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EAN : 9782847202274
190 pages
Gaïa (04/04/2012)
3.42/5   84 notes
Résumé :
Max est un homme politique de haut vol. Max est un génie, il est malin et s’en sort toujours. Il est le spin doctor du personnage le plus important du Danemark. Seulement cette fois, Max a assassiné son meilleur ami, qui est aussi, accessoirement, le Premier ministre.
Par quel plan génial pourra-t-il se tirer d’affaire ?
Flemming Jensen nous offre un roman décalé dont la construction burlesque et le ton hilarant, accompagnent le suspens et les rebondis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Le Danemark est un curieux pays, bien différent du nôtre. Pourquoi je vous dis ça ? Imaginez que l'épouse du Premier ministre, après avoir été quelque peu moquée par la presse, éprouve le besoin de se changer les idées en renouvelant son mobilier. On peut la comprendre :
« La photo était en couleur et malheureusement assez nette. On y voyait deux femmes, dans la Tour dorée de Tivoly. Chacune sur son siège, l'une à côté de l'autre, solidement attachées. L'une hurlait de joie, l'autre de terreur. Et de rage ! Ca ne faisait aucun doute. La vitesse de déplacement remplissait leurs robes d'air et… Enfin voilà, on y voyait des choses qu'habituellement on n'aère pas en public. Surtout pas les femmes mariées à des chefs d'Etat, en dehors de la juridiction française*. de nos jours, l'attrait pour ce genre de sensation est somme toute assez limité, mais il y avait un petit détail qui changeait la donne : aucune des deux dames n'était franchement anorexique et les sommes utilisées par la première dame lettone pour sa sustentation avait sans doute été économisées sur le budget culotte…»
Ici, on est organisé, hiérarchisé, on a du personnel et aucun problème de budget. On appellerait sans doute à l'aide antiquaires, conservateurs du patrimoine et le gotha des architectes d'intérieur mais là-bas, à Copenhague, il apparaît comme vraisemblable que la dame en question se rende elle-même chez Ilva pour en repartir illico-presto avec un nouveau canapé et quatre porteurs qui sont en réalité des policiers habituellement affectés à la surveillance d'une ambassade, laquelle ambassade se retrouve après un match de football houleux prise d'assaut par une horde de vikings furieux. Imaginez la presse déchaînée, les danois en colère et la démission imminente du premier ministre. Je sais qu'ici, c'est inconcevable depuis qu'après avoir coupé la tête du malheureux Louis XVI, on a décidé de ne plus couper les cheveux en quatre de nos monarques élus en les laissant mener le grand train qu'ils souhaitent et qui, pensent-ils, participe de leur majesté. C'est aussi un des plaisirs de la lecture de romans étrangers que de découvrir d'autres contrées et d'autres moeurs. Bref, je m'égare, revenons à ce Blues du Braqueur de Banque que j'ai trouvé particulièrement réussi en dépit du titre (je sens que je vais encore m'égarer) qui me renvoie le souvenir ancien mais néanmoins vivace de m'être, un beau (pas tant que ça finalement) matin, retrouvé à genoux, dans un hall d'agence bancaire avec un pistolet braqué sur ma nuque que je n'imaginais pas si fragile, en attendant avec une impatience certaine que les opérations de retrait en espèces réclamées assez bruyamment, je dois dire, et sans attendre son tour, par notre braqueur de banque ne se terminent. Pour tout vous dire, l'ambiance était beaucoup plus tendue que dans la savoureuse anecdote racontée par le braqueur danois à laquelle je ne résiste pas :
« le rire est un formidable adoucissant. Une fois nous avions été forcés de pacifier le personnel d'une banque avec du ruban adhésif gaffer. Ca rend toujours l'ambiance pesante quand on ne peut pas travailler en paix, quand il y a trop de bruit et de mouvement. La dame du guichet était dotée d'une relative corpulence – et je suis sympa. Quand mon collègue voulut lui attacher les bras dans le dos, l'avant de son tailleur explosa littéralement. La tension fut alors trop forte. le directeur de la filiale éclata de rire, un véritable fou rire communicatif. Comme une digue qui cède, le fou rire gagna la moitié du personnel. Bientôt, la pièce entière résonnait des rires d'une bande de fonctionnaires attachés les mains dans le dos. Et voyez : l'ambiance fut tout de suite plus légère ! C'était presque jovial, la forte dame du guichet était la seule à rester un peu maussade. L'hostilité qui existait depuis le début commença alors à se fissurer, nous étions devenus des gens qui avaient une histoire commune à raconter. Ce changement miraculeux, nous le devions au rire. Bien sûr, dans ce cas précis, cela eut pour effet de faire prendre un peu de retard au travail en cours et ce retard additionné à une peine avec sursis que je me traînais depuis quelques années, ne resta pas sans conséquence. Mais oublions ça, ce jour-là, le rire avait adouci l'atmosphère. »
Mettez au milieu de la nuit, dans un hangar à bateaux, un Premier ministre, son ami mentor et conseiller, et une jeune chef scout, donnez la parole à un braqueur de banque admiratif et conscient de ses insuffisances intellectuelles, mélangez bien et vous obtenez une comédie malicieuse et politiquement incorrecte dont la légèreté n'exclut pas des réflexions profondes sur nos sociétés démocratiques et leurs perversions ainsi que quelques assertions des plus piquantes voire irrévérencieuses :
« Il en va des ministres comme des couches jetables : il faut les changer souvent.
Et pour la même raison. »
Ce petit roman se lit très vite avec beaucoup de plaisir et la chute qu'on sent venir mais dont on ne peut deviner les modalités est amusante. A malin, malin et demi !
*Ah, les stéréotypes !
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L'avantage, avec un libraire qui vous connaît bien, c'est qu'il est capable de déterminer quel genre de lecture vous agrée de manière générale (voire vous enthousiasme), mais aussi selon votre humeur du moment. Je me suis donc adressée à mes libraires avec une consigne volontairement peu subtile (j'aime bien les mettre au défi), celle de me trouver des livres sans prise-de-tête, limite « Oui-Oui ». Après un sourire melliflue de leur part me signifiant qu'ils avaient déjà saisi la part d'exagération dans mon propos, je me suis retrouvée avec un livre à la couverture que je qualifierai d'efficace. L'auteur est danois, je ne le connaissais pas mais en général, j'aime assez la littérature d'Europe du Nord, pour son côté désopilant notamment. Je n'ai pas été déçue.
L'histoire est racontée par un braqueur de banque avec une forme d'application un peu maladroite qui donne d'emblée une certaine légèreté de ton (bien que les thèmes abordés ne le soient pas). le narrateur s'emploie à expliquer sa démarche : il emprunte la forme d'un sketch célèbre au Danemark s'organisant en trois parties : l'exposition (sorte de longue introduction), la description des personnages et le dénouement. Il agrémente chaque chapitre d'une sorte de chapeau que j'ai trouvé parfois un peu lourd dans l'effet comique recherché et qui a l'inconvénient de dévoiler une partie de l'intrigue.
Si notre narrateur s'applique autant, c'est qu'il est pantois d'admiration devant l'intelligence de son personnage principal, Max. Intelligence largement sollicitée car Max s'est mis dans une situation apparemment inextricable. Il a assassiné le Premier ministre du Danemark, Tom, son meilleur ami. Max est son "Spin Doctor", son conseiller de l'ombre depuis des années, celui qui excelle à manipuler l'opinion, à louvoyer dans les plus hautes sphères politiques mais qui laisse sur le devant de la scène, son ami, son pantin aussi, plus charismatique. Mais voilà que Tom a voulu remettre en question cet accord...Il faut dire que la situation est tendue car un énorme poil à gratter des relations entre le Danemark et les Etats-Unis est à nouveau sur la sellette : la base de Thulé au Groenland. Au coeur de cet enjeu géopolitique hérité de la Guerre froide, la question du devenir d'une poignée d'Inuits devient embarrassante dès lors qu'elle trouve écho parmi l'opinion publique danoise dans son ensemble (on apprend sur la quatrième de couverture que Flemming Jensen est un défenseur de la cause groenlandaise). Pourtant Max, rompu à toutes les magouilles, a déjà trouvé la parade. Mais voilà que les choses se compliquent encore : un match de football injustement perdu par l'équipe nationale face au voisin suédois qui tourne à l'émeute, les caprices d'une femme de Premier ministre qui dégarnit les rangs des services d'ordre et c'est la gaffe, impossible à rattraper.
Jensen s'amuse à placer des événements apparemment sans lien entre eux, d'importance variable, les uns probables, les autres complètement loufoques, certains relevant de la sphère publique, d'autres du domaine privé, pour créer une sorte de tourbillon frénétique autour de ces personnages. L'ensemble est assez alerte et distille pas mal de messages, notamment sur la démocratie, la manipulation de l'opinion publique, les opportunismes de tout genre, tout ça sans avoir l'air de paraître trop sérieux. le personnage de la jeune scoute, témoin presque direct de l'assassinat est le contrepoint naïf au cynisme de Max.
Pourtant, il faut peut-être apprendre à se méfier des oies blanches, comme de tous les pantins d'ailleurs.

Lien : http://leschroniquesdepetite..
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C'est drôle d'un bout à l'autre, vraiment désopilant. Plutôt dans le genre "nonsense". J'ai beaucoup aimé.

Un braqueur de banque raconte l'histoire de Max, égérie au masculin du premier ministre danois, qu'il vient de tuer. Mais non loin de là, se trouve un camp scout et une cheftaine fait irruption dans le hangar où se trouvent Max et le cadavre. Comment Max va-t-il s'en sortir, lui qui est habitué de sortir le gouvernement de toutes les impasses dans lesquelles la politique les fourvoie ?

Un excellent moment de détente. Bravo !
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Notre braqueur de banque n'a pas trop le blues sauf à mériter son sort, attendre la sortie de prison, mais en attendant il recueille les mémoires, d'un type Max, une autre pointure, Max, on est dans le crime, dans la manipulation, le mensonge érigé en mode de vie et de relation avec les autres.
Max, conseiller politique du premier ministre du pays, égérie au masculin, autrement plus intelligent.
Et puis Max tombe sur une girl-scout. Qui le fait basculer sur tous les plans, celui de la manipulation, qui manipule qui, celui des sentiments, qui s'apitoie ou pas, celui de l'intelligence, qui est le plus intelligent, qui est le plus crédule.
Le roman nous mène en bateau (je devrais dire en kayak, étant donné ce qu'il se passe dans ce récit), donc en kayak, drôlement, cyniquement, loufoquement.
J'ai parfois pensé à mes très anciennes lectures des romans de Tom Sharpe. Sur deux points : le premier, comment se mettre dans une situation incroyable, folledingue et ne trouver pour s'en sortir que des solutions encore plus folledingues, qui conduisent à l'absurde absolu. le second, c'est que la morale l'emporte quand même, après tout, et avec une petite surprise pour le lecteur en toute fin.
C'est drôle, enlevé, on rit, ce n'est ni vraisemblable ni réaliste, ni sérieux, mais triple raison pour rigoler franchement, gentiment. Et la fin est comme une fable De La Fontaine « tel est pris qui croyait prendre », ou « le plus intelligent, ou le plus rusé, n'est pas celui qu'on croit ».
Un moment de lecture gai, agréable, jamais sérieux, bien écrit, bien ficelé, troisième ouvrage lu de cet auteur, trois fois rigolo mais avec une petite réflexion sur nos sociétés, pas inintéressante du tout.
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D'abord, ce meurtre par Max, conseiller politique du 1er ministre danois, raconté par un braqueur de banque, puriste de la langue et fier de son métier, est très drôle.
Ensuite, il est intéressant : la société danoise ("les Suédois sont les voisins les plus divertissants dont un pays puisse rêver. Bien plus encore que les Belges !" ; le Jutland qui est apparemment le coin paumé ; le Groenland et les Etats-Unis ; et des petites choses en filigrane), ce pays du Bonheur d'après les enquêtes qui a les mêmes politiciens, la même démocratie en question, les mêmes médias (en plus, ils ont une famille royale), et même des questions linguistiques (le mot français "ressource" est utilisé avec l'orthographe remanié) !
Parfois, lire la littérature étrangère, c'est explorer le très différent de soi, parfois c'est se rapprocher des "voisins".
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Prenez les dix commandements - juste ça !
Moïse descend d'une montagne -le mont Sinaï, pour être exact. Et là, qu'est-ce que vous me dites ? Dieu est installé au sommet d'une montagne ! Ça aurait aussi bien pu être Edmund Hillary.
Bref, Moïse se pointe avec une paire de plaques de pierre. Puis il se retourne vers Dieu, qui vient de poser son burin et époussette sa tunique, ou sa combinaison de ski ou ce qui pouvait bien être tendance chez les divinités à l'époque et hurle :
"OK, OK, Dieu ! Je te suis complètement rapport aux commandements et tout. Mais il faut juste que tu me répètes pour l'autre deal : les Arabes reçoivent tout le pétrole et en contrepartie, les nôtres auront le droit de se faire couper le bout du... quoi ??? "
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Le rire est un formidable adoucissant. Une fois nous avions été forcés de pacifier le personnel d'une banque avec du ruban adhésif. Ca rend toujours l'ambiance pesante quand on ne peut pas travailler en paix, quand il y a trop de bruit et de mouvement. La dame du guichet était dotée d'une relative corpulence – et je suis sympa. Quand mon collègue voulut lui attacher les bras dans le dos, l'avant de son tailleur explosa littéralement. La tension fut alors trop forte. le directeur de la filiale éclata de rire, un véritable fou rire communicatif. Comme une digue qui cède, le fou rire gagna la moitié du personnel. Bientôt, la pièce entière résonnait des rires d'une bande de fonctionnaires attachés les mains dans le dos. Et voyez : l'ambiance fut tout de suite plus légère ! C'était presque jovial, la forte dame du guichet était la seule à rester un peu maussade. L'hostilité qui existait depuis le début commença alors à se fissurer, nous étions devenus des gens qui avaient une histoire commune à raconter. Ce changement miraculeux, nous le devions au rire. Bien sûr, dans ce cas précis, cela eut pour effet de faire prendre un peu de retard au travail en cours et ce retard additionné à une peine avec sursis que je me traînais depuis quelques années, ne resta pas sans conséquence. Mais oublions ça, ce jour-là, le rire avait adouci l'atmosphère.
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(...) l'image des braqueurs dans la société reste peu valorisée.

Aux grandes premières de théâtre par exemple, on invite toujours beaucoup plus de directeurs de banque que de braqueurs de banques. Les directeurs de banque semblent en effet nettement plus honorables, bien que je puisse garantir que si l'on fait les comptes, les directeurs coûtent aux banques bien plus cher que les braqueurs.

Quand un directeur a coulé une banque de plusieurs centaines de millions, on lui donne quelques millions de plus pour l'inviter à prendre la porte - nous autres en revanche, on peut s'estimer heureux si l'on s'en sort avec de quoi payer un taxi pour rentrer à la maison.
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La porte s’ouvre, et la lumière inonde le contenu parfaitement visible désormais. Elle est là, reposant sur un petit coussin rouge – l’arme du crime.

« Une bouteille de Glenfiddich, 30 ans d’âge, pur malt ! » Le vendeur a baissé la voix, et c’est d’un geste religieux qu’il sort la bouteille de l’armoire. On peut sentir que c’est une chose qui ne lui arrive pas tous les jours.
« Remarquez la forme triangulaire et le verre particulièrement épais. Une arme contondante très fiable ! » chuchote-t-il avec respect.
« Oui, on l’a bien en main ! » reconnaît le client en tenant délicatement la bouteille.

Le vendeur rougit dans un élan de modestie tout à fait seyant : « Je n’osais pas le dire moi-même, mais vous avez tout à fait raison. Même après un puissant coup sur l’arrière d’un crâne, l’arme restera intacte.
– Mais pas le crâne ? » L’intérêt est maintenant fixé, et la transaction engagée.
« En effet ! répond le vendeur. Cette arme a assuré le changement de pouvoir d’une génération à l’autre des plus nobles clans écossais. »
C’est le coup de grâce. C’est décidé – et le client n’a même pas demandé le prix !
Alors le vendeur se fait plus aventureux.
« Trois pour le prix de deux, ça vous intéresse ? »
Mais ça ne passe pas.
« Il n’y a qu’un Premier ministre… »
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Je me suis trompé !
J'ai rendu hommage à la mauvaise personne!
Et j'ai le blues!
Ie lecteur est en droit de se sentir dupé, ou tout du moins de se dire que j'ai foiré. Parce que j'aurais dú le savoir depuis le début.
J'oserai pourtant une plaidoirie en proposant une timide objection.
Et pourtant!
Je le pense : et pourtant!
Car considérons que chaque mot que j'ai écrit sur Max et à sa gloire, je le maintienne ! Il a seulement croisé la route de quelqu'un d'encore plus vif, d'encore plus malin que lui.
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