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EAN : 9782081429147
384 pages
Flammarion (18/04/2018)
4.22/5   9 notes
Résumé :
Comment rester loyal envers les valeurs que vous avez défendues toute votre vie, même quand cette loyauté peut entraîner votre perte ?
Le jour où Donald Trump a congédié James Comey, alors directeur du FBI, en mai 2017, il a déclenché un gigantesque incendie politique. Celui qui s'est retrouvé au coeur des flammes a gardé le silence jusqu'à aujourd hui.
Dans ce livre très attendu, l'ancien patron du FBI raconte pour la première fois le rôle historique ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une histoire en superlatifs : le contrat d'édition a accordé à l'auteur un contrat de 2 millions de dollars, 600.000 exemplaires de ce livre furent vendus pendant la toute première semaine et l'homme qui a rendu ce "deal" possible occupe la fonction de président des États-Unis.
Sans les frasques et pitreries de Trump, l'ouvrage de James Comey n'aurait évidemment jamais obtenu un tel score. "A nutcase" (dingue, taré) est le verdict de Donald-le-Grand qui ne supporte peut-être tout bêtement pas que l'auteur, avec ses 2,03 mètres, dépassât joyeusement son chef. Sur toutes les photos des 2 hommes, c'est d'ailleurs toujours le même qui soit assis !

D'abord un mot sur l'auteur. C'est en 2013 que James Comey a été nommé directeur du FBI (Federal Bureau of Investigation) par le président Obama. Il avait 52 ans et une carrière derrière lui comme juriste dans le privé (entre autres chez Lockheed) et dans la fonction publique, notamment comme procureur général de Manhattan, New York. Il s'était marié en 1987 avec une co étudiante, Patrice Failor, de qui il a 5 filles. Son fils mourut en bas âge (d'une infection 9 jours après sa naissance). Un homme qui est né avec un sens prononcé de loyauté et de devoir. Déjà son grand-père était un haut officier de police et son père occupait des fonctions de confiance dans l'armée. En tant qu'étudiant il s'est imprégné des théories politiques et pacifistes du théologien et éthicien influant Reinhold Niebuhr (1892-1971). Pas surprenant que cet ouvrage autobiographique porte comme sous-titre : "Une loyauté à toute épreuve".

Une loyauté qu'il a prouvé, en 2004, en s'opposant au programme "Stellar Wind" (vent stellaire) qui permettait à la "National Security Council" (NSC) le contrôle absolu des communications des Américains (téléphone, courrier, emails). En dépit d'un savon par le vice-président, Dick Cheney, et après avoir menacé de démissionner, Fiston Bush a fini par accepter les modifications que James Comey et ses collaborateurs avaient préparées. Une belle victoire, d'autant plus qu'il s'opposait à des membres influents du gouvernement comme Donald Rumsfeld, Condoleezza Rice etc. Son seul appui, Bob Mueller, son prédécesseur comme directeur du FBI.

À sa grande surprise, ayant rejoint le secteur privé après des années de service pour les Républicains, il fut convoqué par le président démocrate Obama à la Maison-Blanche qui lui demandait d'assurer la succession de Bob Mueller à la tête du FBI. Ainsi, le 4 septembre 2013, il prêta serment comme le 7ème directeur du FBI depuis sa fondation en 1935. Pour préserver l'indépendance de cette institution, qui compte quelque 35.000 collaborateurs et a des compétences dans de nombreux domaines, de la politique, le directeur est nommé pour une période de 10 ans.

Dès le premier jour, James Comey expliqua clairement ce qu'il attendait de ses collaborateurs en matière de devoirs et éthique. Son approche était, en somme, exactement à l'opposé des intrigues douteuses du tout premier directeur, John Edgar Hoover (1895-1972). Je me permets de vous renvoyer, à ce propos, à mon billet du 15-05-2017 du livre d'Anthony Summers "Le plus grand salaud d'Amérique".
Pour marquer sa différence de style et d'approche, le nouveau "big boss" alla manger à la cafétéria, où il faisait gentiment la queue comme tout le monde, tout en bavardant avec celui qui se trouvait juste avant ou après lui. Un jour, derrière lui dans la file se trouvait un spécialiste du département informatique, qui lui demanda où il travaillait au juste, après s'être présenté le "nerd" lui répondait "Oh, on line vous avez une toute autre allure".
À son arrivée, 83 % des agents spéciaux étaient des blancs non hispaniques, 3 ans plus tard, l'école de formation à Quantico comptait parmi ses nouvelles recrues 38 % de non blancs.

Ce beau tableau alla vite s'assombrir avec la candidature et l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et le mandat de James Comey à la tête du FBI prendre fin, exactement 3 ans, 8 mois et 5 jours après sa nomination, au lieu d'en 2023. Depuis son renvoi, il a, d'ailleurs, été succédé par Andrew McCabe, qui a fait un passage éclair de même pas 3 mois (du 9 mai au 2 août 2017), pour être remplacé, en août de l'année dernière par le n° 9, Christopher A. Wray !

Je ne vais pas résumer les démêlés multiples entre ces 2 hommes, qui couvrent un bon quart de l'ouvrage. Pratiquement tout les opposa, à commencer par la notion de loyauté qui chez Trump semble se limiter à sa conception de gloire personnelle. Que les volte-face, le "fake news" et mensonges, les options débiles comme en matière de commerce international du Donald ont du représenter à l'homme d'éthique Comey autant de cauchemars, va de soi.

Je ne vais pas non plus répéter mon portrait de Trump, basé sur mon billet assez détaillé du livre "Le cas dangereux de Donald Trump", l'évaluation de la santé mentale de ce grand président par 27 psychiatres et spécialiste américains, du 21-01-2018.

L'ouvrage de James Comey est honnête, précis et révélateur d'un triste épisode dans l'histoire des États-Unis et dans le reste du monde, grâce à un seul homme qui a réussi à se faire élire à la tête de l'un des plus puissants pays du monde, sans qualification particulière ni grande intelligence, au contraire, comme nous pouvons tous constater, malheureusement, en suivant l'actualité.

Ce qui m'apparaît le plus inquiétant est que dans notre "Europe des Lumières" le "nutcase" Trump continue à trouver des adeptes : après la Pologne, l'Autriche, la Hongrie d'Orbán, il y a maintenant aussi l'Italie avec un Matteo Salvini comme ministre de l'intérieur !
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La Feuille Volante n° 1264
Mensonges et véritésJames Comey – Flammarion.
Traduit de l'américain par Laure Joanin et Laurent Barucq.

D'ordinaire, je prise peu les écrits de nature politique. Ici j'ai fait une exception à la lecture de la quatrième de couverture, non pas tant à cause de la personnalité peu attirante de Donald Trump que parce que ce président atypique qui passe son temps à dire et faire n'importe quoi, bousculant au passage les usages diplomatiques et les alliances traditionnelles des États-Unis, au point que son entourage souvent critique doive en permanence expliquer voire rectifier ses prises de position, et dont on dit, par égard au chef du plus grand pays du monde, (respect élémentaire qu'il ne pratique cependant pas lui-même), qu'il est « imprévisible ». En réalité ici il s'agit de « mémoires » et je dois dire qu'au fil de ma lecture, que j'abordais au départ avec quelques réticences, j'ai été convaincu par l'auteur, C'est certes lui qui tient la plume et la tentation est grande, en retraçant son propre parcours, de régler des comptes et d'être son propre thuriféraire mais, le livre refermé, j'ai vraiment eu la certitude d'avoir rencontré un authentique serviteur de l'État dans tous les postes qu'il a occupés dans l'Administration. Né en 1960, avocat, il a exercé différents fonctions dans le secteur privé, mais confie :« le service public me manquait et je regrettais même son mobilier dépareillé et ses faibles émoluments » , Il sert en effet sous l'administration de Georges Bush à qui il s'oppose sur le programme « Stellar Wind » (surveillance, pour lutter contre le terrorisme des communications privées) et sur la torture ce qui provoque sa démission et son retour dans le privé. En septembre 2013 est nommé par Barack Obama, directeur du FBI, organisme qu'il veut, contrairement à Edgar Hoover, un de ses prédécesseurs, indépendant et au service de la protection du peuple américain, dans le respect de la Constitution et de l' esprit des Pères Fondateurs. Tout au long de sa carrière il s'est en effet efforcé de servir l'État d'une manière impartiale et honnête. Nommé statutairement pour 10 ans il pensait pouvoir exercer son action en toute indépendance, ce qu'il fit notamment en 2016 en rouvrant une enquête, sur les courriels d'Hillary Clinton, ex-secrétaire d'État, devenue la candidate favorite du camp démocrate pour les élections présidentielles de 2016.

La nomination de Donald Trump à la magistrature suprême changea la donne dans la mesure il se trouvait en présence d'un être « imprévisible », homme d'affaires aux agissements quasi-mafieux selon Comey, qui considère qu'on gère l'État comme une entreprise privée et qui n'a jamais exercé aucune fonction élective comme c'est la règle aux USA ; Il était en effet peu enclin, lui le républicain, et contrairement à ses affirmations répétées, à maintenir à son poste un haut-fonctionnaire qui avait jusque là servi sous des administrations démocrates. Il l'était d'autant moins qu'il avait exigé de Comey une « loyauté honnête », ce à quoi le directeur du FBI avait répondu en l'assurant de sa parfaite « honnêteté ». le contexte était en effet difficile car James Comey avait ouvert une enquête sur les agissements personnels de Trump avec des prostituées russes lors d'un voyage à Moscou et surtout sur des éventuelles ingérences de la Russie dans les élections américaines qui avaient porté Trump au pouvoir. Comey , refusant d'abandonner cette enquête comme le lui demandait avec insistance le président fut donc, en mai 2017 , licencié sans ménagement ce qui provoqua un scandale outre-atlantique et sa déposition devant la Commission Judiciaire du Sénat. Cette polémique tournait autour du mensonge réciproque dont s'accusaient les deux protagoniste dans un pays où, on le sait, mentir aux autorités est une faute qui a brisé bien des carrières. Ce licenciement a rendu à Comey sa liberté de parole et les éléments que contient son livre font légitimement craindre pour la survivance de la démocratie surtout sous la magistrature de Trump .

Comey parle abondamment de l'indépendance du FBI par rapport au pouvoir politique, ce qui est un gage de démocratie et une assurance donnée au peuple américain mettant un exergue le douloureux dilemme « parler ou dissimuler ». C'est un ouvrage intéressant, honnête, bien écrit, plein de révélations et qui s'oppose au nom de l'intégrité et de l'honnêteté à toutes les déviations anti-démocrates ainsi qu'à tous ceux qui n'ont comme but que leur réussite personnelle à n'importe quel prix.

© Hervé Gautier – Juillet 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Cela peut paraître étrange mais durant mes cinq mois en poste sous Donald Trump, je lui ai toujours souhaité de réussir en tant que Président. Ce n'est pas un parti-pris politique. Si Hillary Clinton avait été élue, j'aurais aussi souhaité qu'elle réussisse à la Maison-Blanche. Je crois que c'est ça, aimer son pays. Nous avons besoin que nos présidents s'en sortent.
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On ne sait pas toujours si les gens ont menti ou dissimulé des documents, alors quand on peut le prouver, il est bon de les poursuivre afin de faire passer le message. Pour que le système fonctionne, les citoyens doivent craindre les conséquences de leurs mensonges.
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Les hommes d'honneur n'ont le droit de mentir que sur les choses essentielles.
Une vie de mensonges. Le consentement implicite. Le chef et son contrôle absolu. Les serments de loyauté. La mentalité du « nous contre eux » en guise de vision du monde. Les dissimulations, importantes ou dérisoires, au service d'une idée pervertie de la fidélité. Ces codes et ces règles étaient caractéristiques de la Mafia, mais, à ma grande surprise, je les ai vus appliquer ailleurs, bien loin du monde du crime organisé, tout au long de ma carrière.
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Dans le monde tous les jours, douter n'est pas une faiblesse, c'est plutôt une sagesse, car il n'y a rien de plus dangereux que ceux qui pensent que leur cause est juste et qu'ils ont forcément raison.
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Je suis fier d'essayer toujours de faire ce qu'il faut. Je suis fier d'essayer d'être honnête et transparent. Je crois vraiment que ma façon de faire est bien meilleure que celle des partisans menteurs qui peuplent la vie publique de nos jours.
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