Quand on a les pieds posés sur les épaules de ceux qui vous soutiennent, la différence entre être porté et piétiner tient à une tournure d’esprit.
C’est notre pauvreté qui est notre richesse.
Il faudrait 30 mots pour dire la rouille,
mais ils n'existent pas,
il faudrait les créer et surtout les employer,
alors on apprivoiserait l'oxydation du fer
et on lui trouverait de la beauté du confort,
on la trouverait accueillante et vivante cette rouille qui érode ce qui a été droit,
ce qui était bien huilé au moment du travail,
et qui maintenant parce que ça ne bouge plus
parce que ça ne sert plus à rien,
se dissout au contact de l'air
en prenant un aspect de velours,
d'une belle couleur de feuilles mortes.
p 125
Tu vois où j’en suis ? Je ne désirais que l’objet le plus banal : un lieu où m’asseoir en paix ; mais nous devons nous battre à mort entre nous pour obtenir juste un peu moins que ce que nous voulions.
Le maître dit
c'est en Europe que le travail est le plus cher
que les coûts sociaux sont les plus élevés
que les règles environnementales sont les plus contraignantes
l'Europe n'est pas un endroit pour les affaires
en ce moment en Europe....
Nous sommes dans le sous-bois,
d'automne de l'industrie finissante,
ce que nous avons construit s'effondre
et de cette litière de rouille sortira notre avenir
après l'hiver qui vient.
Mais pour cela faut-il encore aimer la rouille
p 125
Nous savons l'effondrement à venir,
mais il y a tant d'argent à faire.
On espère que cela tienne juste un peu.
On espère être le dernier à s'enrichir
juste avant que tout s'effondre.
Pourquoi arrêter ?
Pourquoi obéir aux signaux alors qu'il y a tant à gagner.
p 366
Dans la finance, tu te trouves une place, tu t'y accroches, tu te goinfres, et tu espères que tu te seras assez goinfré pour partir avant que tout s'effondre. La banque est une forme de piraterie. Les capitaux sont mobiles, ils ont la vitesse et les armes. La seule différence avec la piraterie est que la banque a persuadé l'Etat de laisser faire...
Parler des pauvres n'intéresse personne, parce que personne ne veut rien savoir: ceux qui le sont veulent penser à autre chose, et ceux qui ne le sont pas encore en sont si terrifiés qu'ils feront tout pour ne pas l'être, à commencer par n'y plus penser. Quant à ceux qui ne le seront jamais, ils s'y intéressent comme à la vie des kangourous: c'est exotique, distrayant un moment, mais ne les concerne pas.
L'économie telle que nous la connaissons a besoin de ceux, sans nom et sans nombre, qui travaillent pour rien.