Et j'avais convaincu la comtesse et Jeannette de choisir mes dictées dans "Le Grand Meaulnes".
Je me sentais plus proche d'Augustin Meaulnes que du jeune François qui raconte l'histoire. Je m'intéressais aux filles, aux jeunes femmes. Je ne ferais confiance à personne pour aller voir le bonheur à ma place.
Mais je ne pouvais pas m'empêcher de me comparer aux héros du "Grand Meaulnes" : vivre en 1948 me donnait une illusion de supériorité, parce qu'il y avait les Américains.
Je serais bien incapable de dire pourquoi les Américains, que je n'avais jamais vus sauf au cinéma, me rendaient, par leur victoire, leur domination, leur toute-puissance, plus fort et plus malin que les gens d'autrefois. Mais c'était ainsi.
J'avais abandonné mon béret de paysan le jour du mariage de ma mère et je ne l'avais plus remis.
Michel Jeury en conférence aux Utopiales 2010
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