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EAN : 9782253934974
264 pages
Le Livre de Poche (14/06/2023)
3.89/5   264 notes
Résumé :
Quand Élisabeth et Stéphane déménagent loin de l’agi­tation parisienne avec leur fille Maëva, ils sont convain­cus de prendre un nouveau départ. Une grande maison qui leur permettra de repartir sur de bonnes bases : sauver leur couple, réaliser enfin de vieux rêves, retrou­ver le bonheur et l’insouciance. Mais est-ce si simple de recréer des liens qui n’existent plus, d’oublier les trahi­sons ? Et si c’était en dehors de cette famille, auprès d’autres, que chacun de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (128) Voir plus Ajouter une critique
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Le coeur de ce premier roman bat au rythme d'un trio familial ordinaire. Un père, une mère, une fille adolescente, nouvellement installés dans une banlieue parisienne banale, un nouveau départ pour un couple fragile.

Avec précision, l'auteure décrit leur quotidien avec une froideur clinique, pourtant non dénuée de chair et de sensibilité grâce à des personnages bien campés. On colle à leur ressenti, leurs émotions, leurs pensées, leurs contradictions et leurs aspirations, dans toute leur complexité. Peut-être moins avec le père, plus monolithique, dont les excès de la réaction finale, plausibles en théorie, ne m'ont pas semblé crédible tel qu'ils ont été avancés dans le récit. Par contre, la fille, qui ne se révèle pas être qu'une adolescente égocentrique et insouciante, et surtout la mère, sont de superbes personnages. Difficile d'oublier Elisabeth dont la caractérisation se construit dans une psychologie très fine, au-delà des clichés de l'épouse victime d'infidélité en détresse.

Nos corps étrangers. le titre est parfait, il résonne durant toute la lecture en plusieurs strates d'imbrication. le corps qu'on ne maitrise pas ou plus et qui trahit. Les corps d'un couple qui se sont irrémédiablement éloignés. le corps d'une jeune fille qui s'ouvre au désir. le corps trop adulte d'un migrant enregistré comme collégien. le corps d'une femme fracassée par l'adultère qui se réfugie dans des troubles alimentaires. Chaque personnage devient lentement étranger à l'autre, s'empêtre dans une solitude de plus en plus criante, englué, jusqu'au terrible drame.

Si la tension monte crescendo, jamais je n'ai vu arriver la déflagration finale qui consacre la chute de la famille dont on a suivi progressivement le délitement. Spectaculaire. Brutale, sidérante aussi, elle correspond à la réalité de la situation. Avec le recul, la minutie discrète de l'auteure est révélée, elle qui a semé des indices subtils, judicieusement placés, tellement qu'on ne les avait pas remarqués mais qui nous reviennent en mémoire alors qu'on est sous le choc du dénouement. Dans cette scène, l'écriture est remarquable pour décrire l'insoutenable, à la fois nerveuse et divaguante, précise et intuitive.

Tout prend sens. Et notamment le soin qu'a pris Carine Joaquim à déployer la banalité presque ennuyeuse du quotidien de cette famille. Car c'est dans cette banalité que s'est joué l'engrenage qui mène à la tragédie de fait divers. Cette famille tellement ordinaire qu'on peut aisément s'identifier à eux ou les identifier à des personnes de notre entourage. Tellement qu'on ne peut pas détourner le regard, qu'on ne peut pas se rassurer lorsqu'éclate la « monstruosité » d'un. Les monstres, ce ne sont pas les autres.

Je regrette juste qu'il embrasse trop de thèmes ( l'accueil des migrants, le dépassement par l'art, le handicap, le harcèlement, l'adultère, l'adolescence ... ). Même si je comprends la volonté de l'auteure d'ouvrir l'intime de cette famille en la confrontant à l'altérité du monde extérieur, cela dilue le propos car aucun de ses thèmes ne peut être totalement exploré, ce qui conduit à un épilogue un peu maladroitement conduit pour refermer les portes ouvertes.

Reste que ce premier roman est globalement très réussi, intense et profond dans ce qu'il dit de nous.

Lu dans le cadre du collectif 68 Premières fois
https://www.facebook.com/68premieresfois
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Le premier roman de cette auteure enseignante me faisait de l'oeil au vu des avis dithyrambiques. Un premier roman, ça passe ou ça casse.

Pourtant ici, mon coeur ne balance pas. J'ai commencé ce livre et il m'a été impossible de le lâcher. Lu d'une traite en apnée. Sueurs froides. Palpitations. Nuit blanche.
5h du mat, je claque des dents et je monte le son : Nos corps étrangers. Encore toi. Je te veux, je te bois, je te tiens.

C'est l'histoire d'un tableau familial sinistre et glaçant. Celui-ci renvoie à nombre de couples qui vivent sans se voir, où les silences résonnent comme des cris dans la nuit. Pour ces trois-là, Stéphane et Elisabeth, père et mère, leur fille Maeva, la nuit n'en finit pas. Les violons grincent, les rancoeurs grimacent encore et encore, les adolescents partent en vrille pendant que les adultes s'échinent à oublier, à tourner le dos à une rengaine du je t'aime moi non plus. Serge Gainsbourg le scande dans la nuit éplorée, c'est moi qui t'ai suicidé, mon amour. Sorry angel.

On peut en effet reprocher un patchwork fourre-tout à ce roman avec multitude de thématiques : le harcèlement, l'handicap, l'infidélité, l'immigration etc. Ca peut déranger ou bien comme moi, on passe outre et on se laisse emporter par ce tableau abîmé de toute part où les oiseaux y sont pendus à l'acrylique, l'oeil narguant. J'ai aimé ce livre. Pour tous les sentiments d'impuissance qu'il véhicule. Pour cette rage sourde qui sommeille un peu partout quand on s'aime moins, quand on n'y croit plus vraiment.
Pour cette réalité qui s'invite partout à nos portes. Les gosses qu'on laisse trop vivre parce qu'on a mieux à penser, les maris qui s'envoient en l'air pour faire passer la pilule de la quarantaine, les mères qui n'en sont plus vraiment. Et puis on reste là et on ne voit pas le gâchis de ce quotidien assis sur des tapis de complaisance.

J'ai trouvé ce roman terriblement addictif. Un seul regret peut-être, 233 pages. J'en voulais plus.
5h du mat, je claque des dents et je monte le son : Nos corps étrangers. Encore toi. Tu m'as eue. Tu m'as aspirée. Tu me tiens.
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Lu d'une traite et quasiment en apnée, cette histoire bien ancrée dans notre réalité se reçoit comme un coup de poing dans le ventre.

Un couple qui survit sur les acquis fragiles des premières années et du bonheur précieux suscité par la naissance de leur fille, Maëva, quitte Paris pour la proche banlieue dans l'espoir de réparer le tissu déchiré de leur union, bafouée par l'infidélité de monsieur. Madame va mal et le bébé qui avait illuminé sa jeunesse, est à présent une ado grincheuse. Autant dire que les fondations s'effritent.
Madame essaie de s'en sortir en s'inventant une passion pour la peinture, tandis que Monsieur s'épuise dans les transports en commun. Et Maëva tombe en amour, avec un camarade de classe, qui cache derrière une carrure de rugbyman un passé lourd de ruptures et de souffrance.

Si on ajoute la présence en classe d'un ado atteint d'une maladie qui l'expose à la bêtise des autres collégiens, tout est en place pour que les drames en chaine se déclenchent, en emportant avec eux les bases instables de ces destins.

L'écriture porte magnifiquement ce récit, noir, bouleversant, révoltant. Pas de jugement, chaque personnage agit avec la sincérité de ses convictions, avec plus de passion que de morale, pour tenter de préserver un semblant de cohérence au sein de ses certitudes. Et pour chacun, on pourra trouver, non une excuse, mais une explication à des comportements odieux.

Magnifique roman, et piste de réflexion sur de nombreux sujets de sociétés .
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Eux qui n'envisageaient pas de vivre ailleurs que dans la capitale vont pourtant franchir le pas de s'installer en banlieue. Cela a surtout été l'idée de Stéphane qui voulait repartir sur de nouvelles bases. Comme la nouvelle maison dispose d'un atelier où elle pourrait se remettre à la peinture, Élisabeth a accepté cette idée, espérant par là même que cette nouvelle vie allait faire oublier à son mari son incartade amoureuse envers Clara. Seule Maëva, leur adolescente, s'y est opposée, farouche à l'idée de quitter ses amis et d'intégrer un nouveau collège. Dès les premiers jours, le ciel s'assombrit : Stéphane peste contre les retards incessants et autres imprévus du RER, Élisabeth peine à retrouver les pinceaux et Maëva grogne, râle sans cesse. Une ado, en somme, qui va bien vite déraper, et faire alors vaciller cet équilibre familial déjà précaire...

Peut-on décemment espérer rebâtir une nouvelle vie et faire table rase du passé juste en déménageant à 40 kilomètres de chez soi ? La réponse est clairement non lorsque l'on se plonge dans ce roman de Carine Joaquim. le mari peut-il oublier les caresse de sa maîtresse, sa femme, son infidélité ? Si le couple fait tout son possible pour commencer une nouvelle vie, leur fille, en pleine rébellion, va commettre un acte répréhensible et va s'enticher d'un gars peu recommandable aux yeux de son père. La famille, les secrets, l'(dés)amour sont l'épicentre ? de ce roman au coeur duquel l'auteur aborde également d'autres thèmes tels que l'exclusion, les sans-papiers, le handicap, la tolérance, l'anorexie, le harcèlement... Si quelques invraisemblances et caricatures entachent ce récit, l'ensemble convainc globalement tant l'auteure réussit à nous plonger dans une ambiance glaçante, glauque parfois, et nous entraîne dans une histoire poignante au final percutant.

Une auteure à suivre, assurément...
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Une grande maison, un jardin, un atelier de peintre pour madame, loin du tumulte parisien...

Mais est-ce vraiment la maison du bonheur ? du bonheur retrouvé, on l'espère, mais dès le départ, le ton est donné : Stéphane a trompé Elisabeth, et l'amour semble bien avoir fui ... Et Maeva ? Maeva se cherche, Maeva se rebelle, Maeva transgresse, Maeva oscille entre un père plutôt sectaire et une maman compréhensive et bienveillante mais qui n'a pas elle-même résolu ses problèmes et qui a d'autres préoccupations.

Déséquilibre familial, malaise croissant qui pousse le lecteur à aller plus loin pour savoir... pour connaître le dénouement surprenant de ce récit, une fin qui m'a surprise et qui m'a laissée bien pensive.

Si le sujet dominant semble être le couple et la famille, on y évoquera le problème des migrants, des sans-papiers, le racisme et l'intolérance. Un ensemble bien écrit et très fluide.

Un roman qui m'a happée !
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Peu à peu, l'idée de partir en Europe avait fait son chemin. Plus de la moitié des villageois avaient franchi le pas depuis quinze ans. Certains n'avaient plus donné de nouvelles, c'est vrai, mais leur famille s'attendait malgré tout à les voir revenir un jour, dans une belle voiture et vêtus des plus grandes marques. Quant aux autres, ils envoyaient régulièrement des sommes d'argent qui amélioraient sensiblement le quotidien. Ainsi l'eldorado européen continuait à faire rêver ceux que leur terre natale privait d'espérance.
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"Après le retour de Stéphane à la maison, quelques années auparavant, ils s’étaient accordés tacitement sur le rôle dévolu à chacun, et tous l’avaient joué à la perfection. Le gentil mari. L’épouse digne. La jolie petite fille bien coiffée qui racontait, ses journées d’école en se persuadant que ça intéressait vraiment quelqu’un. Et en coulisses, ça déguelait dans la nuit, ça pleurait sous la couette, ça fuyait de tous les côtés. Rien n’avait plus jamais été étanche."
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Bientôt, faire un vrai repas devint insupportable. Repue, elle se sentait mieux physiquement, mais ce bien-être du corps contrastait avec sa détresse psychologique, il la mettait face à ses contradictions, à toutes les supercheries et elle s'empressait d'aller vomir cette nourriture qui la torturait indirectement. Pour aller mieux, [elle] avait besoin de se sentir vide. (...)
[Elle] glissait petit à petit dans des vêtements trop amples, rapetissait, s'effaçait du monde avec le plus d'élégance possible.
(p. 34-35)
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Il pensa à sa mère, qui reposait désormais dans un trou dont elle ne ressortirait plus, mais il chassa rapidement cette image. À la place, il regarda les passagers du train, avec leurs mines agacées ou fatiguées qui lui arrachèrent un triste sourire. C'était bien utile de s’emmerder autant dans la vie, pour ce qu’elle vaut, et pour la manière dont elle est vouée à se terminer…
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[ ado de 15 ans ]
- Oh, mon père... (...) Il travaille tout le temps, se plaint des transports. Il ne fait que ça, en fait. Le RER. Les retards de RER. Les grèves de RER. Et ma mère répond en parlant des oiseaux qu'elle peint. Et après on dit que c'est moi qui fais la gueule sans arrêt et qui refuse d'avoir des conversations avec eux.
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