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Critique de boudicca


De Gary Jennings, j'avais déjà lu le formidable « Azteca », roman historique consacré à l'arrivée des conquistadors sur le nouveau Monde et à la chute de l'empire aztèque. Avec « L'empire barbare », c'est à l'effondrement d'une autre grande puissance que l'auteur nous invite à assister : celui de l'empire romain d'Occident.

Nous voici donc plongé au Ve siècle, période de profonds bouleversements au sein de l'empire qui peine à la fois à repousser les continuelles invasions barbares menaçant ses frontières, mais aussi et surtout à maintenir un semblant de stabilité politique, que ce soit en Occident ou en Orient. C'est dans ces circonstances troublées que naît le héros de ce diptyque, Thorn, abandonné à sa naissance aux bons soins d'un monastère chrétien en raison d'une « difformité » certes bien cachée mais néanmoins de taille. On apprend effectivement dès les toutes premières pages du roman et de la bouche du narrateur que notre protagoniste est ce qu'on appelle un hermaphrodite, c'est-à-dire à la fois un homme et une femme. Si on devine rapidement ce que cette double identité peut avoir de gênant et de perturbant pour le personnage, celui-ci ne tarde pas à y voir un avantage considérable et, loin d'opter pour l'un ou l'autre sexe, choisira selon les circonstances d'apparaître en tant qu'homme ou en tant que femme. le pari est osé de la part de l'auteur mais le résultat est convainquant, le protagoniste comme le lecteur passant sans aucune difficulté d'une identité à l'autre. Personnellement j'ai seulement été quelque peu agacée de voir Thorn attribuer instinctivement certaines de ses réactions telles que la compassion, la douceur ou l'émotion à sa « nature féminine », tandis que ses actes de bravoure ou de défi ne pouvaient qu'être dus à son côté « masculin ».

L'auteur s'en tire malgré tout remarquablement bien et on ne tarde pas à suivre avec intérêt les pérégrinations du jeune Thorn qui traversera une bonne partie de l'empire romain afin de retrouver son supposé peuple d'origine : les Ostrogoths. L'occasion pour le lecteur de s'immerger complètement dans le contexte historique de cette époque : l'opposition entre chrétiens et ariens ; les conflits opposants les différents peuples évoluant au sein ou en marge de l'empire ; l'ascension de leaders charismatiques parmi ces peuplades... Gary Jennings se distingue encore une fois par la qualité de sa documentation et nous permet ainsi de revivre les dernières années de l'empire romain d'occident qui finira par tomber en 467 aux mains d'un chef « barbare ». le lecteur sera ainsi amené à croiser au fil du récit des personnages de renom tels que l'empereur Zénon et bien sûr le roi des Ostrogoths Théodoric, qui n'en est pour le moment qu'au tout début de son parcours mais dont le destin sera étroitement lié à celui de notre héros. Les autres personnages inventés par les bons soins de l'auteur ne manquent eux aussi pas de prestance, et c'est sans difficulté qu'on s'attache au vieux mais coriace Wyrd, à la fragile princesse Amalamena ou encore à la jeune Livia. Thorn ne tarde pas lui aussi, et malgré ses défauts, à s'attirer la sympathie du lecteur qui appréciera certainement d'avoir tour à tour à faire à un héros ou à une héroïne.

Gary Jennings signe avec ce premier tome de « L'empire barbare » un très bon roman historique, abondamment documenté et mettant en scène un héros pour le moins atypique mais offrant un nombre incalculable de possibilités. Nul doute que le second volume, censé nous entraîner à la conquête de l'Occident dans les pas de Théodoric, sera du même acabit.
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