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Dans les années 70, Martin, danois, instituteur, 38 ans demande sa mutation à Nunaquarfilk, un bled perdu de 150 âmes. au coeur du Groenland . En même temps que Martin, Jakunguak groenlandais, 14 ans, y rentre chez sa famille aprés une année de lycée passée au Danemark.

Arrivé dans une culture dont on ne connaît rien, par commencer la langue, facile qu'on se fasse rouler dans la farine, surtout si on est un nordique avec une conception trop lisse de la Vie. C'en est le cas ici de notre instit, qui même expliqué avec humour qu'il l'a été, en reste perplexe. Sa logique basée sur la causalité, veut en connaître la raison. Or chez les groenlandais essayer de comprendre le pourquoi des choses est inutile , "expliquer un chose c'est s'en éloigner."
Mais les surprises ne font que commencer pour Martin, Martini pour les locaux. Avant même que l'école commence, il se retrouve au lit avec son collègue catéchiste groenlandais Pavia ( ce n'est pas exactement ce que vous pensez 😆), le premier jour de l'école il fait son discours en groenlandais ( dont il ne pige aucun mot) en apprenant par coeur la traduction du taquin Gertekavsak, qui en a fait une traduction pas trés fidèle 😆, les livres scolaires décidés par le Ministère d'Education danois regorgent de voitures, de baignoires et de forêts d'hêtres dont les enfants n'ont jamais vu l'ombre,......Bref dans ce petit monde qui adore la bringue, au milieu des glaces il y a aussi un cinéma, enfin pas tout à fait😆, un chanteur royal d'opéra en tournée, beaucoup trop de bières pour accompagner le dansemik, le trala la la.....eh bien sûr l'Amour, "–Martiniii Naja-lo POMPER, puuuuuuuut"( voir traduction dans le livre 😁 ).

Alors que Martin s'adapte, pour Jakunguak l'adaptation "retour aux sources" est plus difficile , "Certes, il est évident que si l'on envoie un garçon au Danemark pendant toute une année scolaire, c'est parce qu'on veut que quelque chose change. Et il n'est pas aisé de contrôler ce qui sera différent." Ce livre m'a bien fait rire, mais pas que.....à travers le refus de réadaptation de Jakunquak, mais aussi d'autres événements qui s'en suivront , il y a une profonde réflexion sur ce que la modernité appelée civilisation, amène mais aussi détruit de l'équilibre sociale, écologique et économique naturel de ces contrées qui ont échappé à la "catastrophe", et dont les valeurs ne sont pas encore chamboulées. Et notre Martini n'en déplaisent aux autorités du ministère de l'éducation danois ( étonnamment corrompues) et autres, va y remédier avec ses moyens de bord.....pas facile, facile.

Un plaisir d'aller à la rencontre de ces fières groenlandais qui se soudent même dans la misère, face à l'étranger. Par ces temps moroses un fabuleux voyage au pays des bringueurs qui rient en toute situation, même en détresse 😁! Plus sérieusement, à petite échelle, une profonde réflexion sur les dégâts du soit-disant progrès et culture imposés par une majorité à des minorités, source d'alcoolisme, par conséquent de violence. Un livre intelligent et plaisant à lire.
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les Groenlandais de Nunaqarfik, un petit hameau au nord du cercle polaire, voient un jour débarquer Martin, un instituteur danois qui, venu enseigner sa langue et diriger l'école, ignore rapidement les recommandations de l'inspecteur général de l'Education nationale de son pays. Ainsi il apprend le groenlandais, fraternise avec une population au rythme de la nature, manifestement très heureuse dans l'instant présent. Une intégration si parfaite que Martin envisage sérieusement de finir ses jours dans ce lieu merveilleux...

C'est avec un humour et une ironie irrésistibles que Flemming Jensen dénonce les méfaits de la colonisation danoise au Groenland. Devenu depuis 1953 constitutif du Royaume du Danemark un pays, en dépit de l'autonomie renforcée accordée en 2009 par le parlement danois, dont les habitants se voient imposer d'apprendre le danois, en plus de l'installation de sociétés minières délétère pour leur mode de vie ancestrale et leur environnement. Toutes choses aux relents impérialistes exécrables mises en scène dans ce roman jubilatoire que transcendent les valeurs de tolérance et d'amour de l'autre.
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C'est encore toute émerveillée par cette lecture que je voudrais vous inviter à me suivre au Groenland. Cette aventure est truculente, édifiante aussi parfois, puisqu'elle nous plonge au sein d'une « colonie » danoise. Mais elle est surtout profondément humaine, et c'est ce que je retiendrai en fermant ce roman. Martin, instituteur qui a besoin de dépaysement et de se sentir plus utile, demande sa mutation dans un comptoir danois du Groenland. Afin de mieux communiquer avec la population, il envisage d'apprendre le groenlandais mais le Ministère l'en dissuade : Il y va pour civiliser cette « colonie » en apprenant le danois aux enfants, et pas pour les inciter à continuer à parler la leur. On reconnaît bien là notre impérialisme culturel… « Jeu blanc », « Le chemin de âmes », « Nirliit », « Imaqa », même combat inégal qui n'en finit pas : celui de l'homme blanc contre les populations autochtones traditionnelles, qui ont du mal à faire valoir qu'elles ont le droit d'exister, que leur mode de vie ancestral correspond à leur réalité climatique, et n'est pas pire que notre consumérisme à outrance qui mène à notre perte.


C'est ce que commence à entrevoir Martin qui, pas totalement endoctriné par son Ministère, s'attache à la population locale et s'éprend de leur communautarisme chaleureux. Dès lors, il va chercher à s'intégrer. Il se frotte aux us et coutumes avec une curiosité attachante ; il apprend à se nourrir de ce qu'il chasse ou pêche pour ne pas que son salaire de prof ne s'épuise dans l'unique supérette hors de prix ravitaillée quand le temps le permet ; il s'achète une meute de chiens et un traineau, pour se déplacer en l'absence totale de route - il devra encore apprendre à le conduire ; il se vêt des peaux de bêtes qu'il a tuées pour survivre, et dont rien ne sera gaspillé ; il tâche d'écouter plus que de parler, de tendre la main et non d'enfoncer, de comprendre, plutôt que d'imposer. Malgré tout cela, il se sentira parfois impuissant face aux désastres qu'a introduit sa « civilisation » dans cette contrée cotonneuse et gelée, tout de blanc emmitouflée. Tenter de comprendre et de résoudre l'alcoolisme de son bras droit local par exemple, lui tiendra particulièrement à coeur. Mais que peut faire ou dire un étranger qui ne soit pris pour un jugement dédaigneux ?


Et puis il y a Jacob, cet adolescent du cru revenu d'une année d'étude au Danemark et qui peine à retrouver ses points de repère : sa langue, le goût d'une nourriture non-transformée et la valeur de l'effort, d'un travail qui assure la survie concrète de la famille faute de lui apporter une richesse plus abstraite et moins utile ; Richesse qui permettrait pourtant d'aller acheter des raviolis en boîte pour ne pas manger cette viande de phoque cuit dans sa graisse rebutante ! Comment choisir entre deux cultures, quand la seconde oblige à renier nos racines et les êtres que l'on aime ? Pourquoi apprendre une autre culture, si c'est pour devoir l'oublier en revenant à la maison ? Pour avoir le choix de son avenir, nous souffle-t-on au Ministère, promouvant une civilisation qui nécessite la commande régulière de livres scolaires, de télévisions et autres motos inutilisables sans route ni électricité… Par ailleurs, au Danemark, on n'enfouit pas ses émotions dans la glace des icebergs : on les exprime à tout bout de champ, ce qui deviendra particulièrement intolérable et humiliant pour le père de Jacob, qui devra prendre des mesures pour endiguer les nouvelles manies de son fils prodigue… Ajoutez à cela un chanteur d'opérette qui débarque à l'improviste, des amitiés inattendues, des langues qui finalement s'entremêlent dans l'appel de corps incandescents brisant la glace, des âmes qui s'égarent, des fusils qui s'échauffent, des drames inévitables nés du choc des cultures et de la rigueur des caractères forgés dans ce rude climat.


Mais derrière ces paysages glacés à faire pâlir jusqu'aux esprits maléfiques des superstitions, il y a toute la chaleur humaine d'un peuple qui sait que rien d'autre ne peut réchauffer les coeurs et les corps. « Craindre les créatures surnaturelles n'est pas ridicule au Groenland, c'est une façon d'exprimer du respect - et de reconnaître que l'Homme n'est pas le maître de tout. » Ce que j'ai apprécié au fil des pages, c'est que malgré le ton enlevé du récit, la découverte de cette contrée saupoudrée de magie blanche « n'est pas pour les âmes impatientes, ce qui n'est d'ailleurs jamais le cas lors des partages authentiques ». Ici le « grand Psychologue » est le décor, « l'étincelante pureté du monde » ; l'ambiance, les paysages, la rigueur du climat qui purifie les âmes et les coeurs qui le veulent. C'est ce décorum unique qui sauvera certains personnages de la catastrophe à laquelle les mène l'impérialisme occidental contre lequel Martin lutte désormais, aidé de l'humour et la gaieté d'une population qui sait que sa survie en dépend, même quand la neige fait grise mine et que les humeurs sombres contrastent avec le paysage d'un blanc immaculé. Laisserons-nous un jour chaque peuple vivre en paix comme il l'entend…? Imaqa. Peut-être…
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Quel chouette bouquin !
Non seulement je me suis passionnée pour les aventures de cet instituteur Danois envoyé dans un hameau groenlandais, mais, de plus, j'ai beaucoup appris.
En effet, j'ignorais tout de la vie groenlandaise. Je ne savais même pas que le Groenland avait été colonisé par le Danemark. Et ce livre est si bien traduit qu'il m'a instruite sans même que je m'en rende compte. Finalement, n'est-ce pas le propre d'un livre d'exception ?

Par ailleurs, moi qui suis très engagée dans la cause animale, je n'ai pas été choquée par les rapports qu'entretiennent les Groenlandais avec le monde animal. Même si certaines scènes m'ont été difficiles, dans le contexte toutes avaient un sens.
Tout se tenait ; question de survie. Rien à voir avec les gras guignols arriérés, et non moins avinés, de nos régions qui associent l'action de flinguer tout ce qui bouge avec le terme de "loisir".

Excellent livre que j'ai refermé avec une pointe de nostalgie.
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Durant quelques jours j'ai voyagé en terre inconnue, ma destination fut un coin perdu du Groenland.
J'ai accompagné Martin Willumsen, un instituteur danois qui avait décidé au cours des années soixante-dix de prendre le large et de s'installer là-bas, à plus de cinq cents kilomètres au nord du cercle polaire, par-delà la dérive des icebergs, dans le district d'Umánaq, le plus bel endroit au monde.
Je vous invite à découvrir Imaqa : Une aventure au Groenland, roman de Flemming Jensen, écrivain danois.
Sans doute Martin ressent-il un vide dans son existence. Les fonctionnaires du Ministère du Groenland, département de l'Éducation, n'ont d'ailleurs pas compris sa demande de mutation pour là-bas.
Le Groenland est une terre rattachée au Danemark. On n'évoque pas le mot de colonie, mais c'est un peu cela, qui nous ramène dès lors à notre Histoire, nos propres représentations.
Tout au fond du fjord d'Umánaq il est allé chercher la paix dans le comptoir de Nunaqarfik, un hameau de cent cinquante âmes tout près du Petit Détroit et du Chemin qui Mène à l'Intérieur.
A-t-il trouvé enfin la paix ? Je serai incapable de vous le dire car lui-même ne sait sans doute pas répondre à cette question. Mais parfois les lecteurs que nous sommes sont mieux renseignés que les personnages en perdition. C'est notre seul confort.
Chercher la paix et peut-être trouver autre chose de plus essentiel, le sens d'une vie dans ce dédale un peu fouillis...
Imaqa signifie en groenlandais « Peut-être ». Il n'y a pas de plus beau chemin que celui qui se nomme ainsi.
Le Groenland est une terre d'accueil. En guise de cadeau d'accueil, Martin se voit confier des chiens de traineau, une trentaine, rattachés à la maison qui va l'héberger. C'est une tradition, cadeau un peu empoisonné et une fois la joie canine partagée, vient la réalité primaire : des huskies, ça dévore !
Ici, point d'exotisme béat qui pourrait dire « c'est mieux là-bas qu'ici ». Non, ce n'est jamais mieux ailleurs, c'est simplement différent. Pourtant...
Pourtant les choses vont changer dans le chemin qui chemine en Martin. Et ce sont ces chemins qui nous transforment, nous autres lecteurs façonnés de chair, de sang et d'imaginaire. Des chemins faits pour nous égarer, sinon comment parviendrions-nous jusqu'à nos rêves ?
Là-bas, dans cette contrée extrême, Martin découvre que les choses n'ont plus la même importance que lorsqu'il était au Danemark. Par exemple, la manière d'aborder et d'accueillir certains événements du quotidien, pour peu qu'ils soient imprévus. L'éducation, l'enseignement auprès des enfants aussi, sa façon parfois aberrante sinon absurde d'organiser cette discipline qui devrait être si belle, si harmonieuse. le roman aborde ici un sujet presque universel et qui doit ici nous toucher plus que jamais. J'ai adoré ce ton espiègle, ironique, pour dénoncer ce système éducatif colonisateur qui n'est pas sans rappeler notre si belle Histoire française : « nos ancêtres sont les gaulois ! ».
Le thème du progrès au sens large s'invite ainsi allègrement dans ce texte et de manière jouissive.
Et puis le temps de là-bas, c'est aussi le temps de l'amour, la relation au corps, à l'âme, à l'instant présent, une fois la glace brisée. La relation de Martin avec Naja est tellement belle qu'on voudrait entrer dans leurs peaux, leurs corps, nous effleurer avec leurs voyages intérieurs. Dans cette relation j'ai aussi été attendri de découvrir la difficulté de deux êtres qui s'aiment à savoir savoir dire les mots lorsqu'ils ne parlent pas la même langue. Cela m'évoque un sentiment familier.
Parmi des icebergs à la dérive, les contrées extrêmes révèlent la beauté qui sommeille en nous, imperceptible parfois.
Martin découvre un monde épris de convivialité et de solidarité.
Imaqa est aussi un roman d'amitié, celle de Martin avec Jakúnguag, adolescent groenlandais renié parmi les siens, pour avoir fait le chemin inverse que celui accompli par Martin.
Et puis il y a l'humour, on parle souvent de résilience dans les temps qui courent. L'humour des groenlandais en est une forme avec laquelle ils excellent.
Mais là-bas n'est pas un monde idyllique. Il y a la réalité que découvre avec stupeur Martin, la pauvreté, la précarité, l'alcool, parfois la violence aussi. C'est un choc culturel sidérant que découvre Martin et peut-être que c'est à cet instant que la décision qu'il avait prise quelques semaines auparavant prend brusquement tout son sens.
Tandis que tout autour les icebergs continuent de dériver, Martin imagine une autre forme plus intelligente d'apprentissage de son enseignement, tenant compte de la réalité du territoire et de ses habitants.
Le fait que son autorité supérieure, là-bas à Copenhague, dans un bureau poussiéreux du département Éducation rattaché au Ministère du Groenland, en fut offusquée, montre simplement qu'il avait raison.
Si vous adorez les chiens de traîneau, je vous recommande une très belle adresse, un charmant coin isolé, un hameau de cent cinquante âmes tout près du Petit Détroit et du Chemin qui Mène à l'Intérieur.
Je vous entends déjà me répondre : Imaqa.
Merci à Blandine qui m'a donné envie de pousser mon traîneau vers ces pages lointaines, ô combien fraternelles et dépaysantes.
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Dans les années 70, Martin, un instituteur danois de 38 ans, tourne en rond dans sa vie. Il demande sa mutation au Groenland ("pays constitutif du Royaume du Danemark" selon Wikipedia), dans un petit comptoir (ce n'est pas un hasard si le terme a des relents de colonialisme) de 150 habitants et 500 chiens, situé 500 km au nord du cercle polaire.

Armé de son idéalisme, de sa bonne volonté et de sa soif d'aventures, Martin débarque à Nunaqarfik. Sur le bateau qui l'a emmené dans ce bout du monde, se trouve également Jakúnguaq, un ado de 13 ans qui revient chez lui après avoir passé une année scolaire au Danemark.

Pour tous deux, le choc des cultures est violent. le gamin a du mal à se réadapter à sa vie d'avant, qu'il renie, et Martin comprend que c'est lui, l'instituteur plein de savoirs, qui a tout à apprendre. A commencer par le groenlandais, cette langue que son supérieur à Copenhague lui a pourtant formellement déconseillé de parler. Après tout ce sont les Groenlandais qui doivent s'adapter, et pas l'inverse.

Au fil du temps, Martin s'intègre, s'adapte à ce mode de vie simple où le rire, le sens de la fête et la fraternité sont fondamentaux. Il perçoit de plus en plus l'absurdité des contraintes éducatives danoises, totalement inadaptées au contexte local. Et si encore il n'y avait que l'enseignement... Mais il assiste impuissant aux ravages que la "modernité", le "progrès" et le profit causent à cette société traditionnelle basée sur l'art de la chasse, qui se transmet d'une génération à l'autre. Même Greenpeace et BB se font tacler en beauté, à cause de la campagne appelant au boycott du commerce des peaux de phoques. Campagne dont Martin n'imaginait pas "qu'elle contribuerait à ce point à la mort de toute une culture de chasseurs", ce qui est d'autant plus rageant que l'ONG a fait pleurer dans les chaumières occidentales "en jouant sur un sentimentalisme totalement déconnecté des faits réels" (il s'est avéré qu'il s'agissait d'un groupe de Norvégiens massacrant brutalement des bébés phoques près de Terre-Neuve), et sans que "le fait qu'il ne fût jamais venu à l'esprit des chasseurs groenlandais, qui de tout temps ont vécu de la capacité de production de la nature, de se jeter sur des proies aux fourrures et à la valeur nutritive si médiocres, n'[aie] la moindre influence sur le débat".

Une histoire tragi-comique, avec une foule de scènes hilarantes dans la première partie (c'est rare qu'un roman me fasse rire autant), un peu moins dans la deuxième, dont on sent qu'elle va tourner au drame au vu des tensions familiales entre Jakúnguaq et ses parents.

Avec humour, ironie et tendresse, l'auteur dénonce l'impérialisme culturel danois et la mondialisation rampante de l'époque. Une histoire de tolérance et d'humanité, touchante et attachante, désespérante aussi.

"C'était comme ça qu'on devenait un grand chasseur : il suffisait de rester là où on était. Car il faut une vie entière pour percevoir le vent, le changement du temps, les courants de la mer et les voies de l'esprit. (...) Martin hocha la tête, et intérieurement, il se sentit gagné par la tristesse. C'était la sagesse d'une société statique qui, à présent, allait inévitablement être écrasée par la perception de la vitesse d'une société dynamique. Et il n'y avait en réalité rien à faire".
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Martin, instituteur danois, un brin idéaliste, demande sa mutation pour le Groenland. Il choisit un hameau isolé, Nunarqafik. Il souhaite s'immerger dans cette nouvelle vie. Son supérieur le recadre, il part pour apprendre le danois aux enfants, inculquer les valeurs du Danemark. Les livres scolaires ne sont pas vraiment adaptés, il ne parle pas le Groenland mais il est enchanté de ce long séjour.

Il va découvrir un peuple heureux qui vit au jour le jour, solidaire. Les habitants vivent de la chasse et de la pêche. Ils achètent seulement l'alcool qu'ils consomment lors de fêtes (très nombreuses les fêtes). Leurs habitudes de vie ne laissent que peu de place au progrès, au grand regret des danois voulant apporter de la modernité à ce peuple et détruisant plutôt leurs racines. Les jeunes sont envoyés pendant un an dans un lycée au Danemark et lors de leur retour, sont largement déboussolés, ne se retrouvant dans aucune des deux cultures. Les pères se voient proposer des boulots de techniciens de surface, loin de chez eux. Certes ils ont de l'argent mais le dépensent pour de l'alcool ou l'offrent aux habitants et laissent leur famille dans la misère la plus extrême.

Martin se désole de voir ses amis dans de telles situations et essaie de les aider, maladroitement, mais avec sincérité. Il apprend aussi à vivre dans sa nouvelle contrée avec de nouvelles habitudes. Il est souvent la risée de ses nouveaux amis mais il est adopté par cette petite communauté du bout du monde.

C'est un roman magnifique avec un décor grandiose. Drôle et pathétique à la fois, à l'image de ce peuple qui tente de survivre avec ses coutumes et, malheureusement, avec cette modernité qui ne lui convient pas.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Bookycooky, comment savais-tu que j'allais adorer ce roman en me le conseillant fortement ? Aux premières pages, l'impression de connaître l'histoire qui ressemble au film "Une année polaire", sorti après. Un instituteur Danois débarque au Groenland. Il va vite s'intégrer en y apprenant la langue (je me souviendrai de imaqa : peut-être), à conduire un traîneau et le reste tout en sublimant le paysage. le lecteur a l'impression d'être au côté de cet homme et de, je cite : "côtoyer cette société se composant de 150 personnes et de 500 chiens." Des personnages attachants qui, parfois, nous font bien rire. Ce qui m'a touchée le plus, est que l'auteur appuie sur le fait que ce peuple a toujours vécu de chasse et pêche et que ces autres pays dit civilisés vont les corrompre en amenant 'le progrès' alors que leurs transmissions sont pleines de sagesse. (Bookycooky le développe très bien dans sa critique) Bref ! Ce livre a tout pour être aimé.
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Êtes-vous déjà allé au Groenland? Moi jamais, mais j'ai l'impression d'y avoir séjourné en lisant Imaqa. J'ai découvert la vie sur la deuxième plus grande île du monde, sans chichis, ni misérabilisme.

Un Danois en peine d'amour qui décide d'aller enseigner dans un village du Groenland. Ce qui de prime abord semble un peu rébarbatif est finalement une histoire pleine de drôlerie et d'humanité.

Ce n'est pas vraiment une destination touristique, mais le dépaysement est au rendez-vous avec la chasse, la pêche et les chiens de traîneaux. Avec l'humour du quotidien, on partage la vie de l'étranger qui essaie de s'intégrer, mais dont la maladresse naïve provoque l'hilarité des habitants de Nunaqarfik.

Belle occasion pour le lecteur de remettre en questions ses propres préjugés, en faisant connaissance de ces gens qui vivent dans le froid, avec des ressources naturelles limitées, mais avec une grande fraternité et un sens de la fête. Au-delà des différences, on constate les similitudes des sentiments et de l'identité humaine, des questionnements des jeunes face aux changements sociaux.

On réalise aussi la valeur ironique des objets qu'on prend pour acquis comme lorsque le village attend avec impatience le bateau printanier, car les habitants sont à court d'une marchandise indispensable : du papier-cul!

Un roman très intéressant, une belle découverte, pour ajouter un pays à notre carte du monde…
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Peut-être l'avez-vous déjà lu. Peut-être ne le connaissez-vous pas encore. Ce doit être les conditions glaciaires, alors. Il ne peut y avoir d'autres raisons.

L'auteur nous raconte quelques mois d'un instituteur danois nouvellement débarqué à sa demande au Groenland : Martin surnommé Martini par les habitants du village arrive pour enseigner dans le petit hameau de Nunarqafik. En même temps que lui, revient au pays Jacob, jeune garçon ayant passé un an dans un collège danois, et qui aura du mal à renouer avec la vie groenlandaise. Martin est plein de bonnes intentions mais aussi d'idées toutes faites. Les habitants du hameau, le contact avec la nature et les conditions extrêmes du Grand Nord, et quelques évènements dramatiques vont se charger de le transformer profondément.

Dans une narration remplie d'anecdotes, sur un ton plutôt humoristique, l'auteur dénonce les effets pervers de la volonté du Danemark de faire évoluer le Groenland : cette colonie danoise où les habitants ne connaissent pas encore les « bienfaits » de la civilisation. le ton reste léger, et le message passe par la description de l'infinie joie de vivre des Groenlandais. Pour eux le rire est la valeur suprême, tout est propice à faire la fête, et les relations humaines priment sur le reste.
Un seul habitant du village va se laisser attirer par la modernité et le résultat sera tragique : le père de Jacob ou plutôt Jacunguak va trouver ce moyen, se faire embaucher dans une mine, pour essayer de redorer son prestige dans les yeux de son fils, qui fort d'une année au Danemark, considère la façon de vivre de ses parents comme archaïque. Il y perdra tout.
« C'est bizarre, quand, pendant toute une année, on a pris des douches et même des bains, qu'on s'est lavé les mains à l'eau courante, froide ou chaude, avec du carrelage partout autour de soi, et qu'on a tiré la chasse, et qu'on a même tiré une deuxième fois pour être bien sûr – C'est bizarre, en rentrant chez soi, où papa et maman sont en train de chier dans un seau dans un coin de la pièce, de trouver que ses parents sont des porcs ? Hein, professeur ? Est-ce que c'est si bizarre que ça ? »

Pour illustrer son propos sur ce qui sépare les deux peuples, l'auteur pointe des différences importantes dans la façon de s'exprimer, qui ne tiennent pas seulement à la langue, mais à une tournure d'esprit différente :
« Il s'y laissait souvent prendre- la langue, encore : quand on posait une question, les Groenlandais répondaient toujours avec logique. Quand Kristine demandait : « Ce ne sont pas des bêtises ? » et qu'il répondait « non », il niait que ce n'étaient pas des bêtises. En d'autres mots : il confirmait que ça l'était.
Si quelqu'un demande : « Tu ne viens pas ce soir ? » et qu'on a l'intention de dire « oui » à l'invitation, il faut répondre « non ».
À l'affirmation qu'on ne vient pas.
Martin voyait bien qu'au fond c'était profondément logique mais c'était un peu fatigant de devoir toujours se tenir sur ses gardes. »

Un livre très humain, où j'ai aimé cheminer au coté de Martini, découvrir avec lui une façon de vivre, de penser, de réfléchir différente. Un livre qui nous pousse aussi à nous poser des questions su la civilisation et ce travers si répandu de vouloir porter la bonne parole ailleurs. L'être humain doit apprendre à accepter que certains vivent différemment, pas moins bien, juste différemment.
Pour ceux qui ne l'ont pas lu, Imaqa signifie Peut-être.
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