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Les livres de la terre fracturée tome 2 sur 4
EAN : 9782290172858
512 pages
J'ai lu (09/10/2019)
4.12/5   474 notes
Résumé :
La Cinquième Saison jette les derniers vestiges de la civilisation dans une froide nuit sans fin. Essun - jadis Damaya, puis Syénite, mais qui n'est plus aujourd'hui que vengeance - a trouvé un abri, mais pas sa fille. Son chemin croise à nouveau celui d'Albâtre, le destructeur du monde revenu d'entre les morts, porteur d'une demande qu'elle seule peut satisfaire et dont il ne peut résulter que le chaos. Pendant ce temps, le pouvoir de Nassun, sa fille, ne cesse de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
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Le deuxième tome de cette trilogie de fantasy post-apo souffre un peu du « syndrome du milieu », mais n'en reste pas moins d'une grande force et d'une grande qualité narrative qui n'a rien à envier au premier tome, en plus d'introduire de nouveaux éléments bien intrigants.

On y retrouve Essun (toujours désignée au « vous »), tiraillée entre son désir d'appartenance à une « comm » et sa volonté de retrouver sa fille. Celle-ci, Nassun, a désormais droit à son propre point de vue et se révèle bien plus qu'une simple demoiselle en détresse kidnappée par son père. Enfin, Schaffa, personnage déjà rencontré dans le premier tome, prend ici une direction inattendue et quelque peu ambigüe.

D'un côté, il m'a semblé qu'il ne se passe pas grand-chose dans ce tome, mais de l'autre, je n'ai pourtant pas eu l'impression de m'ennuyer au cours de ma lecture. On est un peu plus dans la vie quotidienne que dans l'action pure et dure, et d'une certaine manière, j'ai l'impression que c'était nécessaire de montrer cet aspect-là aussi.

Les thématiques sont toujours fortes et bien traitées, les caractères des personnages sont toujours aussi bien soignés, leurs relations également. le narrateur se fait un peu plus présent en tant que narrateur et on commence à voir se dessiner quelques indices sur « pourquoi » il raconte cette histoire – et pourquoi il la raconte d'une manière aussi particulière.
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Presque aussi bon que La cinquième saison

Lu en VO en raison du prix très élevé de la version électronique française (87 % de la version physique, à comparer avec les 45-50 % pratiqués par Bragelonne et l'Atalante).

La porte de cristal est le second tome de la trilogie Les livres de la Terre fracturée, après La cinquième saison. Comme son prédécesseur, il a obtenu le prix Hugo, et deux consécutifs pour un même auteur, deux années successives et pour les bouquins d'un même cycle, ça n'arrive tout de même pas tous les quatre matins. Et quand on sait que le tome 3 est également nominé cette année… Même si ce deuxième opus, donc, a été couronné à l'égal du premier, on peut tout de même légitimement se demander s'il est du même niveau de qualité (le tome intermédiaire d'une trilogie étant rarement à la hauteur des deux autres). La réponse est, de mon point de vue, oui, ce qui est d'autant plus remarquable que cette fois, l'auteure ne bénéficie pas de l'effet de surprise, puisque nous connaissons déjà l'univers, qui, à mon sens, constituait un des points forts (mais pas le seul et peut-être pas le principal) de la cinquième saison.

Attention : si vous n'avez pas encore lu le tome 1, il est possible que ce qui suit contienne des spoilers sur l'intrigue de ce dernier.

Situation, structure, personnages

Nous allons, cette fois encore, suivre trois personnages, deux de façon majoritaire, et le troisième essentiellement par les yeux d'un des deux premiers. le point de vue minoritaire est celui du Gardien Schaffa, qui, suite aux événements du tome 1, n'est plus tout à fait le même, et les deux majeurs sont ceux d'Essun, d'une part, et de sa fille Nassun, d'autre part.

Alors qu'une cinquième saison vient de se déclencher (suite aux actions de vous-savez-qui), et que, d'après Essun, elle durera dix-mille ans, notre héroïne s'installe à Castrima, la comm souterraine abritée dans une géode géante dont les systèmes de ventilation, d'éclairage ou de plomberie sont alimentés par l'orogénie, et dont la simple survie dépend d'une zone de calme sismique impulsée par les orogènes. Dans une civilisation où ces derniers sont tués dès que leur nature est découverte par les Fixes, Castrima fait donc figure d'exception, d'utopie, dont on verra qu'elle se révélera plus théorique ou metastable que réelle et pérenne. C'est une inversion des archétypes installés dans le tome 1 : ici, les Orogènes ne veulent pas quitter les Fixes, fuir ailleurs à la première occasion. Et plus on va avancer dans le roman, et plus Essun va assumer un rôle de leader, des orogènes d'abord, mais pas que.

Pendant les trois premiers quarts, en gros, Essun va cependant se faire en partie voler la vedette par sa fille, Nassun, dont on découvre l'odyssée aux côtés de son père, après qu'il ait massacré son petit frère en découvrant que c'était un Orogène. Il va ensuite la conduire dans une lointaine comm antarctique, où se trouveraient des gens capables de supprimer l'orogénie. La jeune fille (nous la suivons de 9 à 11 ans) se révèle très intéressante, notamment dans la façon dont elle est tiraillée entre ses sentiments pour ses parents et les nécessités de la survie en tant qu'Orogène en pleine Saison, et aux mains de quelqu'un (son propre père) prompt à tuer les personnes dans son genre.

L'évolution d'Essun est, dans un genre différent, également très intéressante : n'étant plus focalisée sur la traque de sa fille, dont elle a perdu la trace, elle s'implique dans la vie politique de sa comm d'adoption, devenant la figure de proue des orogènes. A cette occasion, pour défendre son « peuple », elle montrera un côté encore plus déterminé et impitoyable que celui qu'on lui connaissait déjà, se transformant en quasi-dictateur à deux doigts de régner par la terreur et le meurtre, un peu dans une perspective mais vous allez finir par vous aimer les uns les autres, bordel de merde… 😀

Signalons que les flashbacks sont minoritaires (un chapitre pour Schaffa, un ou deux pour Nassun, de mémoire, dont un qui nous explique pourquoi Jija a tué son fils mais épargné sa fille), et que l'intrigue s'étend sur quelque chose comme deux ans. Et bien sûr, qui dit moins d'aller-retours entre points de vue et temporalités dit roman plus simple et fluide à lire.

On retrouve aussi d'autres personnages issus du tome précédent (Tonkee, Hoa, Antimoine, Albâtre, Schaffa, etc), ainsi que de nouveaux qui font leur apparition dans celui-ci.

Genre et world- / magic-building

Malgré le fait que N.K. Jemisin présentait le tome 1 comme une oeuvre de Fantasy, à la lecture, on avait plus l'impression d'être au minimum dans de la science-fantasy, et peut-être même de la SF post-apocalyptique déguisée. de plus, les facultés des orogènes semblaient relever au moins autant d'un pouvoir type super-héroïque que de sorcellerie classique, ce qui fait qu'il était difficile de se faire une idée.

Ce tome 2 apporte plus de réponses, parle explicitement de magie en parallèle de l'Orogénie, clarifie la nature des Obélisques, celle des Gardiens (qui sont au centre de l'intrigue, et c'est tout ce que je dirais à ce sujet), des Mangeurs de pierre, explique l'absence de Lune dans le ciel, les causes des saisons, nous montre un faible aperçu de civilisations très anciennes, bref répond à pas mal de questions. Sauf que… d'une part les réponses apportées entraînent bien plus de nouvelles interrogations que celles qu'elles résolvent, et que je me demande dans quelle mesure certaines révélations ou explications sont fiables, et dans quelle mesure l'auteure ne cherche pas à nous mener en bateau pour mieux nous surprendre dans le tome 3.

Intrigue, thématiques

Les deux points de vue principaux sont assez opposés : alors qu'Essun est statique (elle ne bouge pas de Castrima de tout le bouquin), Nassun va parcourir tout le chemin de Tirimo, sa comm natale, jusqu'à une comm antarctique. Les deux vont cependant devoir faire face au racisme anti-orogènes, développer de nouveaux et spectaculaires pouvoirs et, à la fin, faire preuve d'une résolution sans faille, sanglante et impitoyable dans le but d'atteindre leurs objectifs.

Si le racisme reste au centre des thématiques, il est aussi rejoint par le coming-out et la façon de coexister avec des gens qui méprisent tout ce que vous êtes : Jija considère que l'Orogénie de sa fille est une maladie, dont il recherche le traitement sur la moitié d'un super-continent de la taille de la Pangée. Dans un miroir du coming-out d'un homosexuel ou d'une personne atteinte du SIDA, il n'accepte pas sa nature ou son état, allant même jusqu'à recourir à la violence contre la chair de sa chair. Une phrase est très significative : il déclare « je veux retrouver ma petite fille », ce à quoi, craignant les coups, voire la mort, Nassun se garde bien de répondre à haute voix, mais pense pourtant « je ne suis allée nulle part ». Traduction : l'orogénie fait partie de moi, que tu le veuilles ou non, et le fait que tu la conçoives comme une abomination n'enlève rien au fait que je suis ta fille et toujours la même personne que tu as autrefois aimée. Mais le dégoût n'est pas le seul facteur qui entre en compte : j'avais déjà relevé des convergences avec le traitement des Mutants chez Marvel, mais là aussi, c'est la peur du père des pouvoirs de son enfant qui l'empêche de l'aimer.

La dynamique de la façon dont Nassun considère ses parents est d'ailleurs fascinante : elle déteste, au début, sa mère pour sa dureté, voire ce qu'elle perçoit comme de la cruauté, mais idolâtre son père, malgré les regards ou actes meurtriers qu'il est susceptible de lui jeter à la figure du simple fait de sa nature d'orogène, bref quelque chose qu'elle n'a pas choisi et qui n'est pas sous son contrôle. Et plus le livre avance, plus elle est conduite à reconsidérer ces paradigmes, notamment lorsqu'elle considère son mentor dans la comm antarctique comme un père de substitution l'aimant bien plus sincèrement, pour ce qu'elle est et pas ce qu'il voudrait qu'elle soit (ou pas), tout ce qu'elle est, que son véritable géniteur. Un Jija qui, d'ailleurs, présente lui aussi une évolution psychologique, schizophrénique, même, fascinante.

Si le survivalisme était déjà bien présent dans La cinquième saison, il passe ici une vitesse de plus : la saison est bel et bien là, et la Loi saisonnière est appliquée sans états d'âme. Celui qui ne veut pas participer aux travaux nécessaires à la vie de la communauté, ou qui sabote les installations vitales de celle-ci, est puni sans pitié. On ne peut pas, de plus, être enceinte sans permission, car un bébé met des années à être d'une quelconque utilité à la communauté, un temps pendant lequel il consomme, au contraire, des ressources vitales pour des éléments productifs. Si la viande vient à manquer, le cannibalisme sera pratiqué parce que c'est nécessaire. Il est vraiment fascinant de voir à quelles extrémités ces comms sont prêtes à aller pour assurer la survie d'un fragment de race humaine alors que les pluies acides tombent, que le ciel est d'un gris incessant torpillant la photosynthèse, alors que les changements climatiques et géophysiques catalysent des transformations meurtrières chez certains animaux, alors qu'un nouvel empire Sanze pille les ressources de toutes les comms trop faibles pour résister à des armées fortes de centaines de soldats qui, de plus, pratiquent un impitoyable eugénisme. Un comportement qui se conjugue donc à l'impérialisme d'une cité mineure soudain propulsée sur le devant de la scène historique par les actions du responsable de la saison en cours.

Et c'est d'ailleurs là un des autres thèmes majeurs du livre : l'eugénisme est présent à de multiples niveaux, qu'il s'agisse de celui pratiqué par les Gardiens, par les Fixes contre les Orogènes, par les Sanze contre ceux qui n'ont pas leur phénotype, par certains Mangeurs de pierre contre les humains.

Via l'entraînement qu'Albâtre fait subir à Essun, on aborde aussi la thématique de l'endoctrinement (du Fulcrum, ici), du formatage de la vision du monde conforme à une doctrine mais qui, du coup, prive une personne de tout un pan d'une réalité bien plus riche, complexe.

Bref, nous avons là encore affaire à un roman qui est non seulement riche, mais qui, plus encore, est subtil dans sa façon de traiter les nombreuses et profondes questions de société abordées.

Globalement, je l'ai trouvé un tout petit peu moins prenant que son prédécesseur, dont la construction narrative très habile participait à l'intérêt. sans compter celui de la découverte d'un monde à la fois assez original et très minutieusement et astucieusement construit. Je dirais aussi que l'empathie est, à partir d'un certain point, moins forte pour Nassun, voire Essun, qu'elle ne l'était pour le trio de protagonistes dans le roman précédent. Toutefois, globalement, ce tome 2 est aussi intéressant, que ce soit sur le plan des réponses apportées sur le world-/magic-building, sur l'exploitation des thématiques ou même sur le plan de l'action et de la pyrotechnie. S'il n'y a pas à proprement parler de cliffhanger, certaines révélations nous font entrevoir un tome 3 passionnant, où la mère et la fille vont se retrouver alors qu'une grande absente va faire son spectaculaire retour.
Lien : https://lecultedapophis.com/..
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Primée par trois Hugo consécutifs, la trilogie des « Livres de la Terre fracturée » de N. K. Jemisin s'est taillée une solide réputation. Une fois passé le (court) prologue un peu rude en terme de compréhension, le premier volume s'était révélé absolument captivant. le lecteur y apprenait à se familiariser avec un monde hostile dans lequel les hommes en sont réduits depuis des siècles à vivre dans de petites communautés dont la seule et unique préoccupation est de se préparer à survivre à la prochaine « cinquième saison », une période de durée variable durant laquelle les conditions de vie se dégradent suite au déclenchement de catastrophes naturelles. Dans cet univers où tout le monde craint les colères de « Père Terre », une poignée d'individus se voient doter du pouvoir d'utiliser et de contrôler les éléments. Loin d'en faire des super-héros adulés de la population, ces capacités les transforment au contraire en parias, et mettent leur vie en danger : à la fois parce que ces pouvoirs sont extrêmement dangereux et difficiles à maîtriser, mais aussi parce qu'ils terrifient les habitants lambda de leurs communautés, qui n'hésitent pas à les lyncher lorsqu'ils réalisent qu'un « gêneur » se trouve parmi eux. C'est dans ce contexte pour le moins violent que l'on fait la rencontre d'Essun, une orogène, justement confrontée à la haine engendrée par sa différence, y compris auprès de son entourage le plus proche. [Attention, si vous n'avez pas encore eu l'occasion de découvrir le premier tome de la trilogie, passez directement au paragraphe suivant au risque de vous voir révéler des pans importants de l'intrigue du précédent volume.] Après la mort tragique de son fils, la jeune femme s'est lancée à la poursuite de son époux infanticide pour tenter de récupérer leur fille, Nassun. Seulement prendre la route alors qu'une cinquième saison se prépare, ce n'est pas de tout repos, même lorsqu'on dispose de pouvoirs comme Essun. Après avoir croisé la route de deux étranges compagnons de route, la voilà condamnée à résider à Castrima, une cité souterraine dans laquelle orogènes et « fix » cohabitent tant bien que mal et dont la localisation doit rester secrète afin d'éviter toute attaque des communautés voisines. Nassun n'est pourtant pas perdu et, si Essun ne sait toujours rien du sort de sa fille, le lecteur, lui, la suit en parallèle de sa mère dans ses pérégrinations.

Le premier tome avait été une véritable claque, tant du point de vue de la construction de l'univers que de la dureté et de l'intensité émotionnelle de ce qui arrive aux personnages. Or, si on retrouve dans ce second tome tous les éléments qui avaient fait le succès du précédent, l'effet de surprise est un peu passé. Cela n'enlève rien au charme du roman, et on prend toujours autant de plaisir à suivre Essun, mais maintenant que l'on a intégré la plupart des règles qui régissent cet univers, on est moins souvent pris de court par les événements. le rythme de ce second tome est d'ailleurs beaucoup plus lent : Essun est condamnée à rester à Castrima et son immobilité forcée réduit évidemment le nombre de scènes d'action. L'essentiel de l'intrigue repose ainsi sur ses interactions avec les différents membres de la communauté (certains issus de son lointain passé, d'autres totalement inconnus jusqu'alors) et sur la manière dont la jeune femme tente de surmonter ses deuils. Ces pertes, le lecteur en ressent lui aussi douloureusement la perte, et par cet aspect, ce second tome se révèle tout aussi déchirant et tragique que le premier (qui mettait pourtant la barre assez haut). On s'attache sans mal aux nouveaux venus qui gravitent désormais autour de notre héroïne qui a bien du mal à rentrer ses griffes mais tente pourtant de s'intégrer à cette nouvelle communauté. Ses retrouvailles avec l'une des figures phare du premier tome la pousse également à tenter de comprendre toujours un peu plus comment fonctionne son orogénie et quel rapport celle-ci entretient-elle avec les mystérieux obélisques géants qui gravitent un peu partout sur le continent. L'autrice profite aussi de cette inertie de l'héroïne pour nous en apprendre davantage par l'intermédiaire de son mentor sur certains des aspects les plus fascinants de son univers : les mangeurs de pierre (qui sont-ils ? d'où viennent-ils ? dans quel camp se trouve-t-il ?), la cause à l'origine des cinquième saison, l'origine de l'orogénie… La seconde partie du roman se révèle plus dynamique, Castrima devant faire face à une menace inattendue et potentiellement mortelle qui va mettre les pouvoirs et la patience d'Essun à rude épreuve.

En ce qui concerne la narration, l'autrice continue d'alterner entre le « vous » lorsque les chapitres sont consacrés à Essun, et la troisième personne lorsque d'autres personnages sont mis en scène. On retrouve d'ailleurs dans ce second volume plusieurs acteurs du premier tome que l'on ne pensait pourtant pas nécessairement revoir (et qui ont, pour la plupart, subi d'importantes transformations). le roman se focalise également pour la première fois sur le personnage de Nassun, dont on ignorait jusqu'à présent le sort. Emmenée par son père après qu'il ait tué son petit frère et découvert son orogénie, la petite fille entreprend donc elle aussi un voyage périlleux en compagnie d'un homme qu'elle aime par dessus tout mais dont elle craint désormais les pulsions meurtrières. Nassun le sait, la seule raison pour laquelle elle est encore en vie, c'est que sont père croit pouvoir la « guérir » de son orogénie en rejoignant une communauté dont l'existence n'est qu'une rumeur mais qui serait capable de prendre en charge et « sauver » les gêneurs. Ce voyage plein de tensions entreprit entre père et fille fournit au lecteur l'occasion d'en apprendre plus sur la vie d'Essun avant la catastrophe, et surtout d'avoir sur elle un regard extérieur. Et celui-ci est loin d'être flatteur, ce qui frappe d'autant plus que, depuis le début du premier tome, on sait l'amour profond que porte la mère à sa fille. Or, à travers les yeux de Nassun, on découvre une femme dure, froide, et, si on connaît la vulnérabilité d'Essun et les raisons profondes qui la poussent à se comporter ainsi, la douleur de la petite fille et les sentiments ambivalents que lui inspirent sa mère ne laissent évidemment pas indifférents. Quel que soit le point de vue adopté, N. K. Jemisin se révèle en tout cas toujours aussi habile pour traiter les émotions de ses personnages et nous faire partager leur ressenti, leur douleur, leur frustration.

Si ce second tome des « Livres de la Terre fracturée » n'atteint sans doute pas le niveau du premier (qui était cela dit assez exceptionnel), on n'en suit pas moins avec toujours autant de plaisir le parcours d'Essun et des autres protagonistes. le rythme plus lent auquel s'enchaînent les événements permet à l'autrice d'approfondir un peu plus encore les spécificités de son univers et de son système de « magie », de même que la psychologie de ses personnages. Espérons que la conclusion sera du même acabit !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Nous retrouvons Essun alors qu'avec Hoa elle a posé son balluchon à la comm de Castrima, vaste géode. Là, elle retrouve Lerna, le médecin bienveillant de Tirimo mais aussi Albâtre, en piteux état, grignoté qu'il est par sa mangeuse de Pierre Antimoine.

Albâtre à l'origine de cette Cinquième saison, Albâtre qui a décidé de plonger le monde dans les ténèbres. Mille ans avant que la terre arrête de cracher cendres et gaz, mille ans au moins avant que l'humanité ne revoie la couleur du jour ou puisse cultiver, vivre dans une atmosphère assainie, espérer retrouver l'ordre naturel des choses…

Dans ce tome 2 de la trilogie de N. K Jemisin, nous retrouvons la trace de Nassun, emmenée par Jija, son père, un Fixe pour qui l'orogénie constitue une telle tare qu'il a massacré Uche son petit garçon à coups de poing lorsqu'il a découvert son pouvoir. Jija, entre amour et répulsion pour la nature de sa fille, va la conduire jusqu'à Nouvelle lune, une comm dans laquelle des Gardiens accueillent et éduquent les jeunes orogènes. Jija pense trouver là un lieu susceptible de « guérir » Nessun... On y retrouve un personnage bien connu qui va nouer avec la fillette une relation filiale complexe.

Pour apaiser la colère du Père Terre, il faudra lui rendre son enfant, la lune. C'est la mission que confie Albâtre à Essun. Pour cela, il faudra s'appuyer sur les 256 obélisques, coordonner leur magie pour ouvrir la Porte de cristal et ainsi mettre fin aux saisons.

Disons-le, je me régale ! C'est très bien écrit, construit de façon habile, les personnages sont complexes et attachants – l'auteur fait la part belle aux femmes, toutes des conquérantes et des combattantes, confrontées à des choix cornéliens qui les engagent entièrement, qui les amène à sacrifier leur corps, leur famille pour protéger le collectif, la communauté. Pointe également une réflexion autour de la nature, de la Terre (ici personnifié par une figure masculine, le Père Terre qui pleure son enfant, la lune) qui, maltraitée, condamne l'humanité à l'errance.

Allez, j'attaque le dernier tome 😊 !

Challenge MULTI-DEFIS 2021
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La trilogie des terres fracturées se déroule dans un univers difficile à appréhender, aux noms à consonnances complexes. Un monde captivant dans lequel évoluent des personnages peu attachants mais très marquants.
Le récit se déroule principalement en statique à Castrima, la cité dans laquelle Essun a trouvé refuge après un drame. Essun est toujours un personnage très ‘rugueux'. Il est compliqué de s'y attacher, tant elle est… difficile de trouver des qualificatifs précis. Hargneuse ? Egoïste ? Agressive ? Tout cela et un peu plus. Son histoire rend cependant parfaitement plausible un tel comportement.
Elle rencontre ici une société dans laquelle son « handicap » de toujours est parfaitement toléré et accepté, voire valorisé. Il est intéressant de la voir se débattre avec ses schémas de pensée profondément ancrés dans ce nouvel environnement. ‘Il va falloir perdre l'habitude de menacer n'importe qui n'importe quand, Essie. Je sais que tu as passé ton enfance au Fulcrum et que tu es ignare de ce côté-là, mais… ce n'est pas un comportement sain dans une communauté.' Lui glisse la chef de Castrima. Une bien étrange citée dans laquelle évoluent humains .
Les trajectoires de la fille et du mari d'Essun ainsi que celle de son ancien gardien viennent s'insérer en pointillés dans le récit. .
Ce deuxième tome n'est pas inintéressant mais en deçà du premier tome.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
12 avril 2018
Un roman tout à fait “lisible”, mais bien tiède. C’est d’autant plus dommage que le roman en tant que tel paraît mieux structuré, avec une narration moins éclatée, tout en nous apportant enfin quelques réponses bienvenues.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Vous secouez la tête. « Arrête, Albâtre. A t’entendre, on dirait que la planète est réelle. Vivante. Consciente. Mais les histoires du Père Terre n’existent que pour expliquer ce qui ne va pas dans le monde. Comme les sectes bizarres dont on entend parler de temps en temps. Il y en a une dont les membres demandent tous les soirs à un vieillard dans le ciel de veiller sur eux, quand ils vont se coucher. Les gens ont besoin de croire que l’univers ne se limite pas à ce qu’il est. »
C’est-à-dire de la merde. Vous le savez maintenant, après la mort de deux de vos enfants et la destruction répétée de votre existence. Pourquoi s’imaginer la planète telle une force mauvaise, en quête de vengeance ? C’est juste un caillou. C’est juste la vie : horrible, brève, menant au néant – avec de la chance.
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« Dix mille ans, peut-être. »

Pour que le rift lumenien arrête de cracher des gaz et que le ciel s'éclaircisse. Une paille, à l'échelle habituelle de la tectonique. Le danger, le vrai, c'est ce que risque de provoquer la cendre. S'il s'en dépose assez sur la surface océanique chaude, la banquise risque de progresser aux pôles. D'où des mers plus salées. Un climat plus sec. Le permafrost. L'extension, l'avancée des glaciers. Sachant que s'il arrive une chose pareille, la région la plus habitable du monde, l'Équatorial, sera toujours brûlante, toujours toxique. En Saison, c'est l'hiver qui tue vraiment. La faim. Le froid. Or le rift déclenchera peut-être une ère hivernale qui durera des millions d'années, une fois le ciel éclairci. Peu importe, d'ailleurs, puisque l'humanité se sera éteinte bien avant. Il ne restera que les obélisques, dérivant au-dessus des plaines blanches infinies, sans personne pour s'interroger sur leur nature ni les ignorer.
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Le fonctionnement de l'orogénie n'a jamais été vraiment logique. Ça ne devrait pas fonctionner du tout. La volonté, la concentration et la perception, déplacer des montagnes ? Il n'existe rien d'autre au monde qui fonctionne de cette manière. On n'arrête pas une avalanche par une danse admirable, on ne suscite pas des tempêtes en affinant son ouïe. À un certain niveau, vous avez toujours su que ça existait, que c'était là pour matérialiser votre volonté. Ça... Quoique ça puisse être.
Albâtre a l'habitude de lire en vous comme dans un livre.
« La civilisation qui a créé les obélisques avait un nom pour ça, explique-t-il, acquiesçant à la révélation que vous venez d'avoir. Contrairement à nous. Et je ne pense pas que ce soit par hasard. C'est parce que depuis d'innombrables générations, personne ne veut que les orogènes comprennent ce qu'ils font. Tout le monde veut juste qu'ils le fassent. »
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Il est en colère, a dit Timay, juste avant que Schaffa ne la tue. Il se prépare au retour. Vous inspirez brusquement. (...)
« C'est le Père Terre.
- Quoi donc ?
- La chose qui... Le... contaminant. » Il les a exploités avant qu'ils ne puissent l'exploiter. Il les a enchaînés, destin à destin. (...)
« Je vois. À ce moment-là, ils changent de camp. Au lieu d’œuvrer pour le statu quo et leurs intérêts de caste, ils se mettent au service de la Terre. Pas étonnant que leurs collègues les tuent.
- Mais que veut la Terre ? » (...)
« Que veut n'importe quel être vivant, confronté à un ennemi si cruel qu'il lui a enlevé un de ses enfants ? »
Vos dents se serrent. Se venger.
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Nassun se montre toujours très polie avec Nida et Umber. Ce n’est pas parce qu’ils ont envie de la tuer qu’elle doit oublier les bonnes manières.
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Vidéo de N. K. Jemisin
N.K. Jemisin and Book Riot's Jenn Northington discuss Jemisin's novel The City We Became. This is a spoiler zone! No plot point is off the table from The City We Became!
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