Bélibaste, le dernier cathare

Comme toujours lorsqu'il s'agit des Cathares, j'ai été totalement captivée par cette lecture, qui ici retrace la vie de Guilhem Bélibaste, le dernier prêtre parfait. Ma passion pour ces bonhommes ne cesse de croître avec les années et je prends toujours un réel plaisir à lire un roman, de fiction ou non, qui parle de cette population martyre et d'une époque bien sombre pour l'Occitanie et le reste du Royaume de France.

Ici, Jesus Avila Granados nous livre une biographie, celle de Bélibaste, bien connu pour avoir été le dernier prêtre parfait cathare, le dernier à brûler sur un bûcher car il ne partageait pas les mêmes idées que l'Église romaine. Sa mort a entraîné peu à peu la mort du mouvement religieux car il n'y avait plus de prêtre parfait pour initier les autres et la malédiction prononcée lors de sa mort à Villerouge-Termenés en 1321 devrait bientôt se réaliser...

Habitant la région, je n'ai pas eu de difficultés pour situer les différentes actions du roman mais il est vrai que parfois, une personne ne maitrisant pas bien la géographie de l'Occitanie s'y perdrait un peu. Mais l'histoire de Bélibaste est tellement passionnante et si bien écrite que finalement, on dévore ce roman qui retranscrit très bien les faits et les persécutions de l'époque, ainsi que les us et coutumes des cathares et des populations.
Rien ne destinait Guilhem à devenir un prêtre cathare. Certes ses parents étaient des bonhommes mais la religion ne l'avait jamais attirée plus que ça, jusqu'au fameux jour où il a du fuir une injustice. de là, il fera des rencontres décisives qui le mèneront sur la voie du catharisme et qui fera de lui, un prêtre cathare apprécié et respecté. En plus des cathares, nous ferons également la rencontre des Templiers, un ordre respectueux de tous et permettant à tous de vivre en harmonie et en sécurité. Malheureusement, cet ordre sera lui aussi malmené et dissous...

C'est une véritable aventure humaine que nous livre Jesus Avila Granados. Bélibaste a beaucoup voyagé, bien que malgré lui, et il a rencontré des personnes touchantes, aimantes et humbles qui n'avaient d'autres aspirations que de vivre une vie simple, emplie d'amour et de partage mais qui ne partageaient pas les valeurs que l'Église Romaine souhaitait imposer à tous...Cette persécution a eu de nombreuses répercutions et en voulant éradiquer ces parfaits, l'Église a échoué car les Occitans se rappellent et aujourd'hui encore, le catharisme et les cathares fascinent.

Je ne peux pas garder ce coup de coeur plus longtemps !

C'est un roman qui m'a énormément touchée par ses voyages, ses rencontres, ses émotions et son humanité. Il vit autour des dialogues et des rencontres entre les cathares et le reste du monde au XIVe siècle.

Sa narration est assez spéciale; c'est un récit rétrospectif avant la mort, qui se constitue de souvenirs. Il n'y a pas autant de descriptions que dans un roman écrit comme tel. Ici on a l'impression d'écouter quelqu'un parler, c'est naturel, criant de sincérité. de là, les sauts de temps ne m'ont pas dérangés ! Même si il manquait quand même des repères temporels, surtout l'année à laquelle on était, le roman commençant tôt dans la vie de Bélibaste. J'ai aussi beaucoup aimé le découpage des chapitres ! presque tous divisés en lieux visités, lieux où vont les personnages plutôt qu'en actions.
Il y a de longs dialogues sur les croyances, pratiques religieuses, L Histoire… ce qui en fait un roman qui ressemble presque à un livre d'Histoire. C'est à savoir, mais j'ai adoré ces passages super intéressants ! J'en ai appris beaucoup ! Bélibaste était lui-même le dernier parfait cathare brûlé en 1321. La réalité historique est forte. Et il aborde le catharisme en profondeur, les templiers, la croisade, l'Inquisition, les sorcières…

J'y ai pourtant trouvé quelques coquilles. Mais peu graves. Il y a des erreurs typographiques (oubli d'un tiret, oubli d'un retour à la ligne etc.). Un peu de rapidités à la fin et les personnages étant souvent cathares, ils se ressemblent beaucoup moralement.

Le roman n'est ici qu'un prétexte pour évoquer une période particulièrement sombre de l'Histoire de France : celle de l'Inquisition et des actes ignobles qui ont été perpétrés au nom de l'Eglise catholique au détriment du catharisme.
En voulant à tout prix nous initier à cette religion aujourd'hui disparue, l'auteur met de côté le romanesque pour se concentrer sur la description érudite de ce mouvement religieux et du mode de vie qui en découle. de ce fait, le roman en lui-même en pâtit (des longueurs et un manque de rythme), et son personnage idéaliste est parfois à la limite d'un angélisme extrême, parfois ennuyeux.
On se laisse néanmoins prendre par ce récit, qui représente somme toute une belle plongée dans le Moyen-Âge du début du XIVème siècle.
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