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EAN : 9782954905242
272 pages
Auto édition (01/03/2020)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Tout d'abord, avoir en tête que tous les rayons solaires émanant d'un repère tropique structurent l'ensemble des figures de la grotte dans laquelle ils pénètrent en déterminant leur sens, leur emplacement et leur qualité selon l'orientation levant ou couchant de cette « Porte du ciel ».
Bouquetin noir latéralisé à droite avec les cornes courbées à gauche = Lune croissante. Bouquetin lumineux latéralisé à gauche avec les cornes courbées à droite = Lune décroi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Chantal Jègues-Wolkiewiez a “les pieds bien sur la terre et la tête levée vers les étoiles” !
Dans cet essai parfois ardu à la lecture pour un néophyte, en vocabulaire et calculs d'astronomie, le faisceau d'indices développé pour orienter vers une perception novatrice de l'art pariétal en nos contrées est assez époustouflant !
Quel regard “visionnaire” ! Ne craignons pas d'employer ici un terme galvaudé de nos jours, car il s'agit bien en effet, dans la mesure où ses travaux aboutiront tôt ou tard à la reconnaissance scientifique (frileuse et réticente, voire hostile, pour l'heure), d'une découverte majeure, “révolutionnaire”, qui induira un tout autre regard sur nos Anciens ; « l'Art pariétal structurant » :
« Peu à peu, année après année, sites d'habitats après grottes sanctuaires, au fur et à mesure des solstices et des équinoxes, j'acquis la conviction que seule la perpétuation volontaire d'une connaissance ordonnée méticuleusement et transmise de maîtres à disciples avait régné dans tout l'espace occupé par l'art pariétal du Paléolithique. Un “vouloir de construction” bien précis accompagné d'une “idéologie collective” avait choisi, structuré et organisé tous les lieux de culte qu'ils avaient peints et gravés afin de les lier éternellement à la lumière du Soleil ou de la Lune aux moments exacts des variations saisonnières. » [p. 50]
Ce dont il est question c'est de l'aspect civilisationnel du « Paléolithique supérieur », soit couvrant plus de trente mille ans, ce qui est absolument considérable dans le cadre de notre Humanité !
Dans cette perspective, la transition vers la néolithisation sera héritière de cette culture très ancienne, et en portera toutes les valeurs humaines en son sein jusqu'à nos jours :
« Il n'est pourtant jamais venu à l'idée des préhistoriens que l'art pariétal fut structuré concrètement, par l'impact des directions et des mouvements de la lumière solaire. Pourtant, les orientations des ouvertures permettant le passage de la lumière des solstices et équinoxes sont révélés par l'astronomie archaïque d'observation et de position qui fut pratiquée par les premiers Cro-Magnons, mais aussi ensuite par tous les constructeurs mégalithiques et de l'Antiquité, par les Compagnons constructeurs des cathédrales, puis par ceux de la Renaissance. » [p. 92/93]
Cela heurte sans doute notre “civilisation” actuelle dans la surestimation qu'elle a d'elle-même, d'accepter de devoir tant, en fait l'essentiel, comme une colonne vertébrale, à nos Anciens !
« Il y a cohérence dans la distribution des motifs représentés, il y a une mise en forme qui répond à une ordonnance, un système. Les figures sont articulées de manière signifiante les unes par rapport aux autres d'une mise en sens et présence, dont elles intègrent la structure morphologique de l'ensemble dans une véritable “mise en scène”. Marc Groenen (professeur de préhistoire – Université Libre de Bruxelles, 2019)
« Il semble bien, que les hommes préhistoriques transportaient leurs repères célestes au fond des grottes. Ils pouvaient ainsi, entre autres raisons, cheminer dans les cavernes comme sur la terre car ils y transposaient à la bonne place les symboles qu'ils avaient imaginés en regardant le firmament. Et aussi peut-être était-ce un moyen pour éduquer, expliquer aux jeunes les règles nécessaires et indispensables pour organiser et prévoir leur vie sociale et religieuse, ainsi que gérer leurs déplacements. » (p. 124)
Ainsi donc, au-delà des millénaires, ces Ancêtres nous sont finalement beaucoup plus proches que nous voulons bien nous l'avouer. Nous avons probablement développé un regard “condescendant” de mauvais aloi, peut-être pour nous rassurer quant à nos réelles certitudes d'être légitimes dans nos prérogatives actuelles, et quant à notre façon de vivre, de gérer, puiser (piller ?) les ressources naturelles de la planète sans mesure, cette Terre qui nous a vu naître de l'aléatoire …
Quoi qu'il en soit, peut-être pourrions nous trouver là matière à nous réconcilier avec nous-même et préserver un devenir pour les générations de demain, un peu plus de sens, dans une certaine humilité quant à notre condition Humaine.
De nombreux croquis (pas toujours très lisibles, et c'est dommage), ainsi qu'illustrations et photos, aident à la compréhension de l'ouvrage et du propos parfois difficile à visualiser (pour les personnes peu versées dans la discipline des positions des astres) dans son application explicative.
« ...puisque vous acceptez l'idée que les constructeurs de Carnac organisaient leurs mégalithes en fonction des mouvements solaires ou lunaires, ou que les Égyptiens orientaient leurs pyramides ou leurs temples en utilisant les mêmes données, il faut accepter le fait que bien avant eux, les Préhistoriques du Paléolithique supérieur non seulement utilisaient déjà ces données solsticiales comme structure de leur art, mais que de plus, ce sont vraisemblablement eux qui les ont découvertes ! » (p. 152)
Le Mésolithique, intermédiaire avec le Néolithique, a été la période charnière de la profonde modification de nos modes de vies, mais pour autant elle fut aussi le pont entre ces deux aspects de notre Humanité. Il n'y a jamais eu “rupture”, juste une continuité quelque peu tâtonnante sans doute, mais qui n'était pas inéluctable quand à nos choix d'aujourd'hui !
La question qui se pose actuellement est de savoir si nous avons vraiment “l'ardence” de nous réconcilier avec nous-mêmes et ces Ancêtres que nous portons en nous vers une humanité plus respectueuse d'elle-même et de son milieu de vie, ou est-ce que nous laisserons cette structure sommes toute récente dite « culture d'El Argar* » (ou Anthropocène final), nous engloutir dans les abysses de notre perdition ?
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https://www.babelio.com/livres/Lehorff-Par-les-armes/1043202/critiques/1663428
Lien : http://www.versautrechose.fr/
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Cependant, des questions se posaient quant au pourquoi de l'ornementation de certaines cavernes, de certains habitats, tandis que d'autres, longtemps occupés, n'étaient pas sanctuarisés.
« On s'interroge encore sur la raison pour laquelle certains lieux de séjour présentent une ornementation pariétale, parfois très élaborée, alors que d'autres en sont dépourvus. » Sacchi Dominique.
L'étude que j'ai faite sur l'orientation des grottes et des abris ornés souligne d'abord pour tous les sites ornés la constance d'une sélection d'issues vers les repères tropiques. De plus, on observe que les sites ornés qui n'ont pas été habités sont quand même orientés dans ces directions spécifiques, et que les sites occupés dans ce passé lointain, mais qui ne sont pas décorés ne sont pas en face de ces positions solaires privilégiées. Ces ouvertures vers les phénomènes solsticiaux et équinoxiaux n'ont par conséquent pas été choisies pour un confort journalier de chaleur et d'éclairement, mais pour des raisons de mises en lumière périodique de ces sites.
Il s'avère donc en premier lieu que l'espace de l'Homo-sapiens du Paléolithique supérieur n'est pas homogène étant donné qu'il y a des zones dont la qualité est différente des autres avec des barrières, des porches, des tabous, des ruptures. Mais par ailleurs, ces directions célestes préférentielles indiquent que les chasseurs-cueilleurs valorisaient les périodes solsticiales et équinoxiales qui découpaient non seulement la « ronde solaire », mais aussi le temps quotidien puisqu'il s'agissait des levers et couchers solaires.
C'est pourquoi ces sites ornés étaient sacralisés et séparés des lieux profanes. Chacun d'eux était un centre du monde, un axe autour duquel s'étalait un territoire neutre, sans possibilité d'orientation, sans repère spatial temporel fixe.
De cette façon s'explique et se confirme la sacralité des grottes ornées, ainsi que le rôle des œuvres pariétales qui signalent et mettent en scène l'espace et le temps sacrés des Cro-Magnons les plus anciens.
Ces œuvres d'art millénaires, que l'on continue à découvrir au fur et à mesure des fouilles, sont les uniques éléments tangibles qui nous restent ...
p. 143
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Tout en descendant vers le fond du Diverticule axial, bien qu'en principe je sois mal à l'aise dans le désordre, je me sentais de mieux en mieux au milieu de ce qui au premier abord m'a semblé un fouillis indescriptible qui « respire la joie de vivre », comme lorsqu'on est entouré d'enfants insouciants et en pleine santé qui s'amusent dans une cour de récréation. Et au fur et à mesure de mon chemin vers le fond rouge ardent du méandre, malgré la lueur parcimonieuse offerte pour la visite, j'eus une sensation que sur l'instant je ressentis comme « somptueuse » : celle de m'avancer vers ce qui s'appelle la « gloire du Soleil », ce phénomène lumineux qui se produit dans la direction opposée à l'astre du jour qui se couche. Il est provoqué par des particules atmosphériques (poussières, gouttes d'eau) de la lumière solaire autour du point antisolaire. Une couronne rouge se forme autour de son ombre projetée dans la brume, les nuages ou les gouttes de rosée posées sur l'herbe.
En regardant les vaches tournoyantes de la voûte, en voyant le taureau magnifiquement furieux avec ses sept têtes sur la paroi de gauche dite “nord” par les archéologues, dans mon esprit se bousculaient les chants du Rig-Véda, (Il, 24, 3) :
« Brihaspati a fait sortir les vaches : par une parole il a pourfendu la caverne, il a fait disparaître les ténèbres et rendu visible le Soleil. »
« Cette haute intuition-poétique à sept têtes, 191notre père (Brihaspati) l'a découverte, née de la Vérité. » (RV. X.671)
Quant au grand cheval qui précède le grand taureau, je me dis : « Tiens, on dirait Trita, le Soleil qui va constamment se coucher et qui est venu aider Brihaspati pour lutter contre Vala ce génie hivernal qui retient prisonniers les éléments de la Création : le Soleil, les aurores, le feu, les eaux primordiales, la vie... »*
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* Je fais allusion au mythe d'origine indo-européenne, qui évoque la mort que connaît le monde durant l'hiver. Vala est le symbole de l'hibernation et de l'affaiblissement de la nature. Lorsque Vala est fracturé par le chant de Brihaspati (le Taureau), les Vaches de l'aurore sont délivrées. Trita, sous la forme d'un cheval représente le Soleil déjà couché, qui aide Brihaspati Taureau à sept têtes) Le retour du printemps est annoncé par les « Angiras » qui sont les messagers de la nouvelle saison.
p. 196
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Tout au long de la nuit, puis à l'aube finissante, quand sur l'horizon est, les spectateurs du firmament regardaient émerger tous les corps célestes de ce que les anciens nommaient « la grande caverne ». Ils les admiraient avançant à la même allure, tel un troupeau, s'élevant tous de la gauche vers le sud à droite ; puis ils les observaient redescendre tous à l'unisson vers l'ouest avant de disparaître. Puisque le Soleil, la Lune, les planètes et toutes les constellations surgissaient de cette « grande caverne », il était logique que les poètes et les artistes aient visualisé des animaux pénétrant ou sortant des grottes ou des cavités qui leur servaient de refuge quand régnait l'obscurité glaciale. Il était normal alors, que le soir, tournés vers le couchant ils les aient imaginés allant s'abriter dans les excavations comme ils le faisaient eux-mêmes.
Il s'avère que les mythologies lettone et lituanienne reflètent toutes deux, un état d'âme encore plus simple, donc plus intelligible que la phraséologie des hymnes les plus anciens.
Mais l'art pariétal nous fait remonter beaucoup plus loin que les légendes grecques ou les chants védiques dont les textes d'après Max Müller nous montrent parfois : « Le flux de la pensée mythologique jaillissant de la source vive du cœur humain. »
p. 150
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Nous le savons tous, il y a dans l'espace du cosmos des corps célestes qui se déplacent et jouent un rôle déterminant sur les évènements lumineux cycliques qui sont des phénomènes constants vus de la terre. L’humain pour vivre est non seulement complètement dépendant de sa faculté d'adaptation à ces phénomènes cycliques mais aussi à leur impact sur la végétation et les animaux dont il se nourrit. Il est donc obligé de déterminer, de prévoir, de mémoriser d'utiliser ces phénomènes en maîtrisant toutes leurs connections formées par la structure des rayons lumineux de ces corps célestes qui sont toujours en mouvement par rapport à la terre. Pour faire simple, il doit toujours savoir où sont situés ces corps célestes lumineux par rapport aux repères terrestres fixes de son lieu de vie.
De plus, la lumière est à la base de la connaissance sur terre des repères que sont les points cardinaux. Et il faut bien reconnaître que si la disposition des cavités naturelles est toujours changeante par rapport au nord, chacune d'elle est parfaitement immobile dans l'espace et peut servir de jalon pour déterminer dans le ciel la position d'un luminaire dont la lumière pénètre une caverne lorsqu'il atteint une place remarquable sur l'horizon.
Une autre observation d'André Leroi-Gourhan, nous oblige à réfléchir à la position des rayons lumineux qui soulignent à un moment donné un sujet peint ou un autre en se demandant si une raison, un évènement venant de l'ordre du cosmos et que les artistes du passé auraient pu voir, peut apporter une réponse. Cette remarque concernerait en quelque sorte une image codée permettant d'exprimer un évènement grâce à l’ordonnancement de certaines figures précises sur les parois des grottes ornées.
« Or, l'art pariétal est précisément caractérisé par la répartition symétrique des figures sur certaines parois dans certaines grottes, et par leur symétrie inverse sur d'autres parois ou d'autres grottes. » (André Leroi-Gourhan)*.
Les trois derniers mots de cette phrase « … ou d'autres grottes » sont extraordinaires et obligent à la réflexion. En effet, si la scène remarquée sur la paroi d'une grotte se retrouve inversée sur une paroi d'une autre grotte, ces deux ensembles de figures impliquent que sur ces deux parois est racontée la même scène avec les mêmes acteurs mais vus à partir d'une orientation différente, ou si l'on préfère d'un autre côté... À cette époque, où pouvait bien se dérouler sinon dans les cieux, un évènement qui pouvait être vu en même temps de différents endroits ?
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*(A. Leroi-Gourhan, L'art pariétal. Langage de la préhistoire.) Page 99.
p. 69
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Au-delà des Védas, mais en deçà des Paléolithiques dispersés à travers l'Europe de l'Est par la fonte des glaciers, les Lettons et les Lituaniens par exemple, ont laissé transparaître dans leur folklore un état d'âme encore plus simple et plus primitif que ces hymnes. Leurs chants nous livrent des images qui sont tellement comparables à celles que l'on admire sur les parois de Lascaux que l'on peut aisément avoir en tête que les artistes solutréens étaient proches de :
« ... ces êtres dont les oreilles étaient emplies par la musique des étoiles et que leurs pensées jaillissaient de la source vive du cœur humain. »
Pour ces peuples slaves “premier”, la vache noire est un nom de la nuit, la mère des vaches est l'aurore, le bœuf gris ou blanc est le jour, le taureau gris est le crépuscule, les chevaux sont ceux du Soleil ou de la Lune, on dit qu'à l'aube l'étoile du matin allume ses feux et que l'étoile du soir fait son lit à la brune. Ou alors on nous raconte que le Soleil coupa la Lune en morceaux pour avoir enlevé la fiancée de l'étoile du matin...etc.
« On parle dans sa propre langue, on écrit en langue étrangère » Jean-Paul Sartre.
Ici, au cœur du sanctuaire, les représentations animales, leurs rythmes, leurs couleurs, leurs positions étant porteuses de leurs mots, de leurs idées, sont comparables aux expressions et aux mots surtout qui sont analogues aux nôtres lorsque nous écrivons.
p. 189
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