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Critique de Fuyating


J'avais beaucoup d'attente et étais ravie à la sortie de ce livre. Peut-être d'ailleurs trop d'attentes, ou je me suis sûrement un peu trop imaginé ce à quoi pourrait ressembler un tel roman, ce qui pourrait expliquer ma déception à la fin de ma lecture.
Quoiqu'il arrive, enfin un livre dont l'histoire se déroule sous "l'ère" Xi Jinping. Ce court roman est une sacrée critique de la société actuelle, et surtout de la politique en place. L'auteur nous donne d'ailleurs le ton dès les premières lignes de sa préface. Ce livre, évidemment censuré, comme tous les autres de Ma Jian, nous dresse le portrait de Ma Daode (Daode voulant dire "morale, éthique" en chinois), un haut fonctionnaire comme tant d'autres dans ce pays : corrompu, baignant dans la luxure, vulgaires et collectionnant les maîtresses (douze plus précisément ici). Cet homme bedonnant, croyant plus que tout au "Rêve chinois" prôné par le président, a cependant un souci : il n'arrive pas à se détacher de son passé et des expériences violentes qu'il a vécues.
Il fallait oser, même à des milliers de kilomètres, d'écrire un livre ayant pour sujet un des Leitmotiv de Xi Jinping. Ce rêve chinois qui n'a cure des sentiments du peuple et qui écrase tout sur son chemin : des villages sont par exemple rasés (avec ou sans la permission des habitants), les locaux n'ont que très peu d'indemnités, les pots de vin sont omniprésents, ce qui favorise évidemment les riches, l'intérêt du peuple passe après l'intérêt pécuniaire, impossible de se fier aux hauts fonctionnaires, culte de la personnalité etc.
Hormis cette critique, le roman met également bien en lumière la difficulté des Chinois à oublier le passé, le passé ressurgissant à tout moment dans le présent, notamment la Révolution culturelle, événement traumatisant de leur Histoire où des milliers de gens sont morts et où la violence et la dénonciation (même de parents) étaient quotidiennes. L'oubli, le silence, des choses tant souhaitaient par le parti pour pouvoir avancer et faire croire au monde que la vie est belle et le passé sans tâche...

Petit bémol tout de même, je n'ai pas apprécié l'écriture, que j'ai trouvé simple, sans style particulier (est-ce dû à la traduction ? D'ailleurs Ma Jian l'a-t-il écrit en chinois puis sa femme l'a traduit en anglais ou l'a-t-il directement écrit en anglais ?). Les passages sur la Révolution culturelle, bien sûr que des choses ayant existées, tombent parfois un peu dans le pathos. Avons-nous déjà lu trop de livre sur le sujet ? En tout cas certains auteurs ressentent toujours le besoin d'en parler pour panser leurs plaies et surtout demander aux lecteur de ne pas oublier.
Autre bémol : pourquoi garder un titre anglais : "China Dream" ? "Le rêve chinois" était tout aussi bien et renvoyait également au discours du président.

Le mot de la fin : la couverture est très originale, elle a été pensée et conçue par l'artiste chinois Ai Weiwei, lui aussi dissident.
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