Un des meilleurs ouvrages d'
Armel Job, parmi ceux que j'ai lus ! Sept épisodes de la vie d'une bourgade ardennaise des années soixante. L'humour tout en finesse est succulent. Chaque histoire se suffit en elle-même, mais on ne laisse surprendre par les références que l'auteur s'est amusé à construire pour les relier entre elles. Une pépite qui fera la fierté des Belges !
Je trouve que ces histoires d'
Armel Job sont particulièrement belges, d'une part parce qu'elles se passent en Ardenne et qu'elles rendent très justement l'ambiance et l'esprit de cette region-là, mais aussi parce qu'elles sont écrites avec la simplicité et la modestie des Belges qui ne veulent pas croire en leur grande valeur. Pour rendre hommage à son éditeur belge,
Armel Job écrit d'ailleurs ceci dans sa préface : « Les nouvelles présentées dans ce recueil [...] ont leurs racines dans les années soixante, au sein du peuple des campagnes, parmi les derniers jours glorieux de l'ancienne Ardenne.
Tout le monde peut les consommer, mais il convenait qu'on les consomme sur place. Partout ailleurs, elles se seraient éventées. »
L'écriture de ces sept histoires s'est étalée sur plusieurs années; certaines avaient déjà été publiées séparément. Néanmoins, le recueil présente une belle unité. Il m'a fait penser à des « cadavres exquis » où l'auteur se serait amusé à piquer dans chaque histoire un élément qui trouverait sa suite dans l'histoire suivante, cette suite se révélant parfois cocasse ou surprenante.
Chacun des sept récits m'a procuré un fort agréable moment de lecture, mais si je devais en mettre un evidence, je choisirais « Une communion ». À Liège, dans une rue du quartier d'Outre-Meuse, un garçon demande à un passant de lui acheter une hostie. L'homme n'est pas croyant, mais il accepte, de peur que l'enfant salisse cet objet sacré qui lui inspire tout de même un certain respect. À partir de là, l'ambiance m'a fait penser au « Pigeon » de
Patrick Süskind: l'hostie le gêne et l'homme ne peut supporter de la conserver sur lui; il cherche comme un désespéré à la remettre à un prêtre. Certains Liégeois auront peut-être deviné la chute, mais moi, elle m'a bien fait rire ! de plus, alors qu'on aurait pu en rester là, on fait un pas de plus dans le rocambolesque dans le prolongement inattendu que l'on découvre au début de l'histoire suivante « Le chêne et l'acajou ».
Lisez ce livre, car c'est du concentré d'
Armel Job ! Je veux dire que j'ai lu une dizaine de ses livres mais c'est dans celui-ci que j'ai trouvé la plus grande proportion de bonnes pages.