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Citations sur Dans la gueule de la bête (20)

- en 1943 -
Il peut savourer sa bière, il avait oublié le goût, il peut respirer, fermer les yeux un moment, se retrouver comme autrefois, les jours de fermeture lorsqu'il sortait prendre l'apéritif vers onze heures, chez Pollien en face de la gare du Longdoz.
Il y rencontrait d'autres commerçants qui, comme lui, venaient jouer aux dominos ou s'écouter parler. La grande palabre, c'était les sionistes contre les membres du Bund*, auquel lui-même et Fannia adhéraient. A ses yeux, le sionisme n'était rien d'autre qu'un nationalisme de plus, qui justifiait les nationalismes européens dont les Juifs étaient victimes. Pourquoi vouloir retourner en Palestine après deux mille ans ? Pourquoi s'accrocher à un passé mythique sur une terre qui n'est plus qu'un morceau de désert ? Pourquoi parquer les hommes par nation ? Les peuples se déplacent, l'histoire n'est qu'un vaste brassage des masses qui se transforment et se renouvellent mutuellement.
(p. 235-236)
_____

* Bund : mouvement socialiste juif créé à la fin du XIXe siècle dans l'Empire russe. Militant pour l’émancipation des travailleurs juifs dans le cadre d’un combat plus général pour le socialisme, il prône le droit des Juifs à constituer une nationalité laïque de langue yiddish. Il s’oppose donc tant au sionisme qu’au bolchevisme dont il critique les tendances centralisatrices.
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[ Belgique, 1943 ]
- Moi aussi, figure-toi, j'ai été éduqué dans un petit séminaire. Tu penses si je connais la musique ! Le sacerdoce, la voie royale ! J'ai failli tomber dans le bénitier. Parce que je suis un idéaliste. Difficile à croire, hein ?
- Je ne sais pas.
- Finalement, j'ai fait l'université catholique, philologie germanique, notre fonds de commerce dans les cantons de l'Est, vu que l'allemand, on l'apprend au berceau. Je n'ai pas eu ma licence, mais tout de même, mes études m'ont servi, comme tu vois. Je suis sûr qu'on peut se comprendre, tous les deux. Le national-socialisme est une religion, comme le catholicisme. Tu as déjà pensé à ça ?
- Non, jamais.
- Tu te souviens de Saint Paul ? 'Revêtez l'homme nouveau, dépouillez-vous du vieil homme.' Nous avons revêtu l'homme nouveau. Le vieil homme, c'est l'homme anglo-saxon ou l'homme soviétique, abruti chacun à sa façon par le matérialisme. Nous, nous voulons l’homme neuf, pur, fier, conquérant. Vous aussi, les catholiques, vous voulez conquérir la terre, mais vous vous trompez sur les moyens. Ce n’est pas l’amour du prochain qui unira les hommes. Vous vous méprenez sur l’humanité. Les hommes ne s’inclinent pas devant l’amour, mais devant la force seulement. C’est le combat pour la vie. Il faut que les meilleurs exercent cette volonté de puissance, qu’ils établissent l’ordre naturel des forts sur les faibles, qu’ils écrasent sans pitié les parasites.
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A la fin, ils sont revenus du bout de la rue.
Madame Kaiser leur avait échappé.
Ça se voyait qu'ils n'étaient pas heureux. Alors, il doit bien en convenir, Oscar a maudit Madame Kaiser. Il aurait préféré qu'ils mettent la main dessus. C'est lui qui allait écoper pour elle maintenant. Qu'est-ce qui lui avait pris de faire demi-tour pour rentrer dans la maison de cette femme, pour lui crier de s'enfuir?
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[...] un homme qui a étranglé son chien peut promettre qu'il ne le fera plus, le chien reste tout de même étranglé.
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Pourtant, quand les Allemands avaient pris leurs quartiers chez elle, elle avait bien failli l'avaler, son chapeau, plumes comprises. Ses intraitables édiles tout à coup avaient fait profil bas.
Jamais, nulle part, il ne faut se fier au pouvoir, ni maintenant ni plus tard. Le pouvoir corrompt infailliblement. Quiconque, si généreux soit-il, met le pied dans le marécage public ne peut prétendre en ressortir net.
Il n'y a que des inconnus ça et là en qui l'on puisse espérer, d'humbles épicières à la retraite, des notaires de banlieues, des bistrotiers calembouristes. Les obscurs ont toujours sauvé les meubles. Ils sont l'honneur de l'humanité que les honorables ne cessent de déshonorer.
(p. 237)
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[...] il est vrai qu'on ne manque jamais d'alcool en temps de guerre, l'occupant le tout premier ayant à noyer sa mauvaise conscience.
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Dans sa loge, la soeur portière tripote son trousseau de clés. Elle s'ennuie. C'est très mal. Une soeur doit toujours s'occuper. Le diable peut mettre à profit le moindre instant d'oisiveté pour s'insinuer dans le coeur. N'importe quelle novice apprend cela le lendemain de son entrée au couvent.
(p. 17)
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[Son père] avait-il fait provision de whisky ? Il ne semble pas. [Il] n'a trouvé que la bouteille de l'armoire normande, mais il est vrai qu'on ne manque jamais d'alcool en temps de guerre, l'occupant le tout premier ayant à noyer sa mauvaise conscience.
(p. 216)
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Avant Jean, elle a eu quelques fiancés. Un début de collection, même, pourrait-on dire. Cependant, ce n'était pas pareil. A chaque fois, elle était comme ivre, mais ce n'était pas l'amour pour son soupirant qui lui montait à la tête, c'était seulement l'amour de l'amour. Elle se sentait belle.
(p. 54)
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Ce qu'il y a de terrible dans la guerre, c'est qu'il ne s'agit plus du bien et du mal, comme on se l'imagine, mais seulement de différentes sortes de mal entre lesquelles il faut se décider. La guerre est l'empire de Satan.
Sous son règne, il n'y a aucune place pour la vertu. Quoi qu'on fasse, tout est vicié.
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