majeure avec le bouton Security Check ou un projet de monnaie, Libra. Apple donne des leçons aux États qui risqueraient de réduire la liberté des utilisateurs de ses téléphones portables au nom d'une politique sanitaire, tout en enfreignant ces mêmes principes au nom de sa propre politique publique contre la pédophilie. À une échelle plus locale, Tripadvisor supplante l'activité des vénérables syndicats d'initiative créés au début du Xxe siècle en proposant sa hiérarchie des activités pour les touristes.
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Les API sont de petits dispositifs qui permettent de transférer automatiquement des données d'une base à une autre. Ils peuvent être compris comme des raccourcis entre les différents systèmes d'information. Ces applications permettent de récupérer des données sur un administré ou sur une entreprise, des informations « en temps réel » sur la position de bus ou de rames de RER ou d'actualiser des données générales mises à disposition dans l'open data. Cette approche par les API est particulièrement légère, car elle évite une uniformisation de l'ensemble des standards comme préalable à la communication entre systèmes d'information de différentes organisations ou de diftérentes applications. Leur mobilisation est donc plus qu'une simple astuce technologique, c'est une nouvelle approche de la gestion des projets informatiques et en particulier de la délicate question de l'interopérabilité de systèmes développés par différentes administrations.
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En d'autres termes, l'ubérisation, c'est la multiplication d'emplois au statut dégradé rendue possible par les capacités d'intermédiation entre offre et demande de services par les plateformes numériques. Par conséquent, de manière toute pratique, ubériser l'État consisterait à remplacer les fonctionnaires par une armée de travailleurs attendant, au pied de leur voiture, de leur vélo ou de leur ordinateur, une mission payée à la tâche quelques euros. En ce sens plus précis - et plus inquiétant -, voit-on se dessiner une ubérisation de l'État ou des services publics?
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L'adage du new public management selon lequel il n'est pas nécessaire de savoir faire soi-même pour faire faire n'a jamais été aussi faux que face au numérique.
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Video de Gilles Jeannot (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gilles Jeannot
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Pour en parler, François Saltiel reçoit trois invités : Anne Bellon, politiste spécialiste des politiques numériques et de la régulation d'Internet Lucie Castets, co-porte-parole du collectif "Nos services publics" Gilles Jeannot, sociologue et co-auteur de "La privatisation numérique"
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