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Citations sur Féroces infirmes (35)

Ceux qui ont construit les Gratte-Ciel croyaient aux vertus du soleil et à l'air pour tous, ils croyaient que la beauté est un droit social, et ils l'ont construite. (p.37)
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Il faut voir l'architecture sur fond bleu, comme la Vierge, ajoute-t-il, car elle est une apparition : on avance et elle est là, ça doit couper les jambes ! (p. 55)
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Dans l'Hexagone, dans ce pays neuf du général Ensemble que l'on décrivait maintenant par une figure compacte, régulière et tournée sur elle-même, tout était à réinventer. La France entière se couvrait de chantiers, autoroutes, aéroports, villes et stations-service, aérotrains et centrales nucléaires, bâtiments de toutes tailles moulés d'un même béton géométrique, comme pour changer du tout au tout l'aspect de ce vieux pays, pour effacer le poids de son passé, pour oublier enfin son histoire et bondir, allégés, vers un avenir entièrement issu de la claire volonté, qui serait différent de ce que nous venions de vivre. Nous souhaitions cela, et Ensemble le savait, et il était là pour ça : bondir hors des temps devenus trop lourds pour atteindre un avenir de lumière crue, d'angles droits et de couleurs claires où nous oublierons tout, les violences et les regrets, les trahisons comme les déceptions, les morts pour rien et les oubliés au bord du chemin. Sans regrets et sans heurts nous vivrions tous dans le grand ensemble, tous transformés en un flux qui passe sans s'arrêter.
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Elle tendit une main délicate, ses doigts très longs, chacun de ses ongles brillait d'un reflet noir. Elle toucha sa poitrine, descendit le long de son ventre, referma sa main avec beaucoup de délicatesse sur ses testicules à peine bourgeonnés ; pour la première fois, il sut où ils étaient. (p.25)
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Et j'entrevois le livre à faire comme une masse au bord de ma conscience, je pressens ce qui s'écrit, d'une façon aquatique et somnambule. Je le sens sans le voir ; il est là. Le roman est une masse dans l'ombre, un mont Blanc érigé dans la nuit, il agira sur moi par sa force de gravitation même si je ne le vois pas, même si je ne le sais pas. p.84
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Le paraître est féminin, seul l'être est vraiment viril, et je m'en sens tellement loin. (p. 74)
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Souvent je vois mon père dans la rue. Je ne dis pas que je crois le voir, ce serait déjà réfléchir à tête reposée, ce serait déjà essayer de comprendre et de démêler sagement la vérité des illusions ; mais non je le vois de loin, c'est foudroyant, c'est immédiatement lui, l'éclair tombe du ciel et me traverse tout entier jusqu'au sol, au passage mon souffle s’interrompt, mon cœur s'emballe, des frissons humides coulent le long de ma nuque ; c'est lui. Non ce n’est pas lui. C'est quelque chose de lui que quelqu'un d'autre porte, une moustache courte, des cheveux redressés, une élégance de grand arbre, dos droit et tête inclinée, une façon de mettre ses mains dans les poches ; ou rien que je puisse identifier : un éclair, le foudroiement, rien. p.92
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Nous sommes arrivés très en avance, nous nous sommes installés tous les trois au milieu du champ de fauteuils rouges, bien en face de l'écran, à la bonne distance, et la salle s'est remplie autour de nous. p.60
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On dit tout le temps : "partir en Algérie", "être en Algérie", "revenir d'Algérie", on y répond par différents types de soupirs, accablés, inquiets, soulagés. p.54
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Nous avons appelé un général pour en finir, et le général Ensemble est venu, le grand Ensemble pour nous retenir tous. Alors oui, il a réussi ; on ne peut pas dire qu'il n'a pas réussi. La guerre s'est achevée, la France s'est soulagée de l'Algérie, l'Algérie s'est soulagée de la France, chacun vit de son côté. Cette séparation a l'efficacité du sarcophage de Tchernobyl : il recouvre et il calme, mais il cache le problème ; en dessous, il y a un coeur fondu qui ne s'éteint pas. Et si on s'approche, le rayonnement est mortel.
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