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EAN : 9782701164908
704 pages
Editions Belin (24/03/2017)
4.62/5   33 notes
Résumé :
Entre désert aride et riches vallées fluviales, se sont développés des civilisations brillantes et ouvertes.
Au tout début du IIIe millénaire avant notre ère, les Sumériens y ont inventé l'écriture cunéiforme, l'agriculture céréalière irriguée, la civilisation urbaine autour de vastes palais ainsi que les premières formes de l'État. Par la suite, alors que les caravanes des marchands allant de l'Anatolie jusqu'à la vallée de l'Indus dessinent les routes comm... >Voir plus
Que lire après La Mésopotamie : De Gilgamesh à Artaban 3300 - 120 av. J.-C.Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Grâce à quelques expositions récentes, on a montré au public français les merveilles d'art et de culture de la longue civilisation mésopotamienne, bien que nos penchants culturels, depuis Bonaparte et Champollion, nous aient rendu l'égyptologie plus familière. Ce livre-ci, qui vient de paraître, "La Mésopotamie - de Gilgamesh à Artaban", est donc très bienvenu car il mettra à la portée du lecteur curieux de nombreuses études anglo-saxonnes, dans une synthèse remarquable. Cette synthèse est d'autant plus nécessaire que l'histoire antique de la Syrie et de l'actuel Irak est à la fois très longue (plus de trois mille ans) et très agitée, confuse et difficile à appréhender comme un ensemble : les grands états centralisés n'ont jamais duré plus d'un siècle ou deux, à l'opposé de l'Egypte pharaonique. Les auteurs de cette somme de mille pages, étudient en profondeur chaque lieu et période, dans la mesure où la documentation le permet, sans jamais perdre de vue leur projet global, qui est de décrire une civilisation pérenne, assimilatrice, très individualisée et finalement peu connue. Un des grands avantages de cette lecture sera de nous faire réfléchir à partir de cas concrets à la naissance de l'état, à sa nature et à sa nécessité. L'iconographie est riche, belle, mais assez traditionnelle : avec le pillage par les Irakiens de leurs propres grands musées, la multiplication des fouilles clandestines (qui sont des catastrophes archéologiques) alimentant le marché privé des antiquités, et les destructions musulmanes au bulldozer des plus belles villes antiques de Syrie et d'Assyrie, au nord, les recherches sur le terrain sont quasiment arrêtées. Heureusement, des missions récentes ont été envoyées à l'extrême sud - l'ancien Sumer-, tenu par les chiites et assez calme, et dans les territoires kurdes libérés des "islamistes" , au nord. Donc il y a peu d'images nouvelles (parfois la légende d'un objet ou d'un monument connus nous rappelle leur triste sort), mais on lira de nombreux textes anciens diffusés pour la première fois, à partir des traductions de spécialistes anglophones. Des plans, des cartes et des tableaux chronologiques bienvenus, éclairciront les idées et compléteront les données du petit et dense "Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne" de Francis Joannès, plus philologique (cette dimension manque un peu ici).

Ce livre magnifique n'a pas été retenu par Babelio dans sa liste de rentrée littéraire, ce qui est un indice du niveau culturel de ce site, alors que l'ouvrage procure à la fois la distraction et l'évasion dans un passé inconnu, et le plaisir savant d'apprendre quelque chose sur nos origines (en exergue, il y a cette citation de Lucien Jerphagnon : "L'Antiquité n'est pas ce qui est passé, c'est ce qui ne peut pas mourir"). On pourra toujours lire ce livre de la première à la dernière page, depuis la "sortie" de la préhistoire jusqu'aux tout derniers temps, ceux de la dernière tablette cunéiforme datable, à l'époque parthe, au début de l'ère chrétienne. Mais le grand public curieux peut aussi (et c'est ce que je conseillerais) traiter cette somme comme un dictionnaire historique, et aller d'article en article, de manière un peu capricieuse et au gré des belles images, des noms et des séductions.
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3 millénaires d'histoire du Pays-des-deux-fleuves sont relatés dans cet ouvrage imposant. La période proto-historique est tout de même abordée lors d'un 1er chapitre puis on entre dans le vif du sujet à partir de -3500.
Les auteurs s'appuient sur les objets retrouvés, les textes recueillis, nombreux mais toujours insuffisants pour reconstituer l'histoire ; en effet les papyrus putrescibles, les ravages provoqués par les guerres, pillages et destructions encore récentes ont affecté l'étendue des découvertes.
Le point de départ est le sud mésopotamien où l'homme, par la maitrise du système d'irrigation, va faire prospérer cette région qui, par l'augmentation de la population, s'étendra vers le nord qui se développera à son tour. C'est la création des villes, de l'écriture, inventée pour compter, et de l'état. Viendront ensuite les cités-états, résultat du système politique établi ou peut-être religieux, le débat perdure. Puis l'époque akkadienne, le territoire est agrandi ou le pouvoir renforcé, des alliances sont faites entre princesses et souverains voisins via des unions et le népotisme se met en place et s'organise.

L'histoire moderne n'a rien inventé, puisqu'à cette époque, on assiste aux 1ères tentatives de planification par l'état qui quantifie la laine, la viande, l'agriculture, fournit les matières premières et détermine quelle devra être la production des ateliers. Cela aboutira à une surexploitation des surfaces agricoles qui pourrait avoir contribué à la chute de l'empire d'Ur.

Puis au début du second millénaire, l'état, jusqu'alors pouvoir centralisateur qui redistribuait, se désengage de la production agricole, de la collecte des taxes et du transport au profit d'individus qui accumulent des richesses, certaines familles sont mêmes illustres dans leur domaine d'activité.

Cet ouvrage fourmille de détails, relate des épisodes de vie de la population et aide à l'appréhension des modes de vie. On voit défiler sous nos yeux les différents peuples et cultures, l'interaction importante avec l'Egypte, passionnante.
Il faudrait en faire une seconde lecture car la période couverte est immense et dense, les dirigeants se succèdent et chacun a sa propre histoire qui a marqué la région. Cela m'a aussi renvoyé à d'autres lectures, notamment sur l'Egypte, la route de la soie, la Bible et les peuples qui ont apporté leur pierre à l'édifice. Il n'a fait que renforcer ma curiosité en la matière, signe qu'il est vraiment recommandable.
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Si jamais un livre a mérité le qualificatif de « butoir », c'est celui-ci : plus de 1 000 pages et près de 2 kilogrammes. Impressionant, en effet, mais il couvre donc plus de 3 000 ans d'histoire humaine dans la vaste région du pays du Tigre et de l'Euphrate, l'actuel Irak, avec des excursions en Syrie, au sud-ouest de la Turquie, au Levant et en Iran. Une équipe de grands spécialistes français de l'histoire de ce domaine y a contribué, mais il ne s'agit pas du tout d'un travail académique, bien au contraire : l'ensemble est très didactique, avec des textes lisibles, et beaucoup de cartes, de cadres pièces et illustrations somptueuses. Mais parce qu'il est très exhaustif et en même temps très nuancé, il ne plaira certainement pas au lecteur ordinaire. Certains chapitres approfondissent l'histoire complexe de cette région, avec une abondance de détails. Dans l'ensemble, j'étais très excité (comme le montre ma note élevée), mais il m'a fallu plus d'un mois pour tout traverser. Bref : exhaustif, équilibré et superbement illustré, c'est tout simplement génial. Autant que je sache, il n'y a pas d'étude anglaise équivalente qui puisse correspondre à celle-ci. Plus d'informations sur le fond de ce livre dans mon compte Historique sur Goodreads : https://www.goodreads.com/review/show/4636421236.
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Cette somme dresse un panorama complet de l'histoire politique de la Mésopotamie à travers les âges en abordant les dernières hypothèses historiques et en examinant les liens que les différents royaumes et empires ont pu tisser entre eux avec au coeur de ces relations la dimension économique.

Certes, le survol peut paraître rapide pour certaines époques, mais les historiens ont fait avec les sourrces disponibles et ont dressé un panorama extrêmement clair, ce qui est une gageure en soi.

Les illustrations sont remarquables de par leur qualité et de par ce qu'elles apportent au développement. Elles ne sont pas collés à côté d'une texte mais sont complètement en lien avec ce dernier et servent à la démonstration tout en donnant une image très pragmatique des sujets au lecteur.

La partie cahier de l'historien permet d'avoir une approche historique sur les découvertes archéologiques et sur les interprétations de l'historiographie. Cette partie est également très intéressante. Les frises chronologiques permettent aussi de raccrocher les souverains les uns aux autres et de voir qui a régné en même temps d'un Empire à un autre.

Bref : un indispensable dans un bibliothèque sur l'histoire antique
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Somme de nos connaissances de la Mésopotamie. Très bien documenté et très abordable pour les passionnés. Excellente qualité des reproductions et le point fort de cette collection: l'atelier de l'historien en fin d'ouvrage.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Entreprise en 1926 par l'archéologue anglais L. Woolley, la fouille de centaines de tombes du cimetière de la ville d'Ur, datant de l'époque des dynasties archaïques (vers 2600-2500 av. J.-C.), a produit des résultats qui ont fait sensation. Seize puits funéraires se sont révélés d'une incroyable richesse (d'où leur qualificatif de "royales")...

Deux raisons au moins expliquent le grand retentissement qu'ont pu avoir ces découvertes spectaculaires : elles ont révélé d'une part la pratique d'un rituel funéraire étonnant et macabre, où serviteurs, musiciens et proches du défunt devaient apparemment accompagner celui-ci dans la mort, mais sans que l'on puisse déterminer leur éventuelle part de volontarisme ou de soumission... Elles ont livré d'autre part un matériel archéologique d'une richesse inouïe, constitué de splendides objets en or, lapis-lazuli, bronze, etc...

L'absence de tout texte accompagnant ces trouvailles les laisse en grande partie nimbée de mystère.
("Les cités-états archaïques")
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Les excédents agricoles qu'Uruk a été capable de dégager à un moment donné et qui ont permis son soudain "décollage" ont été la conséquence directe de la mise en place de nouvelles techniques d'irrigation, telles qu'on les repère déjà dans les plus anciens textes cunéiformes.
Ces techniques semblent avoir reposé sur l'instauration progressive, dans la plaine, de réseaux de canaux raccordés aux fleuves, le long desquels ont été mises en culture des séries de champs de forme allongée. C'est ce procédé que l'on rencontre encore parfois aujourd'hui dans le sud de l'Irak où l'on voit de grands blocs de champs allongés disposés en arête de poisson de part et d'autre d'un canal d'irrigation.
("Uruk et la révolution urbaine")
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La géographie physique et les conditions environnementales conduisent à diviser cet ensemble en deux grands secteurs, la césure se situant grosso modo au niveau de la zone où les deux fleuves (le Tigre et l'Euphrate) se rapprochent le plus l'un de l'autre, à peu près à la hauteur de l'actuelle Bagdad : au nord, s'étend une région de bas plateaux, souvent arides, que les fleuves entaillent ; c'est là que se développera l'Assyrie, ouverte sur le monde de la Méditerranée et de l'Anatolie. Au sud, se déploie une plaine alluviale large et plate, où le cours des fleuves divague et se divise en différents bras : elle circonscrit le domainie de la future Babylonie, davantage tournée vers l'Iran méridional et les régions du golfe arabo-persique.
("L'aube de l'Histoire")
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Un destin décidé par les grands dieux ne peut être modifié, qui pourrait bien l'altérer ? Qui pourrait s'opposer aux ordres d'An et d'Enlil ?
An frappa de crainte Sumer dans leurs demeures, le peuple eut peur.
Enlil fit s'écouler des jours malsains, ils plongèrent la ville dans le silence.
Nintur verrouilla les greniers du pays.
Enki lia les eaux du Tigre et de l'Euphrate.
Utu arracha les bouches la justice et les paroles dignes de confiance.
Innana remit à des pays en révolte tout ce qui touche à la bataille et aux combats.
et Ningirsu répandit Sumer devant des chiens comme si c'était du lait.
Sur le pays s'abattit un désespoir comme on n'avait jamais connu ni vu, une chose ineffable et insaisissable.
("La Lamentation sur Sumer et Ur" - Ur, l'empire gestionnaire)
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(Fin définitive de Sumer, avec la dernière révolte , sous le roi babylonien Samsu-Iluna, 1749-1712 av.J.C.) Samsu-Iluna parvint cependant à bout de tous ces adversaires, notamment de Rim-Sîn II après trois ou quatre ans d'une lutte acharnée, mais au prix d'un coup d'arrêt donné au développement du Sud (sumérien). En effet ... toutes les vénérables cités de Mésopotamie méridionale, Uruk, Ur, Larsa, etc, furent peu à peu entraînées dans un irrésistible mouvement de démantèlement de leur infrastructure, pourtant si caractéristique de cette région depuis plus d'un millénaire. (...) Le résultat fut en tous cas l'exil massif des populations de l'ancien pays de Sumer vers le nord de la Babylonie.

Le délaissement des villes du sud sous Samsu-Iluna a réellement marqué la fin de la survie locale de la vieille culture sumérienne qui avait pu être préservée jusqu'alors. Cet événement a eu de grandes conséquences sur la transmission jusqu'à nous de la tradition écrite de cette culture, que continuaient à se léguer les lettrés, de génération en génération, depuis des siècles. Beaucoup de copies de textes sumériens retrouvées à Larsa, Nippur ou Ur datent de cette époque qui a juste précédé l'arrêt de l'activité des scribes et l'abandon de leurs villes. Ceux-ci ont en outre souvent emporté avec eux, en exil, leurs manuscrits, permettant ainsi de sauver des pans entiers du corpus de la littérature sumérienne, retrouvés dès lors dans certaines villes du nord.

A partir de 1738, débuta une seconde phase du règne, mais sans que cesse une situation de crise socio-économique latente, augmentée sans doute par l'afflux de réfugiés, amenant la poursuite des révoltes ici ou là, ainsi que la nécessité de nouvelles mesures d'abolition des dettes : une troisième "misharum" (remise intégrale des dettes) fut proclamée en 1733, une autre encore en 1722 ! Crise des réfugiés et crise de la dette ... : osera-t-on insister ici sur l'impact historique de tels périls ?

p. 350
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Bertrand Lafont & Francis Joannès - La Mésopotamie : de Gilgamesh à Artaban : 3300-120 av. J.-C.
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