Alpha, tome 6 : L'Emissaire

Ce sixième tome de la série "Alpha" est un peu particulier puisqu'il est à la fois le premier d'un diptyque, mais en même temps ses dix premières pages se déroulent pendant le tome précédent.
Cette fois, Mythic et Jigounov ont cessé de s'intéresser aux espions de l'ancienne URSS et ont tourné leur regard vers les magouilles politiciennes des Etats-Unis ainsi que vers la question irlandaise.

Le président démocrate des Etats-Unis, qui s'attendait à batailler ferme pour sa réélection, voit la voie royale s'ouvrir devant lui avec l'arrestation du probable candidat républicain le sénateur Corbin grâce à l'action d'Alpha lors du tome 5. La question de sa réélection est très importante pour lui car sa femme envisage de se présenter ensuite après son éventuel second mandat (on dirait les Clinton...). Son vice-président lui propose alors un dossier que le fera réélire à coup sûr : réussir à faire la paix entre les deux Irlandes en y envoyant un négociateur. Et justement il lui a trouvé la perle rare : un ancien diplomate qui est lié aux deux communautés, catholique et protestante.
Malheureusement, dès qu'il a posé le pied en Irlande, le fameux négociateur est enlevé. Alpha, qui se voyait déjà avec une promotion suite à ses exploits du tome précédent, se voit plutôt confier la mission de monter un commando secret avec sa coéquipière Sheena pour aller récupérer l'otage...

Très bonne idée de délaisser pour un temps l'ancienne URSS et de se tourner vers la verte Irlande, mais Mythic a réussi à la gâcher en multipliant les petites scènes parallèles auxquelles le lecteur ne comprend rien faisant intervenir des personnages inconnus de lui. J'espère que dans le tome suivant toutes les pièces du puzzle vont s'imbriquer et que tout va s'éclairer. Pour l'instant, j'ai seulement pigé que le fait que les USA s'impliquent dans la politique irlandaise ne plaise pas à beaucoup de monde et que certaines personnes jouent double voire triple jeu. Pour couronner le tout, Jigounov, comme à son habitude, dessine ses personnages de manière difficilement différenciable les uns des autres, rendant encore plus incompréhensible le déroulement de l'histoire.

En résumé, une légère amélioration par rapport aux deux précédents albums, mais il faut s'accrocher pour comprendre qui complote contre qui ! A voir avec le dénouement dans le tome suivant.

La principale nouveauté de ce tome 6, c'est qu'il s'inscrit directement comme la suite du tome 5 et que le récit se déploie sur 2 tomes.

On saute dans l'action quasiment là où on l'avait laissée; Alpha et sa collègue sont toujours avec la mission russe. Puis on démarre plein pot dans un imboglio géopolitique avec la question irlandaise. Pour redorer sa réputation, le président des USA veut provoquer une avancée majeure dans le processus de paix irlandais. Les auteurs maîtrisent bien leur sujet, mais il faut avouer que le conflit irlandais est un sac de noeuds. Cela requiert pas mal de textes, de dialogues. C'est le revers de la médaille. Une bonne intrigue, c'est une intrigue complexe. Et une intrigue complexe, cela entraîne parfois des longueurs.

Heureusement qu'ils ont eu la bonne idée de développer l'action sur 2 tomes. Les rouages sont finement agencés. Des gens agissent dans l'ombre. Qui utilise qui? Qui sera le dindon de la farce? A la fin du tome 6, Alpha a clairement foiré sa mission. La CIA est dans la tourmente et on se demande bien comment ils vont s'en sortir.

Après un triptyque et deux one-shot, la série Alpha se lance maintenant dans un diptyque et semble vouloir puiser son inspiration ailleurs que dans l'histoire des pays de l'Est, tout en restant dans le thriller d'espionnage sur fond politico-économique.

Heureusement pour Mythic, l'histoire mondiale est riche en magouilles politico-économiques, et c'est donc l'Irlande, et ses conflits armés récurrents vis-à-vis des anglais, qui va servir de source d'inspiration à cette nouvelle fiction politique.

Mythic va non seulement laisser de côté le KGB pour mettre en évidence l'IRA, il va également tenter d'innover en commençant son récit dans le même espace-temps que l'histoire précédente, tout en y référant plusieurs fois. Sans vouloir juger de l'utilité de cette démarche au niveau du scénario, c'est surtout la complexité de la mise en place qui rebute dans cet album.

Accumulant les lieux, les personnages et les histoires parallèles au fil des pages, Mythic va obliger le lecteur à s'accrocher à une histoire dont il met du temps à comprendre les enjeux. Et même si tout finit par s'emboîter et devenir clair, l'exercice est déroutant et frustrant par moment.

De plus, cette accumulation de données n'est pas compensée par suffisamment d'action, car Alpha semble plus spectateur que participant dans cette première partie d'histoire. D'ailleurs, ça seule activité sur le terrain ressemble plus à une joyeuse balade accompagnée d'un pique-nique, qu'à l'intervention d'un groupe d'intervention d'élite.

Le graphisme de Youri Jigounov fait de plus en plus appel à l'informatique, ce qui à tendance à le moderniser et à éclaircir son trait. D'un autre côté cela enlève un peu au niveau du réalisme, tout en restant assez classique dans l'ensemble. Les personnages ne sont pas toujours assez typés, et étant donné leur nombre, ils ne sont pas toujours faciles à reconnaître, ce qui ne facilite pas vraiment la lecture.

Bref, une série qui évolue, un héros plus vraiment infaillible qui va devoir rendre des comptes et une histoire dont on est impatient de connaître la fin dans le tome suivant.

Il y avait longtemps que j'avais pu voir la série Alpha dans les rayonnages BD de certaines librairies. Je n'ai trouvé que ces deux volumes à la bibliothèque, enfin deux qui se suivaient.


C'est toujours un peu dur de prendre une série en cours de route. Il faut entrer dans le bain sans trop savoir qui est qui ou qui fait quoi. Par la même occasion on révise un peu de géopolitique, ici ce sont les relations entre l'Angleterre et l'Irlande avec le conflit entre catholiques et protestants.

Avec Alpha on se retrouve dans une série d'espionnage réaliste qui des fois peut perdre le lecteur par la multiplicité des personnages. Il est un peu dur de connaître le personnage de l'agent Alpha en si peu de pages : grande gueule, peut-être un peu égocentrique, mais qui peut avoir une conception très personnelle de la justice.

Bien sûr il y a l'histoire d'amour avec son adjointe bien classique pour essayer de le rendre attachant : le classique "on est attiré l'un par l'autre mais on ne s'avoue pas notre amour".

Mais en soi c'est un personnage que j'aurais du mal à suivre pendant toute une série.

Petit tour en Irlande, la série à cet avantage de faire visiter la géopolitique contemporaine et les différents conflits sous l'aspect opération d'espionnage.
J'ai trouvé ce tome moins accessible que les précédents, avec une histoire un peu fouillis.
la suite dans le tome suivant permettra surement d'éclaircir tout ce mystère.