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Critique de cecilestmartin


Dernier volet des Livres de la terre fracturée, j'ai dévoré les deux premiers tomes et ai éprouvé le même plaisir à connaître la conclusion des aventures d'Essun et de sa fille.
Essun poursuit sa route avec les castriminiens, direction Rennanis, cité qui devrait permettre à la Comm de survivre à la cinquième Saison. La jeune femme est déchirée entre sa mission, ouvrir la porte de cristal, et le désir de retrouver Nassun dont elle sait à présent qu'elle possède une immense force et que Schaffa est à ses côtés. Schaffa, le Gardien, lutte sans relâche pour neutraliser les assauts de sa Pierre-noyau, qui le contraint à contrôler les jeunes orogènes qui sont sous sa responsabilité. Schaffa investi par Nassun comme père de substitution et pour lequel elle est prête à tous les sacrifices afin de lui éviter de souffrir.
On découvre aussi l'histoire d'Hoa - autre « outil » dans les mains d'une force supérieure – qui évolue dans la cité de Syl Anagyst. le mangeur de pierre et ses semblables - « vestiges dénaturés des Niess », un ancien peuple ennemi des sylanagestins - sont craints pour leur magie. Et l'on découvre ici l'histoire tristement humaine d'une société qui souhaite en éradiquer une autre par peur, par conviction de sa supériorité. Syl Anagyst a ainsi exterminé le peuple des Niess, préservant et transformant leur pouvoir, exploitant leurs ressources car « Il faut que quelqu'un souffre pour permettre aux autres de vivre dans le luxe. ». Ainsi nait le projet fou de la Geoarcanité, « enfermer les flux bruts magiques de la planète dans un cycle sans fin au service de l'humanité », asservissant la Terre pour toujours au profit d'une société inconsciente de ce que cela implique.
Le vrai talent de N.K Jemisin est de faire s'affronter plusieurs forces et projets : tout détruire car l'humanité ne mérite pas de seconde chance ou tenter de rééquilibrer les choses, de reconstruire une société plus inclusive, plus égalitaire qui vivrait en paix avec le Père Terre, apaisé d'avoir retrouvé sa fille la Lune.
Les deux projets nécessitent choix cornéliens et sacrifices pour la mère et la fille.
C'est une belle et tragique réflexion que tisse l'auteur en filigrane. Elle nous interpelle sur l'héritage que nous allons laisser, sur le fait que le bien-être des uns repose presque toujours sur l'esclavage, le pillage, le déni d'humanité. le propos est politique, il emprunte à différents registres qui renvoient tous au thème de l'exploitation : celle des richesses de la planète, de l'homme par l'homme…
« Personne n'a réellement envie d'affronter le fait que le monde est ce qu'il est par la faute d'ancêtres si arrogants, si égocentriques qu'ils ont cherché à réduire en esclavage la planète même ».

Challenge MULTI-DEFIS 2021

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