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EAN : 9782213710006
144 pages
Fayard (19/09/2018)
3.99/5   40 notes
Résumé :
« Pendant longtemps, pour se souvenir des nombreux enfants qui n’ont pas pu grandir, il n’y avait rien. Rien pour dire qu’ils avaient été tués parce que nés juifs, ni même pour dire qu’ils avaient vécu, qu’ils avaient ri, joué et pleuré… Comme s’ils n’avaient jamais été là. »
Rachel Jedinak a survécu à la première rafle du Vél’d’Hiv, en juillet 1942. Ses voisins, ses cousines ou ses camarades de classes, eux, n’ont pas eu sa chance. Après s’être battue pendan... >Voir plus
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J'ai pleuré dès la troisième page. J'ai pleuré pour cette petite fille, cette petite Rachel Psankiewicz dans sa belle robe d'été, que la Rachel adulte prend par la main pour faire resurgir son histoire. Comme vous commencez à le savoir, la Seconde Guerre mondiale est mon sujet de prédilection et je pense qu'il n'y aura jamais trop de témoignages, de romans et d'essais sur cette monstrueuse période de l'Histoire.
"Nous étions seulement des enfants" est le récit d'une enfance perdue au milieu des prohibitions, des rafles et des camps : c'est ce qui le rend aussi beau, percutant, insupportable aussi. C'est un foyer empli d'amour que Rachel nous décrit, orné de mots yiddish et de chants polonais. Mais Hitler envahit la Pologne et la France déclare la guerre. Abram, le père de Rachel, est mobilisé.
Or Rachel est une enfant et ne comprend pas tout : alors elle tape du pied et résiste. Elle refuse de chanter en hommage au Maréchal auprès de ses camarades de classe. Elle hurle lorsque sa mère, Chana, entreprend de coudre une étoile sur son vêtement. "Je garde de ce jour une terrible sensation de honte, confie-t-elle. Pas d'être juive, mais de devoir l'être avant toutes les choses que j'étais, et d'en être différente des autres." Elle fuit, elle court de plus en plus vite, obstinément elle défend sa vie.
Nous suivons cette petite fille de la drôle de guerre jusqu'à l'arrivée des Américains. Il y a cette scène poignante, terrible, cette petite fille et sa cousine courant sous les avions et les tirs pour sauver leur vie, et c'est tellement incompréhensible, tellement barbare, tellement choquant. La guerre et l'enfance s'entrechoquent et c'est le ciel tout entier qui bascule devant ces deux univers qui n'auraient jamais dû se croiser.
Protégée par les étoiles qu'elle s'efforcera d'offrir à ses morts des années plus tard, Rachel échappe mille fois au pire. La première alerte à la bombe, l'exode, et puis cette fameuse rafle du 16 juillet 1942 : les policiers français qui entourent les deux soeurs, le magma grouillant dans les rues, et puis la gifle de la mère et cet ordre qui les sauvera: "Si on revient vous chercher, essayez toujours de fuir. Dans la rue, il y a du monde, ça vous protégera."
Contrairement à sa soeur, la Rachel d'aujourd'hui semble avoir fait la paix avec ses plaies. Elle a doucement décoré ses blessures de puissantes plaques dorées, "des étoiles qui brillent dans la nuit" pour ces milliers d'enfants interrompus de 39-45.
Présidente du comité Tlemcen, Rachel poursuit ses recherches, elle redonne des noms aux disparus, elle célèbre les abandonnés, les délaissés, les oubliés, elle redonne une voix aux absents. Ce témoignage pudique, raffiné et respectueux, m'a immensément émue. Il n'y a aucune haine dans la voix de Rachel, aucune rancoeur, aucun désir insidieux de vengeance ; cette femme n'est que clarté, don d'elle-même et sagesse éblouissante.
C'est un récit sur l'enfance que la guerre cogne, fracture et vieillit. C'est un récit sur l'entraide, l'audace, le courage niché en soi. Mais c'est également un récit sur la bienveillance, l'amitié et le pardon. Un grand merci à NetGalley et aux éditions Fayard pour cette magnifique lecture.
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A Paris, dans le quartier de Ménilmontant, Rachel vit avec sa soeur Louise et ses parents juifs d'origine polonaise. Elle a 6 ans quand éclate la guerre en 1939 et que son père est enrôlé de force comme soldat. L'Allemagne commence à dicter ses règles sur le territoire français. En juin 1940, la famille fuit Paris mais doit revenir sur ses pas. le père, de retour en septembre, est arrêté un an plus tard puis transféré à Beaune-la-Rolande. La vie devient de plus en plus difficile pour Rachel, Louise et leur mère avec toutes les interdictions faites à la population juive. le 16 juillet 1942, Rachel et sa famille sont arrêtées lors de la rafle du Vel'd'Hiv mais les deux petites filles arrivent à s'enfuir ; leur mère est conduite à Drancy puis déportée à Auschwitz. Les fillettes échapperont à une nouvelle arrestation six mois plus tard et seront placées en familles d'accueil jusqu'à la fin de la guerre. Elles ne reverront jamais leurs parents.

C'est à une émission télévisée que j'ai entendu parler Rachel Jedinak de son histoire quand elle était petite fille pendant la 2nde Guerre Mondiale et de son arrestation lors de la rafle du Vel'd'Hiv. J'ai eu envie de lire son témoignage et quand je l'ai vu à la médiathèque de ma commune, je n'ai pas hésité.
J'ai trouvé son récit très intéressant et émouvant car c'est celui d'une petite fille qui a échappé à plusieurs reprises à la mort qui parle. Ce récit est bref (125 pages), se lit vite et est empreint de pudeur. Son but en écrivant ce livre, est de transmettre son expérience aux générations futures qui ne connaissent pas forcément ce qui s'est passé durant la Seconde Guerre Mondiale, notamment les jeunes générations, comme elle l'a vécu et l'écrit dans son livre. Il ne faut jamais oublier pour que L Histoire ne se répète pas.
Je pense que ce témoignage facile à lire, peut être lu par des adolescents dès la fin du collège car il ne présente aucune difficulté.
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Récit très court, 70 pages. Et en si peu de pages, il regroupe la progression des mesures anti-juives en France, il rappelle les exactions du gouvernement de Vichy et les excès de zèle de la Police française pendant la période de collaboration et il soulève le voile du silence auquel les survivants ont été contraints après la Seconde Guerre Mondiale.

Aucune haine aveugle dans ce récit, Rachel Jedinak se garde bien de mettre tout le monde dans le même sac: elle parle de ces maîtresses qui cachaient les enfants ou de ces policiers qui regardaient « ailleurs ». Elle parle de son enfance et pourtant, pas de pathos, elle relate l'Histoire factuelle au travers pourtant de l'explosion d'une famille qui se croyait à l'abri, ici, en France, après un premier exode de Pologne. Elle se souvient du sacrifice de sa mère, de son père, des séparations, de la peur omniprésente, de la fuite, du froid qui s'insinue dans le coeur quand la terreur n'a plus de mots.

Les mots qui viennent spontanément à l'esprit à la lecture d'un tel témoignage sont barbarie, compassion, admiration, honte et respect. La barbaries des actes commis, notamment contre des civils, durant la Seconde Guerre Mondiale, compassion pour les victimes et les survivants, admiration pour le simple quidam qui a apporté son aide, ces anonymes qui ont laissé s'exprimer leur humanité au mépris du danger en apportant leur aide aux persécutés et honte de mon pays.
Le sentiment de respect est aussi présent devant ceux qui ont eu le courage de raconter l'indicible.
Je suis la première à vouloir rappeler que les victimes du second conflit mondial n'étaient pas les seuls juifs, qu'il ne faut pas oublier les autres. Je suis la première à refuser un blanc-seing à Israël pour sa politique actuelle, incompréhensible en rapport à ce passé douloureux. Je suis la première à me pencher aussi sur le destin et les existences effacées de la mémoire de ces allemands qui exécraient le nazisme et de leurs descendants marqués à tout jamais de l'infamie orchestrée par Adolph Hitler.
Mais il est hors de question d'ignorer ou de mépriser les épreuves, la souffrance et les cicatrices indélébiles que le peuple juif portent en lui.

Vous me direz, c'est un énième témoignage. Oui, c'est un énième témoignage mais terriblement important, au même titre que tous les autres et de ceux qu'on ne lira jamais car la parole n'a jamais été libérée.
Crucial de lire ce condensé quelque peu détaché, et par là-même brutal, de l'avant, du pendant et de l'après car l'actualité, avec sa recrudescence des intolérances et la montée des extrêmes politiques de tout poil, nous alerte sur les dangers d'une Histoire qui est bien en passe de se répéter et dont les signaux se heurtent pourtant à la surdité et l'amnésie de nos contemporains.
Rachel Jedinak intervient dans les écoles et nos enfants et petits-enfants, à l'heure où la volonté politique est de ramener les programmes d'Histoire à peau de chagrin, se doivent d'écouter. Nous sommes les héritiers d'une Histoire, sanglante et terrible souvent, mais nous ne pouvons nier les faits et vivre dans l'ignorance de l'horreur perpétrée par des êtres dits « humains ».

Alors oui, c'est un énième témoignage mais comme tout témoignage, il est unique et précieux, et de génération en génération, notre rôle est d'empêcher que les enfants du XXIème siècle ne vivent ce que les enfants de 40 ont vécu. La transmission de la mémoire est le devoir de chacun pour éviter de retomber dans un obscurantisme fatal et en ce cela, ce récit est important.
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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"Nous étions seulement des enfants" est le témoignage de Rachel Jedinak sur la déportation de ses parents et sa survie au quotidien durant l'Occupation. Les événements, dont la rafle du 16 juillet 1942 à Paris, nous sont narrés du point de vue de l'auteur, tels que cette dernière se les remémorent alors qu'elle n'était encore une enfant. le point de vue enfantin donne à ce court récit un style simple et sans fioritures. Il s'agit d'une lecture facile qui pourra également convenir à des adolescents.
Si les témoignages et livres sur ce sujet se sont multipliés ces dernières années, ils n'en restent pas moins toujours vecteurs d'une importante émotion. En 2018, les rescapés de la Shoah sont de moins en moins nombreux et il devient urgent de récolter ces derniers témoignages pour entretenir notre mémoire collective car, dans quelques décennies, il n'y aura bientôt plus de témoins directs pour nous parler de ces atrocités qu'il ne faut pas oublier. Un témoignage à diffuser et à partager avec les jeunes générations.
Je remercie NetGalley et les éditions Fayard pour la découverte de ce livre.
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Dès le début on sent que ce livre va nous prendre aux tripes. J'ai frissonné d'émotion dès les premières pages. On ressent tout ce dont nous parle l'auteure.

Ce témoignage est très émouvant. Il retrace l'enfance de Rachel, cette petite fille qui a connu l'horreur de la seconde guerre mondiale. L'histoire commence avec elle en femme d'âge mûre qui se rappelle de son enfance en voyant jouer les petits devant elle. Avec elle, on va retracer la carte de sa vie, de son enfance.

Ce livre est un recueil de souvenir et d'émotions. Malgré le sujet traité, c'est un livre d'une beauté sans égal. La plume de l'auteure nous transporte totalement au coeur de son histoire. On sent que ce livre a un âme, un certain vécu. On sent l'émotion qui s'y dégage. J'avais l'impression d'être au côté de Rachel, de vivre les événements en même temps qu'elle.

Au début j'ai eu un peu de mal avec les souvenirs et les retours à la Rachel du présent, mais une fois bien compris le principe on plonge facilement dans l'ouvrage. Un ouvrage qui sera vous tirer quelques larmes, que vous soyez sensible ou non ce livre vous touchera obligatoirement. Ce livre est à la fois une histoire, mais aussi notre Histoire.

Merci aux éditions Fayard de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Souvent, on me demande comment j’ai pu survivre à ce que j’ai traversé ; comment, enfant, on peut se remettre de l’indicible. Bien sûr, je n’ai pas eu le choix. Puisque j’étais en vie, puisque j’avais cette chance que tant d’autres n’avaient pas eue, il fallait bien continuer. Mais, en réalité, c’est autre chose. Partout, j’étais bien ; par tous, je me sentais entourée. […] Cet amour-là, profond et pluriel, m’a sauvée. J’ai traversé l’horreur avec la certitude qu’il y avait, au bout de tout, du beau, du familier.
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Les survivants qui revenaient, on ne les laissait pas parler. Ils étaient des ombres sur le ciel bleu. Même moi, je me souviens, on me faisait taire : "Allez ! Allez ! On ne parle plus de ça, on parle de l’avenir !" Certaines personnes m’ont même dit : "Tu as de la chance d’être restée en vie, alors tais-toi !" Au-delà du chagrin des témoignages, c’était autre chose qu’on ne voulait pas concevoir. Le pays préférait oublier son histoire. Ignorer que les Français ne furent pas tous résistants. Que, ce matin de juillet 1942, ce n’était pas l’ennemi allemand qui était venu nous chercher, mais bien des policiers français.
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La masse étoilée s’est mise en marche. Certains voisins se tenaient à leurs fenêtres. Je me souviens que nous croisions les premiers passants sur les trottoirs. Ils nous regardaient, ils observaient les centaines de Juifs qu’on emmenait. Certains riaient comme des diables, nous pointaient du doigt, nous disaient que c’était bien fait. Puis il y avait les autres. Je vois encore cette dame qui pleurait, tenant dans sa main la petite croix accrochée à son cou. Je distingue encore les traits de cet homme, la main sur la bouche de stupeur. J’avais huit ans, mais j’ai compris que les Parisiens n’étaient pas tous d’accord quant à notre sort.
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Je garde de ce jour une terrible sensation de honte. Pas d’être juive, mais de devoir l’être avant toutes les choses que j’étais, et d’en être différente des autres.
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Ma souffrance ne gît plus sur cette terre. J’en ai terminé avec elle. Alors, je la raconte. Pas pour pleurer, non, ni pour ressasser. Je me vois plutôt comme Elzéard, ce berger solitaire de Jean Giono qui plante des arbres pour peupler sa région aride.
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