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EAN : 9782081308886
450 pages
Flammarion (20/08/2014)
3.88/5   136 notes
Résumé :
Jeune paysanne née au coeur de la Chine rurale, Meili est mariée à Kongzi, l’instituteur du village, lointain descendant de Confucius. Ensemble, ils ont une fille, mais Kongzi, qui veut à tout prix un fils pour poursuivre la lignée de sa célèbre famille, met à nouveau Meili enceinte, sans attendre la permission légale. Lorsque les agents de contrôle des naissances envahissent le village pour arrêter ceux qui ont transgressé les règles, père, mère et fille fuient ver... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Tous les lecteurs de la route sombre doivent être prévenus : La route sombre de Ma Jian est un roman atroce et insoutenable par instants. Ce qui ne signifie pas qu'il ne doit pas être lu, bien au contraire. A l'opposé de Yu Hua et de Mo Yan, pour ne citer que deux des écrivains chinois parmi les plus célèbres, Ma Jian est un dissident qui a quitté son pays depuis plus de 25 ans parce qu'il ne pouvait s'exprimer librement dans ses écrits. La route sombre raconte comment la politique de l'enfant unique, mise en place à la fin des années 70 (quelque peu adoucie en 2013 seulement), a condamné des milliers pour ne pas dire des millions de familles à fuir pour échapper aux foudres du planning familial. Il s'agit bien d'un roman qui s'attache aux pas d'un couple qui attend un deuxième enfant, en toute illégalité donc, mais la fiction ne fait que refléter qu'une réalité avérée d'une violence à peine imaginable. Avortements sauvages, viols, centres de détention et de "rééducation", corruption, bébés morts flottant sur les fleuves : le tableau est d'une horreur totale et la tentation est forte de refermer le livre avant la fin. Un cauchemar. En Chine, le ventre des femmes appartient au gouvernement et quiconque s'oppose à cet état de fait s'expose à toutes les "punitions" possibles, jusqu'à la mort. A travers La route sombre, Ma Jian dépeint la condition féminine sous le joug d'un Etat qu'il qualifie à nombreuses reprises de "fasciste." le portrait de son héroïne, Meili, est celui d'une femme courageuse, qui ne connait pas un jour de paix et qui, pourtant, espère toujours un avenir meilleur. Son chemin de croix, au côté d'un mari machiste obsédé par l'idée d'avoir un enfant mâle est éreintant et désespéré. Ma Jian ne cède jamais aux sirènes du mélodrame, son constat est clinique et terrible. le livre est à déconseiller aux personnes sensibles, pas à celles qui sont prêtes à connaître cette face très sombre de la Chine contemporaine. Bien que bousculé et écoeuré par ce qu'il découvre, le lecteur reste, impuissant, à mille lieues de la souffrance endurée par ces femmes.

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Meili est une jeune femme lumineuse qui rêve d'un avenir souriant, née au coeur de la Chine Rurale,mariée à Kongzi, l'instituteur du village, lointain descendant de Confucius. Enceinte d'un deuxième enfant là oú la politique de l'enfant unique est strictement appliquée, elle s'enfuit avec son mari et sa petite fille pour rester maîtresse de son corps.....Commence alors pour eux un long voyage de fugitifs, insensé et cauchemardesque, une cavale au sud vers le fleuve Yangtze, à travers les paysages dévastés de la Chine. Ils deviennent des itinérants illégaux sans permis, sans papiers, ils vivent dans une péniche hôtel, puis dans de vieux rafiots improbables, la plupart du temps insalubres, dans les endroits les plus pollués de la campagne....Lorsqu'ils arrivent dans une ville,ils sont enfermés dans des centres de rétention ou envoyés aux travaux forcés. Les paysans et les paysannes itinérants sont considérés comme des criminels. Ils doivent travailler à l'image d'esclaves, traités comme du bétail, ils survivent dans une misère humaine et environnementale incroyables!
Meili est pauvre, dénuée de tout, mais continue de croire que le mariage doit durer toute la vie. Elle affronte des moments terrifiants: injection de poison dans le ventre, avortement forcé, soumise à des amendes insensées,embarquement dans un camion poitrine dénudée, pieds et bras solidement attachés, traitée en criminelle, ligotée à une table d'opération, violée: " Votre ventre appartient à l'état...."Elle réussit toujours à surmonter ces moments horribles. C'est une femme courageuse, lumineuse , éblouissante à qui la vie n'épargne rien- : " "L'amour est le début de toutes les douleurs ". Son mari , désespéré, avide de sexe se met à boire et à jouer.
C'est un voyage cauchemardesque, éreintant, dérangeant qui dénonce avec force la politique de la natalité en Chine.
Rien ne nous est épargné entre corruption de la police, violence des autorités, dépravation comme recours à la misère, dans une conception de la femme servante,procréatrice, prostituée de force à 20 ou douze ans...réduite à un ventre, à un trou, travailleuse des champs ou des usines ...Une pollution apocalyptique, montagne de déchets électroniques en tous genres, air irrespirable,eaux rouges de liquides toxiques, bébés malformés, peaux abrasées, odeurs insoutenables, puanteur.....
C'est un ouvrage violent, bouleversant, hallucinant ,terrifiant écrit au scalpel, troué et éclairé de quelques échappées poétiques, fantastiques, humoristiques.....(que l'on a envie de refermer sans cesse.)...qui nous permettent de continuer notre périple apocalyptique.....le lecteur frémit devant l'immensité du désastre. Je me suis sentie humiliée et profondément touchée et révoltée en tant que femme....
Un livre qui va vous habiter longtemps aprés l'avoir refermé.....


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Dans la campagne chinoise ou coule le Yangtze, l'instituteur du village et Meili attendent leur deuxième enfant. Tout pourrait être pour le mieux, mais ils n'ont pas la permission légale d'en avoir un autre, leur fille aînée ( 2 ans) n'étant pas assez âgée (5 ans) .
Kongzi a décidé de passer outre les lois. Il est le descendant de Confucius, il doit perpétuer la lignée avec un fils.

Ma Jiam dans La Route Sombre se met dans les pas de Meili pour en faire un personnage d'une grande puissance, il se dégage de ce récit une figure d'un féminisme animal, violent, puissamment ancrée dans une volonté de s'affirmer par la maternité, une réelle folie dans ce pays qui nie à la femme le droit de maitriser sa fécondité.

La route sombre est lourd, glaçant, insoutenable.

Meili " découvre que les femmes ne sont pas maîtresses de leur propre corps, dont leurs maris et l'État se disputent la possession […]. Ces intrusions constantes dans les régions les plus intimes de son corps l'ont coupée de son identité profonde."

Le couple décide donc de fuir vers le sud du pays.
Le planning familial les rattrapent !

L'horreur les cueillent, et les responsables du contrôle des naissances sont devenus des bourreaux, « étranglez le répond la femme en blanc.Il ne restera qu'à l'enregistrer comme un enfant mort-né...le Dr gang le jette dans un sac plastique...je vais manquer le bateau ! »
La froide et absurde obéissance à des ordres, surgit jusqu'à l'angoisse de ne pas faire « nos objectifs d'avortements »

Le couple décide donc de fuir"de nouveau.
Ils vont vivre pendant des mois sur des péniches insalubres, au milieu d'odeurs nauséabondes.Traverser un véritable décor chaotique jusqu'à ce qu'ils s'installent sur la terre promise.

«  La Communauté Céleste », le paradis selon Meili, puisque la toxicité y est si forte que les hommes deviennent stériles !
Elle décide de se révolter contre son mari et contre l'État. Meili se rêve en femme qui travaille et qui se peint les ongles en rouge. Elle reprend provisoirement le contrôle de son corps.
Au fil des pages et du chemin qu'ils parcourent, ils croisent de nombreuses personnes et affrontent des épreuves terrifiantes, voire aberrantes, d'autant plus que certaines scènes ne sont que le reflet de la réalité.

Ce roman a parfois des allures de cauchemar.La Route sombre décrit le combat d'une femme qui refuse d'être réduite à un simple utérus.
la beauté de Meili et de ce personnage si profondément humain raconté par Ma Jian bouscule, dérange et choque volontairement son lecteur.

C'est un livre sur la destruction aveugle de la nature, une dégradation sauvage et systématique, avec son corollaire, les dépotoirs où la toxicité des lieus devenant insupportable devient un refuge pour le couple !

Un roman qui parle plus de recherche de gains immédiats. Tout se monnaye les enfants comme les oies, un enfant mutilé peu même être vendu plus cher! A qui Kongzi a t-il vendu "enfant née sur l'eau "?.

Un roman sur la violence, gratuite, aveugle.
Où est Confucius dans tout cela ?

Un formidable réquisitoire pour cet écrivain Chinois interdit de publier dans son pays, un implacable plaidoyer pour le respect de la femme d'aujourd'hui en Chine.
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Connaissant le sujet de ce roman, j'avoue avoir repoussé souvent le moment de me plonger dans cette Chine profonde lors de l'époque récente de la politique de l'enfant unique puisque mise en place en 1979, elle n'a été assouplie qu'en 2013 .

Ames sensibles et femmes enceintes s'abstenir !

Car à travers l'histoire de Meiji, une jeune paysanne enceinte illégalement de son deuxième enfant et de son mari Gongzi, instituteur , descendant de la lignée de Confucius et voulant pour perpétrer cette lignée un enfant mâle, Ma Jian nous décrit avec souvent force détails les conséquences d'enfreindre la loi: avortements, voir suppression brutale des nouveaux-nés, stérilisations obligatoires, amendes, destruction des maisons ,trafics d'enfants...

Les familles en situation illégale ,pour échapper aux délégués du Planning Familial prennent la fuite devenant alors des itinérants illégaux, des sans papiers et sans permis ,vivant souvent à bord de vieux rafiots dans les endroits les plus pollués de la campagne, pourchassés lorsqu'ils arrivent dans les villes, enfermés dans des centres de rétention et envoyés aux travaux forcés.

Malgré ce sombre tableau, Meiji garde l'espoir d'une vie meilleure alors que son mari ayant bien sûr perdu son statut d'instituteur se met à boire et à jouer.

Etonnamment la dernière partie du roman prend une autre tournure, beaucoup plus détachée, assez répétitive comme si l'obtention pour la jeune femme d'un emploi stable et d'un salaire repoussaient au second plan cette politique qui nous parait si aberrante et cruelle et les problèmes cruciaux de pollution dont les pauvres gens qui la subissent n'ont aucune protection contre les ravages sur leur santé .

L'écriture est efficace mais sans grand style.

Une sombre lecture même si elle reste instructive et vraisemblablement encore en partie d'actualité .
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C'est un livre très noir sur la politique de l'enfant unique, du point de vue d'une jeune femme de 22 ans, qui essaie de jongler entre la pression de son époux qui désir ardemment un héritier mâle pour prolonger la descendance de Confucius à la 77 ème génération, et le Parti communiste qui par le planning familial traque les femmes enceintes à travers tout le pays. Cette politique, mise ne place en 1979, n'a été assouplie qu'en 2013 pour être quasiment abolie qu'en 2016.

Nous sommes très loin de la Chine touristique, des voyages et des cartes postales. Ici, on nous dépeint une Chine ravagée, aussi bien dans les conditions de vie de ses citoyens, en particuliers ruraux que de ses paysages, ses villes, sa culture…

La fuite en avant de cette famille tentant d'échapper à l'horreur des avortements forcés, des infanticides et des stérilisations abusives, la plonge au coeur d'une Chine de misère et de pollution. Les descriptions des paysages et de leurs conditions de vie font froid dans le dos. Ce que l'homme peut infliger à l'homme et à son environnent est effroyable.

Le récit commence de façon très réaliste pour finir sur un ton à la limite du fantastique qui n'est pas sans rappeler « 100 ans de solitude » ou « Beaux seins Belles fesses ».

Un récit marquant car l'horreur vécue par Meili a été une réalité pour de trop nombreuses femmes chinoises.
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Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
"Elle a découvert que les femmes ne sont pas maîtresses de leur propre corps, dont leurs maris et l'état se disputent la possession: les maris pour satisfaire leurs besoins sexuels et engendrer des héritiers mâles - et l'Etat pour affermir son pouvoir et faire régner la terreur, en les contrôlant sans arrêt. Ces intrusions constantes dans les régions les plus intimes de son corps l'ont coupée de son identité profonde......"Mieux vaudrait encore être morte, pense t- elle..."
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Ces salauds de communistes ont réussi à détruire l'héritage de Confucius : la bienveillance, la droiture, la propriété, la sagesse - toutes les valeurs qu'il mettait en avant ont disparu. Quand la femelle d'un panda attend un petit, la nation entière se réjouit. Mais quand une femme tombe enceinte, on la traite comme une criminelle. Dans quel pays sommes nous donc? (Page 109)
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Meili s'imagine à nouveau dans ce cadre paradisiaque, assise en toute sécurité dans un jardin et tricotant paisiblement, tout en respirant à pleins poumons ces produits chimiques bénis, qui empêchent les femmes de concevoir des enfants. Elle ignore combien de temps il faut pour se rendre de la fertile montagne de Nuwa aux étendues stériles de la Commune Céleste : du moins a-t-elle désormais connaissance d'un endroit où le bonheur serait possible.
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Nuwa, déesse priée par les femmes qui veulent enfanter :

« Elle se souvient que sa grand-mère s'asseyait avec elle sous cet arbre et lui racontait la légende de la déesse Nuwa, la divinité au visage de femme et au corps de serpents qui a créé le monde et l'espèce humaine. Elle lui disait que dans les parages de la montagne de Nuwa se trouve un lac magique, capable de capturer les reflets de la lune. Au début des temps ce lac avait attiré Nuwa, la faisant tomber du ciel. Après avoir arpenté ses berges pendant des mois, Nuwa s'était sentie seule : elle s'était assise et avait modelé avec de la boue jaune du rivage des silhouettes humaines , auxquelles elle donnait vie. Au bout d'un moment, lasse de progresser aussi lentement, elle avait plongé une corde dans une mare de boue et l'avait secouée dans tous les sens, projetant des éclaboussures qui s'étaient transformées sur le sol en une multitude d'êtres humains... »



Quelques trouvailles auxquelles on préfère ne pas croire : les cheveux humains fermentés utilisés dans la composition de la sauce de soja ; les bébés morts ou invendables parce qu'estropiés, vendus aux restaurants ; les cheveux noirs d'une fillette devenus jaunes grâce aux produits toxiques contenus dans l'eau de la rivière ; les poissons de la rivière morts empoisonnées bien rincés, séchés et vendus au marché.
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Les autorités du village ne se contentent plus d'arrêter ceux qui ont enfreint les lois du planning familial [...] Ils confisquent l'argent qu'ils ont sur eux, vident leurs comptes en banque - et tout cela va remplir les poches des dirigeants du district.(P. 272)
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