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Une autre façon d'évoquer cette guerre dé décolonisation fratricide , celle qui longtemps fut désignée que part les "événements d'Algérie"
Une autre façon de disséquer les conséquences de ce terrible conflit.
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L'auteur suit ici deux générations : celle du père et celle du fils, qui prennent alternativement la parole.
Le père a vécu les années 60 et la guerre d'Algérie à laquelle il a participé dans les commandos, puis dans la clandestinité avec l'OAS. Il n'est pas revenu indemne de cette guerre perdue, en proie à la violence, au racisme, allant même jusqu'à tripatouiller avec l'extrême-droite et ce d'autant plus que, les années passant, il vécut l'immigration en provenance du Maghreb comme une invasion.
Le fils a des contours plus flous. J'avoue que je me suis parfois demandé ce qu'il foutait dans ce roman.
Le livre, superbement écrit, nous offre un tableau terrible de la guerre d'Algérie et en particulier des derniers jours qui virent les exactions de l'OAS.
La dernière ligne de la quatrième de couverture est une magnifique conclusion : "Nous n'arrivons pas à en sortir, de cette histoire". Car, si la guerre marque à jamais les hommes, pire, elle marque à jamais les peuples.
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Féroces Infirmes, ou l'histoire en miroirs des âmes tourmentées de la guerre d'Algérie, de la tentation de l'extrême ; les vices et vertus incompatibles de la virilité depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale ; la vie en casemate dans les grands ensembles de banlieue. Sur le papier, rien de très attirant, car le sujet a été rabâché, en littérature comme au cinéma. La quatrième de couverture prévient : "Nous n'arrivons pas à en sortir, de cette histoire" ; c'est juste, et l'on pourrait parfois s'en lamenter, l'Algérie est un horizon très balisé de notre culture contemporaine, et les H.L.M. ...

Par chance, Alexis Jenni est un écrivain. On accroche au style - ou pas ... il faut aimer les phrases mitraillettes avec peu de mots, des points partout et des "mais", "et", "que" qui ouvrent de petites phrases ; pour l'envolée lyrique, chatoyante, il faut se contenter du minimum, mais ce minimum est savoureux. du reste, la ponctuation après trois mots ressemble parfois à un champs de mines, qui accélère le rythme, provoque volontairement un essoufflement mental et de jolies virées d'adrénaline en Kabylie.

Rien n'est original, mais on peut se vautrer dans le classicisme sans renâcler, avouons-le ! Tous les chapitres consacrés aux dernières heures de l'Algérie française sont formidables ; un saut dans le vide politique avec le pauvre Aerbi, pantin lyonnais qui roule des muscles et s'invente un destin aux côtés des terroristes de l'OAS. Les chapitres qui racontent la vie du fils sont plus convenus, parfois moralisateurs ; ils déçoivent souvent mais, curieusement, c'est dans ces interstices que le style poétique fleurit le mieux.

Après 300 pages, appropriées, il faut tout de même se rendre à l'évidence : le moment fut agréable, palpitant, plein de sueur mâle, de relents de "plus grande France" et de sinistres destins. Une folie ordinaire, intime, infirme, à portée de ligne ; un détroit littéraire où il faut se noyer totalement.
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On retrouve la belle écriture d'Alexis Jenni et un thème puissant, et je dois l'avouer qui m'a mis parfois mal à l'aise. le père du narrateur surtout, raciste, et traumatisé par la guerre d'Algérie...toute cette haine transpire dans ce texte; très dur mais remarquablement amené!
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Entre deux rentrées littéraires, Alexis Jenni, le prix Goncourt 2011 pour L'Art français de la guerre, est revenu en librairie avec Féroces infirmes, toujours aux éditions Gallimard. Pour son quatrième roman, l'écrivain lyonnais questionne, sans grande originalité, la guerre d'Algérie. Un énième roman sur un thème où la difficulté de dire se fait monnaie (trop) courante ? Et si c'était plus que ça ?

# La bande-annonce

« Jean-Paul Aerbi est mon père. Il a eu vingt ans en 1960, et il est parti en Algérie, envoyé à la guerre comme tous les garçons de son âge. Il avait deux copains, une petite amie, il ne les a jamais revus. Il a rencontré ma mère sur le bateau du retour, chargé de ceux qui fuyaient Alger.

Aujourd'hui, je pousse son fauteuil roulant, et je n'aimerais pas qu'il atteigne quatre-vingts ans. Les gens croient que je m'occupe d'un vieux monsieur, ils ne savent pas quelle bombe je promène parmi eux, ils ne savent pas quelle violence est enfermée dans cet homme-là.

Il construisait des maquettes chez un architecte, des barres et des tours pour l'homme nouveau, dans la France des grands ensembles qui ne voulait se souvenir de rien. Je vis avec lui dans une des cités qu'il a construites, mon ami Rachid habite sur le même palier, nous en parlons souvent, de la guerre et de l'oubli. C'est son fils Nasser qui nous inquiète : il veut ne rien savoir, et ne rien oublier.

Nous n'arrivons pas à en sortir, de cette histoire. »

# L'avis de Lettres it be

Après La Conquête des îles de la Terre Ferme (2017), La Nuit de Walenhammes (2015), et surtout après L'Art français de la guerre qui lui valut un Goncourt remarqué en 2011, Alexis Jenni revient. Cette fois, l'auteur se penche avec Féroces infirmes sur le conflit franco-algérien, conflit dont les sombres tentacules n'ont peut-être jamais vraiment quitté les esprits et les corps. Pour cela, nous suivons donc les vies d'un père et son fils, tous deux confrontés au conflit, de manière différente. Mais tellement liée.

De la virilité au virilisme, ce colonialisme qui n'a peut-être jamais été autant au premier plan des réflexions contemporaines pour éclairer l'aujourd'hui avec la lampe rouillée d'hier, un racisme latent qui ne se dit jamais vraiment, cette guerre franco-algérienne qui ne passe pas quand les justifications le nécessitent… La toile de fond du nouveau roman d'Alexis Jenni aurait pu avoir de quoi décevoir par ces réflexions un brin trop entendues et balancées dans tous les sens, année après année. Et pourtant, le traitement qu'en réserve l'auteur dans son livre suscite les questionnements sans jamais apporter les réponses hâtives et partiales dont nous avons désormais l'habitude. Une fois encore, Alexis Jenni sublime l'art du roman, simplement : donner à penser sans obliger à prendre.

Cette haine au « rayonnement maléfique malgré le sarcophage de béton dont on a tenté de le recouvrir » (lien entretien auteur : http://www.gallimard.fr/Media/Gallimard/Entretien-ecrit/Entretien-Alexis-Jenni.-Feroces-infirmes/(source)/311806), cette résurgence permanente mais à des degrés différents d'une histoire franco-algérienne… C'est à ces questions qu'Alexis Jenni a donc tenté d'apporter une réflexion, ou au moins une réflexion à travers le destin d'un père et de son fils. Deux époques, deux siècles, deux millénaires différents. Dans ce quartier lyonnais de la Duchère que l'on visite sous toutes les coutures avec Alexis Jenni, dans ce grand ensemble architectural qui marque à merveille cette France projetée dans l'avenir après les tourments des guerres, les questions demeurent. Comment penser celui qui fut, avec tant d'autres, au coeur d'un conflit majeur et meurtrier ? Comment vivre avec cet homme qui danse, main dans la main, avec sa démence et ses fantômes ?

« - Les propos il les tient, ça ne veut pas dire qu'il le soit. Il n'y a pas de racisme, Rachid, il y a seulement de la violence. Ce n'est pas une pensée, la race, c'est seulement une violence que l'on raisonne, une violence vide qui cherche ses morts ; et des mots elle en trouve, elle en crée, elle en invente et puis elle les crache, et c'est sûr que ça éclabousse, c'est sale, et je ne voudrais pas être à ta place. Mais il y a d'abord la violence, et ensuite elle se donne des airs. Expliquer patiemment que tous les hommes se valent, quelles que soient leur couleur, leur religion ou leur origine, c'est souffler sur des moulins à vent, c'est sans effet parce que tout le monde s'en fout. La violence est là, elle cherche une cause, et elle en trouve. »

Découvrez la chronique en intégralité sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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« Féroces infirmes » : Alexis Jenni (Folio, 330p)
Au début du roman, on voit le fils, adulte falot et sans épaisseur qui pousse dans son fauteuil son vieux père certes impotent, mais vieille ordure à la langue de vipère, pur produit raciste et fasciste pas guéri de cette guerre d'Algérie que, comme tant d'autres jeunes hommes, il a dû faire en tant qu'appelé du contingent. On découvre donc quelques bouts de vie de ce couple improbable, le fils et son père dans une cité de la banlieue lyonnaise, et surtout les souvenirs en éclats épars de celui qui fut un jeune homme ordinaire et devint un salaud ; et qui semble presque jouir de la charge empoisonnée qu'il fait subir à son fils. le roman alterne donc entre deux personnages qui se font tour à tour narrateurs, le père et le fils, deux périodes, 1960 à 1962 en Algérie et en France, et de nos jours dans une banlieue lyonnaise. Sur la mémoire de guerre, on s'attend tout de suite au pire, et le pire advient, mais il est plus évoqué que décrit précisément, c'est surtout le cheminement mental d'un soldat presque comme un autre, mais qui va se faire bourreau. Bourreau malgré lui ? C'est ce qu'aimerait penser son fils, pris dans un conflit de loyauté entre un géniteur qu'il se doit d'accompagner, et des crimes d'hier et une haine vomitive qui perdure chez ce père et qu'il ne peut partager.
C'est un roman très bien documenté sur la période, et peut-être certains aspects échapperont aux lecteurs qui connaissent mal cette guerre. Mais ça reste très instructif sur les racines d'un malaise qui perdure et travaille encore de manière malsaine la société française (et la société algérienne) aujourd'hui.
Et Alexis Jenny écrit vraiment bien. Il dessine des portraits saisissants, des cheminements psychologiques comme des pièges qui se referment sur ses personnages. Et il a un sacré sens de la formule :
« Je porte un gros survêtement mou, et des chaussures de sport qui ne font pas de sport. » / « Je n'allume pas, de peur que le miroir se réveille. » / « Mais rien n'y fait, la terreur n'efface pas la terreur, on n'efface pas une tache de sang avec du sang, on l'agrandit. » / « le pont que nous empruntions, suspendu aux halos des réverbères. » / « Mais je dors, alors le cauchemar vient, et je passe la journée à m'en nettoyer. » Etc...
C'est un roman particulièrement prenant, auquel j'ai pourtant trouvé quelques longueurs, notamment dans le dernier quart du livre. Et je n'ai pas saisi le sens de la métaphore architecturale récurrente sur la construction des immeubles que développe avec force détails l'auteur (enfin, je suppose qu'il y a un sens métaphorique, sinon, que de superflu !)
Et Jenny, tout en nous faisant partager le cheminement tortueux de ses personnages, semble vouloir rester à distance des évènements, comme s'il ne voulait pas prendre parti, comme s'il semblait justifié de renvoyer dos à dos des horreurs sanglantes, en spectateur neutre et horrifié des bassesses de la guerre coloniale.
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Un beau livre, mais dur, violent. Il raconte la guerre, la guerre d'Algérie qui détruit les jeunes combattants de tous bords et qui engendre incompréhension et haine.Il montre les conséquences sur les fils de cette guerre faite par les pères. Un livre de colère, de fureur , éclairé pourtant par un beau portait de femme , fantôme apaisant dans cet univers d'homme.
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Comme dans son roman L'art français de la guerre, Alexis Jenni nous amène à comprendre les logiques qui entrainent un individu "basique" à intégrer la logique de la guerre. Héros au service de la nation en temps de conflits, ils font le job, poussez qu'ils sont à faire le sale boulot par ceux de "l'arrière". Les mêmes qui les abandonneront, voir les critiqueront à leur retour. Parts d'ombre de la réal politique, personne ne donne les moyens à ces soldats de revenir à l'apaisement, traumatisés qu'ils restent des horreurs de la guerre.
Je comprends mieux le comportement, l'air sombre de ceux qui sont revenus d'Algérie et que j'ai croisé adolescent.
Evidemment l'auteur ne cautionne pas, il est dans le constat.
Un livre utile intellectuellement et bien écrit.
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Après nous avoir offert un chef d'oeuvre avec l'art français de la guerre, le prix Goncourt 2011 revient nous émouvoir encore une fois avec le roman féroces infirmes dans lequel il nous offre le récit de Jean Paul Aerbi qui a été envoyé en Algérie pour faire la guerre en 1960.
Une plongée dans un passé assez douloureux et qui reste difficile à en parler, cependant, l'auteur réussit à faire délier les langues pour soulager le poids de cette guerre grâce à sa belle écriture et cette histoire très poignante que je recommande à tous.
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On l'aura attendu ce nouvel Alexis Jenni, et on a bien fait. On avait encore besoin de lire que, comme son narrateur, ou d'une autre manière, on crève tous un peu du silence de notre histoire militaire. Est-ce le prolongement de L'Art français de la guerre ? Pas réellement. Bien sûr, les similitudes : deux récits de vies qui s'entrecroisent, deux hommes de générations différentes, de réalités différentes. Mais ici, les deux personnages me sont violemment antipathiques, et trop proches à la fois. Quand je pouvais tout comprendre du parcours de Victorien Salagnon et pardonner (au prix de quelques efforts) la léthargie volontaire et presque esthétique du second personnage, la violence de Jean-Paul Aerbi me donne la nausée et je ne tolère pas la mollesse de son fils. Mais ce n'est pas pour passer un bon moment qu'on lit Alexis Jenni, c'est pour se confronter à soi-même et aux plaies d'une histoire sociale qu'on subit sans peut-être même le savoir, c'est pour se torturer, un peu, pour se comprendre, beaucoup.
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