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Critique de sandrine57


Fils de meurtrier…C'est l'étiquette que la société a collé sur le front de Seo-weon. Depuis que son père, Choi Hyeon-su a commis une série de meurtres au bord du lac Seryeong. Seo-weon avait onze ans et les actes de son père l'ont condamné à une vie d'errance. Rejeté par sa famille, obligé de quitter l'école, il vit avec Seung-hwan, ni un ami, ni un parent, juste un homme qui a vécu quelques semaines avec les Choi au moment du drame. Ensemble, ils ont parcouru la Corée à la recherche d'un endroit tranquille et anonyme, traqués par la presse, sans cesse obligés de fuir les rumeurs, les insultes, le rejet.
Désormais, Seo-won a dix-huit ans. Condamné à mort, Hyeon-su est sur le point d'être exécuté et Seung-hwan disparaît en lui laissant un manuscrit qui relate les évènements du lac Seryeong. le moment est venu pour le jeune homme de se confronter à ce passé qui lui colle à la peau et d'affronter un ennemi tapi dans l'ombre : Oh Yeong-je, le père de Se-ryeong, la première victime de Hyeon-su, qui réclame vengeance.

Les nuits de sept ans, c'est d'abord un lieu. le lac de Seryeong, son village bas, son village haut, son échangeur autoroutier, son barrage hydraulique, ses bois sombres, son jardin botanique et La Résidence où logent les employés du barrage. Un endroit isolé, inhospitalier, voire dangereux, toujours dans la brume. Sous le lac, l'ancien village englouti cristallise les légendes des habitants alentours.
Les nuits de sept ans, ce sont aussi des personnages. Ambivalents, victimes et coupables, aux prises avec les affres d'un destin qui leur est peu favorable. Morts ou vivants, présents ou disparus, ils pèsent sur les évènements de tout le poids de leurs sentiments, leurs émotions, leurs actions.
La première victime, la petite Se-ryeong, onze ans à peine. Onze ans de coups, d'humiliations. Une trop courte vie sous la coupe d'un père obsessionnel, pervers narcissique. Sa mère, Mun Ha-yeong, qui a fui le domicile conjugal, dans l'espoir souvent déçu d'échapper à son mari.
Choi Hyeon-su, ancien joueur de base-ball, désormais chef de la sécurité du barrage. Sa carrière sportive a été brisée par le syndrome du bras étranger. Son bras gauche, qu'il a surnommé ‘'le massacreur'' ne répond plus à ses ordres, agit par sa propre volonté. Depuis, il noie dans l'alcool ses rêves envolés, son mariage bancal, le fantôme de son père qui le hante depuis ses onze ans. Sa seule joie est son fils Seo-won qu'il aime plus que tout au monde. Sa femme Eun-ju n'est plus qu'une mégère acariâtre. Elle rêvait d'une vie facile, d'aisance financière, de rejoindre au moins les classes moyennes sur l'échelle sociale, elle se retrouve avec un mari alcoolique et lâche et ressasse sa rancoeur en travaillant sans relâche pour atteindre ses ambitions malgré lui.
Quand la famille s'installe dans le pavillon n°102, le locataire déjà présent accepte de partager la chambre de Seo-won. C'est un plongeur qui se rêve écrivain. D'emblée, Seung-hwan s'attache à son petit colocataire et protège son chef, Hyeon-su.
Et bien sûr, il y a Oh Yeong-je, le père de Se-ryeong. Quelqu'un a tué sa fille, sa chose, sa propriété et il est près à détruire le meurtrier en lui causant le plus de souffrances possibles.
Les nuits de sept ans, c'est, enfin, une claque littéraire. Un polar magistralement construit qui brasse les époques et les points de vue, sans être répétitif et avec un suspense qui va toujours crescendo. Un roman riche, fouillé, psychologique, une plongée dans les eaux troubles du lac Seryeon et dans les tourments de l'âme humaine. Une réussite totale.

Je remercie Cristie, du blog Depuis le cadre de ma fenêtre, ainsi que Franck de Crescenzo des éditions Descrescenzo pour ce cadeau.
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