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Critique de julienmorvan


Féroces Infirmes, ou l'histoire en miroirs des âmes tourmentées de la guerre d'Algérie, de la tentation de l'extrême ; les vices et vertus incompatibles de la virilité depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale ; la vie en casemate dans les grands ensembles de banlieue. Sur le papier, rien de très attirant, car le sujet a été rabâché, en littérature comme au cinéma. La quatrième de couverture prévient : "Nous n'arrivons pas à en sortir, de cette histoire" ; c'est juste, et l'on pourrait parfois s'en lamenter, l'Algérie est un horizon très balisé de notre culture contemporaine, et les H.L.M. ...

Par chance, Alexis Jenni est un écrivain. On accroche au style - ou pas ... il faut aimer les phrases mitraillettes avec peu de mots, des points partout et des "mais", "et", "que" qui ouvrent de petites phrases ; pour l'envolée lyrique, chatoyante, il faut se contenter du minimum, mais ce minimum est savoureux. du reste, la ponctuation après trois mots ressemble parfois à un champs de mines, qui accélère le rythme, provoque volontairement un essoufflement mental et de jolies virées d'adrénaline en Kabylie.

Rien n'est original, mais on peut se vautrer dans le classicisme sans renâcler, avouons-le ! Tous les chapitres consacrés aux dernières heures de l'Algérie française sont formidables ; un saut dans le vide politique avec le pauvre Aerbi, pantin lyonnais qui roule des muscles et s'invente un destin aux côtés des terroristes de l'OAS. Les chapitres qui racontent la vie du fils sont plus convenus, parfois moralisateurs ; ils déçoivent souvent mais, curieusement, c'est dans ces interstices que le style poétique fleurit le mieux.

Après 300 pages, appropriées, il faut tout de même se rendre à l'évidence : le moment fut agréable, palpitant, plein de sueur mâle, de relents de "plus grande France" et de sinistres destins. Une folie ordinaire, intime, infirme, à portée de ligne ; un détroit littéraire où il faut se noyer totalement.
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